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Chronique
des Cordeliers de Paris
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Folio
485 |
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l'entrée de juillet, alla le duc de Bourgoigne à
Paris, acompaignié de messire Jehan de Luxembourg et autres
seigneurs de Picardie, pour mettre provision et garnison à
l'encontre de l'emprise dudit daulphin, et puis s'en retournèrent
en Picardie ; et ramena ledit duc, sa sœur, femme dudit régent,
qui fu avec luy grant espace de temps, pour les grans perilz qui
estoient apparans advenir en France...
...En ce temps, après la reddition de Troies, conquist
ledit daulphin moult de villes et fortresses par le moien de la
Pucelle qui lors tolly tout le nom et les fais des cappitaines et
gens d'armes de sa compaignie dont aucuns d'iceulx n'estoient mie
bien contens ; et mist en son obéissance tout le païs
dessus la rivière de Loirre, Auserrois et Champaigne, excepté
aulcunes fortresses que Perrinet Crasset tenoit, qui oncques ne
se volrent rendre ne obéir audit daulphin, mais fist iceluy
Perrinet moult de griefz et contraires aux gens d'icelui daulphin.
En ce temps envoia le duc de Bourgongne ses ambaxeurs
à Rains, affin que il entretenissent leur serment de la paix
final, et que ilz demourassent en l'obéissance du roy Henry
et de luy ; et ainsi le promirent à faire.
A l'entrée de juillet, le duc de Bourgogne accompagné de Messire Jean
de Luxembourg et d'autres seigneurs de Picardie alla à Paris pour prendre
des mesures et s'assurer des forces à l'encontre des entreprises du Dauphin; ils s'en retournèrent ensuite en Picardie. Le duc ramena avec
lui sa soeur, femme du régent, qui resta longtemps avec lui à cause des
grands périls qui semblaient devoir advenir en France.
En ce temps, après la reddition de Troyes, le Dauphin conquit beaucoup
de villes et de forteresses par le moyen de la Pucelle, qui dès lors
attira tout le renom des faits des capitaines et des gens de sa compagnie ; ce dont quelques-uns de ces derniers ne furent nullement contents. Elle
mit en son obéissance tout le pays au-dessus de la Loire, l'Auxerrois et
la Champagne, à l'exception de quelques forteresses tenues par Perrinet
Grasset, qui ne voulut jamais se rendre ni obéir audit Dauphin, mais fit
beaucoup de dommages et de maux avec ses gens.
En ce temps, le duc de Bourgogne envoya ses ambassadeurs à Reims
pour exhorter les habitants à garder leur serment de lui rester unis jusqu'à
la paix finale, et de demeurer en l'obéissance du roi Henri et de lui-même ;
et ils promirent d'ainsi le faire.
Source
: édition Jules Quicherat - 1882.
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.
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