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24 novembre 2024  

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Procès de réhabilitation
Mémoire de Pierre L'Hermyte (non inséré au procès).

  Ensuit l'opinion de Maistre Pierre l'Hermyte, soubdoyen de l'église de Sainct Martin de Tours.

l me semble soubs correction que, aux questions et demandes faictes au procès de défuncte Jehanne la Pucelle, on peult dire et respondre en ceste manière, auquel est demandé à ung article : c'est ascavoir se le procès et la sentence estoient vaillables et raisonnables et cœtera...

  Puis que ladicte deffuncte ne offensa poinct au territoire de l'Evesque de Beauvays et que autrement elle n'estoit poinct sa subjecte, je dis
qu'il ne pouvoit, ne devoit aucunement avoir la cognoissance de son cas, ne avoir puissance de la rettenir en sa jurisdiction ; car elle n'estoit pas sa subjecte pour avoir passé seulement par dessus sa terre ou pour avoir esté prinse dedans son territoire ; car ainsi que dict une loy, il seroit moult dur à ung pellerin ou à ung nautonier de se deffendre par tous les lieux où il passe s'il y estoit accusé ou appréhendé d'aucun maléfice et par conséquent je veuil dire que tout ce que ledict Evesque a faict et prononcé contre elle, est injuste, déraisonnable et de nulle valeur, ainsi qu'il est escrit au chapitre Ac si clerici, où il est parlé de l'office des juges.

  Au second article, où il est demandé se le procès et la sentence estoient de nulle efficace, où l'on doubte de la commission ou subcommission des juges se disant estre dellégués, leur délégation et commission est fausse et nulle s'il n'est approuvé comment ils ont esté dellégués et commis par le grand inquisiteur de la foy et il est ainsi qu'il n'en appert rien de vérité. Par quoy je dis qu'ils ont abusé de auctorité et puissance sur la pouvre defuncte, ainsi qu'il est escrit en droict de l'office d'ung dellégué et commis. Et à ce l'on doubte s'ils en avoient puissance de tenir jurisdiction ; car de leur autorité et commission nulle certification n'est donnée ne faicte ; et là où il n'y a nul fondement on ne scauroit édifier. Par quoy le procès et la sentence n'ont ne vertu ne puissance. Oultre plus en droict, cas sont exceptés par lesquels l'inquisiteur sans l'Evesque, ou l'Evesque sans l'inquisiteur ne peult procéder aux causes et matières de la foy ; car en tel affaire ung délégué ou commis n'a poinct de puissance sans adjoinct de procéder contre un hérectique, de ce sentencier, condamner, mettre en tortures et donner sentence deffinitive. Par quoy à cause que l'Evesque seul procéda et interroga ladicte deffunte, je concluds que la sentence en estoit de nulle valleur.

  Idem a ung aultre article il est rapporté par les tesmoings de la cruauté, craincte et tremeur que leur firent les Angloys et l'inquisiteur, frère Jehan Le Maistre, qui par craincte et grand peur fut contrainct de donner une folle et inconstante sentence avec ledict Evesque. Les consuls aussi feurent tellement estonnés qu'ils n'osèrent y pourveoir ne donner bon conseil. Par ce la sentence et le procès furent inutilles et de nulle efficace, mais dévoient estre adnullés et adnichillés.

  Idem au sixièsme article faisant mention que ladicte Jehanne avoit en suspition les juges comme ses ennemys mortels et capitaulx contre le droict et l'Escriture qui tesmoignent qu'on ne doibt poinct constituer, ne ordonner ung juge à celuy qui le crainct et redoubte comme son ennemy mortel ; car ung tesmoing est bien saulvé et regecté hors des tesmoignages, quand il est cogneu qu'il est ennemy mortel de celluy qui est accusé et mis en procès, jouxte le chapitre Cum opportet deactam et le chapitre Per tuas... Par tel cas rappelle et oste de juridiction. Il est dict devant que ladicte defuncte protesta contre l'Evesque de suspition et de hayne le cognoissant estre son ennemy mortel, après laquelle protestation il ne devoit plus procéder contre elle davantage et est notoire et bien manifeste par tout le royaulme de France et en d'aultres lieux que Pierre Cauchon defunct, en son vivent evesque de Beauvays, et pair de France, soubstenoit le parti du Roy d'Angleterre et des Anglois, les adversaires de ladicte Jehanne contre le Roy de France, son bon seigneur naturel, à cause et raison de sa nation et du bien et de l'honneur que le Roy luy avoit faict. On cogneut après bien clairement que ledict Evesque de Beauvays estoit contraire au Roy de France; car quand la ville de Beauvois fust réduicte à l'obéissance de son prince le Roy de France, cest Evesque obtint du Sainct Siège appostolique auctorité et puissance de la fere mener à Lisieux qui pour lors estoit encore anglois. Pour toutes ces causes ladicte Pucelle avoit bien cause et matière de récuser pour juge ledict Evesque, son ennemy capital et mortel, lequel favorizoit les Anglois, adversaires d'icelle. Par quoy tout ce que ledict Evesque fit à l'encontre d'elle estoit injuste et de nulle force et vertu.

