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La
maison natale à Domrémy |
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nom de Domrémy apparait pour la première fois dans
une charte du milieu du XI° siècle. L'origine de ce nom
provient bien sûr de saint Remy. Le titre Dominus était
le titre employé pour désigner un saint.
Au procès de réhabilitation, le village est nommé
en latin Dompnus Remigius, en français Domprémy. Admistrativement,
il était divisé en deux parties. La partie nord comprenant
l'église et la maison de Jeanne d'Arc était une dépendance
du village de Greux. La partie sud, la plus importante, comptait
le chateau de l'Isle (déjà en ruines dès le
XVI° siècle, et disparu de nos jours). La "frontière"
entre les deux Domrémy était formée par le
ruisseau des 3 fontaines (tracé en rouge sur la carte).
Au temps de Jeanne d'Arc, au point de vue religieux,
les deux parts de Domrémy dépendaient du diocèse
de Toul. L'église principale de la paroisse était
à Greux.
Le
ruisseau partageait Domrémy en deux. En noir, la maison de
Jeanne d'Arc et les maisons voisines.
Au point de vue politique chacune dépendait d'une
autorité différente. La partie Nord de Domrémy
ainsi que le village de Greux appartenaient depuis le début
du XV° siècle (entre 1392 et 1407) à la couronne
de France, prévôté de Montéclair, baillage
de Chaumont (Bassigny champenois). La partie Sud appartenait à
Jeanne de Joinville, prévôté de Gondrecourt,
baillage de Lamarche, duché de Bar.
Certains auteurs ont voulu faire de Jeanne une champenoise
ou une lorraine selon qu'on plaçait sa maison dans la partie
Nord ou la partie Sud de Domrémy. Nous verrons qu'aujourd'hui,
elle serait champenoise, mais en 1412, Jeanne d'Arc était
Lorraine comme tous les habitants de cette partie de la vallée
de la Meuse qui faisait partie du "pays lorrain". Ancienne
Lotharingie, la région et ses habitants étaient restée
lorraine, la "nationalité" ne se perd pas au fil
des changements de frontière.
La
maison de Jeanne faisait partie, avec l'église, de Domrémy-Nord
sans l'ombre d'un doute. Au cours de son procès, le promoteur
d'Estivet précise bien : née à Domrémy,
prévôté de Montéclair, baillage de Chaumont
en Bassigny. Jeanne elle-même dit qu'elle est née à
Domrémy de Greux ce qui précise bien de quelle partie
de Domrémy elle est originaire. De plus l'exemption d'impôts
accordée par Charles VII aux habitants de Greux et de Domrémy
concerne évidemment la partie de Domrémy qui comporte
la maison de l'héroïne. Plusieurs documents et réclamations
ultérieures des habitants le démontreront clairement.
De plus comment Charles VII pourrait-il accorder une exemption d'impôts
à des gens qui ne dépendent pas de son royaume ?
La maison natale est connue d'une manière certaine
depuis le XV° siècle. Michel Montaigne en se rendant
en Allemagne en 1580 s'y arrête. Il fait observer que "le
devant de la maison où naquit cette fameuse Pucelle d'Orléans
est tout peint de ses gestes; mais l'âge en a fort corrompu
la peinture". Elles ont complètement disparu aujourd'hui.
Après la mort de Jacques d'Arc, Isabelle Romée
habita la maisonnette jusque vers 1440. En cette année, les
Orléanais la décidèrent à venir habiter
avec son fils Pierre à Orléans. Elle y mourut en 1458,
soit deux ans après la réhabilitation de sa fille.
La propriété de la maison de Jeanne ne cessa d'appartenir
à ses neveux et arrière-neveux jusqu'à la mort
de Claude du Lys, curé de Greux et de Domrémy. En
1587, elle fut vendue à Louise de Stainville, comtesse de
Salm.
Au début du XVIII° siècle, ce sont les
époux Gérardin qui possèdent la maisonnette.
Et c'est Nicolas Gérardin, arrière petit-fils, ancien
dragon au service de Napoléon, retraité pour cause
de blessure qui s'en trouve propriétaire en 1818. Un comte
prussien lui proposera en 1815 de lui racheter le tympan sculpté
et la statue qui le surmontait, devant son refus, il lui proposera
de lui racheter la maison 6000 francs et essuiera à nouveau
un refus. Le 20 juin 1818, ce brave homme revendra son précieux
bien pour 2500 francs au conseil général du département
des Vosges qui a décidé de mettre en valeur ce patrimoine
inestimable. Le roi Louis XVIII, touché par ce geste généreux,
le décorera de la Légion d'honneur pour son passé
militaire mais aussi en mémoire de Jeanne d'Arc. La ville
d'Orléans lui délivrera également une médaille
d'or gravée : "La ville d'Orléans à
Nicolas Gérardin pour avoir par un louable désintéressement
conservé à la France la maison où naquit la
Pucelle d'Orléans". Gérardin mourut à
Domrémy le 4 octobre 1829.
