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Procès de réhabilitation
V-1 - Déposition de Jean Riquier en 1452 |
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Dom Jean Riquier, prêtre, curé de l'église paroissiale de Heudicourt (1), âgé de quarante ans ou environ, juré et entendu ledit jour de mardi, neuvième de mai.
1. Sur le Ier article, il croit que l'article contient la vérité.
2. Sur le IIe, il déclare croire de même que l'article est vrai dans la forme ; il ajoute qu'on disait communément que
les Anglais n'auraient pas osé mettre le siège devant Louviers avant sa mort.
3. Sur le IIIe article, il déclare qu'elle fut conduite en cette
cité de Rouen, placée dans la prison du château de Rouen,
et on engagea un procès contre elle ; il croit que ce procès
fut fait à la demande et aux frais des Anglais ; mais ne sait
rien de la crainte et des pressions.
4. Sur le IVe article, il déclare être de renommée publique
que beaucoup de ceux qui faisaient le procès se seraient volontiers
abstenus ; et ils assistaient au procès plus par peur
qu'autrement ; et ainsi le croit.
5. 6. Sur les Ve et VIe articles, il ne sait rien, car il ne fut pas présent au procès.
7. Sur le VIIe article, il déclare ne pas se souvenir qu'ait été fait ce qui est contenu dans l'article.
8. Sur le VIIIe article, il déclare ne pas avoir vu Jeanne en prison ; mais on disait que personne n'osait lui parler, qu'elleétait enchaînée, et que les Anglais la gardaient.
9. Sur le IXe article, il déclare avoir entendu dire qu'elle répondait avec sagesse ; à tel point que si certains des docteurs avaient été ainsi interrogés, ils auraient pu difficilement répondre aussi bien.
10. Sur le Xe article, il déclare ne pas se souvenir d'avoir
entendu le contenu de l'article, et ne sait rien.
11. Sur le XIe, il déclare qu'il ne fut pas présent au procès ;
mais il entendit par la voix publique qu'on lui posait des
questions très difficiles, et que, quand elle ne savait répondre,
elle demandait un délai jusqu'au lendemain.
12. Sur le XIIe, il déclare que le procès fut très long; aussi,
comme il l'entendit dire par certains, ceux qui faisaient le
procès furent invectives par les Anglais, parce qu'ils ne terminaient
pas l'affaire assez vite.
13. 14. Sur les XIIIe et XIVe articles, il déclare que d'après
la commune renommée Jeanne avait affirmé et déclaré ce qui est contenu dans les articles.
15. 16. Sur les XVe et XVIe articles, il déclare ne rien savoir de leur contenu.
17. Sur le XVIIe, il ne sait rien.
18. 20. Sur les XVIIIe et XXe, il s'en rapporte aux notaires et au procès.
19. Sur le XIXe, il déclare en conscience que la plupart de ceux qui agissaient dans le procès, s'ils avaient été libres et n'avaient pas craint la colère des Anglais, n'auraient pas ainsi procédé.
21. 22. Sur les XXIe et XXIIe, il ne sait rien.
23. Sur le XXIIIe, il déclare qu'à son avis, d'après la fin de ladite Jeanne, elle était fidèle catholique ; il apprit qu'elle demanda à recevoir le corps du Christ, et croit qu'on le lui donna ; et sait qu'elle fut brûlée.
24. Sur le XXIVe article, il déclare qu'après la dernière
prédication elle fut abandonnée par les ecclésiastiques, et
aussitôt il vit que les soldats et hommes d'armes anglais la
saisirent et la conduisirent directement au lieu du supplice: il ne vit pas qu'une sentence eût été portée par un juge séculier.
25. Sur le XXVe article, il déclare qu'il contient la vérité, comme il l'a vu et entendu. De même déclare, lui qui parle, avoir entendu que maître Jean Alépée, alors chanoine
de Rouen, présent lors de l'exécution de Jeanne, pleurant
beaucoup, dit en présence du témoin et d'autres étant à
proximité : « Je voudrais que mon âme fût où je crois être l'âme de cette femme. »
26. Sur le vingt-sixième, à propos des pressions, il a déposé ci-dessus,
et croit que les Anglais procédèrent pour les causes et pour les fins contenus dans l'article.