  Quant au septièsme article où il est dict qu'elle se rendit au pape, je preuve que se aucun se rend et submects à la protection du Sainct Père il doit estre renvoyée au Pape comme ung appellant, car quant à se rendre à la protection du Pape obtient lieu de opposition, et le doibt-on mener devant le Sainct Père par le chapitre Audiam. Par quoy, puisqu'elle requist et demanda estre rendue au Pape et sous sa protection, l'Evesque et ledict inquisiteur n'avoient nulle puissance ne autorité sur elle, considéré aussi qu'ils la detenoient en prison particulière, laïque et non accoustumée en laquelle estoit durement traictée et gardée par les Anglois, ses ennemys capitaulx et mortels, qu'ils la gardoient d'avoyr ayde et conseil.

  Au huictièsme article parlant de la gravité de la cause, où il est doubte ascavoiremen se le faict de ladicte Pucelle sentoit l'hérésie et ydolatrie ou non ; sur quoy je dis et responds que telle cause et matière doibt estre renvoyée au Sainct Siège appostolique et que toute court et siège inférieur et moindre n'a poinct puissance d'en cognoistre. Le chapitre Majorem, où il est parlé du baptesme, de son effect et ses vertus. Par quoy à cause qu'il estoit question des secrettes et occultes révéllations et inspirations desquelles Dieu cognoist seulement, ce procès devoit estre renvoyé par devers le Pape, attendu et considéré que ladicte Pucelle le requeroit et supplioit ; dont il s'ensuit que la sentence et tout le procès ne vallent riens, veu qu'ils estoient réservés au Sainct Siège appostolique, et ainsi nul autre siège n'en debvoit cognoistre.

  Au neufvièsme article faisant mémoire de la prison particulière où elle estoit enprisonnée, je dis que combien que aucun soit accusé d'ydolatrie et hérésie, veu que le crime est totalement ecclésiastique et appartenant à l'Eglise on le doibt mettre en la prison ecclésiastique et non pas aux prisons du Roy et laïques et doit estre ceste prison commune à l'Evesque et à l'inquisiteur et s'ils ne l'ont commune, les Evesques doyvent estre envoyés en prison ainsi qu'il est escrit en la première clémentine parlant d'hérésie. Par quoy à cause qu'ils n'ont pas en la prison commune pour l'examiner l'ung devant l'aultre et qu'on la mect en prison layque et séculière entre les mains de ses ennemys ou elle estoit tellement estonnée et troublée d'entendement qu'elle sceut ne peult bien expliquer et narrer ce qui luy en gisoit sur le cueur. Je dis et conclus qu'on a procédé injustement contre elle, tout ainsi comme se l'on procédoit contre ung ydiot desproveu de son sens n'ayant conseuls ne procureur de son cousté.

  Au dixièsme article, je dis que pour déffendre l'erreur d'hérésie ou pour soubstenir aucune espèce d'hérésie, le conseil ou ung advoscat n'y doibt comparoistre ny assister, comme dict ung docteur au chapitre Si adversus, mais pour déffendre et conseiller aucune personne accusée d'hérésie devant qu'elle ayt légitimement, ainsi qu'il appartient, faict confession, son advocat et conseil se peult bien trouver au procès lorsqu'on l'interrogue pour la monstrer et déclarer incoulpable et innocente et se on faict tort de son droict et raison à celluy qui est accusé, se doibt porter pour appellant. Jouxte ces raisons je veulx dire et prouver qu'en ceste matière principalement un advocat conseiller ou conducteur de la bonne Pucelle devoit comparoistre et assister, considéré le jeune aage, la fragilité du sexe féminin et la gravité de la cause qui n'estoit pas petite ; mais qui plus est le juge selon son office luy devoit donner du conseil et bailler un advocat encore là où elle n'en eust demandé ; car ung juge est tenu bailler de son bon gré aux simples femmes aux pouvres orphelins, aux malades febles et débilités et à ceulx qui ne sont poinct en leur bon sens ung conducteur et advocat, lequel les conseille et conduise en leurs affaires et les aide où le danger est plus grand, plustost et diligentement y doibt on subvenir par les droicts conseuls et loix juridicques. Par quoy, puisque ledict Evesque de Beauvois, Juge délégué, desnia et refusa à ladicte Pucelle un advocat et conducteur qui l'eust conduicte et advertie en sa cause tant grand difficile et ardue, je dis que le procès et la sentence sont et seront injustes et déraisonnables.

