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Procès de réhabilitation
IV - Prorogation pour la remise des enquêteurs
(31 mars 1456) |
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e même le dernier jour de mars, l'an du Seigneur 1456,
indiction quatrième, première année du pontificat de très
saint père dans le Christ notre seigneur Calixte, troisième pape
du nom, à la demande et requête des parties et du promoteur
susdits, ou de leurs procureurs, les archevêque et évêque sus
mentionnés et frère Jean Bréhal, inquisiteur, ont prorogé
le terme qu'ils avaient autrefois assigné pour remettre les
enquêtes, les publier et les voir publier, et l'ont prolongé jusqu'au mercredi après le dimanche où dans la sainte église
de Dieu on chante le Jubilate (1), voulant que cette prolongation fût intimée et notifiée à tous ceux qui croient y avoir intérêt
par affichage aux portes de l'église de Rouen. Cette notification a été notifiée et enregistrée suivant les lettres patentes dont la teneur suit :
La teneur desdites lettres de prorogation et de leur exécution
est en la forme suivante :
« A tous ceux qui les présentes lettres verront, Jean, par
la miséricorde divine archevêque et duc de Reims, Guillaume,
par la même miséricorde évêque de Paris, et frère Jean Bréhal,
professeur de théologie sacrée professeur de théologie sacrée, de l'ordre
des frères prêcheurs, l'un des inquisiteurs de la perversité hérétique
dans le royaume de France, juges délégués et commissaires,
ainsi que révérend père dans le Christ et seigneur
monseigneur l'évêque de Coutances, notre collègue en cette
affaire, avec la clause « Que vous, ou deux ou l'un d'entre « vous, etc. » désignés pour une cause de nullité, d'iniquité
et d'injustice de certains procès et sentences autrefois dirigés
contre Jeanne, communément appelée la Pucelle, par défunts
de bonne mémoire seigneur Pierre Cauchon, alors évêque de
Beauvais, et Jean Le Maistre, sous-inquisiteur de la perversité
hérétique au diocèse de Beauvais, à l'instigation de
maître Jean d'Estivet, promoteur constitué par lesdits évêque et sous-inquisiteur, d'une manière nulle et sans droit, à ce qu'on prétend, et désignés également par notre très saint
seigneur Calixte, troisième pape du nom grâce à la divine
providence, pour la justification de Jeanne au sujet des fausses
allégations desdits juges et promoteur, à tous et chacun des
abbés, prieurs, doyens, etc... salut dans le Seigneur.
Vous savez que le premier jour judiciaire après le dimanche
où dans la sainte Église de Dieu on chante à l'introït de la
messe Quasimodo, fut assigné à vénérable et prudente personne
maître Guillaume Prevosteau, licencié en droit civil,
procureur et en tant que procureur d'honnête femme Isabelle
d'Arc, de Pierre et Jean d'Arc, les plaignants en cette cause,
comme premier délai aux fins de prouver leurs dires sur les
articles produits en cette cause et par nous admis pour être
prouvés ; quelques commissaires furent envoyés pour maître
Guillaume Prévosteau, agissant comme dessus, par nous,
archevêque, évêque et inquisiteur, dans les cités de Clermont,
Bourges, Poitiers, Tours, Orléans, Toul et Paris, afin de nous
remettre et de nous faire publier, à ce jour, les dits et dépositions
des témoins produits et à produire, s'il y en avait ;
et pendant ce délai, de la part desdits Isabelle, Pierre et Jean,
quelques témoins furent devant nous, archevêque, produits,
reçus, assermentés et interrogés ; mais les plaignants auraient
besoin de quelques autres témoins, en différents lieux et
diocèses, qu'ils n'ont absolument pas pu produire dans les
délais ; c'est pourquoi nous avons été prié, par vénérable et
sage personne, maître Simon Chapitault, maître ès arts et
licencié en droit canon, promoteur désigné par nous en cette
affaire, et par ladite Isabelle d'Arc, comparaissant en personne
dans la ville d'Orléans devant nous, l'archevêque Jean,
de bien vouloir donner et accorder un autre délai auxdits
plaignants. Nous donc, juges susdits, voulant procéder en
cette cause avec prudence, sagesse et justice, et ne voulant pas que le droit des parties périsse faute de preuve, nous
avons accordé ledit délai soit prorogation depuis ledit premier
jour judiciaire après Quasimodo jusqu'au mercredi après le
dimanche où l'on chante dans la sainte Église de Dieu pour
l'introït de la messe Jubilate, à moins que, etc., sinon, etc., à la demande desdits promoteur et Isabelle et d'après notre
charge ; ordonnant que les commissaires députés puissent,
pendant cette prorogation, procéder à la réception, la production
et l'examen des témoins à produire alors, suivant
la forme et la teneur des commissions auparavant données
et concédées par nous. Toutes et chacune de ces choses nous
les publions et enregistrons pour tous et chacun de ceux
croyant être intéressés, par un affichage des présentes aux
portes de l'église de Rouen, à l'imitation des édits publics qui étaient autrefois inscrits sur le tableau des préteurs. En témoignage
de ce nous avons fait apposer les sceaux à ces présentes
lettres. Donné et fait à Paris l'an 1456, indiction
quatrième, dernier jour du mois de mars, première année du
pontificat de très saint père et seigneur dans le Christ, le
seigneur Calixte, par la providence divine troisième pape du
nom.
Ainsi signé : D. LECOMTE et F. FERREBOUC. »
Et au dos : « affichée le 4 avril par... ».
