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Procès
de condamnation
Henri
VI, sa suite et son grand conseil |
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Henri VI et sa suite :
HENRI VI,
Henri VI était né à Windsor, en
1421. Il était âgé de neuf ans seulement lorsque
son oncle, le duc de Bedford, et son grand-oncle, le cardinal de
Winchester, l'installèrent au château de Rouen, pendant
le procès de Jeanne d'Arc. Après le supplice de l'héroïne
on le conduisit à Paris, où il fut couronné
roi de France et d'Angleterre, dans la cathédrale. Il ne
devait conserver aucune des deux couronnes qui avaient orné
son berceau, car il mourut, en 1471, à l'âge de cinquante
ans, dans la Tour de Londres, où il était prisonnier
du duc de Glocester.
LE DUC DE BEDFORD,
Jean Plantagenet, frère de Henri V, qui avait
pris la ville de Rouen en 1419, oncle de Henri VI et son premier
conseiller, régent, pour lui, du royaume de France ; fils,
frère et oncle de rois, suivant l'orgueilleux titre qu'il
prit dans ses actes officiels ; défenseur de l'Église,
etc..., fut l'un des princes les plus accomplis de son temps, aussi
grand guerrier que profond politique. Son habileté aurait
assuré le triomphe des Anglais en France, sans l'intervention
inespérée de Jeanne d'Arc. Il fut, avec le cardinal
de Winchester, l'instigateur de son procès et l'auteur de
sa mort, grâce au concours de Cauchon, des universitaires
et d'une foule de docteurs lâches, ambitieux et serviles.
Nous le verrons mourir à Rouen, en 1435, dans ce château
où Jeanne avait été enfermée.
LA DUCHESSE DE BEDFORD (Anne de Bourgogne),
Fille de Jean, duc de Bourgogne, femme du régent,
qu'elle avait épousé en 1423, résida
à Rouen pendant le séjour de Jeanne d'Arc. Elle doit
partager l'odieux du procès, pour avoir ordonné sur
la personne de la Pucelle les investigations auxquelles se livrèrent
deux matrones de la ville, dont une anglaise. "Je sais,
a dit Massieu, lors de la réhabilitation, que Jeanne fut
visitée, de I'ordre de la duchesse de Bedford, pour savoir
si elle était vierge, par des matrones, au nombre desquelles
était Anna Bavon : ces femmes déclarèrent qu'elle
était vierge ; je le tiens d'Anna Bavon elle-même".
Le greffier Boisguillaume confirme cette déclaration. La
duchesse de Bedford mourut le 14 novembre 1432, moins de deux ans
après sa victime, à l'âge de vingt-huit ans,
et sans enfants. Elle fut enterrée dans le choeur de l'église
des Célestins de Paris. Nous avons reproduit plus haut son
tombeau, d'après un dessin de la collection Gaignières.
Henri VI et les membres de son grand conseil :
LE CARDINAL DE WINCHESTER (Henri de Beaufort),
Cardinal-prêtre du titre de Saint-Eusèbe,
grand-oncle d'Henri VI, chancelier d'Angleterre, prélat fastueux
et guerrier, fut l'âme de la politique anglaise en France,
avec son neveu, le duc de Bedford. Son influence sur le clergé
normand, pendant toute la durée du procès, fut aussi
funeste que décisive, bien qu'il n'apparaisse qu'une seule
fois dans les documents du procès, et, avec un semblant de
miséricorde, lors de l'abjuration de Jeanne au cimetière
Saint-Ouen. Ce fut lui qui couronna Henri VI à Paris, assisté
des trois prélats français qui furent ses complices
: Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne
et chancelier ; Pierre Cauchon, évêque de Beauvais,
et Jean de Mailly, évêque de Noyon. Il mourut fou,
à Winchester, en 1447, six semaines après avoir fait
assassiner son neveu Glocester. Ce prélat, prévovant
l'avenir réservé à sa victime et les sentiments
de la population rouennaise à son égard, ne voulut
rien laisser survivre d'elle, et fit jeter ses cendres, du pont
de Mathilde, dans les eaux de la Seine.
LOUIS DE LUXEMBOURG,
Frère de celui qui vendit la Pucelle aux Anglais,
évêque de Thérouanne, en 1414, et chancelier
de France, pour les Anglais, dès 1425, fut l'un des Français
les plus engagés dans le parti anglais. Fanatique des plus
dangereux, il fut, avec Cauchon, le mauvais génie de la France.
Dès 1427 et 1428, nous le trouvons à Rouen, logé
à l'hôtel de l'archevêché. Il favorisa
de tout son pouvoir l'acte de son frère puîné
(1) et ne quitta guère Rouen pendant
le procès. Plus tard, à Paris, il soutint un siège
contre les Français et poussa la lutte à outrance.
