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Chronique
de l'établissement de la fête du 8 mai
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5ème partie |
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tem, ne demoura guères que les dits seigneurs emmenèrent
la dicte Pucelle devers le roy Charles, qui
estoit à Tours, et considérez quelle recepcion on
leur fist ; et remercia Dieu le roy si haultement, et
aussi monseigneur de Dunois et les mareschaulx, et
La Hire, et tous les autres capitaines qui luy avoient
tenu compaignie.
Ledit Tallebot demoura à Meung, à Boisgency et à Jargueau et à Yenville, et aussi tous
ses gens. Et ne demoura guères que le duc d'Alenson
vint avec ladicte Pucelle, et fut mis le siège devant
Jargueau, auquel estoit le conte de Chifort, avec luy
plusieurs capitaines d'Anglois ; et estoient léans de six à sept cens combatens, et ne demoura que deux jours qu'ils ne feussent pris de bel assault ; et Dieu scet si ceulx d'Orléans se faignoient à mener artillerie et gens et aussi vivres.
Et puis après vindrent par devant Meung sur Loire où estoit Tallebot et toute sa
puissance ; mais il n'osa frapper sur noz gens, car il
estoit tout esperdu. Puis vindrent noz gens mectre le
siège devant Boisgency, et là se trouva monseigneur
le connestable de France, et prisrent composicion les
Anglois qui léans estoient, et s'en allèrent audit Tallebot.
Et à la poursuite se trouvèrent près de Pastoy
nos gens contre ledit Tallebot, et là fut pris, et furent
tuez environ quatre mille Anglois, lesquieulx se
estoient tous retraiz avec ledit Tallebot. Et ce dit jour
se rendit Yenville et plusieurs autres forteresses ; et
qui eust voulu poursuir, on eust chassé lesdits Anglois
jusques à la mer, veu le courage que chacun
avoit, car ung François eust abatu dix Anglois ; non
pour tant il n'y eut point de forse d'omme ; mais tout procédoit de Dieu, auquel louange appartient, et non à aultre.
Item, il ne tarda guère que les seigneurs amenèrent la Pucelle vers le
roi Charles qui était à Tours, et considérez quelle réception on leur fit.
Le roi remercia bien hautement Dieu, et aussi Mgr de Dunois et tes maréchaux,
et La Hire, et tous les autres capitaines qui lui avaient tenu compagnie.
Talbot demeura à Meung, à Baugency, à Jargeau et à Janville, et aussi tous ses gens.
Le duc d'Alençon ne tarda guère à venir avec la Pucelle. Le siège fut
mis à Jargeau, où était le comte de Chifort (Suffolk), ayant avec lui plusieurs
capitaines anglais ; il y avait là de six à sept cents combattants ; et
il ne fallut que deux jours pour qu'ils fussent pris de bel assaut. Et Dieu
sait si ceux d'Orléans étaient fainéants à mener aux assiégeants artillerie,
gens, et aussi vivres.
Et puis après l'on vint par devant Meung-sur-Loire, où était Talbot et
toute sa puissance, mais il n'osa frapper sur nos gens, car il était tout éperdu. Puis nos gens vinrent mettre le siège devant Baugency, et là se
trouva Mgr le Connétable de France. Les Anglais qui là étaient prirent
composition et s'en allèrent joindre Talbot.
Nos gens, dans la poursuite, se trouvaient près de Patay [Pastoy] contre ledit Talbot; il fut pris, et environ quatre mille Anglais y furent tués, qui
tous s'étaient retirés vers ledit Talbot. En ce jour se rendirent Janville et plusieurs autres forteresses. Si on eût voulu poursuivre, on eut chassé les Anglais jusqu'à la mer, vu le courage que chacun avait; car un Français eût abattu dix Anglais, non pourtant qu'il n'y eût point de force d'homme ; mais tout procédait de Dieu, auquel louange appartient et
non à un autre.
Sources : Texte original : Jules Quicherat - t.V, p.285 à 299.
Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc", t.III, p.296 à 309.
Notes :
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