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22 novembre 2024  

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par Henri Wallon

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Procès de réhabilitation
V-1 - Déposition de Nicolas de Houppeville en 1452


  Vénérable et discrète personne messire Nicolas de Houppeville, bachelier en théologie, natif de Rouen, âgé de soixante ans ou environ, juré et entendu le lundi, huitième jour de mai.

1. Sur le Ier article, il déclare qu'il le croit véridique ; et jamais il n'estima que les Anglais agissaient par zèle de foi ou pour ramener Jeanne à une bonne ligne de conduite.

2. Sur le IIe, il déclare qu'il croit l'article véridique, et la renommée publique était telle dans toute la cité.

3. Sur le IIIe article, il déclare bien savoir que Jeanne fut amenée dans cette cité de Rouen par les Anglais, et placée dans la prison du château de Rouen ; le procès fut organisé par lesdits Anglais, à ce qu'il croit ; mais pour la crainte et les pressions, il n'y croit pas quant aux juges ; croit au contraire qu'ils ont agi volontairement, surtout l'évêque de Beauvais : il vit celui-ci revenir, après avoir conduit Jeanne, racontant sa mission au roi et au sire de Warwick, et dire, joyeux et exultant, certaines paroles qu'il ne comprit pas ; ensuite l'évêque parla en secret avec le comte de Warwick, mais ce qu'il dit alors le témoin l'ignore.

4. Sur le IVe, il déclare qu'à son avis les juges et les assesseurs étaient pour la majeure part des volontaires ; pour les autres, croit que plusieurs avaient peur, surtout d'après ce qu'il entendit au sujet de maître Pierre Minier, dont l'opinion, donnée par écrit, ne plut pas audit évêque de Beauvais ; ce dernier au contraire la repoussa, en disant qu'à son avis maître Pierre Minier n'aurait pas dû mêler droit canonique et théologie, et qu'il aurait dû laisser le droit canonique aux juristes. Déclare en outre avoir entendu que des menaces furent prononcées par le comte de Warwick contre frère Isambard de La Pierre, de l'ordre des frères prêcheurs, présent au procès : on l'aurait menacé de noyade s'il ne se taisait, parce qu'il dirigeait les paroles de Jeanne pour qu'elle les répétât ensuite aux notaires ; et croit avoir entendu cela de la bouche de frère Jean Le Maistre, dudit ordre, alors sous-inquisiteur. De même il déclare que lui, témoin convoqué un jour au début du procès, ne vint pas, retenu ailleurs ; venu le deuxième jour, il ne fut pas reçu, mais renvoyé par monseigneur l'évêque de Beauvais ; et parce qu'il avait dit auparavant, en parlant avec maître Michel Colles, qu'il était périlleux d'engager ledit procès pour plusieurs raisons, paroles qui furent répétées à l'évêque, ce dernier s'employa à faire mettre le témoin dans les prisons royales de Rouen, dont il fut délivré à la prière du seigneur abbé de Fécamp de l'époque. De plus, lui qui parle, a entendu que, sur l'avis de quelques personnes appelées par l'évêque à cette fin, on aurait décidé de l'envoyer en exil en Angleterre ou ailleurs, loin de cette cité de Rouen, sans l'intervention et la supplication dudit abbé et de quelques-uns de ses amis. De même il sait avec certitude que le sous-inquisiteur avait très peur, et il le vit très embarrassé pendant le procès.

5. Sur le Ve article, il déclare qu'il ne fut pas présent au procès ; mais il entendit de la bouche dudit maître Jean Le Maistre que Jeanne se plaignit une fois des questions difficiles à elle posées, et d'être trop tourmentée par des questions ne concernant pas le procès.

6. Sur le VIe article, il déclare avoir entendu, par quelque rumeur publique, qu'on interdisait aux notaires d'écrire certaines de ses paroles.

7. Sur le VIIe, il déclare croire que cet article est véridique, et la renommée était telle dans la cité de Rouen.

8. Sur le VIIIe, il déclare savoir que Jeanne était dans la prison du château et gardée par des Anglais seulement. Sur le reste il y avait renommée publique.

9. Sur le IXe, il déclare croire que Jeanne avait l'âge mentionné dans l'article, et que tout le reste de cet article est vrai, et que la constance de Jeanne avait convaincu beaucoup de gens des secours spirituels reçus par elle.

10. Sur le Xe article, il déclare que, d'après des rumeurs répandues dans la cité de Rouen, certains individus, feignant être des soldats du roi de France, furent mis avec elle, secrètement, pour la persuader de ne pas se soumettre au jugement de l'Église, sinon son jugement serait fait ; et d'après ces rumeurs, à cause de leur persuasion, Jeanne varia ensuite dans sa soumission à l'Église.