Il fut hué par les Parisiens affranchis de la royauté
de Henri VI, et put dire à Rouen quels sentiments animaient
les populations redevenues libres. Plus tard, il obtint l'archevêché
de Rouen et la pourpre romaine. Nous le verrons se réfugier
en Angleterre et y mourir en 1443. Son tombeau est élevé
dans la cathédrale de la ville d'Ély, dont il avait
été nommé évêque.
On dit que, malgré son fanatisme, il manifesta
quelque remords sur la place du Vieux-Marché où le
chanoine Marguerie l'aurait vu verser des larmes.
WILLIAM ALNWICH,
Évêque de Norwich, en Angleterre, et garde
du sceau privé de Henri VI. Pour ce haut fonctionnaire, Jeanne
d'Arc ne pouvait être qu'un ennemi du gouvernement anglais,
dont il était le dévoué serviteur. On le verra
figurer à Saint-Ouen lors de l'abjuration, et au Vieux-Marché
lors du supplice. Il dut jouer un rôle important dans la rédaction
des actes de la chancellerie d'Henri VI, qui tendirent à
égarer l'opinion avec tant d'art et d'hypocrisie.
JEAN DE MAILLY,
Évêque de Noyon, tint une des premières
places au sacre de Henri VI, avec Cauchon et Louis de Luxembourg.
Il avait déserté le parti national, bien
que son titre le constituât l'un des plus grands vassaux de
la couronne de France et pair ecclésiastique. Il joignit
à ses hautes fonctions celles de conseiller du roi de France
et d'Angleterre.
Jean de Mailly était à Rouen pendant le
procès de la Pucelle. Il siégeait au sein du Grand-Conseil
où fut élaborée la procédure qui devait
assurer son supplice. Bien que les actes du procès lui attribuent
un rôle en apparence secondaire et ne mentionnent sa présence
qu'aux dates des 19, 24 et 3o mai, il est certain que cet ami de
Luxembourg, et de Cauchon, qui vit leur victime monter sur le bûcher,
fut un de leurs complices les plus influents et les plus assidus.
Nous le verrons plus tard se rallier au gouvernement
de Charles VII, quand ses anciens amis seront en déroute,
et déposer, lors du procès de réhabilitation,
avec le titre de président de la Chambre des comptes de Paris.
COMTE DE WARWICK (Richard Beauchamp),
Favori de Henri V et l'un de ses principaux capitaines
depuis Azincourt, fut gouverneur du jeune roi Henri VI. A peine
arrivé à Rouen avec
ce dernier, il fut nommé, par le duc de Bedford, gouverneur
du chateau. Geôlier de Jeanne d'Arc, il se porta à
plusieurs excès sur elle. On peut dire qu'il résume
en sa personne les haines de l'armée et les rancunes de ses
compagnons battus par une jeune fille. Il entretint la terreur qui
pesa sur Rouen pendant le procès et répandit l'effroi
au milieu du timide clergé normand. De nombreux témoignages
accusent sa violence et sa passion. Il mourut, lui aussi, à
Rouen, en 1439, dans ce château de Bouvreuil où Jeanne
avait tant souffert.
LE
COMTE DE STAFFORD,
Connétable de France pour les Anglais, s'était
illustré, avec Warwick, dans les guerres de l'invasion, et
fut l'un des membres les plus exaltés du Grand-Conseil. Ignorant
les finesses de la politique, il aurait voulu, comme son ami, brûler
immédiatement cette fille endiablée, cause de leurs
malheurs. C'est lui qui poursuivit un jour, jusque dans un lieu
privilégié, un clerc qui parlait avec sympathie de
la Pucelle. Il accompagnait Luxembourg et Warwick, dans une visite
faite à la captive, lorsque celle-ci leur dit que, fussent-ils
cent mille godons de plus, ils n'auraient pas le royaume de France.
Nous avons vu que Stafford l'aurait percée de sa dague, sans
l'intervention de Warwick, gardien responsable de la vaillante prisonnière.
Aucun de ces hauts personnages ne siégea au procès
; mais tous firent partie de ce Grand-Conseil qui avait résolu
sa mort, avec les abbés de Fécamp et du Mont-Saint-Michel.
Source
: Albert Sarrazin - "Jeanne d'Arc et la Normandie au XV°
siècle" - 1896.
Illustrations :
- Sceau du duc de Bedford -1427 (Coll.Gaignières - ms.fr.20077,Fo
8, Bibli.nle)
- Tombeau de la duchesse de Bedford à l'église des
Célestins (Coll.Gaignières - ms.fr.20077,Fo 8, Bibli.nle)
- Pierre tombale de Jean de Mailly (dessin de la collection Gaignières,
P e 3, fo 20. - Bibl.nle)
- Signature de Warwick (1440) - Coll.Fr. de Beaucorps.
Notes :
1 Jean de Luxembourg qui vendit Jeanne d'Arc aux Anglais.
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