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Procès
de condamnation
- les sources |
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ucun
procès ne présente plus de garanties d'authenticité
que ceux de Jeanne d'Arc. Ils ont été dressés
comme suit : la minute d'abord, le texte définitif (en latin)
ensuite.
Minute des deux procès, comment elle a été
dressée :
Il ne faut pas entendre ici le mot minute dans le sens que lui donne notre langue juridique
actuelle. Aujourd'hui ce qu'on entend par ce mot, c'est le texte
original des actes : la minute des conventions par exemple, qui
est déposée chez les notaires ; la minute des jugements,
qui est déposée dans les greffes, et dont il est pris
des copies textuelles, certifiées telles, qui en sont les
expéditions ou grosses. Ce que les juges de la révision
ont qualifié de minute dans leur procès, "minuta
seu notula", n'est pas cela ; c'est une suite de notes
qui furent mises au net à la suite de chaque séance,
et qui étaient destinées à servir de cadre
et de matière pour une rédaction définitive
plus complète. Toutefois, pour les interrogatoires, la minute
serait assez bien ce que nous entendons aujourd'hui par ce mot,
en ce sens que les interrogatoires sont, à la différence
de langue près, semblables dans la minute et dans le texte
définitif qui les a reproduits avec une fidélité
remarquable, mais en les traduisant. Disons de suite, et par la
même raison, que ce que l'on appelle dans le procès
de Jeanne d'Arc grosses ou expéditions,
ce n'est pas une copie de la minute, notulae, mais la copie textuelle,
certifiée telle par les greffier, du registre original où se trouvait la rédaction définitive des
deux procès (procès et procès pour cause de
relapse), registre original qui parait perdu.
Officiellement, trois personnes ont
coopéré à la minute : Manchon et Boisguillaume,
comme greffiers de l'évêque ; Taquel, comme greffier
du Vice-Inquisiteur. Ils ont, aux enquêtes de la réhabilitation,
indiqué eux-mêmes la mesure de leur collaboration.
Nommés le 9 janvier, mais n'ayant prêté
serment que le 13 février 1431, Manchon et Boisguillaume
ont tenu la plume à partir de cette date. Ils ont donc pu
attester plus tard en toute vérité, qu'ils n'avaient
pas eu connaissance des informations et lectures de pièces
dont il est fait mention aux séances intermédiaires,
informations dont il ne devait pas rester trace dans la rédaction
définitive, parce qu'elles furent supprimées par l'évêque,
aidé de l'anonyme complaisant qu'il eut pour scribe avant
l'entrée en fonctions des greffiers officiels.
Ceux-ci, à partir du 13 février 1431,
ont eu la responsabilité de la minute, qui a été,
avant tout, l'oeuvre de Manchon.
Les procès, a dit celui-ci, ont été
rédigés d'abord en langue française, en une
minute écrite de ma propre main.
Toutefois ce travail ne fut pas son oeuvre exclusive.
Officiellement, ses deux confrères en répondent
avec lui, Boisguillaume surtout, qui écrivit quelquefois
à ses côtés, mais ne fit, le plus souvent, que
l'assister. Quant à Taquel, greffier du vice-inquisiteur,
qui n'intervint que le 13 mars, il n'a fait, et à partir
du 14 mars seulement, sans avoir jamais tenu la plume, qu'assister
passivement les deux autres, comme le vice-inquisiteur lui-même
n'a guère fait qu'assister l'évêque. "J'assistais,
mais sans écrire ; je me contentais d'écouter. Pour
l'écriture, je m'en rapportais à mes deux confères,
qui tenaient la plume, Manchon principalement."
Mais leur garantie collective viendra plus tard couvrir
l'instrument authentique, qui, signé et paraphé par
l'un d'eux au recto de chaque feuillet, se terminera par une triple
attestation de Manchon, de Boisguillaume et de Taquel (1).
Si les minutes sont officiellement l'oeuvre exclusive
des trois greffiers, en fait, ils n'y ont pas seul coopéré,
le gouvernement anglais et l'évêque s'en étant
réservé le contrôle.
Voici comment ils l'exercèrent :
Il y avait aux séances deux ou trois secrétaires
anglais cachés derrière un rideau, qui, sous la direction
de Loyseleur, écrivaient ce qu'ils voulaient, sans souci
des explications de Jeanne. Jean Monnet, clerc de maître Beaupère,
était, lui aussi ouvertement aux côtés des greffiers
officiels. D'autres jeunes clercs étaient assis devant leurs
maîtres. Tous prenaient des notes ; et ce fut même le
travail de Jean Monnet qui servit de texte pour la minute de la
séance du 21 février (2),
où Jeanne fut interrogée pour la première fois.
