Accueil                                                         Admin
23 novembre 2024  

 Son histoire

par Henri Wallon

 Les sources

Procès condamnation

Procès en nullité...

Chroniques & textes

Lettres de J. d'Arc

 Compléments

Bibliographie

Librairie numérique

Dossiers

 Recherches

Mises à jour du site

Recherches

 

 ACCÈS CARTES

     Carte de France (1429)

     Carte Nord France (1429)

     Carte environs Domrémy

     Carte environs Orléans

     Carte siège d'Orléans

     Vues Orléans et pont

 

 Interactivité

Contact

Liens johanniques

Sauvez la Basilique

Procès de réhabilitation
V-4 - Déposition de Pierre Cusquel

  Pierre Cusquel, laïc, bourgeois de Rouen, âgé d'environ cinquante-trois ans, déjà reçu, juré et interrogé auparavant, et de nouveau entendu le douzième jour de mai sur les articles produits au présent procès,

  Et d'abord interrogé sur le contenu des Ier, IIe, IIIe et IVe articles, il déclare n'avoir eu nulle connaissance de son père, de sa mère, de ses parents. Quant à Jeanne il en fit cependant connaissance lorsqu'elle fut amenée dans la ville de Rouen ; il la vit en prison, car, à la demande et grâce à la complicité de maître Jean Son, maître d'oeuvre du château de Rouen, il entra deux fois dans sa prison ; il s'entretint avec elle et lui conseilla de parler avec prudence, s'agissant de sa vie ou de sa mort. De l'avis du témoin Jeanne avait presque vingt ans, elle était toute simple, et, croit-il, ignorante du droit, bien qu'elle répondît avec prudence.
  Interrogé de même sur le contenu des Ve, VIe, VIIe et VIIIe articles, il déclare que le procès fait contre elle en matière de foi, le fut, non par attachement à la foi ou par zèle de justice mais par haine et à cause de la crainte qu'inspirait Jeanne aux Anglais. Il croit que les juges et les assesseurs procédaient contre elle avec partialité et sur les instances des Anglais, qu'ils n'auraient pas osé contredire ; en effet à ce qu'il entendit alors, comme il y avait eu des bruits confus au sujet de la reprise de l'habit [d'homme], maître André Marguerie, lui semble-t-il, déclara qu'il fallait bien rechercher la vérité sur le changement d'habit de Jeanne, avant de poursuivre la procédure ; mais quelqu'un lui dit de se taire au nom du diable. Et il croit que personne n'aurait osé donner un conseil à Jeanne, ou la défendre ou la diriger.
  Interrogé de même sur le contenu du IXe article, il déclare et atteste que Jeanne, après avoir été amenée en la ville de Rouen, fut placée au château de Rouen, dans la prison du château, dans une pièce située sous un escalier, du côté de la campagne ; il l'y vit et lui parla deux fois, comme il l'a déjà dit. Ajoute qu'on fit exécuter une cage de fer pour la détenir debout, cage que le témoin vit peser dans sa propre maison ; il ne vit cependant pas Jeanne enfermée dans celle-ci.
  Sur le contenu du Xe article atteste avoir entendu dire que la dame duchesse de Bedford avait fait examiner Jeanne, pour savoir si elle était vierge ou non ; et on la trouva vierge. Et cela il l'a entendu dire par plusieurs personnes, dont il ne se rappelle plus le nom.
  De même interrogé sur le contenu des XIe, XIIe, treizième et quatorzième articles déclare et atteste n'avoir jamais assisté au procès ; mais le bruit courait qu'on la harcelait beaucoup par diverses questions, ceux qui l'interrogeaient s'efforçant de la piéger en paroles, parce qu'elle avait mené la guerre contre les Anglais.
  Interrogé de même sur le contenu des XVe, XVIe et XVIIe articles, il déclare avoir entendu dire que Jeanne s'était soumise à l'Église et à notre seigneur le pape ; et il entendit de la bouche même de Jeanne, au milieu du sermon fait à Saint-Ouen par maître Guillaume Érard, qu'elle ne voulait rien soutenir contre la foi catholique ; et si, dans ses paroles ou dans ses actes il y avait un errement contre la foi, elle voulait le repousser et s'en tenir au jugement des clercs.
  Interrogé de même sur le contenu des XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe articles, il ne sait rien.
  Sur le contenu du XXIIe article, il déclare avoir entendu dire, par certains dont il ne se rappelle plus le nom, que maître Nicolas Loiseleur faisait semblant d'être sainte Catherine et incitait Jeanne à dire ce qu'il voulait.
  De même sur le contenu des XXIIIe, XXIVe
, XXVe, XXVIe, XXVIIe et XXVIIIe articles, interrogé et entendu, il sait seulement qu'une certaine prédication fut faite à Saint-Ouen par maître Guillaume Érard, à laquelle assista le témoin ; mais sur ce qui se passa là, il ne sait rien de plus que ce qu'il a déclaré ci-dessus.
  Interrogé de même sur le contenu des autres articles et spécialement sur les XXIXe, XXXe, XXXIe, XXXIIe et XXXIIIe articles, il déclare bien savoir qu'une prédication fut faite au Vieux Marché et que Jeanne y fut brûlée ; mais il ne voulut pas y assister, son coeur n'aurait pu le supporter, par pitié pour Jeanne ; car, c'était la commune renommée et presque tout le monde en parlait, Jeanne avait subi un grand outrage et une injustice. Il entendit en effet maître Jean Tressart, secrétaire du roi d'Angleterre, revenant du lieu du supplice de Jeanne, triste et plein d'affliction, qui racontait et déplorait en se lamentant tout ce qui s'était passé et ce qu'il avait vu en cet endroit ; il disait ceci : « Nous sommes tous perdus, car une sainte a été brûlée » ; et il croyait que son âme était dans la main de Dieu, car au milieu des flammes, disait-il, elle criait toujours le nom de Jésus.
  Déclare en outre qu'après la mort de Jeanne les Anglais firent recueillir ses cendres et les firent jeter dans la Seine, car [ils avaient craint] son évasion et craignaient qu'on ne crût à une évasion. Ne sait rien d'autre.

