Accueil                                                         Admin
22 novembre 2024  

 Son histoire

par Henri Wallon

 Les sources

Procès condamnation

Procès en nullité...

Chroniques & textes

Lettres de J. d'Arc

 Compléments

Bibliographie

Librairie numérique

Dossiers

 Recherches

Mises à jour du site

Recherches

 

 ACCÈS CARTES

     Carte de France (1429)

     Carte Nord France (1429)

     Carte environs Domrémy

     Carte environs Orléans

     Carte siège d'Orléans

     Vues Orléans et pont

 

 Interactivité

Contact

Liens johanniques

Sauvez la Basilique


Le miroir des femmes vertueuses - index
Comme elle fut vendue par le capitaine de Compiegne et des regretz qu'elle
fist en l'église Sainct-Jacques du dict lieu.

' an mil CCCCXXX, vers le commencement du moys de juing, messire Jehan de Luxembourg, les contes de Hantonne, d'Arondel, Angloys, et une moult grande compaignie de Bourguinons misrent le siege devant Compiegne. Et fut advisé par Guillaume de Flavy qui en estoit capitaine, que la Pucelle yroit en diligence par devers le roy pour recouvrer et assembler gens affin de lever le siege ; mais celuy de Flavy avoit faict ceste ordonnance pour ce qu'il avoit jà vendu aux dessusdicts Bourguinons et Angloys la Pucelle. Et pour parvenir à ses fins, il la pressoit fort de sortir par l'une des portes de la ville, car le siege n'estoit pas devant icelle porte.
  Ladicte Pucelle ung bien matin fist dire messe à Sainct-Jacques et se confessa et receut son Créateur, puis se retira près d'ung des pilliers d'icelle église, et dit à plusieurs gens de la ville qui là estoyent (et y avoit cent ou six vingts petis enfans qui moult desiroyent à la veoir) ; « Mes enfans et chers amys, je vous« signifie que l'on m'a vendue et trahie, et que de brief sera y livrée à mort. Si vous supplie que vous priez Dieu pour moy ; car jamais n'auray plus de puissance de faire service au roy ne au royaulme de France. » Et ces parolles ay ouy à Compiegne, l'an mil quatre cens quatre vingtz et XVIII, au moys de juillet, à deux vieulx et anciens hommes de la ville de Compiegne, aagez, l'ung de IIIIxx XVIII ans, et l'aultre de IIIIxx VI ; lesquelz disoyent avoir esté présens en l'église de Sainct-Jacques de Compiegne alors que la dessusdicte Pucelle prononça celles parolles.
  Quant la Pucelle à compaignie de XXV ou XXX archers fut sortie hors de la ville de Compiegne, Flavy qui bien sçavoit l'ambusche, fit fermer les barrières et la porte de la ville. Et quant la Pucelle fut en ung quart de lieue, elle fut rencontrée par Lucembourg et aultres Bourguinons ; si les advisa plus puissans et s'en retourna à course, soy cuydant sauver dedans la ville ; mais le traistre de Flavy si luy avoit faict clorre les barrières et ne voulut luy faire ouvrir les portes. A celle cause fut la Pucelle par les Bourguinons à l'heure prinse aux barrières de Compiengne, et par eulx livrée aux Angloys, l'an dessus dict CCCC XXX au signe de Gemini, comme il appert par les lettres nombrables de ce petit verset :

                              nVnC CadIt In geMInIs bVrgVndo VICta pVeLLa.

  Et pour ce que par la justice des hommes celuy de Flavy ne fut pugni de ce cas, Dieu le Créateur, qui ne voult delaisser ung tel cas impugni, permist depuis que la femme d'icelluy de Flavy, nommée Blanche d'Auurebruch (1), qui moult belle damoyselle estoit, le suffoqua et estrangla par l'ayde d'ung sien barbier, alors qu'il estoit couché au lit en son chasteau de Neel en Tardenois : dont depuis en eut grâce du roy Charles septiesme, parce qu'elle prouva que son dessusdict mary avoit entreprins de la faire noyer.
  Quant la Pucelle fut entre les mains de messire Jehan de Lucembourg, il la garda quelque peu de temps, et puis la vendit aux Angloys qui luy en donnèrent grant pris, et les Angloys la menèrent à Rouen où elle fut en prison et durement traictée.