Après chaque séance, se tenait chez l'évêque
une réunion des greffiers officiels, de quelques docteurs
et des secrétaires anglais, greffiers occultes. Là,
les notes de chacun étaient lues, et celles des greffiers
officiels contrôlées à l'aide des notes prises
par les autres. Le 21 février, après le premier interrogatoire,
éclata un grave incident : on voulut contraindre Manchon
et Boisguillaume à supprimer leurs notes, et à prendre
pour type celles des secrétaires anglais. Les greffiers manifestèrent
l' intention de se démettre, si on voulait procéder
ainsi. Depuis lors, des sortes de conférence eurent lieu,
où les greffiers occultes se présentaient avec leurs
notes frelatées. Ces différences entre les textes
amenaient de grandes disputes : "In corum scripturis erat
magnia differencia, adeo quod inter eos erat magna contentio",
a dit Boisguillaume. Mais la passion et le parti pris des uns vinrent
échouer devant la probité des autres ; et de tout
cela est sorti, pesé, discuté, atténué,
décoloré, refroidi mais encore exact, un travail que
l'évêque approuva sans doute et qui devint le texte
sur lequel Manchon dut dresser sa minute.
En réalité, les notes primitives des greffiers
en ont toujours été la base, et si on prend comme
vraies leurs déclarations, qu'il peut être prudent
toutefois de ne pas accepter sans réserves, on peut dire
que leur minute est restée l'expression assez fidèle
du débat. Sans doute ils n'ont pu tout y mettre, sans doute
l'évêque et son entourage auront exigé des modifications
et des tempéraments ; pour ce qui est des interrogatoires
notamment, si la minute est vraie dans ce qu'elle reproduit, il
est prouvé qu'elle n'a pas tout reproduit, et que, sans aller
jusqu'au mensonge, elle a passé sous silence bien des passages
où les réponses de l'accusée brillaient de
trop d'éclat. Le patriotisme surtout, qui chez elle débordait,
aura été dissimulé autant que possible, ainsi
que ses sorties incessantes contre les Anglais.
Mais, quoi qu'il en soit, les juges de la révision
ne purent constater de défectuosités palpables que
sur des points étrangers aux interrogatoires et de minime
importance ; leurs critiques n'ont même porté sérieusement
que sur les douze articles, au sujet desquels on n'avait pas opéré
certaines corrections dont on voyait trace sur une pièce
dont Manchon lui-même leur fit la remise. Mais les douze articles
n'étaient pas l'oeuvre des greffiers ; ils émanaient
des universitaires, notamment de Nicolas Midi, qui les avait extraits
des soixante-dix articles de l'accusation. C'est donc sur celui-ci
que le grief doit tomber. Disons que les corrections dont Midi n'aura
pas tenu compte dans la copie des douze articles envoyés
aux docteurs consultés, portaient sur des points secondaires (3).
Ce que l'on peut dire de plus certain sur tout ceci,
cest que les minutes, si elles pêchent par quelque endroit,
ne pêchent point par faveur pour l'accusée. Or c'est
là un point capital, puisque, même rédigées
ainsi, elles lui sont encore avantageuses au plus haut degré.
Ce dont le lecteur a en effet, besoin d'être convaincu
quand il se trouve en face de certaines réponses ou le naturel,
le bon sens, le patriotisme et la foi vont jusqu'au sublime, c'est
qu'il n'a pas affaire à des greffiers complaisants qui auraient
été sympthiques à Jeanne jusqu'à lui
vouloir élever une sorte de piédestal aux dépens
de l'accusation. A cet égard, le lecteur peut être
pleinement rassuré, et admirer en toute sûreté
de conscience. Les greffiers n'ont rien mis dans la bouche de Jeanne
qu'elle n'ait dit ; il y avait trop de gens qui veillaient dans
l'intérêt de l'accusation. Si les greffiers furent
d'honnêtes gens, ils furent timides ; et s'ils osèrent
éviter l'injustice, ils n'ont en présence du contrôle
et de la pression dont ils étaient l'objet, rien osé
de plus.
La minute est donc exacte.
Ce point de départ admis, et il doit l'être,
la véracité de l'instrument authentique en découlera
nécessairement. Or, si on la rapproche des textes officiels
et authentiques qui seuls engagent le tribunal, on n'y aperçoit
peu de différences. Les interrogatoires de la minute, notamment,
sont quasiment identiques aux interrogatoires du procès officiel (4). Néanmoins, il existe quand
même quelques manipulations de Thomas de Courcelles qui seront
précisées dans notre texte du procès.
Certaines pièces ont aussi moins de développement
dans la minute, et d'autres y manquent complètement. Les
pièces qui font aussi défaut dans la minute sont les
actes de procédure, les allocutions, les délibérations,
la sentence : elles y auront sans doute été annexées
d'abord, puis on les en aura détachées pour les placer
dans le registre original de l'oeuvre officielle (5).
On fut longtemps sans soupçonner que la minute
existât. On la croyait détruite, quoiqu'il fût
établi que Manchon, en 1445, en avait la remise aux juges
de la révision. Voici en effet ce qu'on lit dans le procès
de réhabilitation :
"Vénérable maitre Guillaume Manchon
a, ce jourd'hui, produit devant nous un cahier en papier dont il
était possesseur, contenant toute la notule en Français,
notulam, du procès fait autrefois à Jeanne la Pucelle,
affirmant que ce cahier il l'a écrit de sa propre main, manu
sua."
