e dix-huitième jour du mois d'avril suivant, à la demande
et requête desdits promoteur et plaignants, ou de leur procureur,
Jean, archevêque, Guillaume, évêque, et frère Jean
Bréhal, prolongèrent et prorogèrent l'assignation faite au
mercredi après le dimanche du Jubilate, jusqu'au mercredi
après la fête de l'Ascension du Seigneur, pour remettre l'enquête
ou les enquêtes faites ou à faire, les donner à publier
et les voir publier ; ils délivrèrent auxdits plaignants leurs
lettres de prorogation, dont la teneur suit, et qu'ils ordonnèrent d'enregistrer et de publier par affichage aux portes
de l'église de Rouen.
A tous ceux qui les présentes lettres verront, Jean, par
la miséricorde divine archevêque et duc de Reims, Guillaume,
par la même miséricorde évêque de Paris, et frère Jean Bréhal,
professeur de théologie sacrée professeur de théologie sacrée, de l'ordre
des frères prêcheurs, l'un des inquisiteurs de la perversité hérétique
dans le royaume de France, juges délégués et commissaires,
ainsi que révérend père dans le Christ et seigneur
monseigneur l'évêque de Coutances, notre collègue en cette
affaire, avec la clause « Que vous, ou deux ou l'un d'entre « vous, etc. » désignés pour une cause de nullité, d'iniquité
et d'injustice de certains procès et sentences autrefois dirigés
contre Jeanne, communément appelée la Pucelle, par défunts
de bonne mémoire seigneur Pierre Cauchon, alors évêque de
Beauvais, et Jean Le Maistre, sous-inquisiteur de la perversité
hérétique au diocèse de Beauvais, à l'instigation de
maître Jean d'Estivet, promoteur constitué par lesdits évêque et sous-inquisiteur, d'une manière nulle et sans droit, à ce qu'on prétend, et désignés également par notre très saint
seigneur Calixte, troisième pape du nom grâce à la divine
providence, pour la justification de Jeanne au sujet des fausses
allégations desdits juges et promoteur, à tous et chacun des
abbés, prieurs, doyens, etc... salut dans le Seigneur.
Vous savez que le mercredi après le dimanche
où, dans la sainte Église de Dieu, on chante à l'introït
de la messe Jubilate, fut assigné à vénérable et prudente personne
maître Guillaume Prévosteau, licencié en droit civil,
procureur et en tant que procureur d'honnête femme Isabelle
d'Arc, de Pierre et Jean d'Arc, les plaignants en cette cause,
comme second délai et seconde production aux fins de prouver
leur prétention sur les articles produits en cette cause [...],
lequel délai soit prorogation nous avons prorogé et continué
depuis ledit mercredi après Jubilate jusqu'au mercredi après
la fête de l'Ascension du Seigneur, à moins que, etc., sinon,
etc. A la demande desdits plaignants et de notre autorité,
et par la teneur des présentes, nous le prorogeons et prolongeons,
accordant ce délai pour la troisième et dernière fois,
afin de produire les témoins, décidant que les commissaires
désignés, pendant cette prolongation, pourront procéder à la
réception, à la production et à l'examen des témoins, selon
la forme et la teneur des commissions autrefois décidées et
délivrées par nous. Toutes et chacune des choses dessus dites
[...] En témoignage de ce, nous avons fait apposer notre
sceau aux présentes lettres.
Donné et fait à Paris, l'an du
Seigneur 1456, indiction quatrième, le dix-huitième jour du
mois d'avril, première année du pontificat de notre seigneur, le seigneur Calixte, par la providence divine troisième pape
du nom. »
Ainsi signé : D. LECOMTE et F. FERREBOUC.
Et au dos : « Cette présente lettre a été affichée par moi,
Compaing Votes, notaire public, aux portes de l'église de
Rouen, l'an inscrit sur le tableau, et le vingt-quatrième jour
du mois d'avril. »
Ainsi signé : « COMPAING VOTES. »
Enfin arriva ledit mercredi suivant la fête de l'Ascension
du Seigneur, après prorogation et prolongement déjà indiqués,
depuis le premier jour judiciaire après le dimanche où l'on
chante dans la sainte Église de Dieu Jubilate, et auparavant
depuis le premier jour judiciaire où l'on chante dans la sainte Église de Dieu Quasimodo, jour assigné aux parties pour
remettre devant les juges par les plaignants leurs enquêtes,
faites tant à Paris, Rouen, Orléans que dans le lieu natal
de Jeanne, pour faire publier et entendre ces enquêtes soit
dépositions et déclarations des témoins, et pour procéder
au-delà comme il est de raison. Ce jour là comparurent devant
lesdits Guillaume, évêque de Paris, et frère Jean Bréhal, inquisiteur, en l'absence de l'archevêque de Reims et de
l'évêque de Coutances, occupés au loin, dans la grande salle
de la demeure archiépiscopale de Rouen, où siège habituellement
le tribunal en cette affaire, se sont présentés vénérables personnes lesdits maîtres Guillaume Prévosteau, en tant que
procureur desdits plaignants et pour eux, et Jean Le Vieux,
maître ès arts et licencié en décrets, en tant que procureur
de maître Simon Chapitault, promoteur en cette cause, pour
satisfaire à l'assignation ; et ils accusèrent de contumace en
tant que besoin les parties adverses et tous ceux croyant être
intéressés, qui ne comparaissent pas. Les juges, acceptant ce
jour pour la présentation, le prolongèrent jusqu'au lendemain,
de leur propre autorité. En présence de vénérables et
savantes personnes, maîtres Hector de Quoquerel, docteur en
l'un et l'autre droit, vicaire général du seigneur archevêque
de Rouen, Robert Boivin, licencié en droit canon, Jean
Hugues, et de plusieurs autres, témoins à ce spécialement
appelés et requis.