On voit près de "7"
le ruisseau qui séparait Domrémy en deux parties.
1. L'église dans son orientation originale
2. Le cimetière
3. La maison de Jeanne
4. La maison de Gérardin
5 et 6. deux petites maisons
7. le chemin menant à Vouthon, près
du ruisseau des 3 fontaines.
L'extérieur :
Quand le conseil général des Vosges acquit
la maisonnette, elle était jouxtée par d'autres maisons
comme le montre le plan ci-dessus et servait de cellier et d'étable
à Gérardin. Sous la conduite de M. Jollois, l'ingénieur
des ponts et chaussées, le site historique va être
dégagé pour être mis en valeur. La maison natale
sera rétablie extérieurement et intérieurement
comme elle l'était pendant que la famille et les arrière
petits-neveux de la Pucelle l'habitaient.
Situation en 1819 avant les travaux.
La maison principale de Gérardin cache celle de Jeanne, qui
lui servait d'entrepôt et de lavoir. Gérardin a néanmoins
rapporté sur sa maison principale les armes de la maison
de Jeanne et la statuette au dessus de la porte d'entrée
(deux hommes sont à côté de cette porte).
La maison de Gérardin, rue du Moulin, était
encadrée de deux maisons appartenant à des manouvriers,
celle la plus au Nord venant buter contre le mur de l'église.
Ces maisons entourant celles de Jeanne dataient vraisemblablement
du XVIII° siècle. On sait cependant que la maison natale
devait déjà être jouxtée par d'autres
du temps de Jeanne puisque Mengette dira que "sa maison et
celle du père de Jeanne se tenaient'.
C'est également en 1824 que des travaux modifieront
complètement l'orientation de l'église
de Domrémy.
Le
tympan datant de 1481, sur lequel se trouve les armes des familles
du Lys et Thiesselin
encadrant celles de France et la devise "Vive le roy Louis"
(Louis XI) a été replacé au-dessus de la porte
de la maison natale. Il y a aussi une autre devise : "vive
labeur" que Siméon Luce explique par "vive le labourage"
et s'appliquerait aux laboureurs de la région et du travail
des champs. Il faudrait plutôt lui donner cette signification
"Vive le travail" (Ph.-H.Dunand). Elle est aussi parfois
faussement attribuée comme étant la devise de Jeanne
elle-même.
Enfin, une statuette représentant Jeanne dont l'origine
n'est pas connue mais pourrait être une réplique de
celle qui se trouvait dans la chapelle Notre Dame de l'église
paroissiale.
Claude du Lys, descendant de Jean d'Arc et procureur
fiscal de Domrémy et Greux à la fin du XV° siècle,
avait épousé en 1460, Jeannette Thiesselin (de la
famille de la marraine de Jeanne d'Arc). C'est lui qui fera installé
le tympan au-dessus de la porte de la maison natale et qui fera
faire des travaux importants sur la maison elle-même, sans
qu'il soit possible de déterminer exactement la portée
et l'ampleur de ces travaux. Bien qu'ayant sans doute modifié
la maisonnette, cette réfection a sans doute permis qu'elle
soit encore debout aujourd'hui. En 1586, elle est vendue à
la comtesse de Salm et la trace est perdue dans les documents jusqu'en
1733, où on la retouve appartenant déjà aux
ancêtres de Gérardin, le "vendeur" de 1818.
Derrière,
à gauche, on aperçoit une partie du musée.
Le jardin entre la maison
et l'église ou Jeanne dans sa treizième année
vit saint Michel et entendit sa voix.
L'intérieur
:
La maison, couverte d'un toit en appentis, comporte
4 pièces au rez de chaussée et un grenier servant
à entreposer vivres et matériels.
La grille à gauche de la cheminée protège le
porte lampe qui date de la construction de la maison.
C'est dans cette pièce qu'est
née Jeanne d'Arc. La statue de bronze a été
offerte par la princesse Marie d'Orléans pour être
placée dans la maison natale de Jeanne (2004).
La petite fenêtre donnait sur
l'église. A gauche un placard d'origine). A droite de la
fenêtre s'ouvrait le four aujourd'hui supprimé.
La porte donne sur le jardin de la maison du côté de
l'église (2004).
Dans cette même pièce,
l'escalier donnant accès au grenier qui possède une
grande fenêtre croisée. Il y avait là une pièce
qui fut habitée par Claude du Lys (curé de Domrémy)
au début du XVI° siècle (2004).
Illustrations
:
-
Plans de Domrémy en 1819 et dessin de la maison de Gérardin
(Jollois)
- Photos datant de 1898 ("Jeanne d'Arc par l'image"
- Mgr Le Nordez - 1898)
- Photos de 1910 ("Au pays de Jeanne d'Arc" - Jean de
Metz - 1910)
- Photos de 2004 (auteur du site)
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