Et ailleurs : « Déposée le 20 avril, une autre étant affichée ;
présents maîtres Simon de Mora, frère Pierre Sohier, Jean
Neel et Guillaume Merpelle. »
[Continuatio termini ad referendum inquestas assignati, requirentibus actoribus concessa.]
ITEM, die ultima martii, anno Domini MCCCCLVI.,
indictione quarta, pontificatus sanctissimi in Christo
patris, domini nostri Calixti, papæ tertii, anno primo,
instantibus et requirentibus partibus et promotore
præfatis, seu eorum procuratoribus, terminum, per
eos[dem] episcopum Parisiensem et fratrem Johannem
Brehal, inquisitorem, alias eisdem assignatum, ad referendum
suas inquestas coram ipsis, easque publicandum
et publicari videndum, ipsi archiepiscopus et episcopus
præfati, ac frater Johannes Brehal, inquisitor,
prorogaverunt et continuaverunt hinc ad diem mercurii
[post dominicam] qua in sancta Dei ecclesia
cantabitur Jubilate ; volentes præfatam suam continuationem,
per suas patentes litteras, valvis ecclesiæ
Rothomagensis affigendas, quibuscumque sua interesse credentibus intimari, insinuari et notificari.
Quæ continuatio per litteras patentes, cujus tenor inferius
describitur, notificata et insinuala exsistit.
Tenor dictarum litterarum continuationis, et earum exsecutionis, sequitur,
et est talis :
« Universis præsentes litteras inspecturis, JOHANNES,
divina miseratione archiepiscopus et dux Remensis,
GUILLELMUS, eadem miseratione episcopus Parisiensis,
et frater JOHANNES BREHAL, sacræ theologiæ professor,
etc, salutem in Domino. Noveritis quod, cum
dies prima juridica post instantem dominicam qua
cantabitur in sancta Dei ecclesia pro introitu missæ
Quasimodo, sit assignata venerabili et circumspecto
viro, magistro Guillelmo Prevosteau, in jure civili
licentiato, procuratori, et nomine procuratorio, honestæ
mulieris Ysabellis d'Arc, Petri et Johannis
d'Arc, actorum in hujusmodi causa ; ad probandam
suam intentionem, pro prima dilatione, super articulis
in dicta causa productis, et per nos ad probandum
admissis ; deputatisque eidem magistro Guillelmo
Prevosteau, nomine quo supra, nonnullis commissariis,
nobisque, archiepiscopo et episcopo ac inquisitori,
tam in civitatibus Claromontensi, Bituricensi, Pictavensi,
Turonensi, Aurelianensi, Tullensi et Parisiensi ;
necnon ad referendum sive publicaiidum a nobis et
per nos, dicta die, in aula majori archiepiscopi Rothomagensi,
dicta et depositiones testium productorum
et producendorum, si qui producerentur ; qua dilatione sic pendente, pro parte dictorum Ysabellis, Petri
et Johannis, coram nobis archiepiscopo, nonnulli
testes fuerunt producti, recepti, jurati et examinati ; indigeantque et habeant dicti actores nonnullos alios
testes, in diversis dioecesibus et locis, quos, dicta dilatione
pendente, minime producere potuerunt : quapropter
fuimus, per venerabilem et circumspectum
virum, magistrum Simonem Chapitault, in artibus
magistrum et in jure canonico licentiatum, promotorem
in hujusmodi causa per nos deputatum, et per
præfatam Ysabellem d'Arc, in villa Aurelianensi,
coram nobis, Johanne archiepiscopo, personaliter comparentem,
quatenus aliam dilationem dictis actoribus
dare et concedere vellemus et dignaremur. Nos igitur,
Judices supradicti, volentes in hujusmodi causa mature,
sancte et juste procedere, nolentesque jus partium
ob defectum probationis perire, dictam dilationem,
sive prorogationem, a dicta die prima placitabili
post Quasimodo, hinc ad diem mercurii post instantem
dominicam qua cantabitur in sancta Dei ecclesia
pro introitu missæ Jubilate, nisi, etc., alioquin,
etc, instantibus dictis promotore et Ysabelli,
prædictis, ac ex officio nostro, concessimus, prorogavimus
et continuavimus, et tenore præsentium prorogamus
et continuamus ; decernentes commissarios
deputatos, pendente dicta prorogatione, procedere
posse ad receptionem, productionem et examinationem
testium interim producendorum, juxta formam
et tenorem commissionum alias per nos decretarum
et concessarum. Quæ præmissa omnia et singula
omnibus et singulis sua interesse credentibus, per
affixionem præsentium ad valvas eeclesiæ Rothomagensis,
ad instar edictorum publicorum, quæ olim in
albo prætorio scribebantur, intimamus et insinuamus.
In cujus rei testimonium his præsentibus litteris sigilla
duximus apponenda. Datum et actum Parisius, anno Domini MCCCCLVI., post Pascha, indictione quarta,
mensis vero martii die ultima, pontificatus præfati
sanctissimi in Christo patris et domini nostri, domini
Calixti, divina providentia papæ tertii, anno primo. »
Sic signatum : « D. COMITIS et F. FERREBOUC. »
Et in dorso : « Affixa iv. aprilis, per (2).... »
Et alibi : « Deposita die XX. aprilis, alia affixa ; præsentibus
magistris Simone de Mora, fratre Petro Sohier,
Johanne Neel et Guillelmo Merpelle. »
Source :
- Texte original latin : "Procès de Jeanne d'Arc" - T.II - Jules Quicherat (1844), p.281 et suiv.
- Traduction : Pierre Duparc, t.III, p.158 et suiv.
Notes :
1. Cette date correspond au 21 avril 1456.
2. Le nom est en blanc dans les manuscrits.
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