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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice II-12 : Lettre du Roi d'Angleterre (3 janvier 1431) |
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« Henry, par la grâce de Dieu, roy de France et d'Angleterre,à tous ceulz qui ces présentes lettres verront,
salut. Il est assez notoire et commun comment, depuis
aucun temps en-ça, une femme qui se fait appeler Jehanne la Pucelle, laissant l'abbit et vesteure de sexe féminin,
s'est, contre la loy divine, comme chose abhominable à Dieu, réprouvée et défendue de toute loy, vestue, habilée
et armée en estat et habit d'omme; a fait et exercé cruel fait d'omicides, et, comme l'en dit, a donné à entendre au
simple peuple pour le séduire et abuser qu'elle estoit envoyée
de par Dieu, et avoit cognoissance de ses divins sécrez
; ensemble plusieurs dogmatizations très périlleuses,
et à nostre sainte foy catholique moult préjudiciables et
scandaleuses. En poursuivant par elle lesquelles abusions
et exerçant hostilité à l'encontre de nous et nostre peuple,
a esté prinse armée devant Compiengne, par aucuns de nos
loyaulz subgez, et depuis amenée prisonnière par devers
nous. Et pource que de superstitions, faulses dogmatizacions
et autres crimes de lèse-majesté divine, comme l'en
dit, elle a esté de plusieurs réputée suspecte, notée et diffamée,
avons esté requis très instamment par révérend
père en Dieu, nostre amé et féal conseiller, l'évesque de
Beauvais,juge ecclésiastique et ordinaire de ladite Jehanne,
pource qu'elle a esté prinse et appréhendée ès termes et
limites de son diocèse ; et pareillement exortés de par nostre
très chière et très amée fille l'Université de Paris, que
icelle Jehanne veuillons faire rendre, bailler et délivrer
audit révérend père en Dieu, pour la interroguer et examiner
sur lesdiz cas, et procéder contre elle selon les ordenances
et disposicions des droits divins et canoniques ;
appeliez ceulx qui seront à appeller. Pource est-il que nous,
qui pour révérence et honneur du nom de Dieu, défense et exaltacion de sadicte sainte Église et foy catholique, voulons
dévotement obtempérer comme vrais et humbles filz
de sainte Église aux requestes et instances dudit révérend
père en Dieu, et exortacions des docteurs et maistres de
nostre dicte fille l'Université de Paris : Ordenons et consentons que toutes et quantes fois que bon semblera audit
révérend père en Dieu, icelle Jehanne lui soit baillée et
délivrée réaiment et de fait par nos gens et officiers, qui
l'ont en leur garde, pour icelle interroguer et examiner et
faire son procès selon Dieu, raison et les saints canons....
Toutes voies, c'est notre entencion de ravoir et reprendre par devers nous icelle Jehanne, se ainsi estoit qu'elle ne
fust convaincue ou actainte des cas dessusdiz, etc... »
« Donné à Rouen le tiers jour de janvier l'an de grâce
MCCCCXXX [1431] et de nostre règne le IXe. »
(Procès, t. I,
3 janv. 1430 [1431], p. 18, 19.)
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
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