L'ancien contrôleur des finances Laverdy (6),
qui sous Louis XVI étudia sérieusement cette grande
cause, sans idée préconçue et sans parti pris,
fut le premier à penser que la minute pouvait bien n'être
autre qu'un texte moitié latin, moitié français,
qu'il avait découvert dans un manuscrit dit de d'Urfé,
aujourd'hui à la bibliothèque nationale, manuscrit
dans lequel se trouvent divers documents que les juges de la révision
ont dû avoir sous les yeux. Son opinion était fondée,
et ce qui nous reste de ce document précieux a été
mis à l'abri de toute ruine, depuis que M. Jules Quicherat
l'a reproduit en note des textes officiciels des deux procès.
Malheureusement, cette minute ne commence qu'au cours de la séance
du 3 mars. Les cahiers des séances précédentes
(perdus ?) ne se trouvent pas dans le manuscrit de D'Urfé.
(Voir manuscrit de D'Urfé)
Mais..., les recherches de Laverdy ont aussi permis
de dénicher le curieux manuscrit 518 de la Cathédrale
d'Orléans. Ce manuscrit, paraphé par deux notaires
Me Touchet et Patarin, daterait de 1475. Malheureusement, certains
auteurs l'ont mal étudié puis ont émis des
avis qui ont longtemps fait autorité, que reprendra Quicherat
(1841) et même Pierre Champion (1921) qui le dénigrent
très injustement et surtout à tort. Ils ont cru y
voir une mauvaise traduction de l'instrument officiel latin alors
que seules, les compte-rendu de séance ont été
traduits du latin au Français (voir manuscrit
d'Orléans).
Il a fallu attendre 1952 et une très bonne analyse
de Paul Doncoeur dans "La minute française des interrogatoires
de Jeanne la Pucelle" pour se rendre à l'évidence,
le manuscrit d'Orléans reporte, entr'autres, la presque intégralité
de la minute française à l'exception de brèves
lacunes. D'autre part la comparaison entre le manuscrit de "d'Urfé"
et celui "d'Orléans" pour la partie commune de
la minute (à partir du 3 mars), montre des textes quasi-identiques,
ce qui donne une grande valeur au texte se trouvant uniquement sur
celui d'Orléans.
Cette minute servira de référence dans
le texte du procès sur ce site. C'est le texte le plus authentique
des interrogatoires de Jeanne et doit être préféré
à la version officielle latine ou sa traduction française.
Instrument authentique, comment il a été dressé
:
Après la mort de Jeanne, les
pièces des deux procès, ainsi que la minute des greffiers,
passèrent aux mains de l'évêque. Il s'agissait
d'une procédure étrangère au diocèse
de Rouen, qui ne pouvait trouver place aux archives de l'officialité.
Cauchon se préoccupa de faire dresser l'acte
authentique, l'instrument officiel, qui, signé des greffiers
et marqué du sceau des juges, serait la pièce essentielle
pour juger les procès et le juger lui-même.
Deux
personnes furent chargées par lui de ce travail important
: l'universitaire Thomas de Courcelles et Guillaume Manchon.
Dans quelle mesure s'y sont-ils employés l'un
et l'autre ?
Il est malaisé de le déterminer. Mais,
sans vouloir mettre en doute le mérite de Manchon, dont l'aptitude
spéciale s'induit de sa qualité de notaire ecclésiastique
et de rédacteur principal de la minute, la façon remarquable
dont l'instrument authentique a été composé,
l'ordre qui y règne, son ton magistral, ne laisse guère
de doute que Thomas de Courcelles (7) ne s'y soit sérieusement entremis : Thomas de Courcelles,
un des universitaires éminents de son siècle, gagné
à ce point à la cause anglaise qu'il avait été
presque seul à voter pour la torture de Jeanne pendant le
procès ! Chargé d'un travail de cette importance,
où son mérite et son zèle avait tant à
s'exercer, on ne comprendrait pas qu'il s'en fut reposé sur
un modeste clerc d'officialité du soin de le mener à
bonne fin.
"Les procès, a dit Manchon, furent mis
du Français en Latin dans la forme authentique où
ils sont actuellement, par maitre Courcelles et moi, aussi bien
que possible, et selon la vérité. Cependant, pour
ce qui est de l'accusation, Thomas de Courcelles ne s'y est guère
employé..." et Taquel : "J'ai su que maitre
Thomas de Courcelles fut chargé de mettre le procès
en Latin : y a-t-il changé, ajouté, ou en a-t-il retranché
? Je ne sais..."
On peut affirmer que Cauchon lui même n'aura pas
été sans y mettre la main. Sa touche hypocrite et
emmiellée s'y reconnaît à divers endroits, dans
cet exposé de la cause notamment qui sert de préface,
où, sous couleur de religion, il n'épargne à
aucun personnage la plate expression de sa reconnaissance pour le grand
service qu'ils lui ont rendu, de lui fournir les moyens de leur
immoler Jeanne d'Arc : "Le sérénissime prince
très chrétien notre seigneur le Roi des Français
et d'Angleterre ; l'illustrissime seigneur le duc de Bourgogne,
et aussi le seigneur Jean de Luxembourg, qui, se rendant à
ses réquisitions, a livré Jeanne au Roi et à
ses commissaires, c'est-à-dire à lui évêque...".
