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Procès de réhabilitation
V-4 - Déposition de Thomas de Courcelles |
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Vénérable et savante personne maître Thomas de Courcelles, professeur de théologie sacrée, pénitencier et chanoine de Paris, âgé d'environ cinquante-six ans, à ce qu'il dit, témoin produit, reçu, juré et interrogé pour l'information des seigneurs juges, le quinzième jour du mois de janvier, et ensuite de nouveau interrogé, a déposé de la façon et dans la forme suivantes :
Et d'abord sur le contenu des Ier, IIe, IIIe
et IVe articles, il déclare n'avoir eu aucune connaissance
de Jeanne avant de l'avoir vue dans la ville de Rouen, et
pas plus de son père, de sa mère ou de ses parents. A propos
de sa réputation on disait qu'elle affirmait avoir eu des voix
venant de Dieu.
De même interrogé sur le contenu des Ve et VIe
articles, il déclare croire, sous serment, que l'évêque accepta
la charge du procès engagé contre Jeanne en matière de foi,
parce qu'il était le conseiller du roi d'Angleterre, et parce
qu'il était évêque de Beauvais, diocèse où Jeanne fut prise
et faite prisonnière ; il entendit dire que l'inquisiteur reçut un
don d'un certain Soreau, receveur, pour s'intéresser au procès ;
mais ignore si l'évêque reçut quelque chose. Le témoin sait
aussi qu'à l'époque où Jeanne fut conduite à Rouen, lui-même,étant à Paris, fut convoqué par l'évêque de Beauvais,
afin de venir à Rouen pour ce procès ; il y alla en compagnie de maîtres Nicolas Midi, Jacques de Touraine, Jean de Rouel,
et d'autres dont il ne se souvient pas, aux frais de ceux qui
les conduisaient, l'un étant maître Jean de Reynel. Ignore
d'autre part si quelques informations préalables avaient été
faites, à Rouen ou dans le lieu de naissance de Jeanne, et
il n'en vit pas ; en effet au début du procès et surtout quand
le témoin fut présent, il n'était question que des voix, qu'elle
disait avoir entendues et affirmait venir de Dieu.
Et bien qu'au témoin ait été montré le procès, dans lequel on précise qu'en sa présence furent lues certaines informations
préalables, faites à Rouen ou dans le lieu de naissance, il déclare n'avoir aucun souvenir de les avoir jamais entendu
lire. Dit cependant que maître Jean Lohier vint alors dans
la ville de Rouen, et on ordonna que le procès lui fût également communiqué. Ce Lohier, après avoir vu le procès,
dit au témoin qu'à son avis on ne devait pas procéder contre
Jeanne en matière de foi sans une information préalable sur
la réputation ; et, en droit, était requise une telle information.
Dit aussi bien se rappeler que dans sa première délibération il n'avança jamais que Jeanne fût hérétique, sauf conditionnellement,
au cas où elle aurait soutenu avec opiniâtreté
ne pas devoir se soumettre à l'Église ; dans la troisième et
dernière délibération, autant qu'il peut en témoigner en conscience devant Dieu, il lui semble avoir déclaré qu'elle était comme auparavant, et si auparavant elle était hérétique, elle l'était encore ; mais il ne déclara jamais d'une
manière positive qu'elle était hérétique. Dit aussi que lors
de la première délibération il y eut grande dispute et divergence entre les opinants, pour savoir si Jeanne devait être
déclarée hérétique. Affirme aussi que jamais on ne délibéra
d'une peine à infliger à Jeanne.
Sur le contenu des VIIe et VIIIe articles, il ne se
souvient de rien.
De même interrogé sur le contenu du IXe article, il
dit et déclare que Jeanne était dans la prison du château,
sous la garde d'un certain Jean Grilz et de ses serviteurs, et
qu'elle avait les pieds dans des entraves de fer ; mais ne sait
si elle se trouvait toujours ainsi. Dit cependant que beaucoup
des assistants étaient d'avis et auraient bien voulu que
Jeanne fût placée dans les mains de l'Église et dans une prison
ecclésiastique ; mais ne se rappelle pas qu'on en ait discuté
lors des délibérations.
Sur le contenu du Xe article, il dit et déclare n'avoir
jamais entendu avancer dans les délibérations que Jeanne
devait être examinée, pour savoir si elle était vierge ou non ;
cependant cela lui paraît vraisemblable et il le croit, d'après
ce qu'il a entendu et ce qui était dit par le seigneur évêque de Beauvais, à savoir qu'on l'avait trouvée vierge. Et il croit que si on l'avait trouvée non pas vierge, mais déflorée,
on ne l'aurait pas passé sous silence dans le procès.