11. Sur le XIe, il dépose comme dessus ; il déclare avoir entendu, de la bouche dudit frère Jean Le Maistre, qu'elle se plaignait de questions trop difficiles et hors du sujet.

12. Sur le XIIe, il croit que l'article est véridique, parce que la renommée était telle, et on prétendait que les interrogatoires étaient partiels et captieux.

13. Sur le XIIIe, il déclare que telle était la rumeur publique dans cette cité de Rouen, au sujet du contenu de l'article, jusqu'à la variation citée plus haut dans la déposition.

14. Sur le XIVe, il déclare croire que l'article est véridique, et c'était la rumeur publique.

15. 16. Sur les XVe et XVIe articles, il déclare s'en rapporter au procès.

17. Sur le XVIIe, il dit qu'il en a déposé ci-dessus, au dixième article.

18. Sur le XVIIIe article, il déclare ignorer si le procès fut écrit en français ou en latin ; et ne sait rien d'autre.

19. Sur le XIXe, il déclare qu'à son avis, comme il l'a senti et le sent encore, on doit parler de persécution voulue et recherchée, plutôt que de jugement.

20. Sur le XXe, il déclare s'en rapporter au procès.

21. Sur le XXIe article, il dit qu'il en a déposé ci-dessus au XIXe article.

22. Sur le XXIIe, il déclare croire que cet article est véridique.

23. Sur le XXIIIe, il déclare croire que Jeanne fut bonne catholique ; elle reçut le corps de Notre Seigneur le matin de l'exécution. Il croit vrai le reste de l'article.

24. Sur le XXIVe article, il déclare avoir vu Jeanne pleurant beaucoup au sortir du château, et conduite au lieu du supplice et de la dernière prédication par cent vingt hommes environ, dont quelques-uns portaient des massues et d'autres des glaives ; aussi, mû de compassion, il ne voulut pas aller jusqu'au lieu du supplice.

25. Sur le XXVe article, il déclare que cet article est véridique, suivant la rumeur et la renommée publiques dans cette cité de Rouen ; mais quant à lui, il n'entendit rien d'elle, car il n'assista pas à l'exécution.

26. Sur le XXVIe article, il déclare croire que cet article contient la vérité ; et la renommée dans cette cité de Rouen était que les Anglais procédaient par haine et peur, et aussi pour déshonorer le roi de France.

27. Sur le XXVIIe article, il déclare qu'il contient la vérité, sans contredit.

                              

  Venerabilis et discretus vir, magister Nicolaus de Houppevilla, in theologia baccalarius, Rothomagi oriundus, ætatis sexaginta (2) annorum, vel circa, juratus et examinatus die lunæ, octava maii.

  Super I. articulo, dicit quod credit articulum esse verum ; nec unquam habuit æstimationem quod, pro zelo fidei aut eam reducendi ad bonam sectam, hoc fecerint Anglici.

Super II . , dicit quod credit articulum esse verum, et fama publica totius civitatis erat talis.

Super III. articulo, dicit quod bene scit quod ipsa Johanna fuit adducta ad hanc civitatem Rothomagensem per Anglicos, et posita in carceribus, in castro Rothomagensi ; et fuit procuratus processus per eosdem Anglicos, ut credit ; sed de metu et impressione non credit, quantum ad judices ; imo voluntarie hoc fecisse, maxime episcopum Belvacensem, quem vidit reverti de quærendo eam, et referentem legationem suam regi et domino de Warvick, dicendo lætanter et exsultanter quædam verba, quæ non intellexit ; et postmodum locutus est in secreto dicto domino de Warvik. Quid dixit, nescit.

