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Chronique des Cordeliers de Paris - index
Folio 487

ndementiers que le roy Charles estoit à Rains, il envoia à Laon, qui pareillement luy fist obéissance et ouverture à ses commis ; car il n'y entra point. Et le XXI° dudit mois de juing, le Hire, nommé nouvel bailli de Vermandois de par ledit seigneur, sist en siege royal ; et fu Henris Davide faits provost et cappitaine de Laon ; mais le roy n'y entra point, comme dit est, et laissa Saint-Quentin, qui demoura sans luy faire ne reffuser obéissance. Si s'en alla à Soissons et de là à Senlis ; qui se rendirent à luy pareillement que les aultres dont cy devant est faicte mension ; mais la ville de Noyon ne luy fist nulle obéissance. Et audit lieu de Senlis se tint le roy une espace de temps et envoia son armée et la Pucelle à Saint-Denis, et il meismes y fu après, sans luy faire couronner ; et puis envoya sa puissance devant Paris par pluiseurs foix, dont à l'une le duc d'Alenchon et la Pucelle, emprès Saint-Laurens, furent par ceulx de Paris recachiés et rués jus, jusques au nombre de VI a VIIc (1) hommes mors. Et se retrahirent lors à Senlis.
  Et une aultre foix livrèrent assault d'un lez à ladicte ville de Paris en deschendant de Montmartre, et là fist la Pucelle merveilles, tant de parolles et amonnestemens, comme de donner cuer et hardement à ses gens de assalir ; et elle meismes alla si près que elle fu navrée de tret en une cuisse et rachassie elle et toute son armée : et ne conquisrent riens à leur assault. Et estoit la ville de Paris gardée et deffendue par le seigneur de l'Isle-Adam, qui y avoit esté envoié à grant puissance de par le duc de Bourgongne, c'est assavoir, le seigneur de Saveuses, messire Hue de Lannoy, les bastars de Saint-Pol et de Thyans, et aultres ; et endementiers estoit le régent de France sur les camps à toute puissance sur la rivière de Saine avec le cardinal de Vicestre et le seigneur de Viluy (2), arrivez de nouvel à tout VIIm combatans.

                                                         

  Pendant que le roi Charles était à Reims, il envoya à Laon, qui lui fit pareillement obéissance et ouvrit ses portes aux. envoyés ; lui-même n'y vint pas ; mais le XXIIe dudit mois de juin (juillet), La Hire, en qualité de nouveau bailli du Vermandois nommé par le roi, s'assit en siège royal. Henri David fut fait prévôt et capitaine de Laon, où, comme il vient d'être dit, le roi n'entra point. Il laissa Saint-Quentin qui resta sans lui faire ni lui refuser obéissance. Il vint à Soissons, de là à Senlis qui se rendirent à lui ainsi que l'avaient fait les autres villes dont il a été fait mention; mais Noyon ne lui fit nulle obéissance. Le roi se tint quelque temps à Senlis, d'où il envoya son armée et la Pucelle à Saint-Denis ; il y vint lui-même après, et ne s'y fit pas couronner. Il envoya son armée devant Paris (3) par plusieurs fois. Dans une de ces attaques, près de Saint-Laurent, le duc d'Alençon et la Pucelle furent repoussés et battus, jusqu'à avoir de six à sept cents morts (4); et ils se retirèrent alors à Senlis (5).
  Une autre fois ils livrèrent l'assaut du côté qui se trouve à la descente de Montmartre. La Pucelle y fit merveille par ses paroles, par ses pressantes invitations, donnant coeur et hardiesse
à ses gens d'aller à l'assaut ; elle s'avança elle-même de si près qu'elle fut blessée d'un trait à la cuisse. Repoussée, elle et son armée, l'assaut ne leur valut aucun avantage. La ville de Paris était gardée et défendue par le seigneur de Saveuse, messire Hue de Lannoy, les bâtards de Saint-Pol et de Thyans et d'autres. Pendant ce temps, le régent de France tenait la campagne sur la rivière de la Seine avec son armée. Avec lui étaient le cardinal de Winchester et le seigneur de Villougby, arrivés depuis peu avec sept mille combattants.

                                                 


Source : édition Jules Quicherat - 1882.
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.


Notes :
1 600 à 700 hommes morts.

2 Willoughby

3 L'ordre des faits compris dans tout le paragraphe IV est complètement renversé. Le chroniqueur met après l'assaut contre Paris une suite d'événements accomplis avant cette tentative. Peut-être n'a-t-il pas eu le temps d'ordonner ces dernières pages de son oeuvre.

4 Aucune autre chronique ne parle de pareilles pertes.

5 Saint-Denis.


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