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La
tour de la Pucelle - la prison de Jeanne |
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conduisit donc l'héroïne dans celle des tours de la
porte des champs qui était la plus rapprochée du donjon
(grosse tour pour être exact), c'est à dire la "tour
vers les champs".
C'était une haute tour à toit pyramidal,
qui présente quatre ouvertures sur le plan de Jacques Le
Lieur (Livre des fontaines - 1525) et dont une lucarne, placée
sur le toit dominait la cour du chateau.
Cette tour, d'après le plan de 1525 plongeait
dans le fossé extérieur du chateau, et s'élevait
à une assez grande hauteur. Elle se terminait par une plate-forme
à machicoulis couronnée par un toit pointu. Trois
rangs d'ouverture semblait indiquer trois étages.
Cette tour avait été détruite en
1780 mais on ne l'avait pas complètement rasée, elle
sortait encore de terre d'une vingtaine de pieds (voir dessin ci-dessous)
mais elle a complètement disparu en 1809. Nous la trouvons
indiquée dans le plan du château qui fut dressé,
en 1635, par ordre du Parlement de Normandie, lors du procès
entre les paroisses Saint-Godard et Saint-Patrice. Elle y a été
figurée d'après la tradition constante à Rouen
et, pent-être aussi, d'après des documents certains.
Ce plan précieux indique en même temps les bâtiments
intérieurs qui joignaient cette tour et qui pouvaient être
mis en communication avec elle.
D'après une expertise ou "descente de lieux"
fait le 19 février 1641, la base de la tour de la Pucelle,
où était située la prison de Jeanne, mesurait
quinze pas à son diamètre extérieur, soit environ
douze mètres. Les dimensions en étaient donc bien
suffsantes pour permettre aux juges et assesseurs, au nombre d'une
quinzaine, d'y interroger la captive, comme ils le firent lors de
douze séances à partir du 10 mars 1431. Ces séances
ne comprenaient que de six à dix membres du tribunal ou des
assistants. Si l'on y ajoute les trois notaires et trois ou quatre
gardiens anglais, on est convaincu que l'étage de la tour
servant de prison à Jeanne d'Arc était plus que suffisant
pour ce personnel assemblé. On pouvait, en effet, y disposer
vingt-six sièges d'après la reconstitution faite par
M.Deville (1).
D'un
autre côté, on ne peut éprouver le moindre doute
si l'on interroge les témoins appelés à déposer
lors de la révision du procès de Jeanne. Le sieur
de Macy dépose qu'elle fut conduite dans une prison vers
les champs. Nicolas Taquel, prêtre, curé de Basqueville,
vit Jeanne dans les prisons du château de Rouen, dans une
tour vers les champs. Pierre Cusquel, enfant de Rouen, la vit et
parla avec elle, deux ou trois fois, dans une chambre du château
de Rouen, vers la porte postérieure vers les champs. Massieu,
prêtre et huissier au procès, qui la reconduisit si
souvent de la salle du jugement à sa prison, affirma qu'elle
était dans une chambre oùl'on montait par huit marches,
etc...
Il est à croire que cette chambre fut disposée
pour la prison de Jeanne d'Arc, comme on disposa, l'année
suivante, pour servir de prison à Xaintrailles, l'étage
inférieur de la tour du donjon, où l'on fit "une
prison de charpenterie "et où l'on a plastra une
clouaison faicte endroit l'arche d'une canonnière"
avec une grande serrure "à hoche pour le huis".
On avait pu alors disposer la prison de Jeanne dans
l'étage intermédiaire de la tour, comme on le fit
ultérieurement pour Xaintrailles, c'est à-dire en
deux compartiments ou deux chambres, ce qui expliquerait pourquoi
Isambard de la Pierre dit plus tard "qu'il vit Jeanne dans
les prisons du château de Rouen, en une chambre assez obscure
ne recevant le jour que d'une partie des fenêtres, ou bien
de l'arche d'une canonnière, comme celle de Xaintrailles".
C'est dans cette prison que les Anglais se plurent à
"tormenter et à traicter très cruellement
leur prisonnière". (voir : les
mauvais traitements infligés à Jeanne dans sa prison
de Rouen)
Voir
le dossier sur le chateau de Rouen.
Voir
le dossier sur les
mauvais traitements infligés à Jeanne.
Source
: Richard Quenedey "la prison de Jeanne d'Arc à Rouen"
- 1923 - Editeurs Champion et Delafontaine, texte de A.Sarrazin
"Jeanne d'Arc et la Normandie au XV° siècle".
Illustrations :
- illustrations tirées de "la
prison de Jeanne d'Arc à Rouen" - Richard
Quenedey - 1923
- fondations de la Tour de la Pucelle (Au pays de Jeanne d'Arc -
Jean de Metz - 1910)
Notes :
1 Précis des travaux de l'académie de Rouen
1866, p.233-237)
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