  Quant à l'unzièsme article auquel est faict mention de l'aage, je responds que, quand aulcun a offensé et commis crime excessif et agravant, on ne doibt pas seulement considérer la qualité et quantité du péché, mais il fault regarder l'aage, le sens et la condition du délinquant, selon lesquelles choses l'on doibt bailler et ordonner la pénitence, veu que l'ung est plus à punir que l'aultre ainsi qu'il est escrit au chapitre De homicidio ; par ces causes ladicte Jehanne alors de son procès estant aagée de dix-neuf ans, et que l'on ne scait se son faict touchant les révélations divines est héréticque ou non, oultre plus à raison qu'elle fust née et nourrie aux champs entre les rusticques bergères, laboureurs et gens simples et ignares, avec lesquels elle conversoit chascun jour, il me semble qu'on ne la devoit pas juger comme héréticque; mais, si on la vouloit persécuter, à tout le moins on la devoit punir de peyne ordinaire.

  Je laysse le douxièsme article à veoir et regarder sur le dixièsme et responds au treizièsme article auquel est faict une doubte, ascavoirmen se son cas est héréticque ou non. Que nulle personne mortelle ne scauroit dire ne discerner se les secrettes révélations et inspirations qui luy ont esté faictes sont venues du Sainct Esprit ou du diable, et qu'en telles doubtes l'on se doibt rapporter au Sainct Siège appostolique. Par quoy, se les articles de son procès devant son abjuration ne furent visitées et disputées par les clercs de France et communiquées à l'Eglise Romaine, mère et princesse de toute la chrestienté, je conclus que le procès et la sentence ne vallent rien.

  Au quatorzièsme article, auquel est dict que l'Evesque de Beauvois deffendit au notaire d'escrire les deffences et excusations de ladicte Pucelle, je dis qu'il a esté establi et constitué par le Conseil général qu'en jugement tant ordinaire qu'extraordinaire les lettres et mémoriaux seront escrites par deux procureurs ou notaires ridelles et loyaulx. Par quoy a raison que ledict Evesque juge ordonné à ce procès prohiba et deffendit au notaire escrire les excusations de ladicte Pucelle et comme elle se rendoit et submettoit à l'Eglise pour se justifier et demonstrer innocente. Je concluds que le procès estinutille, invariable, imparfaict et non véritable ; car les excusations et submissions d'icelle pouvoit esmouvoir et inciter le cueur de chacun advocat à l'excuser et absoudre du crime qu'on luy cuydoit imposer.

  Au quinzièsme article, je dis que les notaires qui ont extrait, composé et tiré les articles de ce procès les ont forgés, dénués et controuvés calomnieusement et faulcement au préjudice de la bonne Pucelle et à la dérrision de justice ; car ils dévoient mettre toute la vérité sans mettre addition ; mais ils ont dénué et mensonge la plus grande part de ce qu'est escrit a la faveur et corruption des juges; affin qu'ils eussent valleur et matière de la bien juger et condempner. A ce je concluds le procès et la sentence faulx, malings, corrompus et détestables. Au seizièsme article et dernier, je preuve qu'elle est incoulpable et innocente, premièrement à cause que ung vray et juste juge, doibt tousiours avoir devant les yeulx de sa conscience vérité et ecquité, sans tendre retz, cordons, filet à quelcun pour le décevoir et tromper par le chapitre De viduis; secondement, à cause qu'il doibt tousiours tendre à saulver et délivrer de mort ung pouvre prisonnier ou prisonnière, mais pour ce que cest Evesque a faict tout à l'opposite, c'est ascavoir que à la simple, rusticque et innocente Pucelle, laquelle ne co-gnoissoit rien en procès, il a proposé et demandé questions difficiles, subtilles et captieuses pour la prendre et condempner par ses parolles, mettre à confusion et frauduleuse déception, je dis et concluds que faulcement et iniquement...

  En l'honneur et révérence de la Saincte Sacrée et inséparable trinité du Père du Fils et du Sainct Esprit. Amen.

