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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.II-43- [Comment messire Jehan Blondel rendy la forteresse de la Malemaison qu'il avoit prinse, à l'évesque de Cambray.] |
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n après, le duc de Bourgongne ala à Mons en Haynau, avec luy grand nombre de ceulx de son conseil, et là, comme dit es, constitua plusieurs officiers natifz du pays, pour gouverner la seignorie d'ycelui. Auquel lieu, par saufconduit, ala messire Jehan Blondel, qui de par ledit duc fut plusieurs fois sommé et requis de rendre à l'évesque de Cambray sa forteresce. Auxquelles requestes il ne volt en riens obéyr, mais en dissimulant se excusoit aucunement. Toutefois le duc de Bourgongne et son conseil se conclurent de bailler gens et ayde audit évesque, pour asségier et reconquérir sadicte forteresce. Et pour ce faire ledit évesque manda ses amis et se mist en armes à tout ce qu'il povoit avoir de gens. Pour lequel aydier et conforter, y furent commis de par le duc de Bourgongne, messire Guillaume de Lalain, bailli de Haynau, Le Begue de Lannoy, chevalier, gouverneur de Lille, avecques aucuns autres nobles hommes, et certain nombre de gens d'armes. Durant lequel temps ledit messire Jehan Blondel, oyant ces nouvelles, et sachant que le duc de Bourgongne avoit son fait mal agréable, condescendit à traitié, et conclud de rendre la forteresce moyennant que sa paix seroit faicte devers le duc de Bethfort et le duc de Bourgongne, et si lui seroient rendues ses forteresces et seignories, lesquelles estoient en la main du roy Henry de Lencastre comme confisquées, et avec ce emporteroient, lui et ses gens, tous leurs biens, et si auroit pour ses despens quatre mille escus. Lesquelles choses en conclusion lui furent accordées, et de ce baillé seurté. Et par ainsy délivra la Male Maison en la main de Baltazar, bastard du Quesnoy, qui de par le duc de Bourgongne y fut commis à le garder certain espace de temps. Et pour payer ladicte somme et autres frais, fut mis sus une grande taille par tout le pays de Cambrésis, tant sur gens d'églises comme autres, lesquelz à ce payer furent constrains très rigoreusement. Après lesquelles besongnes, par le consentement dudit évesque et d'aucuns autres du pays, fut ladicte forteresce de la Male Maison abatue et du tout démolie. Dont ce fut dommage, car c'estoit la nonpareille et la mieulx édifiée qui fust en tous les pays à l'environ, et ou plus fort lieu. Ainsy, messire Jehan Blondel par force de mal faire vint à son intencion, et fut, comme dit est, restitué et mis en la possession de tous ses héritaiges.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
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