  Super IV. dicit quod, judicio suo, judices et adsessores erant pro majori parte voluntarii ; et de aliis, credit quod plures timebant, maxime quia audivit a magistro Petro Minier quod ipse dederat suam opinionem in scriptis, quæ non fuerat grata dicto episcopo Belvacensi, imo fuerat repulsa, dicendo sibi quod non immisceret in opinione sua decreta cum theologia, et quod relinqueret decreta juristis. Præterea dicit quod audivit quod fuerunt minæ illatæ per comitem de Warvik fratri Ysambardo de Petra, ordinis Fratrum Prædicatorum, qui interfuit in processu, dicendo quod submergeretur nisi taceret, eo quod dirigebat verba dictæ Johannæ, tunc repetendo ea notariis ; et credit hoc audivisse per organum fratris Johannis Magistri, dicti ordinis, tunc Subinquisitoris. Item, dicit quod ipse loquens una die vocatus, in principio processus, non venit, aliunde impeditus ; et in secunda die veniens, non fuit receptus, imo a dicto domino episcopo Belvacensi fuit depulsus ; et quia antea dixerat, conferendo cum domino Michaele Colles, quod periculum erat intentare dictum processum, pluribus de causis : istud verbum fuit relatum ipsi episcopo ; pro qua causa procuravit ipse episcopus ipsum loquentem in carceribus regiis, Rothomagi, detrudi, a quibus fuit expeditus ad preces domini tunc abbatis Fiscampnensis. Audivitque loquens quod per consilium quorumdam, quos ipse episcopus vocaverat ad hoc faciendum, fuit deliberatum quod ipse loquens exsul mitteretur in Angliam vel alibi, extra hanc civitatem Rothomagensem, nisi intervenisset supplicatio dicti abbatis et quorumdam amicorum suorum. Item, scit de certo quod præfatus Subinquisitor multum timebat, viditque eum plurimum perplexum, durante processu.

  Super V. articulo, dicit quod non fuit in processu ; sed audivit a dicto magistro Johanne Magistri quod ipsa Johanna semel conquesta est super difficilibus interrogatoriis quæ sibi fiebant, et quod nimis vexabatur ex interrogatoriis quæ non pertinebant ad processum.

  Super VI. articulo, dicit quod audivit, ex quodam rumore, quod notarii prohibebantur aliqua scribere ex dictis suis.

  Super VII., dicit quod credit ipsum articulum esse verum, et quod fama talis erat in hac civitate Rothomagensi.

  Super VIII., dicit quod scit quod dicta Johanna
erat in carceribus castri, et quod custodiebatur per Anglicos duntaxat. Et super residuo, erat fama publica.

  Super IX., dicit quod credit ipsam Johannam habuisse ætatem de qua in articulo fit mentio, et cætera in eodem articulo contenta fore vera ; et quod constantia ejusdem Johannæ multos arguebat quod ipsa habuerat spirituale juvamen.

  Super X. articulo, dicit quod fuerunt rumores, in hac civitate Rothomagensi, quod aliqui, fingentes se armatos de parte regis Franciæ, introducti fuerunt cum ea occulte, suadentes sibi quod se non submitteret
judicio Ecclesiæ, alioquin assumerent judicium supra eam ; erantque rumores quod, propter illam persuasionem, ipsa Johanna postmodum variavit in submissione Ecclesiæ.

  Super XI., ut supra deposuit, dicit quod audivit a dicto fratre Johanne Magistri, quod de nimis difficilibus et minus pertinentibus interrogatoriis conquerebatur.

  Super XII., credit ipsum articulum esse verum, quia fama erat talis, ferebaturque quod fiebant sibi fracta, captiosa et semi-interrogatoria.

  Super XIII., dicit quod rumor erat, in hac civitate Rothomagensi, de contentis in articulo, usque ad variationem, de qua supra deposuit.

  Super XIV., dicit quod credit articulum esse verum, et erat rumor talis.

  Super XV et XVI. articulis, dicit quod se refert ad processum.

  Super XVII., dicit ut supra deposuit, in decimo articulo.


Sources :
- Texte original latin : Quicherat, t.II p.324 à 328.
- Traduction : Pierre Duparc.

Notes :
1 Est-ce Guillaumes Colles dit Boisguillaume le 2ème notaire ?


Procès de réhabilitation
Témoins de 1450 et 1452

Enquête de G. Bouillé en 1450
Fr. Jean Toutmouillé
Fr. Ysembart de La Pierre
Fr. Martin Ladvenu
Fr. Guillaume Duval
Me. Guillaume Manchon
Me. Jean Massieu
Me. Jean Beaupère


Enquête de d'Estouteville en 1452

1er questionnaire de 1452

Les dépositions :

-
Guillaume Manchon
- Pierre Miget
- Ysambart de la Pierre
- Pierre Cusquel
- Martin Ladvenu

2ème question. de 1452

Les dépositions :

- Nicolas Taquel
- M. Pierre Bouchier
- Nicolas de Houppeville
- Jean Massieu
- Nicolas Caval
- Guillaume du Désert
- Guillaume Manchon
- Pierre Cusquel
- Ysambart de La Pierre
- André Marguerie
- Richard de Grouchet
- Pierre Miget
- Martin Ladvenu.
- Jean Lefèvre
- Thomas Marie
- Jean Fave





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