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Chronique
de la Pucelle
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- La prinse du pont de Mehung sur Loire |
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e duc d'Alençon et la Pucelle séjournèrent
en la ville d'Orléans par aucuns jours, pendant lesquels
vindrent illec, à grand chevalerie, le seigneur de Rays,
le seigneur de Chauvigy, le seigneur de Laval et le seigneur de
Lohéac, son frère, et autres grans seigneurs, pour
servir le roy Charles en son armée ; lequel vint environ
ce temps à Sully, fût d'autre part vint à Blois,
à grand
chevalerie, le comte Artus de Richemont, connestable de France,
et frère du duc de Bretaigne, contre lequel le roy, pour
aucuns rapports, avait conceu hayne et malveillance. La Pucelle
et les chiefs de guerre tindrent de grans conseilz dedans Orléans,
et firent faire grand appareil pour mettre le siège devant
Meun et Baugency, où se tinrent en iceluy temps le sire de
Scales et le sire de Tallebot, à grand compaignée
d'Anglois. Et pour reconforter les garnisons desdictes places mandèrent
les Anglois qui tenoient la Ferté-Hubert ; lesquels, après
en avoir receut le mandement, ardirent la basse-cour et abandonnèrent
le chastel et s'en allèrent à Baugency. Si partit
une nuictée le sire de Tallebot de Baugency pour aller au
devant de messire Jean Fastol, qui s'estoit party de Paris, à
grande compaignée d'Anglois, de vivres et de traict, pour
venir advitailler et reconforter la puissance des Anglois. Mais
pource qu'il y ouyt nouvelles de la prinse de Jargeau, il laissa
les vivres dedans Estampes et vint avec sa compaignée dedans
Yenville, et auquel lieu il trouva le sire de Tallebot ; et eux
illec assemblez, tindrent aucuns conseils.
Le duc d'Alençon et la Pucelle séjournèrent à Orléans quelques jours, durant lesquels vinrent vers eux, avec grande chevalerie, le seigneur de Rais, le seigneur de Chauvigny, le seigneur de Laval, le seigneur de Lohéac, son frère, et d'autres grands seigneurs, désireux de servir le roi en son armée. Le roi vint vers ce temps à Sully. D'autre part arrivèrent à Blois, avec grande chevalerie, le comte Arthur de Bretagne, connétable de France et frère du duc de Bretagne, contre lequel le roi, sur quelques rapports, avait conçu de la haine et de la malveillance. La Pucelle et les chefs de guerre tinrent à Orléans de grands conseils, et firent faire de grands préparatifs pour mettre le siège devant Meung et
Baugency, où stationnèrent en ce temps le sire de Scales et le sire de Talbot
avec grande compagnie d'Anglais. Pour renforcer les garnisons desdites places, les capitaines mandèrent les Anglais qui tenaient La Ferté-Hubert, et ceux-ci, le commandement reçu, mirent le feu à la basse-cour, abandonnèrent le château et s'en allèrent à Baugency.
Une nuit, le sire de Talbot partit de Baugency pour aller au-devant de messire Jean Fastolf, qui était parti de Paris avec une grande compagnie d'Anglais et provision de vivres et de traits pour ravitailler et conforter les forces des Anglais ; mais, ayant appris la nouvelle de la prise de Jargeau, Fastolf laissa les vivres à Étampes, et vint avec sa compagnie à Janville, lieu où il trouva le sire de Talbot; là, s'étant abouchés, ils tinrent quelques conseils.
Source : édition Vallet de Viriville - 1859
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