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Procès
de condamnation
- préliminaires
Lettre de l'Université au Seigneur
Evêque et Comte de Beauvais - 21 novembre 1430. |
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"A
révérend père en Dieu et seigneur, monseigneur
l'évêque et comte de Beauvais. Nous voyons avec étonnement,
révérend père et seigneur, le grand retard
apporté à l'envoi de cette femme, vulgairement appelée
la Pucelle, si préjudiciable à la foi et à
la juridiction ecclésiastique, surtout puisqu'on la dit actuellement
remise entre les mains du roi notre sire. Les princes chrétiens,
dans leur zèle à favoriser les intérêts
de l'église et ceux de la foi orthodoxe, lorsqu' une atteinte
téméraire est portée aux dogmes de cette même
foi catholique, ont accoutumé de livrer le prévenu
aux juges ecclésiastiques, afin qu'ils s'en saisissent et
le punissent incontinent. Et sans doute si votre paternité
avait prêté une diligence plus active à poursuivre
l'affaire, déjà la cause de ladite femme serait agitée
devant un tribunal ecclésiastique. Il vous importe grandement,
puisque dans l'Église de Dieu vous portez si haute prélature,
d'abolir les scandales perpétrés dans notre chrétienne
religion, surtout quand il s'agit de juger un cas que le hasard
amena dans votre diocèse. Donc, pour qu'en cette affaire
l'autorité de l'Église ne souffre plus grave blessure
d'un si long atermoiement, que votre paternité daigne dans
son zèle travailler avec une extrême diligence à
ce que ladite femme soit remise au plus tôt en votre pouvoir
et en celui de monseigneur l'inquisiteur de la perversité
hérétique. Cela fait, veuillez prendre peine de la
faire conduire sûrement en cette ville de Paris, où
il y a nombre de personnes sages et érudites, afin que ce
procès puisse être examiné diligemment et conduit
avec certitude ; pour la saine édification du peuple chrétien
et l'honneur de Dieu qui veuille bien, révérend père,
vous accorder en toutes choses un spécial secours !
Écrit à Paris, dans notre assemblée générale
tenue solennellement à Saint-Mathurin (1),
le 21° jour du mois de novembre, l'an du Seigneur 1430. Le recteur
et l'Université de Paris bien vôtres. Ainsi signé
: HÉBERT"
Ainsi fait, en présence de moi Triquellot, notaire pontifical".
Source
: P.Champion(Condamnation de Jeanne d'Arc - tome II - 1921)
Texte traduit du latin.
Notes :
1 Couvent des Mathurins au coin de l'ancienne rue des Mathurins
et de la rue St Jacques. La chapelle était le siège
des assises des recteurs de l'Université (P.Champion).
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