                                                         

        

  L'an mil CCCCXXX, vers le commencement du mois de juin, messire Jean de Luxembourg, les comtes de Hautonne (Houtington), d'Arondel, Anglais, et une très grande compagnie de Bourguignons mirent le siège devant Compiègne, et il fut arrêté par Guillaume de Flavy, qui en était capitaine, que la Pucelle irait en diligence par devers le roi pour recouvrer et assembler des gens afin de faire lever le siège ; mais icelui de Flavy avait fait cette ordonnance parce qu'il avait déjà vendu la Pucelle aux Bourguignons et aux Anglais. Pour parvenir à ses fins, il la pressait fort de sortir par l'une des portes de la ville, car le siège n'était pas devant cette porte.
  La Pucelle, un jour bien matin, fit dire la messe à Saint-Jacques, se confessa et reçut son Créateur ; elle se retira près de l'un des piliers de cette église, et dit à plusieurs gens de la ville qui là se trouvaient : — Il y avait cent ou six-vingts enfants qui désiraient beaucoup la voir — « Mes enfants et chers amis, je vous signifie que l'on m'a vendue et trahie et que bientôt je serai livrée à la mort. Ainsi je vous supplie que vous priiez Dieu pour moi, car je n'aurai jamais plus de puissance de faire service au roi, ni au royaume de France. » Et ces paroles je les ai ouïes à Compiègne, l'an mil quatre cent quatre vingt et XVIII au mois de juillet, de la bouche de deux vieux et anciens hommes de la ville de Compiègne, âgés l'un de 98 ans, et l'autre de 86 (2), qui disaient avoir été présents en l'église de Saint-Jacques de Compiègne, alors que la Pucelle prononça ces paroles.

Quand la Pucelle, en compagnie de 25 ou 30 archers fut sortie hors de la ville de Compiègne, Flavy, qui savait bien l'embuscade, fit fermer les barrières et les portes de la ville. Quand la Pucelle fut à un quart de lieue, elle
fut rencontrée par Luxembourg et d'autres Bourguignons. Elle reconnut qu'ils étaient plus forts, elle s'en retourna à la hâte, croyant se sauver dans la ville; mais le traître Flavy lui avait fait clore les barrières, et ne voulut point lui faire ouvrir les portes. Ce fut la cause pour laquelle la Pucelle fut aussitôt prise par les Bourguignons aux barrières de Compiègne, et par eux livrée aux Anglais, l'an dessus dit 1430, au signe des Gémeaux, ainsi qu'il est manifeste par les lettres numérales de ce petit vers :

                        nVnC CadIt In geMInIs bVrgVndo VICta pVeLLa.


  Et parce
que, par la justice des hommes, Flavy ne fut pas puni de son cas, Dieu le Créateur, qui ne voulut pas laisser tel cas impuni, permit depuis que la femme de ce même Flavy, nommée Blanche d'Aurebruche, qui était fort belle demoiselle, l'étouffât et l'étranglât avec l'aide de son barbier, alors qu'il était couché en son lit, au château de Nesle-en-Tardenois ; meurtre dont elle obtint grâce dans la suite, du roi Charles VII, parce qu'elle prouva que son susdit mari avait entrepris de la faire noyer.
Quand la Pucelle fut entre les mains de messire Jean de Luxembourg, il la garda quelque temps, et puis la vendit aux Anglais qui lui en donnèrent un grand prix ; les Anglais la menèrent à Rouen où elle fut renfermée en prison et durement traitée.


                                                 


Source : "Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc" - Quicherat - t.IV, p. 267
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.

Notes :
1 Cette dame est appelée la vicomtesse d'Arsy (lisez d'Acy) par Matthieu de Coussy qui raconte dans tout son détail l'histoire du meurtre de Guillaume de Flavy en 1449. Blanche d'Aurebruche était fille de Robert d'Aurebruche, vicomte d'Acy, que Flavy fit mourir en prison pour avoir plus tôt son château de Nesle. Cette circonstance contribua beaucoup à atténuer le crime de sa fille. Le barbier, complice de celle-ci, était un bâtard de noble famille. Un capitaine nommé Pierre de Louvain, avec lequel elle se remaria, était aussi du complot.

2 Donc 38 ans et 26 ans au moment des faits.

Nota : les armes de G. de Flavy proviennent de ce site :
Héraldique europeenne



Les chroniques

Index


Les chroniqueurs "français" :
- la geste des nobles français
- la chronique de la Pucelle
- le journal du siège d'Orléans
- la chronique de Jean Chartier
- la chronique de Perceval de Cagny
- la relation du greffier de La Rochelle
- la chronique de Tournay
- l'histoire de Charles VII de Thomas Basin
- la chronique du héraut d'armes Berri
- le registre delphinal de Thomassin
- la chronique de Richemont
- le miroir des femmes vertueuses
- la chronique fête du 8 mai
- l'abbréviateur du procès
- doyen de St-Thibaud de Metz

Les chroniqueurs "anglo-bourguignons" :
- La chronique de Monstrelet
- La chronique des Cordeliers de Paris
- Gilles de Roy
- Le Bourgeois de Paris
- La chronique de P. