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Chronique
de la Pucelle
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- Prinse des Tournelles |
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r advint que le dimanche vingt et quatriesme jour d'octobre en iceluy
an, Anglois vinrent à puissance assaillir les Tournelles
qui estoient peu garnies de gens de faict, car le plus avoient esté
blessez en l'assaut du jeudy, fait au boulevart. Si dressèrent
les Anglois des
eschelles, tant par terre comme par Loire, qui estoit lors fort
basse, et firent tant qu'ils prinrent à peu de résistance
lesdites Tournelles, environ deux heures après midy, et rompirent
une arche entre icelles et le boulevart du pont ; puis fortifièrent
jour et nuict icelles Tournelles en telle manière qu'ils
furent defensables et tenables contre toute puissance, dont le comte
de Salisbery commit la défense et garde à Glacidas,
qui fut de hault courage, plein de toute tyrannie et orgueil.
Cestuy Glacidas fit renforcer le boulevart qui avoit
esté abandonné, et assortit, tant là comme
ès Tournelles, canons et merveilleuses bombardes, dont il
fit jetter jour et nuit en la cite et contre le boulevart du Pont,
dont Messire Nicole de Giresme eut la garde à tout grande
compaignée de nobles et bourgeois d'Orléans, que d'autre
part fisrent fort battre de canons et merveilleuses bombardes les
Tournelles, dont, en peu de temps, ils abbatirent tout le comble
avec le plus de la muraille. Mais les Anglois se fortifièrent
tant par dedans de bois qu'on ne les pouvoit que peu grever. Les
bourgeois d'Orléans furent en grande douleur pour cette prise
des Tournelles. Mais le bastard d'Orléans, la Hire, Monseigneur
de Bueil, Monseigneur de Chaumont et Messire André d'Averton,
Messire Théaulde de Valepargue, le seigneur de Saincte-Sévére
et de Boussac mareschal de France, Messire Jacques de Chabannes,
séneschal de Bourbonnois, le sire de Villars, le sire de
Couraze et autres nobles vinrent le lundy après la susdite
prise à grand compaignée de gens d'armes, dont ceux
d'Orléans furent moult réjouis, et fortifièrent
et garnirent leur pont de plus en plus, faisans jetter jour et nuit
canons et vuglaires ; pour quoy Glacidas usa souvent de grands menaces,
et s'alloit ventant par son orgueil qu'il feroit tout meurtrir à
son entrée dans la ville, tant hommes que femmes sans en
espargner aucuns.
Source
: édition Vallet de Viriville
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