Et : "La Providence royale (un évêque appelle
ainsi un enfant de dix ans), la Providence royale qui, enflammée
du plus ardent amour de la foi catholique (a remis cette femme à
nous évêque...". Cauchon seul a pu écrire
ainsi.
Lorsqu'au début du procès cet homme avait
fait violence aux instincts honnêtes de Manchon jusqu'à
l'obliger à devenir son auxiliaire, en lui disant pour l'y
déterminer qu'il s'agissait de bien servir le Roi et de faire
"un beau procès", il avait marqué par là
sa pensée d'y puiser un nouveau titre aux faveurs de ses
maîtres et à l'admiration de l'Université.
Son but a été atteint. L'oeuvre qui a été
rédigée sous sa haute direction fait honneur à
son patriotisme anglais, à sa science juridique et à
ses talents littéraires. II est difficile d'en trouver une
autre aussi révoltante au fond, et aussi habilement cachée
sous des dehors hypocrites... Mais que peuvent les formes où
n'est pas l'esprit ? Qu'on imagine aujourd'hui tout un personnel
judiciaire s'entendant pour accabler l'innocence : un procureur,
un juge d'instruction, une chambre d'accusation, un procureur général,
une cour d'assises, un jury : l'innocence pourrait être condamnée
dans les règles : c'est le cas de Jeanne d' Arc !
La rédaction du texte définitif ne fut pas
sans difficulté. Tout d'abord il y a eu un élagage
à faire : il fallut distraire certains documents qui auraient
juré avec le reste, notamment l'enquête de Domrémy
et diverses délibérations, telles que celles de l'évêque
d'Avranches et du chapitre de Rouen, etc...
Les divers exposés qui se lisent en tête
de plusieurs séances, où l'évêque vient
exhorter Jeanne sur un ton paterne, sont de Cauchon. Il semble,
en les lisant, qu'on l'entende parler.
Quant aux allocutions de certains docteurs, de l'archidiacre
de Châtillon (2 mai), du chanoine Maurice (23 mai), etc...,
ce sont des oeuvres personnelles. Prononcées en français
en présence de Jeanne, elles ont dû être ensuite
mises chacune en latin par leur auteur ; et les rédacteurs
du procès authentique n'auront eu qu'à les y placer
telles quelles. Ce sont, du reste, des oeuvres remarquables dans
leur genre, et que Thomas de Courcelles n'eût pas désavouées.
L'acte d'accusation eu soixante-dix articles est-il,
en sa forme actuelle, sorti de la plume de d'Estivet ? On peut en
douter ; on peut penser que cet homme violent et grossier, qui n'eut
même pas le talent nécessaire pour lire son libellé
en français aux séances solennelles des 27 et 28 mars,
manquait du savoir nécessaire pour le traduire en latin.
Thomas de Courcelles a joué un rôle dans l'accusation
: ce fut qui en fit l'exposé aux séances solennelles
susdites, aux lieu et place de d'Estivet. De là à
avoir prêté sa plume à cette oeuvre satanique,
il n'y a qu'un pas. Manchon l'en défend assez mal quand il
dit que de Courcelles n'y fit que peu de chose, presque rien : "Dicit
ipsum magistrum Thomam in facto processus de libello quasi nihil
fecisse, nec de hoc se multum interposuisse...". Toujours
est il prouvé par cet aveu même de Manchon que de Courcelles
s'y est entremis, et sans doute plus que ne le dit son confrère
; car de Courcelles, il l'a bien prouvé dans tout le procès,
n'était pas homme à faire les choses à demi.
Mais, en 1455, lui et tous les autres semblent n'avoir eu en vue
que d'amoindrir leur responsabilité dans cette douloureuse
affaire, qui se présentait alors à tous les yeux dans
son énormité, dégagée des passions qui
y avaient mis le feu.
Les douze articles, tels qu'on les lira au procès,
sont l'oeuvre de l'universitaire Nicolas Midi.
Les trois sentences des 24 et 30 mai doivent être
sorties du cerveau de l'évêque en la forme où
on les lit à l'instrument authentique.
La part ainsi faite à chacun, celle de Thomas
de Courcelles et de Manchon se trouve sans doute diminuée.
Mais il reste le plan, la conduite, l'unité, le lien. Quand
on aura lu ces procès, si on veut les comparer par la pensée
à d'autres oeuvres du même genre, on reconnaîtra
qu'au point de vue de la forme et de la rédaction il en est
peu d'aussi réussies. Et puis, il ne faut pas oublier que
de Courcelles et Manchon ont traduit en latin les interrogatoires.
Or, c'est là surtout que leur talent eut à s'exercer.
Au point de vue de la fidélité et de la clarté,
cette traduction ne laisse rien à désirer.
A quelle époque l'instrument authentique fut
il dressé ?
On est bien étonné, quand on lit les enquêtes
de la réhabilitation, de voir Manchon et Taquel venir déclarer
que la rédaction en eut lieu longtemps après la mort
de Jeanne. Manchon : "Longe post mortem et exsecutionem
factam de ipsa Johanna...". Taquel : "Per magnum
temporis spatium post mortem ipsius Johannæ...".
