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Procès
de réhabilitation
V-1- Déposition
de Nicolas Caval en 1452 |
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Vénérable et discrète personne maître Nicolas Caval, prêtre, licencié ès lois, chanoine de Rouen, âgé de soixante ans ou environ, juré et entendu ledit jour de lundi.
1. Sur le Ier article, il déclare croire que les Anglais n'avaient grande affection pour Jeanne.
2. Sur le IIe, il déclare croire vraiment au contenu de l'article.
3. Sur le IIIe, il déclare, d'après la commune renommée, que Jeanne était en prison au château de Rouen et qu'un procès fut engagé contre elle en matière de foi ; pour le reste de l'article ne sait que dire.
4. Sur le IVe, il ne sait rien.
5. Sur le Ve, il déclare ne savoir que dire à ce sujet.
6. Sur le VIe, il déclare croire que les notaires ont écrit avec fidélité et sans crainte.
7. Sur le VIIe, il ne sait rien.
8. Sur le VIIIe, il déclare que Jeanne fut en prison au château de Rouen. Pour le reste il ne sait rien.
9. Sur le IXe, il déclare qu'elle lui semblait être bien jeune ; à propos de ses réponses déclare qu'il l'a entendue une fois en pleine audience, et qu'elle parlait avec assez de sagesse.
10. Sur le Xe article, il déclare ne rien savoir et n'avoir rien entendu.
11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. Sur les XIe, XIIe, XIIIe, XIVe, XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe, il ne sait rien.
19. 20. 21. Sur les XIXe, XXe et XXIe, il s'en rapporte au droit et au procès.
22. Sur le XXIIe, il ne sait rien.
23. Sur le XXIIIe, il déclare bien savoir qu'elle a été brûlée ; si cela fut juste ou injuste, il s'en rapporte au procès.
24. Sur le XXIVe, il déclare ne rien savoir.
25. Sur le XXVe, il déclare qu'il ne fut pas présent à la condamnation, ni à l'exécution, et il ne vit pas la foule des Anglais ; il apprit cependant de certains qu'elle criait et invoquait le nom de Jésus à ses derniers moments et qu'elle toucha plusieurs personnes aux larmes.
26. Sur le XXVIe, il déclare croire vraiment que les Anglais la craignaient avant de s'en emparer ; mais il ignore s'ils procédèrent contre elle pour les causes contenues dans l'article.
27. Sur le XXVIIe, il déclare avoir déposé ci-dessus ce qu'il en sait. (2).
Venerabilis et discretus vir, magister Nicolaus Caval,
presbyter, in legibus licentiatus, canonicus Rothomagensis, ætatis
sexaginta annorum, vel circa, juratus et examinatus, die lunæ
prædicta.
Super I. articulo, dicit quod credit quod Anglici non
habebant magnam dilectionem erga eamdem Johannam.
Super II., dicit quod bene credit contenta in articulo.
Super III., dicit quod communis fama erat quod dicta
Johanna erat in carceribus, in castro Rothomagensi, et quod fuit
factus processus in causa fidei contra eam ; sed de residuo articuli
nescit quid dicere.
Super IV., nihil scit.
Super V., dicit quod super ipso nescit aliquid deponere.
Super VI., dicit se credere quod notarii fideliter et
cessante metu scripserunt.
Super VII., nihil scit.
Super VIII., dicit quod dicta Johanna fuit in carceribus,
in castro Rotbomagensi. De aliis, nihil scit.
Super IX., dicit quod videtur ei quod erat bene juvenis
; de responsionibus autem ejusdem, dicit quod, dum semel audivit
eam in plena aula, satis
prudenter loquebatur.
Super X. articulo, dicit quod nihil scit, nec aliquid super
hoc audivit.
Super X I . , XII., XIII., XIV., XV., XVI., XVII. et
XVIII., nihil scit.
Super XIX., XX. et XXI., se refert ad jus et processum.
Super XXII., nihil scit.
Super XXIII., dicit quod bene scit quod fuit combusta
; si juste vel injuste, se refert ad jus et processum.
Super XXIV., dicit quod nihil scit.
Super XXV., dicit quod non fuit præsens in condemnatione,
nec in exsecutione, nec vidit turbam Anglicorum ; audivit tamen
a nonnullis quod clamabat et invocabat nomen Jhesu in fine dierum
suorum, et quod plures commovit ad lacrymas.
Super XXVI., dicit quod bene credit quod Anglici timebant
eam, antequam caperent eamdem ; sed si, pro illis causis in articulo
contentis, processerunt
contra ipsam, ignorat.
Super XXVII., dicit quod supra deposuit quidquid scit.
Sources :
- Texte latin : Quicherat, t.II p.335.
- Traduction: Pierre Duparc, t.III, p.199 à 200.
Notes :
1. Malgré son témoignage, les procès-verbaux du premier jugement font foi qu'il assista à plus d'une audience.
Voyez Quicherat, t. I, pp. 69, 81, 196, 405 et 459.
2. NDLR : ce témoin ne sera pas plus loquace lors de son audition trois ans plus tard.
3. Ayroles, t.V : Henri V, par droit de régale, fit de ce licencié ès lois, déjà domicilié à Rouen, un chanoine de la métropole. Il eut aussi d'autres bénéfices, et, en 1424, il fut député aux États de Paris. Il parait avoir été lié avec Pierre Cauchon (Voir Beaurepaire).
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