27. Sur le XXVIIe article, il déclare que c'était, et c'est,
la renommée dans cette cité de Rouen pour tout ce qu'il a
déposé ci-dessus.
Dominus Johannes Riquier, presbyter, curatus ecclesiæ parochialis de Heudicurte (1), ætatis XL annorum,
vel circa, juratus et examinatus dicta die martis,
nona maii.
Super I. articulo, credit articulum continere veritatem.
Super II., dicit quod similiter credit ipsum articulum
esse verum in forma ; et addit quod dicebatur
communiter quod Anglici non audebant ponere obsidionem
in Locoveris, donec mortua esset.
Super III. articulo, dicit quod fuit adducta ad hanc
civitatem Rothomagensem et posita in carceribus
castri Rothomagensis, et factus processus contra
eam ; et credit quod ad procurationem et expensis
Anglicorum fuerit factus processus hujusmodi ; sed de
metu et impressione nihil scit.
Super IV. articulo, dicit quod fama communis erat
quod multi eorum qui faciebant processum, libenter
abstinuissent, et plus timore quam alias processui
aderant ; et ita credit.
Super V. et VI. articulis, nihil scit, quia non fuit
præsens in processu.
Super VII. articulo, dicit quod non recolit contentum
in articulo fuisse factum.
Super VIII. articulo, dicit quod non vidit eam in
carceribus, sed dicebatur quod nullus audebat loqui
cum ea, et quod erat ferrata, et quod Anglici eam
custodiebant.
Super IX. articulo, dicit quod audivit quod ipsa ita
prudenter respondebat quod, si aliqui de doctoribus
fuissent ita interrogati, vix ita bene respondissent.
Super X. articulo, dicit quod non recolit audivisse
contenta in articulo, neque aliquid scit.
Super XI., dicit quod non fuit in processu, sed
audivit ex fama quod interrogabatur multis difficilibus
quæstionibus, et quod, quando nesciebat respondere,
petebat dilationem in crastinum.
Super XII., dicit quod processus fuit valde prolixus,
ita quod, prout audivit ab aliquibus, illi qui
processum faciebant, increpabantur ab Anglicis, quod
non citius terminabant negotium.
Super XIII. et XIV. articulis, dicit quod communis
fama tenebat dictam Johannam affirmasse et obtestatam
fuisse, sicut in articulo continetur.
Super XV. et XVI. articulis, dicit quod nihil scit
de contentis in eisdem.
Super XVII., nihil scit.
Super XVIII. et XX., se refert ad notarios et processum.
Super XIX., dicit, in conscientia sua, quod majors
pars eorum qui procedebant, si habuissent libertatem
et non timuissent furorem Anglicorum, non
ita processissent.
Super XXI. et XXII., nihil scit.
Super XXIII., dicit quod, judicio loquentis, ex
fine dictæ Johannæ, ipsa Johanna erat fidelis et catholica
; et audivit quod petiit suscipere corpus Christi,
et credit quod fuit sibi traditum ; et scit quod fuit
cremata.
Super XXIV. articulo, dicit quod, prædicatione
ultima facta, fuit derelicta a viris ecclesiasticis, et statim vidit quod clientes et Anglici armati eam receperunt,
ac directe ad locum supplicii duxerunt ; neque
vidit quod aliqua sententia fuit lata a judice sæculari.
Super XXV. articulo, dicit quod articulus continet
veritatem, prout vidit et audivit. Item dicit quod ipse
loquens audivit quod magister Johannes Ad-Ensem,
tunc canonicus Rothomagensis, præsens in exsecutione
dictæ Johannæ, mirabiliter lacrymando, dixit
in præsentia loquentis et aliorum prope eum exsistentium
: « Vellem quod anima mea esset ubi credo animam
itius mulieris esse. »
Super XXVI., de impressionibus, supra deposuit, et
credit quod Anglici processerunt ex causis in articulo
contentis, et ad illos fines.
Super XXVII. articulo, dicit quod fama erat et est,
in hac civitate Rothomagensi, de his quæ ipse supra
deposuit.
Sources :
- Texte original latin : Quicherat, T.II p.372.
- Traduction : source Pierre Duparc, t.III, p.228 à 230.
Notes :
1. Aujourd'hui dans le département de L'Eure.
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