Sur les XIe, XIIIe et XIVe articles, il déclare
qu'on posa à Jeanne plusieurs questions ; mais il ne se les
rappelle pas, sinon qu'une fois on lui demanda si ceux de son
parti lui baisaient les mains ; il ne se souvient pas que Jeanne
se soit plainte des questions qu'on lui posait.
De même sur le contenu des XIIe et XVIIIe
articles, il déclare bien se rappeler qu'une fois, après plusieurs
questions posées à Jeanne, on décida pour l'avenir de faire
les interrogatoires devant peu de personnes ; mais qui le
proposa et dans quelle intention, ne le sait ; il lui semble cependant que maître Jean de La Fontaine était l'un de ceux
préposés aux interrogatoires.
Sur le contenu du XVe, il ne sait rien.
Sur le contenu du XVIe, il déclare qu'à plusieurs reprises
Jeanne fut interrogée sur le fait de sa soumission, et requise
de soumettre ses dits et ses faits à l'appréciation de l'Église ;
elle fit à ce sujet plusieurs réponses, qui sont contenues dans
le procès, auxquelles il s'en rapporte. Ne saurait rien ajouterà sa déposition.
Sur le contenu du XIXe, il ne sait rien.
Sur le contenu des XXe, XXIe et XXIIe
articles, il déclare que certains articles, au nombre
de douze, furent rédigés et extraits des prétendus aveux et
des réponses de Jeanne ; ils furent rédigés, lui semble-t-il
d'après des conjectures vraisemblables, par feu maître Nicolas Midi ; et sur ces douze articles, ainsi extraits, furent faites
toutes les délibérations, donnés tous les avis. Ne sait cependant si on délibéra pour qu'ils fussent corrigés et s'ils le furent.
Sur le contenu du XXIIe article, il sait seulement,
pour l'avoir entendu plusieurs fois de maître Nicolas Loiselleur,
que celui-ci sous un déguisement s'entretint à plusieurs reprises avec Jeanne, mais ignore ce qu'il lui disait ;
il confia seulement au témoin qu'il se présenterait à Jeanne et lui ferait savoir qu'il était prêtre. Croit aussi qu'il entendit
Jeanne en confession.
Sur le contenu des XXIIIe, XXIVe et
XXVe articles, il déclare que, peu avant la première
prédication faite à Saint-Ouen, maître Jean de Châtillon
fit, en présence du témoin, quelques exhortations à Jeanne ;
et de même il entendit dire de maître Pierre Morice qu'il
avait fraternellement exhorté Jeanne à se soumettre à
l'Eglise. Il n''a mémoire de rien d'autre.
Interrogé en outre sur l'auteur de la cédule d'abjuration
contenue dans le procès, qui commence par « Toi, Jeanne »,
déclare l'ignorer ; ne sait pas plus qu'elle ait été lue à Jeanne
ou expliquée ; il déclare en outre qu'ensuite il y eut une prédication faite à Saint-Ouen par maître Guillaume Évrard ; le
témoin était dans un ambon, derrière les prélats ; il ne se
souvient pas cependant des paroles prononcées par ce prédicateur, sauf qu'il disait ; « l'orgueil de cette femme ». Il déclare
qu'ensuite l'évêque commença de lire la sentence ; ne se
rappelle pas toutefois ce qui a été dit à Jeanne, ni ce qu'elle a répondu. Il déclare cependant avoir bonne mémoire que
maître Nicolas de Venderez fit une certaine cédule commençant par « Chaque fois que l'oeil du coeur » ; mais il ignore si
cette cédule fut insérée au procès. Il ne sait pas non plus s'il
a vu cette cédule dans les mains de maître Nicolas, avant
l'abjuration de la Pucelle, ou après, mais croit qu'il la vit
avant. Il a bien entendu certains des assistants parler à
l'évêque de Beauvais, parce qu'il ne faisait pas exécuter sa
sentence, mais recevait la rétractation de Jeanne ; ne se
souvient pas cependant des paroles prononcées et de ceux
qui ont parlé.
