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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice II-6 : Ravages des environs de Paris |
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Le Bourgeois de Paris ne tarit pas sur cette matière, et
sa colère n'épargne pas plus les Anglais que les Armagnacs:
car, à vrai dire, les uns ne faisaient guère moins de mal
que les autres, et les lieux pris par les derniers ne gagnaient
rien à être repris par les premiers : « Et pour certain,
dit notre auteur à propos de l'abbaye de Saint-Maur,
aussitôt que les Arminas furent départits, les Anglois, bon
gré ou mal gré de leurs cappitaines, pillèrent toute l'abbaye
et la ville si au net, qu'ils n'y laissèrent pas les cullières
au pot, qu'ils n'apportassent; et ceux de devant à leur entrée
avoient bien pillé, et les darrains encore rien n'y laissèrent
: quelle pitié ! » (t. XL, p. 407 de la collection des
Chroniques nationales françaises, éd. Buchon). Et plus loin, mentionnant le bruit populaire qui rapportait les défaites
des Anglais au pillage de l'église de N. D. de Cléry
par Salisbury : « Et puis, que ont-ils fait à Saint-Mor-des-Fosez en l'église et partout où ils peurent avoir le dessus ?
Les églises sont pillées qu'il n'y demoure ni livres, ni la
boueste ou couppe où le corps de Nostre-Seigneur repose,
ne reliques, pour tant qu'il y ait or ou argent, ou aucun
metal, qu'ils ne jettent, soit le corps de Nostre-Seigneur,
soient les reliques. Tout ne leur chault, ou des corporeaux,
n'y laissent-ils nuls qui pèsent; et n'y a aucun, qui soit
maintenant aux armes, de quelque costé qu'il soit, François,
ou Anglois, ou Arminac, ou Bourguignon, ou Piquart, à qui il eschappe rien qu'ils puissent, s'il n'est trop
chaut ou trop pesant ; dont est grant pitié et dommaige
que les seigneurs ne sont d'accord. Mais se Dieu n'en a pitié,
touste France est en grant danger d'estre perdue : car de toutes parts on y gaste les biens, on y tue les hommes,
on y boute feuz ; et n'est estrange ne privé qui point en die,
Dimitte : mais toujours va de mal en pis, comme il appert. »
(Ibid.,p. 409-410.)
Dans cette extrémité on attendait toujours le duc de
Bourgogne, qui, depuis que Bedford l'avait fait gouverneur
de Paris, n'y avait point paru (depuis plus d'un an!), laissant
Paris en proie à « un peu de ne sais quels larrons »
(p. 413). Ce délaissement ne ramenait pas même aux Anglais;
et telle était l'antipathie des Parisiens pour eux que,
lorsque Bedford eut introduit plus de 60 bateaux chargés
de vivres dans Paris (cf. Registres du Parlem. f° 39 à la
date du 30 janvier), ils disaient que le duc de Bourgogne ferait bien davantage et lui cherchaient, tout en le raillant
un peu, des excuses. On lui donnait jusqu'aux Pâques prochaines
: « car à présent il est trop embesongné pour sa
femme qui a geu d'un beau fils, qui fut christiané le jour
Saint-Anthoine en janvier; et on dit communément que la
première année du mariage on doit complaire à l'espousée,
et que ce sont tretoutes nopces ; et pour celle cause n'a pu
vacquer devant Compiègne tant qu'il l'eust prinse. Ainsi
disait-on du duc de Bourgogne, et pis assez, car ceux de Paris espécialement l'aimoient tant comme on povoit amer
prince ; et en vérité il n'en tenoit compte, s'ils avoient faim
ou soif, car tout se perdoit par sa négligence, aussi bien en
son pays de Bourgogne comme entour de Paris » (p. 415).
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
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