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Procès de réhabilitation
IV - Subdélégation pour l'inquisiteur
(17 février 1456) |
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'an et le jour susdits, frère Jean Bréhal, inquisiteur, déclara, étant occupé en d'autres affaires, ne pouvoir être
présent à l'examen des témoins, car il était nécessaire de les
examiner en plusieurs régions, alors que sa présence pourrait être opportune ; c'est pourquoi, afin que rien de dommageable
n'arrivât au procès par suite de son défaut, il commit et désigna à sa place et pour lui, si telle est la décision et le bon plaisir desdits seigneurs juges, maître Thomas Verel, professeur
de théologie sacrée, comme il est contenu plus explicitement
dans les lettres pour ce écrites en la forme suivante :
« Frère Jean Bréhal, de l'ordre des frères prêcheurs, l'un
des inquisiteurs de la perversité hérétique au royaume de
France, à nos chers frères, hommes de vénérable sagesse et
grande religion frères Thomas Verel et Guillaume Bourgoys,
de notre ordre des frères prêcheurs et professeurs de théologie
sacrée, salut dans le Seigneur. Les charges qui nous incombent,
nous les confions volontiers à ceux que recommandent un
savoir plein de sagesse et la prévoyance dans l'action. Or
révérendissime et révérend pères dans le Christ nos seigneurs l'archevêque de Rouen et l'évêque de Paris étant juges délégués
par notre très saint père le pape Calixte pour certaine
cause en nullité du procès et des sentences jadis prononcées
contre Jeanne d'Arc, communément appelée la Pucelle, par
monseigneur Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, et Jean Le
Maistre, sous-inquisiteur de la perversité hérétique au diocèse
de Beauvais, à la requête de maître Guillaume d'Estivet,
prétendu promoteur des causes criminelles de la cour de
Beauvais, en vertu du rescrit accordé par notre seigneur le
pape, nous avons récemment assumé avec eux la conduite
et l'examen de cette cause, vaquant à certaines dates à ces
affaires de justice et accomplissant certains actes judiciaires ;
mais il en reste d'autres à accomplir dans la cité de Paris, à propos de l'enquête entreprise à la demande des parties par lesdits révérendissime et révérend pères, et nous ne pouvons être présents en personne, étant empêchés par d'autres
affaires difficiles. Aussi, ayant confiance en votre fidélité
et prévoyance, en votre savoir plein de sagesse, nous vous
subdéléguons, vous et chacun de vous, en notre place pour
cette cause, en vous donnant toutes nos fonctions, jusqu'à
ce que nous les reprenions.
Donné à Rouen, sous notre sceau,
l'an du Seigneur 1456 [n. st.], le dix-septième jour du mois de février. »
[ Subdelegatio M. Thomæ Verel et G. Bourgeois loco F. Johannis Brehalli.]
ANNO et die prædictis, præfatus frater Johannes
Brehal, inquisitor, asserens [se] in examinatione
testium, ubi forte expediens foret, interesse non posse,
aliis præpeditus negotiis, cum in pluribus partibus
expediat testes examinari : idcirco ne, ob sui defectum,
in hujusmodi processu deterius quidquam contingeret,
loco sui el pro se, ipse, ex ordinatione et beneplacito
præfatorum dominorum Judicum, commisit et ordinavit venerabilem et religiosum virum, magistrum Thomam Verel, sacræ theologiæ professorem,
prout, per litteras super hoc confectas, latius continetur,
formam quæ sequitur continentes :
« Frater Johannes Brehalli, ordinis Fratrum Prædicatorum,
sacræ theologiæ professor, hæreticæ pravitatis
in regno Franciæ alter inquisitor, dilectis fratribus
nostris, venerandæ circumspectionis et magnæ
religionis viris, fratribus Thomæ Verel et Guillelmo
Bourgoys, nostri ordinis Fratrum Prædicatorum, ac
sacræ theologiæ professoribus, salutem in Domino.
Illa quæ nobis incurabunt onera eis libenter committimus,
quos litterarum circumspecta scientia et in
agendis providentia recommendant. Nuper siquidem,
cum reverendissimus ac reverendus in Christo patres et
domini, archiepiscopus Remensis et episcopus Parisiensis,
judices a sanctissimo domino nostro papa
Calixto, quarumdam causarum nullitatis processuum
et sententiarum, olim per quosdam dominos Petrum
Cauchon, episcopum Belvacensem, et Johannem Magistri,
subinquisitorem hæreticæ pravitatis in dioecesi
Belvacensi, instante quodam magistro Guillelmo de
Estiveto, asserto promotore causarum criminalium
curiæ Belvacensis, contra quamdam Johannam d'Arc,
vulgariter dictam la Pucelle, latarum et factorum, deputati
; tenorem rescripti eisdem a domino nostro Papa
præsentati insequentes, nos ad hujusmodi causarum
deductionem et examinationem, cum ipsis assumentes,
certis terminis jam in hujusmodi causis judicialibus
vocaverint (1); certosque judiciales actus exercuerimus ; et adhuc restent exercendi, in civitate Parisiensi,
in materia cujusdam inquestæ per eosdem reverendissimum
et reverendum patres, ad instantiam partium,
facienda ; in quibus personaliter interesse, certis aliis
arduis præpediti negotiis, [non possumus] : de vestra
et vestrum cujuslibet fidelitate, providentia ac circumspecta
scientia confidentes, vos et vestrum quemlibet,
loco nostri, in hujusmodi causa subdelegamus,
vobis vices nostras plenarie committentes, donec eas
ad nos duxerimus revocandas.
Datum Rothomagi, sub sigillo nostro, anno Domini MCCCCLV., die xvii. mensis
februarii. »
Source :
- Texte original latin : "Procès de Jeanne d'Arc" - T.II - Jules Quicherat (1844), p.279 et suiv.
- Traduction : Pierre Duparc, t.III, p.157 et suiv.
Notes :
1. Les manuscrits, vocaverimus.
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