Le père Jean-Baptiste Joseph Ayroles est né dans le sud-ouest en 1828 et décède peu après la canonisation de Jeanne d'Arc en 1921. Nul n'a écrit autant sur Jeanne d'Arc que le Père Ayroles ! Ordonné prêtre en mai 1861, jésuite, son œuvre sur Jeanne d'Arc est impressionnante mais aussi passionnée... ce qui lui a attiré quelques ennemis y compris au sein de l'Eglise. Fougueux défenseur de la Pucelle "fille de Dieu et de l'Eglise", il a consacré plusieurs chapitres de sa "Vraie Jeanne d'Arc" à critiquer et analyser sans "langue de bois" quelques ouvrages écrits par les "libre-penseurs" comme Quicherat, Vallet de Viriville, Michelet, Anatole France etc...
Certains ont écrit que la fougue passionnée et maladroite de l'auteur sont allées jusqu'à gêner la béatification de Jeanne. Je pense au contraire que le travail de vulgarisation de J-B.J Ayroles fut un rouage important dans le processus de la béatification au même titre que d'autres auteurs catholiques comme J.Ph. Dunand, H. Wallon, H. Debout, M. Sépet.
Ecrits 50 ans après les publications de Jules Quicherat, les 5 volumes d'Ayroles reprennent et complètent les documents de son prédécesseur en nous donnant quelques nouveaux documents découverts postérieurement, parfois par Ayroles lui-même comme par exemple la chronique de Morosini. D'autre part, il a souvent proposé, en plus de l'original, une version dans un Français légèrement modernisé ou la traduction du Latin au Français, ce que n'avait pas fait Jules Quicherat. J-B.J Ayroles a publié les textes originaux avec beaucoup de sérieux et d'objectivité. A cet égard, les tomes I, III & IV sont les plus importants.
D'autre part le père Ayroles, tout en respectant scrupuleusement les documents, nous donne une vision "entière" de l'héroïne à savoir la vision de l'historien et la vision du prêtre catholique d'où le titre donné à cette oeuvre "La vraie Jeanne d'Arc". N'oublions pas que toute l'épopée de Jeanne d'Arc est la conséquence de sa croyance et de son obéissance indéfectibles en Dieu et à ses "Voix" jusqu'à en mourir brûlée vive sur le bûcher !
Le tome I est particulièrement important. Il s'intéresse aux écrits des religieux de l'époque consacrés à Jeanne d'Arc et nous donne quelques textes inédits, sur Gélu par exemple. Indispensables sont les traductions complètes ou larges extraits des écrits latins notamment les traités des théologiens joints au Procès de Réhabilitation.
Le tome II s'intéresse plus particulièrement à la jeunesse de Jeanne d'Arc, son pays, sa famille, sa nationalité, les documents historiques qui en parlent et le début de son épopée (Domrémy, Vaucouleurs). On y trouve dans le livre 2 ses déclarations sur sa jeunesse au Procès de réhabilitation.
Le tome III, comme son titre l'indique, se penche sur le siège d'Orléans, sa libération par la Pucelle et la campagne de Loire. C'est dans ce volume que l'on retrouve la plupart des chroniques d'époque dont les traductions effectuées par le Père Ayroles, la mise en Français un peu modernisé sont extrêmement utiles pour l'étude de Jeanne. Pour la première fois on y trouve la chronique de Morosini que le Père Ayroles a su dénicher en Italie. Personnellement je la considère comme l'une des plus importantes car elle est écrite au plus près des évènements par des commerçants vénitiens, rapporteurs émerveillés de ce qui est en train de se dérouler en France.
Le tome IV est un peu la continuation du t.III. On y retrouve de nombreux autres documents et témoignages. Il s'intéresse surtout à la mission de la Pucelle, son épopée militaire vue par les témoins de l'époque, les témoignages de l'étranger (Allemagne, Italie...), des poètes. Ayroles consacre également quelques chapitres au physique de Jeanne et le caractère surnaturel de son action (Voix, apparitions, prophéties, sa théologie).
Le tome V est entièrement consacré au Procès de Rouen avec les préliminaires à ce procès et la constitution du tribunal, une étude approfondie de tous les témoignages qui sont traduits (rappelons qu'en 1901, le procès de réhabilitation n'était alors que partiellement traduit par O'Reilly). On trouve ensuite l'instruction du procès, l' étude du procès et la publicité qui en a été faite par les auteurs. Enfin Jeanne a-t-elle été "martyre" au sens religieux du terme ?
A noter que ces ouvrages sont extrêmement rares. Ils n'ont été imprimés qu'à 250 exemplaires.
La "table analytique et alphabétique des matières de la Vraie Jeanne d'Arc" pour les tomes II, III, IV & V a été publié séparément par le Père Ayroles en 1902. Ce travail n'avait été fait que sur le seul tome I. Cette table que j'ai pu trouver est reliée à la fin du tome V.
t.I : La Pucelle devant l'Eglise de son temps - (1890) - 754 pages
t.II : La paysanne et l'inspirée - (1894) - 567 pages
t.III : La libératrice - (1897) - 696 pages
t.IV : La Vierge guerrière - (1898) - 578 pages
t.V : La martyre - (1901) - 632 pages (avec tables)
Format : grand in-8° (27 x 18 cm)
Reliure : demi- chagrin "rouge", dos 4 nerfs sautés
Gardes noires
Editeur : Gaume: t.I, II & III, Rondelet: t.IV, Vitte: t.V
Les couvertures originales des tomes I, II & III sont conservées. Papier crème, rares rousseurs au t.1.