Comment expliquer cela, lorsqu'il est établi que Thomas de
Courcelles donna, dès le 12 juin, quittance pour solde au
gouvernement anglais ? Serait-il revenu à Rouen depuis ?
ou bien Manchon l'aurait-il été rejoindre à
Paris ? D'un autre côté dès le mois d'août
1432, quinze mois après les procès, un rescrit du
pape Eugène IV appelait Cauchon au siège de Lisieux.
Or, c'est encore en sa qualité d'évêque de Beauvais
qu'il a scellé les expéditions de l'instrument authenthique.
Mais, entre la rédaction définitive et le jour où
les expéditions furent prêtes à recevoir le
sceau de l'évêque, il dut s'écouler encore plusieurs
mois, ce qui rapproche encore du point de départ le moment
où de Courcelles et Manchon mirent la dernière main
à leur oeuvre. Dans tout cela, où trouver place pour
le long espace de temps dont parlent Manchon et Taquel ? (8)
Une fois que le registre qui contenait la minute de
l'instrument authentique eut été achevé, il
fallut s'occuper d'en faire des copies ou expéditions. Cauchon
eût pu ne leur en demander qu'une, comme il arrive pour tant
de procès. Et alors, cette expédition perdue, ces
procès, la grande gloire de Jeanne d'Arc, pouvaient disparaitre
à jamais. Il n'en fut pas ainsi, et ce fut l'évêque
lui même, circonstance étrange, qui prit les précautions
nécessaires pour immortaliser sa propre infamie et la gloire
de la victime. Les greffiers eurent de lui l'ordre d'en d'en dresser
cinq expéditions. Manchon, de sa propre main, en écrivit
trois. Chacune de ces cinq expéditions fut attestée
par les trois greffiers et munie du sceau des deux juges. Des trois
expéditions écrites par Manchon , l'une était
pour le Roi d'Angleterre, une autre pour l'évêque lui
même, une autre pour l'inquisiteur. Une quatrième dut
être envoyée à Rome, avec les lettres des universitaires
qu'on lira à la suite des deux procès.
Quant à la cinquième, elle était, ainsi
que la minute primitive, restée aux mains de Manchon, qui,
en 1455, remit l'une et l'autre aux juges de la révision
: "Un cahier en papier dont il était possesseur,
contenant toute la notule en français du procès fait
autrefois à Jeanne la Pucelle, affirmant que sur ce cahier,
écrit de sa propre main, a été fait le procès
en latin écrit dans un autre livre que Manchon nous a aussi
exhibé et remis à cet instant : ce dernier livre muni
des sceaux de feu le seigneur Pierre Cauchon, évêque
de Beauvais, et de frère Jean Lemaitre, et des attestations
des trois greffiers..."
Manuscrits originaux :
Nous allons faire connaitre successivement
: 1° les manuscrits originaux de ce que l'on est convenu d'appeler
la minute ; 2° les manuscrits originaux de l'instrument public
ou authentique ; 3° les anciennes copies manuscrites de la minute
et de l'instrument authentique.
1° Manuscrits de la minute :
Le manuscrit dit de d'Urfé, in folio maximo, en vélin
de choix, existant à la bibliothèque nationale. C'est
un volume doré sur tranche, avec reliure en veau vert, le
dos maroquiné rouge, au chiffre de Napoléon Ier. Sur
les plats ont été rapportés à cette
époque des cuivres ciselés (9) qui appartenaient à une reliure plus ancienne, indicative
de sa provenance, et qui font connaitre que ce précieux manuscrit
provenait des d'Urfé. Une partie de l'écriture de
ce manuscrit est de la plus belle gothique de la chancellerie de
Charles VII ; l'autre est du temps de Louis XII. L'écriture
du quinzième siècle commence au recto du feuillet
17. A partir de ce feuillet 17° jusqu'au verso du 34°, existe
le fragment de la minute. Puis, du feuillet 34° au 95°,
existe une transcription complète de l'instrument authentique.
Les cahiers de ce manuscrit ayant été anciennement
reliésconfusément et sans ordre, on lit au feuillet
204° la mention suivante, qui devrait être placée
au feuillet qui précède le 34° :
"Minuta seu notula notariorum processus agitati
contra Johannam la Pucelle, tradita in vim compullsoriæ per
magistrum Manchon, alterum notariorum et pro majori parte ejus manu
scripta..." c'est-à-dire : "Minute ou notule
du procès agité contre Jeanne la Pucelle, remise pour
être examinée par maître Manchon, l'un des notaires,
et, pour la plus grande partie, écrite de sa main."
"Pro majori parte", parce que, d'une
part, tout ce qui a précédé l'entrée
en fonction des greffiers officiels n'a pas été écrit
par eux ; et d'autre part, parce que ce fut maitre Monnet, le secrétaire
de Beaupère, qui écrivit de sa main la minute de la
séance du 21 février, où eut lieu le premier
interrogatoire public. Mais toute cette partie est malheureusement
détruite, car, dans le manuscrit de d'Urfé, la minute
ne commence qu'au milieu de l'interrogatoire du 3 mars, qui est
déjà de la main de Manchon. (10)
Le manuscrit d'Orléans nous présente la
minute presque complète malheureusement aussi avec une lacune
car il y manque la fin de la séance du 27 février
et le début de celle du 1er mars, partie qui manque donc
sur les deux manuscrits.
