La
chronique du héraut d'armes Berri
Gilles
Le Bouvier - Index |
n s'explique assez difficilement que l'on ait attribué à Alain Chartier
une Chronique dont l'auteur se fait connaître dans le prologue, à peu
près dans les termes suivants, qui se lisent dans plusieurs manuscrits du
XVe siècle.
« Je, Berry, premier hérault du roy de France, mon naturel et souverain
seigneur, et roy d'armes de son pays de Berry, honneur et révérence à tous ceux qui ce petit livre liront. Plaise savoir qu'à la seizième année
de mon âge, alors que chacun, ainsy que nature l'ordonne, pense à s'appliquer
là où sa plaisance l'incline, je pris mon plaisir et délectation à
voir et à suivre le monde. A cette heure (1), le noble royaulme de
France et la noble cité de Paris avoient la plus haute renommée de tous
les royaulmes chrétiens. Là abondoient le plus, prélats, chevalerie, marchands,
clercs et commun peuple; là se trouvoient haults honneurs,
richesses et plaisirs. Je m'appensai de voir à mon pouvoir les honneurs
et haults faits de ce très noble et très chrestien royaulme, de me trouver,
par le plaisir de Dieu, partout où je saurois voir les haultes assemblées
et haults faicts d'iceluy royaulme et des aultres à mon pouvoir, et que la
vue d'icelles choses seroit mise par moy en escrit, tant les biens faicts
que les mauvois. »
Ce n'est pas Denys Godefroy qui a restitué au héraut Berry, ainsi
qu'on le lit dans nombre d'écrits modernes, la Chronique dont il est
l'auteur. Godefroy donnait son Recueil des historiens de Charles VII en
1661 ; or en 1651, dans son Abrégé royal de l'alliance chronologique de
l'Histoire sacrée et profane, le Père Labbe signalait, d'après le savant
André Duchesne, l'erreur qui l'attribuait à Alain Chartier.
Berry nous donne d'autres détails personnels dans son Traité des
armoiries, qui débute ainsi : « Je, Gilles Le Bouvier, dit Berry, premier
hérault de très hault et très chrestien roy Charles septiesme, par luy nommé
et créé hérault en l'an MCCCCXX, et depuis coronné et créé par iceluy
prince en son chastel de Mehun en la feste de Noël, roy d'armes des pays
et marches du Berry, etc. »
Roi d'armes était le titre le plus haut d'une hiérarchie qui comprenait
les hérauts d'armes, le poursuivant d'armes, et les aspirants au titre de
poursuivant, ou les simples chevaucheurs. Les hérauts d'armes avaient
une haute importance dans le moyen âge, chargés qu'ils étaient de proclamations
aussi significatives que les déclarations de guerre, ou les
propositions de paix, de veiller à ce que dans les tournois tout se passât
conformément aux règles de la chevalerie, d'animer les combattants, etc.
Ils devaient être très versés dans l'art héraldique. Aussi Gilles Le Bouvier
a-t-il fait un Traité des armoiries. Il a écrit une Géographie; un passage
en a été cité au premier chapitre de ce volume; enfin il a écrit une
Chronique de l'an 1402 à 1455.
Berry est très succinct dans ses récits. Comme témoin sur la Pucelle,
il n'offre guère d'intérêt que pour ce qui regarde le siège de La Charité,
et la tentative faite par Jeanne afin de déloger le duc de Bourgogne du
siège de Choisy; pour tout le reste, c'est presque un sommaire souvent
inexact (2).
Il existe de nombreux manuscrits de la Chronique de Berry. Quicherat
se servit de textes renfermant deux phrases qu'il déclare justement
inintelligibles, mais il a tort d'ajouter qu'elles sont telles dans tous les
manuscrits. Les manuscrits n° 2860 et 2861 renferment des phrases fort
claires, et en accord avec le contexte. Il y a dans le n° 2861 plusieurs
faits omis dans le texte de Quicherat, faits qui aident à mieux comprendre
l'histoire de Jeanne d'Arc, et qui seront reproduits; tel le recouvrement
de Melun.
chapitres
:
...
chap. I (Venue de la Pucelle)
chap. II (Orléans)
chap. III (Baugency - Patay)
chap. IV (Troyes - Reims)
chap. V (... Paris)
chap. VI (Melun - Sens - La Charité)
chap. VII (Choisy-au-Bac - Compiègne)
Source
: "Procès de condamnation et de réhabilitation
de Jeanne d'Arc", t.IV, Jules Quicherat.
Présentation, corrections et mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III"
Notes :
1 Vers 1402.
2 Quicherat reconnait que Berri "se laissa aller à un assez grand nombre d'erreurs, surtout en ce
qui tient à la chronologie ; mais ces erreurs sont celles d'un homme
qui a vu".
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