                                                       

  Ad quæsita in facto defunctæ Johannæ Puellæ per ordinem sub correctione sic dici potest et responderi. Ad id quod primo loco quæritur « An processus et sententia, etc. » Postquam dicta Johanna, ut præsupponitur, non deliquit in territorio illius episcopi neque alias ejus subdita erat, videtur quod nullam in eam potuerit exercere jurisdictionem. Solus enim transitus dicta; Johanna; per ejus territorium vel sola ejus raptio in eodem non subjecit eam suo foro seu jurisdictioni Ait lex : « Durissimum est quotquot locis quis navigat veliter faciens delatus est, tot locis se defendere debeat. » L. « Heres absens, » § « At. si quis ab eo », De judiciis (1), et per consequens videtur quod quidquid per dictum episcopum in hoc facto contra ipsam Johannam actum erit, quoad effectum nullius roboris sit vel momenti, ut in Cap. « At si clerici » De judiciis (2), et Cap. Si a non competente judice (
3), » per totum, cum pluribus aliis.

  Ad secundum articulum « An ex nullitate corruant, etc. » Ubi dubitatur de delegata vel subdelegata jurisdictione, tunc non præsumitur de ea nisi probetur, nec stabitur ejus delegati vel subdelegati processui vel sententiaæ nisi probetur commissio. Ita notat Hen. in dido cap. « Cum in jure, » De officio delegati (4). Et ratio, secundum , eum et Innocentium ibidem, quia dubitatio est de fundamento, scilicet, an habuerint jurisdictionem, ex quo ergo non constat de potestate seu de commissione ipsius asserti inquisitoris, omnino ruit processus, quia ubi fundamentum non est, superædificari non potest, can. « Cum Paulus (5). »

  Ad tertium, « An sint nulli quia ex processu. » In jure soli tres casus excipiuntur, in quibus, scilicet inquisitor sine episcopo, vel episcopus sine inquisitore, in causa fidei procedere non potest. Unus enim vel ejus delegatus, sine altero vel ejus delegato, accusatum de hæresi duro carcere sive arcto qui magis ad pœnam quam custodiam videatur tradere, vel tormentis exponere, aut ad sententiam contra ipsum procedere non valet ; in Clementina « Multorum, » post principium, De hæreticis (6). Non videtur ergo quod propter espressa in articulo subjaceat processus nullitati, nisi forte ex processu verisimiliter appareret in vim interrogationum illarum de quibus in articulo et responsionum ad eas secutarum sententiatum fuisse, quia tunc, cum idem judicium de via et termino sit habendum, L. « Oratio », De sponsalibus (7), probabiliter dici posset sententiam fore nullam.

  Ad quartum « An sint nulli quia sæpe.... » Certum est quod causa fidei ab episcopo vel inquisitore delegari valet, ut ex pluribus locis dictæ clementina; multorum evidenter apparet, et ideo non videtur processus ex eo irritus seu irritandus, quod ipse episcopus solus non per se sed per alios dictam Johannam pluries examinare fecit, maxime cum hic casus non sit de exceptis in articulo inmediate præcedente.

  Ad quintum « Quia ex dictis testium....» Johannes, glossator, can. « Quatuor » super vero timore (8) quærit nunquid tenet sententia quam judex per metum tulit, et solvit quod sic. Sed elidi potest per exceptionem, can. « Omne quod (9). » Si ergo iste subinquisitor assertus per melimi cadentem inconstantem virum sententiam tulit una cum dicto episcopo et etiam consiliarii per dictum motum consulere juste omiserunt, non dubium quin ex iis veniat hujusmodi sententia irritanda et ad nullanda, constita de motu prædicto.

  Ad sextum « An attento quod dicta Johanna....» Clarum est de jure quod suspecti et inimici maxime capitales judices esse non debent, ut multipliciter probatur in ean. « Quia suspecti (10) » nam et propter inimicitias capilales quis a testificando repellitur ? Cap. « Cum oporteat » De accusationibus (11) ; cap. « Per tuas. » De simonia (12). Fortiori ergo ratione a judicando repelli debet, quia minor causa judicem repellit quam testem, ut notat Jo. can. « Consanguinei (13) » can. « Quicumque (14). » Et sufficit, secundum eumdem Johannem, in dicto can. « Quia suspecti,» aliquem protestati suspicionem et quidquid post illam protestationem fit non tenet, sicut nec post appellationem interpositam, cap. « Cum sicut » De eo qui mittitur in possessionem causa reservandæ (15), imo licet non protestetur, si tamen probet postea suspicionem cassatur, quod fit contra eum ut extra : ut lite non contestata, accedens hæc ipse Johannes. Notorium autem est per totum Franciæ regnum et alibi, quod ipse definitus Petrus Cauchon tunc episcopus Belvacensis et par Franciæ, dum viveret, partes Anglicorum inimicorum capitalium dictæ Johannæ contra dominum regem Franciæ, dominum suum naturalem tam ratione originis quam beneficii, fovebat, et clare patuit quia, reducta ad ipsius domini regis Franciæ obedientiam Belvacensi civitate, obtinuit se per sedem apostolicam ad ecclesiam Lexoviensem in Normannia sitam se transferri, quæ patria tunc ab Anglicis occupata detinebatur. Merito ergo memorata Johanna ipsum episcopum tunc Belvacensem ut incompetentem judicem, suspectum et inimicum capitalem seu saltem inimicorum capitalium fautorem notorium recusavit, et per consequens, præmissis attentis, liquet irritum fore et inane omne et quidquid per dictum episcopum adversus eamdem Johannam post et contra recusationem hujusmodi actum est.

  Ad septimum « An quia se judicio papæ... » Ubi quis se protectioni domini papa; submittit, pro appellante haberi et reputari debet quia submissio protectioni Papæ vicem appellationis obtinet cap. « Ad audientiam nostrum » cum ibi notatis, De appellationibus (16). Similiter itineris arreptio ad sedem apostolicam vim appellationis habet, cap. « Dilecti filii » eodem titulo De appellationibus (17). Ex quo ergo dicta Johanna se judicio Papæ et Concilii commisit aut submisit et ad eos duci petiit, et sic sub papa; et Concilii protectione se submisit, licet per simplicitatem verbum appellationis non expresserit, utpote jurium positivorum prorsus ignara. Videntur per jura prædicta processus et sententia postea per ipsos episcopum Belvacensem et prætensum subinquisitorem contra dictam Johannam facti et habiti nulli, considerato maxime quod, ut infra dicitur, ipsa in carcere privato laicorum detinebatur et per suos capitales inimicos custodiebatur, omni penitus auxilio et solatio destituta.

  Ad octavum « An attenta gravitate causæ, etc. » Ubi dubium est an id quod agitur seu de quo agitur sapiat hæresim vel hujusmodi causa ad Petri sedem referenda sit et nulla alia sedes de ea cognoscere potest, cap. « Majores, » De baptismo (18); can. « Quotiens (19), » cum ibi notatis. Et merito secundum Hostiensem in dicto cap. « Majores, » quia, etsi aliis apostolis imperatum fuit laxare rete in prædam, et etiam dictum « Quodcumque ligaveris, » etc. Mathei xviii, soli tamen Petro dicitur: « Due in altum, » id est in profundum disputationum Lucæ V, et eisdem cap. « Etsi quæstiones (20); » can. « Non turbatur (21). » Quia ergo de secretis revelationibus et occultis quæ soli Deo notæ sunt agebatur, debuit hæc causa ad Sedem apostolicam referri attento quod hoc dicta Johanna requirebat, ut præmissum est. Ex quo sequitur processum et sententiam dictorum episcopi et subinquisitoris prætensi super hoc habita ipso jure fore nulla, cum causa hæc Sedi apostolicæ reservata fuit, et sic nullus alius de ea absque ejus mandato speciali cognoscere potuit, can. « Huic sedi (22). »

  Ad nonum « An attento (23) quod ipsa Johanna in carcere privato... » Licet accusati de hæresi, cum crimen sit mere ecclesiasticum, incarcerari et detineri debeant in carceribus ecclesiasticis et non calibus, quos communes habere debent episcopus et inquisitor, et si non habeant, in carceribus episcopi sunt detrudendi, ut in Clementina prima De hæreticis. Non videtur tamen quod ob specificata in articulo, si alias de legitimitate processus constaret, corruat ipse processus, cum hæc substantiam seu efficaciam processus fidei contingere non videantur, nisi forte propter præmissa mens ipsius Johannæ, adeo turbata et læsa fuerit, quod digne explicare et intimare non potuerit quod sentiebat, quo casu dici posset haberi debere, ac si cum mente capto sine curatore processimi fuisset.

