|
Procès
de condamnation
Divers
autres assesseurs |
|
EAN
DE CASTILLON, de CASTILLIONE ou de CASTILLIONO, dit HULOT DE
CHATILLON, d'origine normande, docteur en théologie, archidiacre
d'Evreux en 1429, résidait à Rouen antérieurement
au procès et jouissait d'un certain crédit auprès
du gouvernement anglais.
Il importe de ne pas le confondre avec un homonyme,
Jean de Castillon (ou de Castiglione), qui fut évêque
de Coutances.
II est peu probable, comme l'ont dit certains témoins de
la réhabilitation, que l'archidiacre d'Evreux ait été
évincé des audiences ou malmené par Cauchon,
à cause de l'intérêt qu'il aurait témoigné
à Jeanne d'Arc, puisqu'il fut chargé de l'exhorter
à la soumission et qu'il participa à la sentence de
condamnation, le 29 mai. Son exhortation à Jeanne avait été
suivie de la délibération par laquelle le Chapitre
de Rouen se prononçait collectivement contre elle.
En 1433, il remplaça Couppequesne comme chanoine
de Rouen. Il fut aussi chanoine de Coutances et archidiacre du Vexin
normand ; il demeurait encore à Rouen en 1439.
GUILLAUME
DE CASTILLON, maître ès-arts et bachelier en l'un
et l'autre droit était cousin de Jean de Castillon, nommé
évêque de Coutances après la mort de Gilles
de Duremort et résidait habituellement à Rouen auprès
des chefs du gouvernement anglais.
Il occupa, avec son parent, deux maisons canoniales,
dont l'une avait été habitée par Raoul Roussel
(rue Saint-Nicolas), avant son élection au siège de
Rouen, et l'autre par le pénitencier (1)
Jean du Quesnay.
Il fut remplacé, comme chanoine de Rouen, par
Jean du Bec, en 1452.
ROBERT
GHILLEBERT, anglais d'origine, docteur en théologie et
doyen de la chapelle du
roi d'Angleterre, fut remplacé en 1433 par Richard Patry.
Il n'est mentionné qu'aux deux dernières
journées : au 29 mai, où il condamna expressment la
Pucelle en la déclarant relapse, et au 3o mai, où
il assista, sur la place du Vieux-Marché, au sermon de Midy
et à la lecture de la sentence.
Robert Ghillebert est probablement le même qui
fut nommé à l'évêché de Londres
en 1436.
GUILLAUME
HAITON, autre clerc anglais, bachelier en théologie,
secrétaire des commandements du roi d'Angleterre, fut l'un
des rares ecclésiastiques anglais qui suivirent officellement
le procès dont il ne manqua pas une séance. On peut
le considérer comme ayant été l'espion du gouvernement
anglais : car il fut l'un des secrétaires qui voulurent au
début, forcer les greffiers à falsifier les procès-verbaux.
Il avait opiné contre la torture, mais il assista
à l'abjuration et ensuite à la sentence définitive.
Membre du conseil de Henri VI, avec les abbés
de Fécamp et du Mont-Saint-Michel, en 1431, il fut destitué
de son office de secrétaire des commandements du roi, en
1433.
RICHARD DE GROUCHET, maître ès-arts et bachelier
en théologie, était instituteur à Rouen et
devait jouir d'une grande réputation, puisqu'il fut l'un
de ceux que l'assemblée générale du clergé
diocésain désigna pour s'occuper de l'ambassade au
Concile de Bâle. En 1441, il donna sa démission de
maître des écoles de grammaire, poste qui lui avait
été confié par le chancelier Morelet.
Il était chanoine de la collégiale de
la Saussaye, au diocèse d'Evreux.
Son nom se retrouve à chaque page des procès-verbaux
du procès. Assesseur assidu avec Pierre Minier et Jean Pigache,
il signa avec eux une délibération qui lui valut l'honneur
d'une censure, si l'on en croit du moins, les déclarations
faites lors de la réhabilitation. "Ils avaient donné
leur avis sous le coup d'une terreur telle, qu'ils se seraient sauvés
de Rouen s'ils l'eussent osé !" Cependant ils n'en
votèrent pas moins contre Jeanne le 19 mai ; mais Minier,
le curé de Boos, eut le courage de s'abstenir à la
dernière séance.
JEAN PIGACHE, maître ès-arts, bachelier en théologie,
curé de Saint-Vaast de Crasville-la-Mallet, reçu au
service de la Cathédrale (1416), à la chapelle des
Innocents (1426), obtint du Chapitre la permission de se rendre
à Rome en 1427. Nous venons de préciser le rôle
qu'il joua au procès avec le curé de Boos et Richard
de Grouchet.
En 1441, Cauchon lui avait confié la direction
des écoles de Saint-Candé-le-Vieux.
Il était maitre de grammaire des enfants de chœur
de la Cathédrale en 1445 et 1446.
Il fut chanoine de Rouen en 1447.