Interrogé ensuite sur ce qu'il sait, pour témoigner ou déposer au sujet du contenu des XXVIe, XXVIIe
et XXVIIIe articles, il déclare et atteste qu'après la
première prédication arriva la nouvelle que Jeanne avait
repris ses vêtements d'homme ; pour cette raison l'évêque de Beauvais se rendit à la prison de Jeanne, en compagnie du
témoin ; et, s'adressant à elle, il lui demanda pourquoi elle
avait repris ce vêtement masculin. Elle répondit qu'elle avait
repris ce vêtement parce qu'il lui paraissait meilleur à porter, au milieu d'hommes, qu'un vêtement de femme.
Interrogé de même et finalement sur ce qu'il sait, pour
déposer ou témoigner au sujet du contenu des autres articles,
il dit et déclare qu'il fut présent lors de la dernière prédication
faite au Vieux Marché, le jour où Jeanne mourut ; il ne la
vit pas cependant brûler, car aussitôt après la prédication
et le prononcé de la sentence il s'en alla. Il déclare aussi qu'avant cette prédication et cette sentence elle avait reçu le sacrement de l'eucharistie, du moins il le croit, car il ne fut pas
présent quand elle le reçut. Ne sait rien d'autre.
Venerabilis et scientificus vir, magister Thomas de Courcellis (1), sacræ theologiæ professor, pœnitentiarius
et canonicus Parisiensis, ætatis LVI annorum vel
circiter, ut dicit ; testis productus, receptus, juratus et
examinatas ad informationem dominorum judicum, die
xv. mensis januarii, et postmodum super articulis iterum
examinatus, deposuit modo et forma sequentibus :
Et primo, super contentis in I., II., III. et IV. articulis, deponit quod de Johanna nullam habuit notitiam
quousque eam vidit in villa Rothomagensi, nec
de ejus patre, matre aut parentibus. De ejus fama dicebatur
quod asserebat se habere voces a Deo.
Item, interrogatus de contentis in V. et VI. articulis,
deponit, ejus medio juramento, quod credit
ipsum episcopum accepisse onus processus deducti
contra ipsam Johannam in materia fidei, quia ipse
erat consiliarius regis Angliæ, et quia erat episcopus
Belvacensis, in cujus territorio ipsa Johanna fuerat
capta et apprehensa ; et audivit dici quod fuerat
datum aliquod donum inquisitori, a quodam vocato
Soreau, receptore (2), pro interessendo processui
hujusmodi ; sed de episcopo, nescit si aliquid
receperit. Scit etiam ipse loquens quod, tempore
quo ipsa Johanna fuit adducta Rothomagum, ipse
loquens fuit mandatus (et erat Parisius), per episcopum
Belvacensem prædictum, ut iret Rothomagum,
pro dicto processu ; et ivit in societate magistrorum
Nicolai Midi, Jacobi de Turonia, Johannis de
Rouel (3), et aliorum de quibus non recordatur, in
villa Rothomagensi, expensis eorum qui conducebant
eos, quorum erat unus magister Johannes de Reynel
(4). Nescit etiam si aliquae fuerint factæ informationes
præparatoriæ Rothomagi aut in loco originis
ipsius Johannæ, nec eas vidit, quia in principio processus, et primo quando loquens interfuit, solum
erat quæstio quod dicebatur eam habuisse voces, et quod asserebat eas esse a Deo.
Et licet eidem loquenti fuerit ostensus processus in
quo cavetur quod in præsentia loquentis fuerunt lectæ
certæ informationes, dicit quod non est memor
quod unquam audiverit aliquas legi. Dicit tamen quod
magister Johannes Lohier accessit illotunc ad villam
Rothomagensem, et fuit ordinatum quod sibi communicaretur
aliqualiter processus ; et postquam ipse
Lohier hujusmodi processum vidit, ipse dixit loquenti
quod sibi videbatur quod non debebat procedi contra
eamdem Johannam in materia fidei, nisi informatione
præcedente super infamia, et quod de jure requirebatur
talis informatio. Dicit etiam quod bene
recordatur quod in prima deliberatione sua nunquam
deliberavit ipsam Johannam esse hæreticam, nisi sub
conditione, casu quo pertinaciter sustineret quod non deberet se submittere Ecclesiæ ; et ultima, quantum
sibi potest testari conscientia, coram Deo, videtur
sibi quod ipse dixit quod ipsa erat sicut prius, et
si prius esset hæretica, quod ipsa tunc erat, nec
unquam positive deliberavit eam esse hæreticam. Dicit
etiam quod, in prima deliberatione, fuit magna contentio
et difficultas inter opinantes an ipsa Johanna deberet reputari hæretica. Asserit etiam quod nunquam
deliberavit de aliqua poena eidem Johannæ infligenda.