   Ad decimum « Quia constat...» Ad defendendum hæresim, id est, ad sustinendum aliquam speciem hæresis non esse hæresim, consultor seu advocatus intervenire non debet, ut innuit Hostiensis, in cap. « Si adversus, » De hæreticis in glossa cum sint ver. Sed ad defendendum hæresim, scilicet ad defendendum personam accusatam de hæresi, antequam sit legitime confessa seu convicta de hæresi ejusque innocentiam ostendendam, defensor seu consultor in processu inquisitionis intervenire potest, et si contra jura gravetur, accusatus poterit appellare secundum Henricum Bohie in dicto capitalo « Si adversus (24). » Idem videtur sentire glossa XXIV, q. II § « His auctoritatibus (25),» dicens quod si quis post mortem de crimine hæresis accusetur, ut fieri potest cum quæstio fidei non moriatur, eisdem causa et quæstione, can. « Sane profertur. » Defensor intervenire potest maxime, aut in casu præsenti intervenire debuit consultor, seu director ipsius Johannæ, rotate et sexus fragilitate ac causæ gravitate considerata, et consideratis imo judex ex officio suo eidem Johannæ, etiam si non petiisset, de Consilio providere debuit. Feminis enim, pupillis, vel alias debilibus seu iis qui sanæ mentis non sunt, si nemo sit qui eis petat advocatum, ultro debet dare judex. L. « Necquidquam, » § « advocatos, » De officio proconsulis et legati (26) ; et ubi majus periculum imminet, fortius et citius, per jura et judices subveniri, ut notat Hostiensis in cap. « Cum inter, » De exceptionibus Quia ergo expresse judex denegavit dictæ Johannæ dare in hac causa tam gravi et ardua, consultorem vel directorem, videtur ex hoc corruere processus, cum asserens : ne partium merita causarum pandantur. L. Cod. « Si per vim vel alio modo; » cap. « Ex litteris » De in integrum restitutione (27).

  Ad undecimum « An hujusmodi ætas...» In delictis seu excessibus singulorum, non solum qualitas et quantitas delicti, sed adas, scientia, sexus atque conditio delinquentis sunt attendenda : et secundum hoc, unicuique debet judici cum idem excessus magis sit in uno quam in alio puniendus, cap. « Sicut dignum » in principio De homicidio (28). Quia ergo dicta Johanna tempore processus contra eam agitati, ut in præcedenti quæsito dicitur, juvenis erat, utpote in nono decimo ætatis sua anno constituta, et quia dubium est, ut supra tactum est, an factum de quo accusabatur, scilicet de secretis et occultis revelationibus, hæresim saperet vel non, etiam quia ipsa Johanna in rure nata et nutrita ac fere omnibus vitæ suæ diebus interruricolas simplices et ignaras personas conversata est, videtur quod hæc cam ab hæresi excusent saltem ad relaxationem pœnæ ordinariæ.

  Ad duodecimum dubium « An quia illi....» Ad hoc dubium satis patet responsio per ea quæ supra dicta sunt in decimo dubio.

  Ad tertium decimum « An quia petiit articulos suos.... » Ut supra dictum est in octavo dubio, ubi dubitatur an factum aliquod sapiat hæresim vel non, quæstio hæc ad Sedem Petri referenda est. Quia ergo etiam dubium est, ut etiam ibi dictum est, an factum de quo accusabatur dicta Johanna, scilicet de secretis et occultis revelationibus, hæresim saperet vel non. Juste requirebat ipsa Johanna articulos suos videri per Ecclesiam et discuti antequam abjuravisset, quod de romana Ecclesia quæ cunctarum Ecclesiarum et universorum Christi fidelium mater est et magistra, cap. « Antiqua » De privilegiis (29). Etiam sentisse putandum est quod quia hoc sibi denegatum est, videntur sententia et processus nulli ob defectum jurisdictionis.

  Ad quatuordecimum dubium, « An quia episcopus....» Statutum est in Concilio generali ut, tam in ordinario judicio quam extraordinario, per publicam personam aut duos viros idoneos fideliter universa judicii acta conferebantur, cap. « Quoniam contra falsam » De probationibus (31). Ex hoc ergo quod episcopus assertus judex prohibuit quod per notarium causæ non scriberentur excusationes et submissiones dictæ Johannæ ad ipsius justificationem seu saltem delicti, si quod est, attenuationem faciendam, in hoc manifeste suspectum esse ostendens se, videtur ejus processus invalidus, imperfectus et non veridicus. Nam excusationes et submissiones hujusmodi probabiliter movere poterant animum cujuslibet recte judicantis ad eam absolvendam, vel saltem ad mitius cum ea agendum, si in quoquam fuisset culpabilis, attentis maxime ejus sexu et ætate.

