La
chronique de l'établissement de la fête du 8 mai
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n 1739, Montfaucon signalait, dans le manuscrit 891, fonds de la reine
Christine, à la Vaticane, comme faisant suite au Journal du siège, la
relation aujourd'hui désignée sous le nom de Chronique de l'établissement
de la Fête du 8 mai. Malgré cette indication du savant Bénédictin,
il se passa plus d'un siècle avant qu'elle fût livrée à l'impression. Ce fut
M. Salmon, qui, en 1847, la publia dans la Bibliothèque de l'École des Chartes; Quicherat la fit entrer dans sa Collection; elle a été, en 1883, de
la part de M. Boucher de Molandon, l'objet d'une étude approfondie dans
les Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais ; enfin, au moment
où ces lignes s'écrivent, paraît le volume du Journal du siège, édité à
nouveau par MM. Charpentier et Cuissart, où l'on peut la lire.
M. Boucher de Molandon, informé qu'il existait à la Bibliothèque de
Saint-Pétersbourg un autre exemplaire de la Chronique susdite, s'en fit
envoyer une fidèle copie ; et il publia en brochure les deux textes en
regard, en les accompagnant d'une étude philologique due à M. Bailly, professeur
au lycée d'Orléans. La collation a fait conclure que si le manuscrit
du Vatican était du XVe siècle, celui de Saint-Petersbourg était du XVIe et
que l'un et l'autre reproduisent un manuscrit antérieur. Les variantes
sont légères, et altèrent peu le sens. Le second manuscrit peut servir à
redresser quelques fautes de copiste que l'on trouve dans le premier; et
le rajeunissement de certains mots aide à comprendre certaines locutions
complètement disparues.
L'auteur disant qu'il y a certains jeunes gens qui pourraient avoir peine à croire les faits solennisés par la fête du 8 mai, nous autorise à reculer
la date de son écrit à quinze ou vingt-cinq ans après la délivrance.
Quel est cet auteur ? Ce n'est certainement pas un écrivain maniant
très prestement la langue française, même de l'époque. Sa phrase est
lourde, chargée d'incidences inattendues, pénible à lire. Ce n'est pas une
raison pour ne pas en faire honneur à un canoniste ou à un théologien
de l'époque. Habitués à parler en latin dans leur enseignement, à lire des
livres latins, ils transportaient trop aisément dans le français les inversions
de la langue latine, qui avec les désinences des cas les admet plus
aisément que la langue française privée de pareille ressource.
La Chronique nous parle d'un docteur, homme très sage, du nom de
Jean de Mâcon, auquel la Pucelle fît l'honneur de s'ouvrir. Loin d'y voir
une raison pour ne pas attribuer à Jean de Mâcon un écrit où il aurait
ainsi parlé de lui-même, Quicherat, Vallet de Viriville, et les modernes,
forts de quelques autres exemples, où, grâce à l'anonyme, des auteurs du
temps rendent ainsi témoignage de leur mérite, les modernes admettent
volontiers que l'auteur de la relation est Jean de Mâcon en personne. Vallet de Viriville va jusqu'à conjecturer qu'il est l'auteur de l'immense
drame qui a pour titre le Mystère d'Orléans. Qu'est donc Jean de
Mâcon ?
Jean de Mâcon a été si peu connu que Quicherat disait qu'il n'est
nommé nulle part. Il oubliait que trois témoins entendus à la réhabilitation
en parlent comme d'un docteur très fameux, ayant rendu à la
Pucelle le plus explicite des témoignages. M. Boucher de Molandon,
dans sa brochure sur la Chronique de l'établissement de la Fête a essayé
de constituer, avec quelques textes des archives d'Orléans, une Notice
du célèbre inconnu. Les inductions de l'érudit Orléanais sont aujourd'hui
notablement atteintes par deux publications récentes qui nous permettent
d'établir le curriculum vitæ du docteur, qui fut en effet un des plus fameux de son temps. L'une est le docte ouvrage de M. Fournier, Statuts et privilèges
des Universités, l'autre un article de M. Wilhelm Meyer, dans la
Bibliothèque de l'École des chartes (janvier-avril 1895), sous ce titre :
Nouvelles de l'Académie de Goettingue. Comme l'approbation de la Pucelle
par semblable personnage ne le cède qu'à celle que lui donna Gerson,
il est utile de faire connaître Jean de Mâcon.
Chapitres
*:
- 1ère partie
- 2ème partie
- 3ème partie
- 4ème partie
- 5ème partie
- 6ème partie
Sources
: Présentation de la chronique et mise en Français moderne : "La vraie Jeanne d'Arc - t.III : La libératrice" - J.-B.-J. Ayroles - 1897, p.296 et suivantes.
Texte original : Jules Quicherat - t.V, p.285 et suiv.
* le texte original est d'un trait et n'est pas séparé en chapitres.
Notes :
1 Extrait analytique des registres des consaux de Tournay, t. I, p 48.
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