Pour autant cette partie de la minute est-elle totalement
perdue ? Pas tout à fait, Jean d'Estivet dans son réquisitoire en début du procès ordinaire, s'est basée sur
le texte de la minute française de Manchon pour justifier
ses accusations à l'encontre de Jeanne (dans ses 70 articles).
Les accusations portées dans ces 70 articles sont pour la
plupart totalement imaginaires et infondées, néanmoins,
il a cru devoir les justifier en reprenant une bonne partie des
interrogatoires ("minute" malheureusement traduits en latin mais qui présentent
quand même un intérêt supérieur au texte
du procès officiel en latin).
2° Manuscrits de l'instrument
authentique :
Le registre qui contenait le texte original de l'instrument
authentique parait perdu. Mais sur les cinq grosses ou expédititions
qui en furent tirées, trois existent encore aujourd'hui,
revêtues de tous les caractères de la plus grande authenticité
possible, et toutes les trois sont à Paris, dans des dépôts
publics.
En voici la description, telle qu'elle nous est en grande
partie fournie par Jules Quicherat :
- Premièrement : à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale existe l'exemplaire (ms 1119) qui fut dressé avec
un soin particulier, par le greffier Manchon pour le Roi d'Angleterre (11). Ce manuscrit royal est un petit
in folio carré, de trente-deux centimètres sur vingt-six,
composé de cent vingt feuillets, couvert en gros parchemin.
marqué B.105 g. Tome 570. Il est le seul qui ait été
écrit sur vélin. En haut de la première page,
en majuscule gothique : "In nomine domini, amen. incipit
processus in causa fidei contra quondam quamdam mulierem Johannam
vulgariter dictam la Pucelle..."
Au bas de la même page, on lit une attestation
d'authenticité du greffier Boisguillaume : "Ego vero
Guillelmus Colles, alias Boisguillaume, præsbiter dioecesis
Rothomagnensis, publicus auctoritate apostolica et in venerabili
curia archiepiscopali Rothomagensi notarius, ac in hac materia cum
aliis scriba juratus, affirmo collationem presentis processus centum
et undecim folia continentem, debite fuisse factam cum registro
originali presentis causæ. Idcirco singula folia manu propria
signavi et cum dictis notariis in fine subscipsi, hic me manu propria
subscribens." 'Signé BOISGUILLAUME. L'attestation
ne contient que cent-onze feuillets, bien que le manuscrit en compte
cent-vingt parce que c'est au cent-onzième que finit la cause,
les neufs derniers étant occupés par les appendices
que les greffiers refusèrent d'authentifier. C'est Boisguillaume
qui a paraphé le bas de tous les feuillets de ce manuscrit
avec la formule, abrégé de la formule première
: "Affirmo ut supra". Enfin, an verso du feuillet
111°, sont les attestations autographes de Boisguillaume, de
Manchon et de Taquel. On en lira la traduction à la fin des
deux procès. Ces attestations autographes sont suivies des
sceaux des deux juges, dont on aperçoit encore les vestiges
en cire rouge. L'empreinte du sceau de l'évêque, beaucoup
plus grande que l'autre, a conservé de sa légende
les deux syllabes BELVA (censis), Beauvais
Après l'expulsion des Anglais ce manuscrit précieux
fut déposé au Parlement de Paris. Il y était
encore au dix-septième siècle. Mais il en sortit on
ne sait comment, et en 1753, il était devenu la propriété
du président de Cotte. En 1812, il entra avec les autres
manuscrits de M. de Cotte dans la bibliothèque du Corps législatif,
où il est resté depuis et on il est encore aujourd'hui.
- Deuxièmement : à la Bibliothèque nationale
aujourd'hui), n° 5965 du fonds latin. Un volume en papier, petit
in folio, de vingt-neuf centimètres sur vingt et un, ayant
cent soixante-neuf feuillets, relié en veau brun avec nervures,
portant l'étiquette suivante frappée en or sur le
dos : PROCESS. IANAE PVELLAE. Expédition authentique, attestée
au bas de la première page par Boisguillaume, paraphée
par le même au recto de chaque feuillet, et signée
au cent cinquante-huitième feuillet Boisguillaume, Manchon,
Taquel. Au même feuillet 158°, verso, sous les signatures
des trois greffiers, on aperçoit les marques de deux sceaux
qui ont été autrefois appliqués en cire rouge.
Mais ces sceaux ont été rasés et coupés
par le fait d'une reliure ultérieure.
M. Quicherat signale ce manuscrit comme ayant été
de la part des greffiers l'objet d'une attention particulière
qui lui parait attestée par les nombreux grattages qui s'y
font remarquer. C'est sur ce manuscrit que M. Quicherat a établi
le texte de son édition. Il avait fait partie de la bibliothèque
Colbert étant marqué ainsi : Codex Colbertinus.