PIERRE MINIER, bachelier en théologie, était
curé de Boos et dut mourir peu de temps après le supplice
de la Pucelle, en 1432 on 1433. Avec Jean Pigache et Richard de
Grouchet, il déclara qu'il ne se croyait pas suffisamment
édifié sur les révélations de Jeanne.
II se rangea pourtant avec eux au sentiment de l'Université.
Il confia au courageux Houppeville que leur avis n'avait pas plu
à Cauchon, qui l'avait refusé, en lui disant d'avoir
à distinguer la théologie des décrets, et de
laisser les décrets aux juristes.
JACQUES LE CAMUS, docteur en théologie, chanoine de
Reims, avait été mandé de Paris pour assister
au procès de la Pucelle ; mais on le vit seulement apparaître
deux dans la prison, d'abord avec Cauchon, pour constater la rechute,
puis, avant le supplice. On le considéra sans doute comme
trop suspect de partialité en faveur des Anglais pour lui
demander son avis motivé. Il avait, en effet, embrassé
avec ardeur le parti de Henri VI qui l'avait dédommagé
des confiscations que sa défection lui avait fait encourir,
par la cure de la Trinité de Falaise.
Son rôle effacé au procès semble
néanmoins lui avoir permis de conserver ses prébendes
rémoises, en vertu des amnisties octroyées par Charles
VII. Il mourut en 1438.
JEAN FOUCHIER, docteur en théologie, fut présent
aux séances des 2 et 19 mai où il condamna Jeanne
par une adhésion formelle à l'avis de l'Université.
Il figure, en outre, au procès-verbal d'abjuration.
DENIS DE SABREVOIS, docteur en théologie, ancien recteur
de l'Université de Paris, député de la nation
de Normandie au Concile de Bâle, assista aux séances
des 24, 27 février, 1er et 3 mars. Ce personnage considérable
disparut brusquement du procès à partir du 3 mars.
BERTRAND
DUCHESNE, de l'ordre de Cluny, docteur en décrets, doyen
de Lyons-en-Santerre, n'a siégé que le 19 mai. Il
crut pouvoir émettre un avis favorable à la condamnation,
sans avoir rien connu du procès.
En dehors de ces personnages qui doivent particulièrement
attirer l'attention à raison du rôle qu'ils ont joué
dans la procédure de Cauchon, on trouve encore de nombreux
assesseurs qui n'ont siégé que très accidentellement
sans avoir pris de délibération et sans avoir participé
aux votes de condamnation.
Nous relevons sommairement leurs noms, avec l'indication
des séances auxquelles ils ont assisté. Frère
Jean de Bastis (2 mai) ; Nicolas Bertin, qui accompagna
Cauchon pour constater la rechute (28 mai) ; - Guillaume Brolbster,
prêtre du diocèse de Londres (25, 26 et 27 mars) ;
Jean Carpentier, docteur en théologie (24, 27 février,
2 mai) ; - Eustache Cateleu (2 mai) ; Pierre Cavé,
licencié en droit civil (1er mars) ; Enguerrand de Champrond,
official de Coutances (24 mars) ; Jean Duval, prêtre,
bachelier en théologie (24 février) ; Jean Eude,
idem (2 mai) ; Jean de Favé, docteur en théologie
(27 février) ; Julien Flosquet qui constata
seulement la rechute (28 mai) ; John Hampton, prêtre
anglais (27, 28 mars) ; Nicolas de Houbent, secrétaire
apostolique (12, 13, 14, 15 mars) ; - Nicolas Lamy, docteur
en théologie (3 mars) ; Guillaume Lecauchois, prêtre
(2 et 24 mai) ; Rolland L'Ecrivain, docteur en médecine
(3 mars) ; Richard Legaigneur, bachelier en théologie
(21 février) ; Guillaume Legrand, prêtre (2
mai) ; Reginald Lejeune, prêtre (2 mai) ; Guillaume
Lemaitre, bachelier en théologie (24 février)
; Jenn Letonnelier, prêtre (2 mai) ; Jean Levautier,
bachelier en théologie (27 février, 1er mars) ; frère
Guillaume Lhermite, curé de la Haye, au diocèse
de Coutances (22 février) ; Jean Mahommet (2 mai)
; Jean Manchon, chanoine de Nantes, frère du greffier
(14 mars) ; Philippe Maréchal, licencié en
droit canon (1er mars) ; Nicolas Maulin, docteur en théologie
(24, 27 février, 1er et 3 mars) ; Nicolas Médici,
docteur en théologie (24, 27 février) ; Adam Milet,
secrétaire du roi d'Angleterre, du diocèse de Rouen
(25 mars) ; Pierre Orient, prêtre du diocèse
de Châlons (25 mars) ; Richard Prat, docteur en théologie
(21, 22, 24 février, 2 mai) ; Jules Quenivet, docteur
en médecine (3 mars) ; Jean de Rosay, curé
de Duclair (2 mai).
Sources
: Albert Sarrazin - "Jeanne d'Arc et la Normandie au XV°
siècle" - 1896
Illustration : "La grande histoire illustrée de Jeanne
d'Arc" H.Debout - 1922
Notes :
1 Prêtre autorisé à confesser.
|