De contentis in VII. et VIII. non recordatur de
aliquo.
Item, interrogatus de contentis in IX. articulo,
dicit et deponit quod ipsa Johanna erat in carceribus
castri, in custodia cujusdam Johannis Grilz et suorum
servitorum, et quod erat in compedibus ferreis ; sed
si semper esset nescit. Dicit tamen quod multi de assistentibus
erant opinionis et bene voluissent quod
ipsa Johanna posita fuisset in manibus Ecclesiae et in carceribus ecclesiasticis ; sed non recordatur quod
de hoc fuerit locutum in deliberationibus.
De contentis in X. articulo dicit et deponit quod
nunquam audivit poni in deliberationibus, quod ipsa
Johanna deberet visitari an esset virgo vel non, licet
sibi verisimiliter videatur et credat, per ea quæ audivit
et dicebantur a dicto domino episcopo Belvacensi,
quod inventa fuerat virgo. Et credit quod si non fuisset
inventa virgo, sed corrupta, quod in eodem processu non siluissent.
Super XI., XIII. et XIV. deponit quod eidem Johannæ fiebant plures interrogationes ; sed de eis non
recordatur, nisi quod semel fuit interrogata si illi de
parte sua osculabantur manus suas ; nec etiam recordatur
quod ipsa Johanna se planxerit de interrogationibus
quæ sibi fiebant.
Item, de contentis in XII. et XVIII. articulis, deponit
quod bene recordatur quod una vice fuit ordinatum,
post plures interrogationes eidem Johannæ factas,
quod de cætero fierent interrogationes coram paucis ;
sed quis eos movit aut qua intentione, nihil scit ; sibi
tamen videtur quod magister Johannes de Fonte erat
unus de ordinatis ad eam interrogandum.
De contentis in XV. nihil scit.
De contentis in XVI. deponit quod pluries ipsa Johanna fuit interrogata super facto submissionis, et
requisita ut submittere vellet dicta sua et facta determinationi
Ecelesiæ ; super quibus plures fecit responsiones
quæ continentur in processu, quibus se refert. Nec aliud sciret deponere.
Super contentis in XIX. nihil scit.
De contentis in XX., XXI. et XXII. deponit quod
fuerunt facti et extracti certi articuli, numero duodecim,
ex assertis confessionibus et responsionibus ipsius
Johannæ, et qui fuerunt facti, ut sibi videtur ex verisimilibus
conjecturis, per defunctum magistrum Nicolaum
Midi ; et super illis duodecim articulis sic
extractis, omnes deliberationes et opiniones fuerunt
factæ et datæ. Nescit tamen si fuerit deliberatum quod corrigerentur, et an fuerunt correcti.
Super contentis in XXII. articulo, scit solum quod
audivit pluries a magistro Nicolao Loiselleur quod ipse
pluries cum eadem Johanna locutus fuerat in habitu
dissimulato, sed quid sibi dicebat nescit ; et in tantum
quod eidem loquenti dixit quod ipse se eidem Johannæ
manifestaret, et sibi notificaret quod erat presbyter.
Credit etiam quod ipse eamdem Johannam audivit in
confessione.
De contentis in XXIII., XXIV. et XXV. articulis
deponit quod, modicum ante primam prædicationem
factam in Sancto Audoeno, magister Johannes de Castellione,
in præsentia loquentis, fecit quasdam exhortationes eidem Johannæ ; et similiter audivit dici a
magistro Petro Maurice quod eamdem Johannam fraternaliter
exhortaverat de se submittendo Ecclesiæ. Nec de alio habet memoriam.
Interrogatus insuper quis fecit schedulam abjurationis, quæ continetur in processu, quæ incipit : « Tu,
Johanna, » dicit quod nescit ; nec etiam scit quod eidem
Johannæ fuent lecta aut data intelligi. Dicit insuper
quod facta fuit postmudum quædam prædicatio in
Sancto Audoeno per magistrum Guillelmum Evrardi ;
et erat ipse loquens in ambone, retro prælatos ; non tamen recordatur de aliquibus verbis prolatis per
eumdem prædicatorem, nisi quod dicebat « l'orgueil
de ceste femme. » Et dicit quod postmodum, episcopus
incepit legere sententiam ; non tamen recordatur quid
dictum fuit eidem Johannæ, nec quid ipsa respondit. Dicit tamen quod bene est memor quod magister Nicolaus
de Venderez fecit quamdam schedulam, quæ
incipiebat « Quotiens cordis oculus; » sed si sit illa
schedula contenta in processu, nescit. Nescit etiam
si viderit illam schedulam in manibus ipsius magistri
Nicolai ante abjurationem ipsius Puellae vel post,
sed credit quod ante vidit eam ; et bene audivit quod
aliqui de assistentibus locuti fuerunt cum episcopo
Belvacensi, eo quod non perficiebat suam sententiam, et quod eamdem Johannam recipiebat ad se revocandum
; sed de verbis prolatis, et quis eas dixerit non
recordatur.