- Troisièmement : à la Bibliothèque nationale,
n° 5966 du fonds latin. Un volume en papier, petit in folio,
vingt huit centimètres sur vingt et un, de deux cent vingt
feuillets, cartonné et recouvert d'une peau verte. Expédition
authentique aussi, attestée, paraphée, signée
et scellée comme la précédente. Les attestations
des greffiers s'y lisent au deux cent sixième feuillet où
finissent les deux procès. Les annexes rejetées par
les greffiers viennent ensuite. En haut de la première page
se lit, en écriture gothique moulée, l'invocation
: "In nomine Domini, amen. Incipit processus, etc...".
Puis vient le texte, en écriture cursive. Ce manuscrit, aussi
bien conservé, aussi complet que les deux précédents,
a fait partie de bibliothèque de Dupuy.
Copies :
1° Copies de la minute :
II n'a été dressé aucune
copie de la minute ; du moins nous n'en possédons aucune.
De sorte que le seul texte qui en existe est celui dont nous avons
déjà parlé, le fragment original de la main
du greffier Manchon se trouvant à la Bibliothèque
nationale, dans le manuscrit de d'Urfé et une partie plus
complète dans le manuscrit à la bibliothèque
d'Orléans.
2°
Copies de l'instrument authentique :
On en connait de nombreuses. Nous n'allons
indiquer ici que celles qui remontent au quinzième ou au
seizième siècle.
- A la Bibliothèque nationale, n° 5967 du fonds latin.
Un volume en papier petit in-folio, de 267 feuillets cotés,
cartonné et couvert de parchemin, avec ce titre au dos
: Procès de la Pucelle d'Orléans. Copie en cursive
du temps de Charles VIII. Sur la feuille de garde qui précède
le premier feuillet coté, est tracée en gothique
moulée, à l'instar d'un faux titre, l'inscription
: "Processus cujusdam mulieris que Johanna la Pucelle
fuit nuncupata" ; et en haut du feuillet suivant : "Universis
presentes", etc...
Les attestations finales des greffers n'ont pas été
copiées, de sorte qu'on ne peut dire sur quelle expédition
cette copie a été prise. Marqué anciennement
Baluze 265, puis Regius 9675.
- A la Bibliothèque nationale, n° 5968 du fonds latin.
Un volume petit in-folio, demi-reliure moderne, dos en maroquin
rouge, au chiffre de Louis-Philippe ; écriture cursive
gothique du commencement, du seizième siècle. Copie
exécutée d'après la deuxième expédition
originale décrite ci dessus. A fait partie de la bibliothèque
de Colbert.
- A la Bibliothèque nationale, n° 5969 du fonds latin.
Un volume en papier, petit in-folio.
Même reliure que le précédent. Écriture
gothique coulée de la fin du quinzième siècle.
Copie exécutée sur l'expédition faite pour
le Roi d'Angleterre qui existe à la bibliothèque
de l'Assemblée nationale. La lettre U, initiale des mots
Universis presentes litteras, etc..., est une grande lettre ornée
dans laquelle est exécuté un petit sujet en miniature
où l'on a voulu représenter une scène du
procès : Jeanne en costume femme, debout devant un docteur
assis dans une chaire.
- A la Bibliothèque du Vatican, fonds Christine, n°
948. Un volume en papier, petit in-folio de 179 feuillets dont
les vingt-quatre premiers sont endommagés par l'humidité.
Écriture de la fn du quinzième siècle.
- A la Bibliothèque de Genève, manuscrits français,
n° 89. Un volume in-folio, en papier, couvert de parchemin,
de 179 feuillets à deux colonnes, en écriture gothique
écrasée du temps de Louis XII. Ce manuscrit contient,
entre autres, une copie des deux procès de condamnation
prise sur le manuscrit royal qui est à l'Assemblée
nationale. Il fut acheté en France par J.J. Rousseau, qui
en fit don à la république de Genève, ainsi
qu'en témoigne un ex dono de sa main qui se lit
encore sur la garde du volume.
- A la Bibliothèque nationale, manuscrits de Saint-Victor,
n° 285 (fonds latin n° 14665). Un volume billot grand
in 4° de papier, entremêlé de parchemin, de 572
feuillets reliure en veau fauve, écriture cursive coulée
du temps de Charles VIII. Cette copie a été prise
sur le manuscrit royal. Elle a été connue de l'historien
Pasquier, qui s'en est servi pour son étude sur Jeanne
d'Arc qui se lit dans son ouvrage "Recherches de la France",
liv. VI, ch. VI. "J'ai vu autrefois, y dit il, la copie de
son procez en la librairie du Sainct-Victor... et depuis ay eu
en ma possession l'espace de quatre ans entiers le procez originaire..."
Le procès originaire dont parle ici Pasquier doit être
h•
manuscrit royal lui même, qui, de son temps était
au Parlement de Paris.
- A la Bibliothèque nationale, supplément français,
n° 350". Un volume en papier, format in-folio moyen,
de 196 feuillets. Les cent vingt-sept premiers, en gothique écrasée
de la fin du quinzième siècle, contiennent une copie
des procès de condamnation. Les attestations des greffiers
ont été omises, de sorte qu'on ne peut savoir auquel
des manuscrits originaux encore existants on doit le rapporter.
Ainsi, tous les manuscrits que nous venons d'examiner au
nombre de onze, existent, à l'exception de trois, à
la Bibliothèque nationale.
