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Procès
de condamnation
- préliminaires
Lettre royale touchant la reddition
de Jeanne la Pucelle à l'évêque de Beauvais
- 3 janvier 1431. |
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"Henry,
par la grâce de Dieu roy de France et d'Angleterre, à
tous ceulx que ces présentes lettres verront, salut. Il est
assez notoire et commun comment, depuis aucun temps en ça,
une femme qui se fait appeler Jehanne la Pucelle laissant l'abbit
et vesteure de sexe féminin, s'est, contre la loy divine,
comme choise abominable à Dieu, réprouvée et défendue
de toute loy, vestue, habilée et armée en estat et
habit d'omme ; a fait et exercé cruel fait d'omicides, et
comme l'en dit, a donné à entendre au simple peuple
pour le séduire et abuser, qu'elle estoit envoyée
de par Dieu, et avoit cognoissance de ses divins secrez ; ensemble
pluseurs autres dogmatizations très-périlleuses, et
à nostre sainte foy catholique moult préjudiciables
et scandaleuses. En poursuivant par elle lesquelles abusions et
exerçant hostilité à l'encontre de nous et
nostre peuple, a esté prince armée devant Compiengne,
par aucuns de nos loyaulx subgez, et depuis amenée prisonnière
pardevers nous. Et pource que de supersticions, faulses dogmatizations
et autres crimes de lèse-majesté divine, comme l'en
dit, elle a esté de pluseurs réputée suspecte,
notée et diffamée, avons esté requis très-instamment
par révérent père en Dieu, nostre armé
et féal conseiller l'évesque de Beauvais, juge ecclésiastique
et ordinaire de ladite Jehanne, pource qu'elle a esté prinse
et appréhendée ès termes et limites de son
diocèse ; et pareillement exortés de par nostre très-chière
et très-amée fille l'Université de Paris, que
icelle Jehanne vueillons faire rendre, bailler et délivrer
audit révérent père en Dieu, pour la interroguer
et examiner sur lesdiz cas, et procéder contre elle selon
les ordenances et disposicions des droits divins et canoniques ;
appellez ceulx qui seront appeler. Pource est-il que nous, qui pour
révérence et honneur du nom de Dieu, défense
et exaltacion de sadicte sainte Église et foy catholique,
voulons dévotement obtempérer comme vrais et humbles
filz de sainte Église, aux requestes et instances dudit révérent
père en Dieu, et exortacions des docteurs et maistres de
nostredicte fille l'Université de Paris : ordenons et consentons
que toutes et quantes fois que bon semblera audit révérent
père en Dieu, icelle Jehanne lui soit baillée et délivrée
réalment et de fait par noz gens et officiers, qui l'ont
en garde, pour icelle interroguer et examiner et faire son procès,
selon Dieu, raison et les droiz divins et sains canons, par ledit
révérend père en Dieu. Si donnons en mandement
à noz dictes gens et officiers, qui icelle ont en garde,
que audit révérend père en Dieu baillent et
délivrent réalment et de fait, sans refus ou contredit
aucun, ladite Jehanne toutes et quantesfois que par lui en seront
requis ; mandons en oultre à tous nos justiciers, officiers,
et subgez tant François comme Anglois, que audit révérend
père en Dieu et à tous autres, qui sont et seront
ordenez pour assister, vacquer et entendre audit procès ne
donnant de fait ne autrement aucun empeschement ou destourbier ;
mais, se requis en sont par ledit révérend père
en Dieu, leur donnent garde, aide et défense, proteccion
et confort, sur peine de griefve punicion. Toutesvoies, c'est notre
entencion de ravoir et reprendre revers nous icelle Jehanne, se
ainsi estoit qu'elle ne fust convaincue ou actainte des cas dessusdiz,
ou d'aucun d'eulx ou d'autre touchans ou regardans nostredicte foy.
En temoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel ordenère
(1) en l'absence du grant, à
ces présentes. Donné à Rouen le tiers jour
de janvier, l'an de grâce mil CCCC.XXX., et de nostre
règne le IXe.
Sic signata : par le roy, à la relacion de son grant conseil.
J. de Rinel (2)."
Source
: E. O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc - tome II - 1868
Texte original.
Notes :
1 seel ordenère : sceau ordinaire
2 De Rinel était un neveu par alliance de Pierre Cauchon,
notaire du Grand Conseil et secrétaire du Roi d'Angleterre.
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