Deinde interrogatus quid ipse sciat attestari seu deponere
de contentis in XXVI., XXVII. et XXVIII.
articulis : dicit et deponit quod, post primam prædicationem,
venerunt verba quod ipsa Johanna resumpserat
habitum virilem ; et propter hoc ipse episcopus
Belvacensis adivit carcerem ipsius Johannæ, in
cujus societate ipse loquens erat ; et allocutus est eamdem interrogando qua de causa habitum virilem
resumpserat. Quæ respondit quod habitum illum resumpserat quia sibi videbatur convenientius portare habitum virilem cum viris, quam habitum mulieris.
Item, interrogatus finaliter quid ipse sciat deponere
seu attestari de contentis in cæteris articulis : dicit et
deponit quod ipse fuit præsens in ultima prædicatione
facta in Veteri Foro, die qua obiit ipsa Johanna ; non tamen vidit eamdem Johannam cremari, quia illico
facta prædicatione et lata sententia recessit. Dicit autem
quod, ante hujusmodi prædicationem et sententiam,
receperat sacramentum Eucharistiæ, ut credit, quia
non fuit præsens quando receperit.
Nec aliud scit. (5)
Sources :
- Texte original latin : Quicherat - Procès t.III p.56 et suiv.
- Traduction: source Pierre Duparc, t.IV, p.40 à 44.
Notes :
1. Thomas de Courcelles, natif de Picardie, théologien d'un grand mérite,
qui fut depuis l'une des lumières de l'Église gallicane, et le plus renommé professeur
de l'Université de Paris. A l'époque du procès, il était âgé de 30 ans et
déjà recteur émérite, chanoine d'Amiens, de Laon et de Thérouenne. Son plus
beau rôle n'est pas celui qu'il a joué dans l'affaire de Jeanne d'Arc. Il partageait
toutes les préventions de l'évéque de Beauvais. On verra par les dépositions
qu'il a faites lors de la révision, combien l'embarrassait, en 1456, la
conduite qu'il avait tenue en 1431. Malgré cette faute de sa jeunesse, il s'attira
les bonnes grâces de Charles VII par le zèle avec lequel il défendit la pragmatique
sanction au concile de Bâle. Il fut employé deux années de suite
dans les négociations qui mirent fin au schisme, et ne contribua pas peu à la
pacification de 1449. C'était un homme extrêmement modeste et timide,
comme on le voit par le portrait qu'Æneas Sylvius a tracé de lui dans ses
Commentaires sur le concile de Bâle : « Thomas de Corcellis inter litterarum
sacrarum docteres insignis, quo nemo plura ex decretis sancti Concilii dictavit ;
vir juxta doctrinam venerabilis et amabilis, sed modesta quadam verecundia
semper intuens terram et velut latenti similis. » C'est lui qui a prononcé l'oraison
funèbre de Charles VII. Il est mort en 1469, doyen du chapitre de Notre-Dame de Paris. (Quicherat).
2. Le mandat de paiement délivré pour la coopération de Jean le Maître au
procès, est effectivement adressé à Pierre Surreau, receveur général en Normandie.
3. Manuscrit N. D. Ruel. Ce personnage n'est pas nommé dans les procès-verbaux du premier jugement.
4. De Rinel, secrétaire du roi d'Angleterre.
5. Notes d'Ayroles : Non moins que Beaupère, Thomas de Courcelles était compromis dans le procès. D'après Quicherat, il fut le bras droit de Cauchon. Il lut en français à l'accusée les soixante-dix articles du réquisitoire de d'Estivet; il est à croire qu'il les commenta, et qu'il n'avait pas été étranger à leur composition, pas plus qu'il ne le fut à celle des douze articles. Chargé avec Manchon de rédiger en latin l'instrument du procès, il en fit disparaître plusieurs passages, surtout ceux qui le concernaient personnellement.
Il avait été l'un des trois qui avaient émis l'avis de mettre la Pucelle à la torture.
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