  Ad quindecimum « An quia per elicientes...» Notat Chy. in L. unica, Code De errore calculi (32), quod sicut contractus ex mente contrahentium suum robur habet L. « Obligationum substantia, » De obligationibus et actionibus (33), sic et sententia suum robur habet ex mente actorum. Et hoc satis probant L. « Illicitas § Veritas » De officio præsidis (34), et l. III, C. De sententia quæ sine certa quantitate profertur, ibi in fine : « Si parte aliqua actorum certa quantitas sit comprehensa (35). » Quia ergo elicientes articulos consultoribus transmissos non veridice, sed mendaciter, imperfecte et calumniose illos formarunt in magnam justiliæ elusionem falsumque in hoc committendo, L. I, § « Qui in rationibus, » et L. Pauli § I, ad Cod. De fal. Super quibus transmissis et non secundum veritatem gestorum cum divinare non potuissent, credendum est ipsos consultores quærenti qui fideliter omnia referre debebat, juxta cap. « Cum Bertholdus, » De sententia et re judicata (36), responsum ac consilium dedisse liquet quod sententia et processus corruunt, præcipue sententia quæ secundum acta ferenda erat, quia judex, secundum allegata et probata debet judicare, ut in dicto § « Veritas » si episcopus juxta eorum consilium, ut verisimiliter præsumendum est, sententiaverunt. Ad quid enim articulos corrupisset, vel corrumpi fecisset, nisi secundum corruptos procedere voluisset.

  Ad sextum decimum, « An quia, etc... » Nemini est laqucus parandus, Can. « De viduis (37). » Interrogato etiam seu positio captiosa reprobatur a jure, juxta notata per spi. ti. depositio § VII ver. decisio, considerandum est, ex quo ergo interrogationes factæ dictæ Johannæ quæ simplex erat persona et juris penitus ignora multimi, ut præsupponitur, vexabant et involvebant in difficillimis quæstionibus; erantque captiose ac intellectus sui capacitatem, ut in eodem quæsito innuitur, transcendebant, ut sic eam in sermone caperent, videtur ex hoc a dicto crimine excusari, maxime cum ad id quod « quis non intelligit congruum dare non possit responsum, » juxta L. « Ut responsum, » C. De transactionibus (38), attentis etiam in quæsito.

  Ad septimum decimum « An quia per submissas vel fictas personas... » Alicujus malitia alterius simplicitati damnum seu nocumentum afferro non debet, L. I in principio, De dolo malo (39). Si ergo callida persuasione ut præsupponitur, ipsarum submissarum tictarumque personarum non se submiserit Ecclesiæ dicta Johanna, simplex creatura, ut supra dictum est, vel si ipsæ personæ calumniose sibi removerunt vestem muliebrem ut virilem assumeret ; et propter hoc, alias non factura, virilem vestem assumpsit, satis posset dici ex hoc judicium corruere, maxime si ex mente et scientia prætensorum dictorum judicum seu alterius corum præmissa processerint, ad instar contractus bonæ fidei quem nullum reddit dolus dans causam contractui, ut in L. «Eleganter, » §I, eodem titulo De dolo (40).

  Ad ultimum etiam quia non constat de præambulo processus super infamia. Hodie est decisimi quod si per viam inquisitionis super certis criminibus contra aliquem præsentem nec reclamantem aut quidquam super hoc excipientem, infamia inquisitione omissa, ad veritatem. corum criminum procedant processus hujusmodi, ex eo quod non fuit de infamia primitus inquisitimi, ulterius impugnari nequit, ut in cap. II De accusationibus, inquisitionibus et denunciationibus (41).


  [Explicit] opusculum subdecani quondam sancti Martini Turonensis.



Source : Texte original latin, traduction tirée du manuscrit légué par le pape Benoit XIV à la bibliothèque de l'Université de Bologne (Italie), publié par L'Abbé Villerabel en 1890.
Voir la présentation des mémoires à propos de ce texte.

Texte latin original : "Mémoires et consultations en faveur de Jeanne d'Arc" p.73 à 81 - P. Lanéry d'Arc - 1889.