                            

  Petrus Cusquel, laicus, burgensis Rothomagensis, ætatis LIII annorum, vel eocirca, alias receptus, juratus et examinatus, ei iterum, die xii. maii, recollectus super articulis impræsenti processu productis.

  Et primo, examinatus super contentis in I., II., III. et IV. articulis : deponit quod, de notitia patris, matris et parentum ipsius Johannæ, nullam habuit notitiam. De eadem tamen Johanna habuit aliquam notitiam ab eodem tempore quo adducta fuit in villa Rothomagensi ; et eam vidit in carceribus ; nam ad instantiam et favorem magistri Johannis Son, magistri operum castri Rothomagensis, bina vice intravit carcerem ipsius Johannæ, et cum ea locatus fuit, advertitque eam quod prudenter loqueretur et quod agebatur de morte sua. Et, ut percepit ipse loquens, erat ipsa Johanna quasi viginti annorum, bene simplex, et, ut credit, juris ignara, licet prudenter responderet.
  Item, interrogatus super contentis in V., VI., VII. et VIII. articulis : deponit quod processus fuit factus contra eam in materia fidei, non, ut credit, infavorem fidei, aut zelo justitiæ ; sed ex odio et timore quos habebant Anglici de eadem Johanna. Et credit quod judices et assistentes procedebant contra eam favore et ad instantiam Anglicorum, et quod non fuissent ausi eis contradicere ; nam, ut tunc audivit dici, quum esset murmur de resumptione habitus, magister Andreas Marguerie, utsibi videtur, dicitquod bene inquireretur veritas de modo mutationis habitus dictæ Johannæ, antequam ulterius procederetur ; et sibi fuit dictum per quemdam quod taceret in nomine diaboli. Et credit quod nullus fuisset ausus eidem Johannæ consilium dare, aut eam defendere seu dirigere.
  Item, interrogatus de contentis in IX. articulo : dicit et deponit quod ipsa Johanna fuit adducta ad villam Rothomagensem ; fuit posita in castro Rolhomagensi, in carceribus castri, in quadam camera sita subtus quemdam gradum versus campos, ubi vidit eam et cum ea locutus fuit bina vice, ut jam dixit. Dicit quod fuit facta una gabea ferri ad detinendum eara directam, quam ipse loquens vidit ponderari in domo sua ; non tamen vidit eam inclusam in ea.
  Super contentis in X. articulo, deponit quod audivit dici quod domina ducissa Bedfordiæ eamdem Johannam fecerat visitare an esset virgo, vel non ; et quod talis fuerat inventa. Et hoc, ut dicit, audivit a pluribus de quibus non recolit.
  Item, interrogatus super contentis in XI., XII., XIII. et XIV. : dicit et deponit quod nunquam fuit in processu ; sed fama erat quod eam multum fatigabant per diversa interrogatoria, et quod interrogantes totis viribus laborabant ad capiendum eam in verbis, eo quod secuta fuerat guerram contra Anglicos.