Nous n'avons encore rien dit du texte des deux procès
qui existe dans le manuscrit de d'Urfé à la suite
de la minute : est-ce l'expédition authentique qui fut
remise par le greffier Manchon en même temps que cette minute,
ou bien n'est ce qu'une copie de cette même expédition
authentique ? Nous pensons que ce n'est qu'une copie mais une
copie dressée sur l'expédition qui fut remise par
Manchon aux juges de la réhabilitation, ce qui nous parait
clairement résulter d'une mention d'authenticité
émanée de Manchon, reproduite sur cette copie. (12)
Source : E. O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc - tome I - 1868
Illustrations :
- signatures des greffiers : H.Wallon - Jeanne d'Arc - 1892.
- fac-similé de la première page du manuscrit de
l'assemblée nationale. (O'Reilly - Procès de Jeanne
d'Arc - Tome I)
- fac-similé du motif de la copie du fonds latin n°5969.
(Henri Wallon - Jeanne d'Arc - Ed.1892)
Notes
:
1 Formule d'attestation de Boisguillaume
: "Ego vero Guillelmus Colles, alias Boisguillaume, præsbiter
dioecesis Rothomagnensis, publicus auctoritate apostolica et in
venerabili curia archiepiscopali Rothomagensi notarius, ac in
hac materia cum aliis scriba juratus, affirmo collationem presentis
processus centum et undecim folia continentem, debite fuisse factam
cum registro originali presentis causæ. Idcirco singula
folia manu propria signavi et cum dictis notariis in fine subscipsi,
hic me manu propria subscribens."
2 O'Reilly ne précise pas la source de ce renseignement.
Jean Monnet dit à la réhabilitation qu'il reconnait
son écriture dans le procès-verbal en français
mais ne précise pas davantage.
3 Cette défectuosité a été relevée
par les juges de la réhabilitation dans leur sentence.
4 De nombreux auteurs signalent quand même quelques minimes
différences.
5 "Registrum originale", c'est celui avec lequel
furent collationnées et certifiées conformes les
expéditions authentiques. Il est perdu et c'est regrettable
car il aurait permis de dégager, par la différence
d'écriture, la part de Thomas de Courcelles dans la commune
collaboration.
6 Véritable restaurateur de la mémoire de Jeanne
d'Arc, le premier qui avait ramené au premier plan la glorieuse
Pucelle. Il va être décapité en 1793 par le
tribunal révolutionnaire à l'âge de 70 ans
pour une ridicule affaire de blé jeté dans son étang
!
7 Recteur émérite de l'Université de Paris
à l'âge de trente ans.
8 D'après les recherches de Denifle & Chatelain, les notaires auraient rédigé le procès en latin au plus tôt en 1435 mais Jean Fraikin démontre qu'il a été rédigé plus tôt (au plus tard en novembre 1431).
9 Deux écussons vairés et timbrés qui sont
les armes de la maison d'Urfé.
10 Tel que le décrivait Quicherat en 1849, le manuscrit
de d'Urfé présentait une telle confusion que personne
n'a pu s'y reconnaitre. Il fallut tout le talent de Jules Quicherat
pour débrouiller un tant soit peu ce chaos. Dès
le début du XVI° siècle, une partie des cahiers
manquaient. Qui entreprit de restaurer le manuscrit ? est-ce Claude
d'Urfé entre 1502 et 1558 ? en tout cas il ne fit qu'ajouter
à la confusion. Il mélangea pièces originales
et pièces ajoutées (reprises ou traduites d'autres
documents) et "foliota bravement ce "monstre"
dans une numérotation continue" (P.Doncoeur).
M. Porcher, conservateur en chef du département des manuscrits
à la bibliothèque nationale s'est attelé
à la tâche et a séparé les écritures
du XV° siècle et celles du XVI° siècle.
Il a fait découdre le manuscrit et les cahiers et folios
du XVI° siècle ont été mis à part.
Dans la nouvelle reliure, des folios blancs témoignent
de l'absence des folios originaux. La remise en état des
folios originaux de ce très précieux manuscrit
d'Urfé en permet désormais une lecture beaucoup
plus facile. Il comporte aujourd'hui :
- une grande partie de la rédaction épiscopale du
"Procès de réhabilitation" (manque la
fin, mais tous les interrogatoires y sont),
- la minute française du "Procès de condamnation"
à partir du 3 mars 1431 (manque le début),
- une copie du procès latin du "Procès de condamnation"
qu'avait collationnée et paraphée par Guillaume
Manchon et qui a été remise aux juges de la réhabilitation
(copie lacérée en jugement par le juge de la réhabilitation).
11 Pierre Champion estime qu'il s'agit de l'exemplaire de Pierre
Cauchon.
12 C'est une copie très importante (voir note 8) car
contrairement aux trois manuscrits authentifiés par les
greffiers où Boisguillaume avait paraphé les pages,
ici c'est Manchon qui les avait paraphées. La copie contenue
dans le Ms. de d'Urfé date du XV° siècle. C'est
du manuscrit de l'Assemblée nationale que cette copie se
rapproche le plus.
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