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Procès
de condamnation
- préliminaires
Lettre du vicaire général
de l'inquisiteur au Duc de Bourgogne pour réclamer
la remise et le jugement de Jeanne La Pucelle - 26 mai 1430 |
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"A
très hault (1) et très
puissant prince Philippe, duc de Bourgoingne, comte de Flandres,
d'Artois, de Bourgoingne et de Namur, et à tous autres à
qui il appartiendra, frère Martin, maistre en théologie,
et général vicaire de l'inquisiteur de la foy ou royaume
de France, salut en Jhésu-crist nostre vray Sauveur. Comme
tous loyaulx princes chrestians et tous autres vrais catholiques
soient tenus extirper tous erreurs venant contre la foy, et les
escandes qui s'ensuivent ou simple peuple chrestian ; et de présent
soit voix et commune renommée que, par certaines femme nommée
Jehanne, que les adversaires de ce royaume appellent la Pucelle,
aient esté et à l'occasion d'icelle, en plusieurs
citez, bonnes villes et autres lieux de ce royaume, semez, dogmatizez,
publiez et fais publier et dogmatizer pluseurs et divers erreurs,
et ancores font de présent, dont s'en sont ensuiz et ensuyent
pluseurs grans lésions et escandes contre l'onneur divin
et nostre sainte foy, à la perdicion des âmes de plusieurs
simples chrestians ; lesquelles choses ne se pevent, ne doivent
dissimuler, ne passer sans bonne et convenable réparacion
; et il soit ainsi que, la mercy Dieu, ladicte Jehanne soit de présent
en vostre puissance et subjeccion, ou de vos nobles et loyaulx vassaulx
: Pour ces causes nous supplions de bonne affeccion à vous,
très puissant prince, et prions vosdiz nobles vassaulx que
ladicte Jehanne par vous ou iceulx nous soit envoiée seurement
pardeça et briefment, et avons espérance que ainsi
le ferez comme vrais protecteurs de la foy et défendeurs
de l'onneur de Dieu, et à ce que aucunement on ne face empeschement
ou délay sur ce (que Dieu ne veuille). Nous, en usant des
droits de nostre office, de l'auctorité à nous commise
du saint-siège de Romme, requérons instamment et enjoingnons
en faveur de la foy catholique, et sur les peines de droit aux dessusdiz,
et à toutes autres personnes catholiques de quelque estat,
condicion, prééminence ou auctorité qu'ilz
soient, que le plutost que seurement et convenablement faire se
pourra, ilz et chacun d'eulx envoient et amènent toute prisonnière
par devers nous, ladicte Jehanne, soupçonnée véhémentement
de plusieurs crimes sentens hérésie, pour ester à
droit pardevant nous contre le procureur de la sainte Inquisition;
respondre et procéder comme raison devra au bon conseil,
faveur et aide des bons docteurs et maistres de l'Université
de Paris, et autres notables conseillers estans pardeça.
Donné à Paris soubz nostre scel de l'office de la
sainte Inquisition, l'an mil CCCCXXX, le XXVIe jour de may.
Ainsi fait, en présence de moi Triquellot, notaire pontifical".
Notes
:
Source : E. O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc
- tome II - 1868
Texte original.
1 L'orthographe d'époque est copiée textuellement.
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