[Continuatio altera ejusdem termini.]
DIE autem decima octava mensis aprilis inde sequentis,
instantibus et requirentibus præfatis promotore
et actoribus, seu eorum procuratore, diem
mercurii, post dominicam de Jubilate, assignatam partibus
præfatis ad referendum inquestam seu inquestas
factas et faciendas, easque publicandum et publicari
videndum, ipsi Johannes, archiepiscopus, Guillelmus,
episcopus, et frater Johannes Brehal, præfati, continuaverunt
et prorogaverunt usque ad diem mercurii,
post festum Ascensionis Domini, litterasque suas hujusmodi prorogationis eisdem actoribus concesserunt, sub tenore infrascripto ; quas per affixionem
earumdem valvis ecclesiæ Rothomagensis insinuari et publicari voluerunt.
Tenor earumdem litterarum et earum publicationis et insinuationis sequitur, et est talia:
« Universis, etc. (1). Noveritis quod, cum dies
mercurii post Jubilate fuerit et sit assignata venera bili et circumspecto viro, magistro Guillelmo Prevosteau, in jure civili licentiato, procuratori et nomine
procuratorio honestæ mulieris Ysabellis d'Arc, Petri
et Johannis d'Arc, actorum in hujusmodi causa, ad
probandam suam intentionem, pro secunda dilatione
et secunda productione, super articulis in dicta causa
productis, etc. ; nos, etc , dictam dilationem sive prorogationem,
a dicta die mercurii post Jubilate, hinc
ad diem mercurii post instans festum Ascensionis
Domini, nisi, etc., alioquin, etc., instantibus dictis actoribus ac ex officio nostro, concessimus, prorogavimus
et continuavimus, et tenore præsentium prorogamus
et continuamus ; eisdem actoribus dilationem,
pro tertia et ultima dilationibus et productionibus
testium, concedentes ; decernentes commissarios deputatos,
pendente dicta prorogatione, procedere posse
ad receptionem, productionem et examinationem testium
interim producendorum, juxta formam et tenorem
commissionurn alias per nos decretarum et
concessarum. Quæ præmissa omnia et singula, etc. In
cujus rei testimonium his præsentibus litteris sigilla
nostra duximus apponenda. Datum et actum Parisius,
sub anno Domini MCCCCLVI., indictione quarta, mensis vero aprilis die decima octava, pontificatus præfati domini
nostri, domini Calixti, divina providentia papæ
tertii, anno primo. »
Sic signatum : « D. COMITIS et F. FERREBOUC. »
Et in dorso earumdem : « Affixa fuit hæc præsens
littera per me, Socium Votes, notarium publicum, ad
valvas ecclesiæ Rothomagensis, anno in albo contento, et die xxiv. mensis aprilis. »
Sic signatum « Socius
VOTES. »
[Continuatio diei pro præsentatione inquestarum a DD. Delegatis acceptati.]
ITEM, dicta die mercurii post festum Ascensionis
Domini adveniente, prorogata et continuata, ut præmittitur,
a die prima juridica post instantem dominicam
diem qua in sancta Dei ecclesia cantatum fuit
Jubilate, et antea a die prima juridica post dominicam
qua in sancta Dei ecclesia cantatum fuit Quasimodo
; assignata eisdem partibus ad referendum, coram
dominis Judicibus, ex parte dictorum actorum, suas
inquestas, tam Parisius, Rothomagi, Aurelianis, quam
in loco originis præfatæ Johannæ, auctoritate sua et
per ipsos factas ; easque inquestas seu depositiones et
attestationes testium in eisdem contentorum, ab ipsis
et per ipsos publicari videndum et audiendum ; processurisque
ulterius, prout foret rationis : comparuerunt
coram ipsis Guillelmo, Parisiensi episcopo et fratre
Johanne Brehal, inquisitore, præfatis, ipsis archiepiscopo
Remensi et episcopo Constantiensi absentibus
et in remotis agentibus, in majori aula domus archiepiscopalis
Rothomagensis, in qua, pro hujusmodi
causa agitanda, sedere pro tribunali consueverunt: venerabiles
viri, praefati magistri, Guillelmus Prevosteau,
nomine procuratorio ipsorum actorum et pro ipsis,
et Johannes Veteris, in artibus magisteret in decretis
licentiatus, nomine procuratorio præfati magistri
Simonis Chapitault, promotoris in hac causa per ipsos
constituti ; et coram ipsis assignationi hujusmodi satisfaciendo,
se præsentaverunt, partiumque adversarum
et omnium sua interesse credentium, non
comparentium, quantum opus erat, contumaciam accusaverunt.
Ipsi autem hujusmodi diem pro præsenta tione acceptantes, eam usque ad diem crastinara continuaverunt,
ex officio suo et alias. Præsentibus ad
hæc venerabilibus et scientificis viris, magistris, Hectore
de Quoquerel, utriusque juris doctore, vicario
generali domini archiepiscopi Rothomagensis, Roberto
Boivin, in jure canonico licentiato, et Johanne
Hugonis, cum pluribus aliis, testibus ad præmissa
vocatis specialiter et rogatis.