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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.II-27- [Coppie des secondes lettres envoyées par le duc de Glocestre au duc de Bourgongne.] |
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ault et puissant prince, Phelippe, duc de Bourgongne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgongne.
Je Humfroy, filz, frère et oncle des rois d'Angleterre, duc de Glocestre, conte de Haynau, de Hollande et de Zélande et de Penebruch (1), seigneur de Frize, et grant chambellan d'Angleterre, ay receu voz lettres en forme de plaquart, à moy adréçans, escriptes le XIIIe jour de ce mois, lesquelles, adfin qu'il me appère que le contenu vient de vostre sceu et propre mouvement, avés signé et escript vostre nom, et à ycelles fait mettre vostre signet. Desquelles, pour la greigneur partie réciter, m'est aussi peu ou mains qu'il est à vous des miennes, à vous adréçans, escriptes en ma bonne ville de Mons en ma contée de Haynau, soubz mon signet, le XIIe jour de janvier darrain passé, se n'est en tant qu'elles font mencion du refus que vous dictes par moy estre fait pour non vouloir appaisier le discord qui est entre mon cousin, le duc de Brabant, d'une part, et moy d'aultre, qui est mains que vérité. Car mon très chier et très amé frère, le régent, duc de Bethfort, et tout le conseil de France, scèvent que j'en ay fait, et aussy faites vous; se ygnorer le volés, ne poves vous. Et que dictes, que mencionnèrement et à tort par mes dictes lettres vous ay mis sur aulcune chose, et vous samble que assez trop vous estoit du deshonneur et oultrage que vous m'imposés avoir fait à mondit cousin de Brabant sans vouloir changier vostre honneur et renommée, pour quoy me sommés et requerés par vosdictes lettres de rappeler et desdire ce que par les dictes miennes escript vous ay, ou se ce non, vous estes prest de deffendre vostre corps contre le mien et de moy combatre ; si vous laisse sçavoir que le contenu de mesdictes lettres je dy et tieng estre vrai et d'encoste ycelui vueil demourer. Et desjà est approuvé, par ce que voz gens et à vostre mandement ont fait et perpétré en madicte contrée ; ne pour vous ne pour aultre, ne sera par moy rappelé, ains à l'ayde de Dieu, de Nostre-Dame et de Monseigneur Saint-Jorge, le contenu en mesdictes lettres vous feray de mon corps cognoistre et jehir estre vérité, pardevant quelque des juges que avés esleus, car tous deux me sont indifférens. Et pour ce que désirés la chose estre briève, comme je fais pareillement, ce que mondit beau frère est plus prest, je suis content de parfaire la chose pardevant lui et le accepte pour juge, et le jour, que vous meistes en mon election, je vous assigne le jour de Monseigneur Saint-Jorge prochain venant, ou autre, à la discrécion de mondit frère. Auquel, au plaisir de Dieu, je serai prest et ne fauldrai. Et en cas que mondit frère ne vouldra sur lui emprendre la chose, je suis content que ce soit devant très hault et puissant prince l'Empereur. Et pareillement, se l'Empereur ne le volt, devant beau frère Heldeberch, ou autre juge indifférent. Mais pour ce que ne sçay se vous vouldrés demourer d'encoste vostre signet, je vous somme et requiers, que par le porteur de cestes m'envoyez autres lettres qui soient scellées de vostre seel, pareillement que du mien sont ces présentes. Et quant audit de Brabant, se voulez ou osez dire qu'il ait meilleur droit que moy en ceste présente querelle, je suis prest de vous le faire jehir mon corps contre le vostre, au jour et devant ceulx que dessus est dit, que j'ay meilleur droit, et ay, à la grace de Dieu, Nostre-Dame et Saint-Jorge. Et adfin qu'il vous appere que ce que dessus est dit je vuel entretenir, faire et accomplir, j'ay escript mon nom à ces présentes et à ycelles fait mettre mon seel.
Escript en ma ville de Soignies, le XVIe jour du mois de mars, l'an mil IIIIc et XXIIII.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
1 Pembroke.
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