Notes de Lanéry d'Arc : Ce mémoire avait échappé aux recherches de Quicherat.
Voici en effet ce que disait à son sujet ce savant collecteur, (t. V, p. 431, et t. II p. 215) :
  « La consultation de Pierre l'Hermite, sous doyen de Saint-Martin de Tours est un mémoire en réponse à dix-sept des articles proposés par Paul Pontanus en dehors de la question de dogme. Le texte original est perdu; il n'en reste qu'une détestable traduction française clans le ma-nnscrit de l'Arsenal, (n° 144 Jurisprud. française), traduction qui n'était que la copie de celle contenue dans le manuscrit de Rohan Soubise. Outre que la transcription est laite avec très peu de soin, la traduction en est si fautive, elle accuse tellement l'ignorance de son auteur en matière de droit qu'on ne peut véritablement pas attribuer la valeur d'un document à un morceau si défiguré. Après avoir longtemps hésité à reproduire quoi que ce fût, qu'il nous suffise de rapporter le premier et le dernier paragraphe de cette très fautive traduction :
  Ensuite l'opinion de messire Pierre Lhermite sous doyen de l'église de Saint-Martin de Tours.
  Il me semble sous correction qu'aux questions et demandes faites au procès de defuncte Jeanne la Pucelle, on peut dire et respondre en cette manière à ce qu'est demandé à un article, c'est ascavoir si le procès et la sentence estoient valables et raisonnables.
  Puisque la dicte defuncte n'offensa point au territoire de l'evesque de Beauvais etc...
  Au XVIIe article et dernier je prouve qu'elle est incoulpable : 1° à cause qu'un vray et juste juge doit toujours avoir devant les yeux de sa conscience la vérité et équité, sans tendre rets, corde ny filets à quelqu'un pour le decevoir et tromper, par le chapitre De viduis ; 2° à cause qu'il doit toujours tendre à sauver et délivrer de mort un pauvre prisonnier ou prisonnière. Mais pour ce que cet evesque a fait tout à l'opposite, c'est à scavoir qu'à la simple, rustique et innocente Pucelle, laquelle ne cognois-soit rien en procès, il a proposé et demandé questions difficiles, subtiles et captieuses pour la prendre et condemner par ses paroles, mettre à confusion et fraudulente diception : je dis et conclus que faussement et iniquement. »

  M. de L'Averdy dans sa notice des manuscrits de la bibliothèque du roi (t. III, p. 518) analyse en quelques lignes ce mémoire qu'il ne connaissait non plus que par la mauvaise traduction du manuscrit Soubise.
  Toutefois le texte original n'était pas perdu, il n'avait qu'échappé aux investigations de ces érudits. Nous le donnons d'après le manuscrit 13837 f. latin à la Bibliothèque nationale, du XVe siècle, fos 3S recto à 40 verso.
  Comme l'avait soupçonné Quicherat et ainsi qu'on va le voir, la traduction française du manuscrit de l'Arsenal est aussi inexacte qu'incomplète, l'article qu'elle nous donne comme le XVIIe et dernier, n'est dans le texte que le XVIe. »

1 Digeste, V, 1, 19.

2 D. Greg. II, 1, 4.

3 Codex, VII, 48.

4 D. Greg. I, 29, 31.

5 D. Grat. C. I, 1, 26.

6 Clementina, V, 3, 1.

7 Digeste, XXIII, 1, 16.

8 D. Grat. C. XI, 3, 78.

9 D. Grat. C. XXV, 1, 8.

10 D. Grat. C. III, 5, 15.

11 D. Greg. V, 1, 19.

12 D. Greg. V, 3, 32.

13 D. Grat. C. III, 5, 1.

14 D. Grat. C. XI, 1.

15 D. Greg. II, 15, 2.

16 D. Greg. II, 28, 34.

17 D. Greg. II, 28, 52.

18 D. Greg. III, 42, 3.

19 D. Grat. G. XXIV, 1, 12.

20 D. Greg. V, 3, 18.

21
D. Grat. C. XXIV, 1, 7.

22 D. Grat. D. XVII.

23 D. Greg. V, 7, 11.

24 D. Greg. V, 7, 11.

25 D. Grot. C. XXIV, 2, 5.

26 Digeste, I, 16, 9.

27 D. Greg. II, 25. 5.

28 D. Greg. I, 41, 4.

29 D. Greg. V, 12, 6.

30 D. Greg. V, 33, 23.

31 D. Greg. II, 19, 11.

32 Code, II, 6.

33 Digeste, XLIV, 7, 3.

34 Digeste, I, 17, 6 § 1.

35 Code, VII, 46, 3.

36 D. Greg. II, 27, 18.

37 D. Grat. C. XXVII, 1, 7.

38 Code, II, 4, 15.

39 Digeste IV, 3, 1.

40 Digeste IV, 3, 7.

41 D. Bonifacii, V, 1, 2.


Procès de réhabilitation

Présentation :

- Les sources
- L'enquête de 1450
- L'enquête de 1452

Procès :
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