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L'abréviateur du procès
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index
p. 28 à 29 du ms. |
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esquelles entreprinses et faictz d'icelle je me passeray d'en escrire
plus avant, pour ce que tout est escript bien au long es croniques, dont
j'ay parlé ; et ce que j'en ay recité n'a esté fors que pour donner a congnoistre
les grans biens qu'elle a fais en France qui est admirable et digne
de memoire.
Et combien que on ne sçauroit assez manifester et publier ses faictz [29] toutesfoys ce n'a esté, ne est mon intencion de les reciter au long ne
par le menu ; mais veulx seullement escrire comment et par quel moyen elle fut prinse devant Compiengne, et depuis menee a Rouen. Eu quel lieu a la grande poursuite des Angloys, ses ennemys mortelz, son procez fut faict. Par lequel elle fut faulcement et iniquement condempnee, a estre bruslee, ainsy qu'il a esté trouvé depuis par le procez de son absolucion ; par lequel elle a esté declaree innocente de tous les cas, desquelz elle estoit accusee, nonobstant la determinacion faicte par messeigneurs de l'Université de Paris ; lesquelz, par flaterie et pour complaire au roy d'Angleterre, la declarerent hereticque, contre l'oppinion de deffunct nostre maistre Jehan Gerson, chancelier de Nostre Dame de Paris, docteur en theologie, si sçavant et saige, comme ses oeuvres le monstrent et en font le jugement. Laquelle oppinion, avecques les raisons qui le meurent a estre contre l'oppinion de ladicte Université, sont escriptes ici apprez, par lesquelles on pourra
veoir ou il y a plus d'apparence de verité et de bon jugement (1).
Source
: Édition de "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle".1952 - Paul Doncoeur.
Notes :
1 Quicherat (IV, 260), dans les extraits qu'il donne de O, cite ce passage. Mais son texte est notablement différent. Quoiqu'il ait déclaré (IV, 256) puiser « toutes (ses) notions dans le
manuscrit d'Orléans », ce n'est pas O qu'il transcrit, mais la mauvaise copie éditée par Buchon
dans Collection des Chroniques, au tome IX des Chroniques de Monstrelet. (Doncoeur).
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