  Item, interrogatus super contentis in XV., XVI. et XVII.: deponit quod audivit dici quod ipsa Johanna se submiserat Ecclesiæ et domino nostro Papæ ; et audivit ab ore ipsius Johannæ, in pleno sermone facto apud Sanctum Audoenum per magistrum Guillelmum Erard, quod ipsa Johanna nihil vellet tenere contra fidem catholicam, et, si quid in dictis aut factis suis esset quod a fide deviaret, ipsa volebat a se repellere et clericorum judicio stare.
  Item, interrogatus de contentis in XVIII., XIX., XX. et XXI., nihil scit.
  Item, de contentis in XXII., deponit quod audivit dici ab aliquibus de quibus non recolit, quod magister Nicolaus Loyseleur fingebat se esse sanctara Katharinam, et eamdem Johannam inducebat ad dicendum quod volebat.
  Item, super contentis in XXIII., XXIV., XXV, XXVI., XXVII. et XXVIII. interrogatus et examinatus : scit solum quod fuit facta certa prædicatio in Sancto Audoeno per magistrum Guillelmum Erard, in quo interfuit ipse loquens ; sed de actis et factis ibidem nihil scit, nisi ut supra deposuit.
  Item, interrogatus de contentis in cæteris articulis, et maxime XXIX., XXX., XXXI., XXXII. et XXXIII. : dicit et deponit quod bene scit quod fuit facta una prædicatio in Veteri Foro, et quod ipsa Johanna fuit ibidem combusta ; sed ipse noluit interesse, quia cor suum non potuisset pati aut tolerare, præ pietate dictæ Johannæ ; quia communis fama erat et quasi totus populus murmurabat quia eidem Johannæ fiebat magna injuria et injustitia ; nam, ut dicit, audivit a magistro Johanne Tressart, secretario regis Angliæ, redeunte de loco supplicii dictæ Johannæ, qui moestus et dolens referebat et lamentabiliter plangebat ea quæ fuerant facta de dicta Johanna et quæ viderat in dicto loco, dicens in effectu : « Nos sumus omnes perditi, quia una sancta persona fuit combusta, » et quod credebat animam ejus esse in manu Dei ; quia, ut dicebat, quum esset in medio flammæ, semper acclamabat nomen Jhesus.
  Dicit ulterius quod post mortem ipsius Johannæ, Anglici fecerunt recolligi cineres et projicere in Sequanam, quia timebant ne evaderet et quod aliqui crederent eam evasisse. Nec aliud scit.


Sources :
- Texte latin original : Quicherat - Procès t.III p.185 et suiv.
- Traduction : Pierre Duparc, t.IV, p.131 à 133.

Notes :
Voir les déclarations précédentes :
- 1452-1
- 1452-2.


Procès de réhabilitation
Rappel des témoins de Rouen en 1456.

Les dépositions :

Fr. Pierre Miget
Me Guillaume Manchon
Me Jean Massieu
Me Guillaume Colles
Fr. Martin Ladvenu
Me Nicolas de Houppeville
Mgr Jean Lefèvre
M. Jean Lemaire
Me Nicolas Caval
Pierre Cusquel
Me André Marguerie
Mauger Leparmentier
Laurent Guesdon
M. Jean Riquier
Jean Moreau
Me Nicolas Taquel
Husson Lemaistre
Pierre Daron
Frère Seguin


Lyon :
Jean d'Aulon




Légal         Contacts
 
© 2006-2024 - SteJeannedArc.net
1412-2012
Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire