Les mémoires du pape Pie II
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é en 1405, près de Sienne, à Corsignano, depuis Pienza, du nom du
célèbre pontife auquel cette bourgade donna le jour, Æneas Sylvius
Piccolomini occupa le siège de saint Pierre, sous le nom de Pie II, de
1458 à 1464.
De rares talents cultivés par un travail si opiniâtre. qu'il en abrogeait
sommeil et repas, firent que d'une famille pauvre et obscure. Eneas
Sylvius Piccolomini parvint au sommet des dignités de la terre. Par
quelles étapes, ce serait trop long de l'exposer. Il faudrait le montrer écrivain d'une exquise latinité, poète, historien, orateur, diplomate ; tout
jeune, et non encore dans les ordres sacrés, secrétaire de l'assemblée
de Bâle, attaché à des doctrines schismatiques que dans la suite personne
ne combattit jamais plus vigoureusement que lui, le conduire à
la cour de l'empereur Frédéric III dont il devint le secrétaire, le montrer
cardinal en 1456. après avoir été titulaire de plusieurs évêchés. Pape,
rien ne lui fut plus à coeur que de réunir les princes chrétiens contre le
Turc qui venait de conquérir Constantinople. Ce que n'avait fait aucun
autre Pape, il se croisa lui-même, et mourut à Ancône. au moment où
il se disposait à conduire les soldats de la Croix contre le Croissant.
Pie II a laissé de nombreux ouvrages. Dans l'histoire de l'état de
l'Europe sous Frédéric III, il a, sur la divinité de la mission de la Pucelle,
une phrase qui sera citée, après les pages enflammées qu'il lui a consacrées
dans le récit des choses mémorables advenues de son temps :
Pii II, Pontificis Maximi, commentarii rerum memorabilium, quæ suis
temporibus contigerunt a N. D. Jobellino vicario jamdiù compositi.
Gobellini était secrétaire de Pie II. S'il a tenu la plume, le pape a dicté.
C'est attesté par l'ami et le biographe du pontife, Antonio Campano,
dans une lettre au cardinal de Pavie, le neveu adoptif de Pie II. Le
mérite de l'oeuvre le décèle mieux encore. L'auteur s'y montre historien
de premier ordre, rapide, concis, mouvementé. On trouve à un haut
degré ces qualités dans les passages consacrés à la vénérable Pucelle.
En dehors de ce que publiait la renommée, Piccolomini avait eu
plusieurs occasions d'entendre raconter l'histoire de la Vierge-Guerrière.
A Bâle il avait été en communication avec les députés de l'Université
de Paris, avec les prélats et les clercs français et anglo-bourguignons
qui faisaient partie de l'Assemblée. Il avait assisté au congrès d'Arras
comme secrétaire des députés de Bâle. Au congrès de Mantoue, Jean
Jouffroy avait débité en sa présence, sur la Pucelle, le lamentable
passage cité dans un volume précédent. Ainsi qu'il a été observé.
Jouffroy, sachant que Pie II écrivait ses mémoires, lui recommanda
de parler honorablement de son maître. Par complaisance pour Jouffroy.
Pie II a inséré dans sa narration, sous la forme d'un doute, deux hypothèses
du légat bourguignon qui sont réfutées par ce que le narrateur
avait dit précédemment et par ce qu'il dit à la suite.
Le récit de Pie II, vrai dans sa substance, renferme plusieurs erreurs
de détail. Il n'en est pas moins fort intéressant, tant par la conviction
clairement affirmée de la divinité de la mission que par l'enthousiasme
du pontife pour l'admirable et stupéfiante Vierge, ainsi qu'il s'exprime,
dont les hauts faits exciteront dans la postérité plus d'étonnement qu'ils
ne trouveront de créance.
chapitres
:
Ses mémoires à propos de la Pucelle
Source
: Quicherat - Tome IV p.507 à 518.
Présentation et traduction : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.IV".
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