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L'abréviateur du procès
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p. 1 à 4 du ms. |
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n la ville de Rouen pour ses demerites. (1)
Je leur respondz qu'elle fust condampnee et executee ; mais ce fust
iniquement et par envie. Ainsy qu'il est monstré clerement par le procés
desdictes condempnacion et mesmes de son absolucion, lequel l'ay voulu cy
apprez metre par escript.
Par lequel on pourra veoir clerement comme faulcement, iniquement,
par envye, et non par justice, elle fut condampnee et executée. Lequel procés j'ay extraict par le commandement du roy Loys XIIme
de ce nom, et de monseigneur de Graville, admiral de France.
Je prye a ceulx qui le vouldront lyre que, se ilz y trouvent quelque
faulte ou erreur, ilz leur plaise supporter et pardonner a l'escripvain.
[2] [page blanche]
[3] [A]PPREZ CE QUE J'AY VEU ET LEU TOUTES LES croniques que on
appelle les grandes croniques de France, de Froissart, de Monstrelet, de
Guaguin et aultres croniques escriptes par plusieurs personnes, et j'ay
regardé et bien consideré tous les merveilleux cas advenus eudit royaulme,
depuis le temps de Marchomire et Pharaon, filz du premier roy de France,
jusques a present, je n'ay point trouvé de si singulier et merveilleux cas,
ne plus digne d'estre mis par escript pour demourer en memoire perpetuelle
des Françoys. Affin que les roys de France, les princes et les seigneurs,
les nobles et tout le peuple dudit pays puissent entendre et recongnoistre
la singuliere grace que Dieu leur fist de les preserver de cheoir et tomber
en la subiection et servitute des anciens ennemys de France, les Angloys. Ou temps du roy Charles septme, en l'an de grâce mil quattre cens vintg
et neuf, eu quel temps, apprez que lesdits Angloys oulrent obtenu plusieurs victoires, prins et mis en leur obaissance et subiection toutes les villes et pays
de Normendye, de Picardye, de Champaigne, du Mayne, d'Aniou, de Touraine,
de Beaulce, et generallement tout le pays jusques a la riviere de
Loyre, les contes de Salbery et de Suffort, les sires de Talbot, de la Poulle,
et aultres seigneurs et cappitaines angloys, accompaignez de grand nombre
de gens d'armes allerent mettre le siege devant la ville d'Orleans, tendans
affin de la prendre pour avoir passaige sur ladicte riviere, pour marcher es
pays de Berry, d'Auvergne et aultres pays voisins, pour aller jusques a
Lyon ; et pour plus seurement
[4] y tenir ledit siege, y ediffierent quattre
grosses bastilles, deux du costé de la Beaulce, et deux du costé de Soulloigne
; lesquelles ilz fortiffierent de fossez, d'artillerie et autres choses
neccessaires, pour au moyen desquelles ilz tenoyent ladicte ville en si
grande subiection et grefvoyent si merveilleusement ceulx du dedens
qu'ilz ne povoyent avoir vivres ne secours que a bien grand peine et danger.
Auquel siege ilz demeurerent si longuement que, quelque diligence que
le roy sceust faire pour les secourir et de gens et de vivres, si furent ilz en
si merveilleuse neccessité qu'ilz ne avoyent que tres pou d'esperance de
povoir resister aux ennemys.
Source
: Édition de "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle".1952 - Paul Doncoeur.
Notes :
1 début du texte perdu.
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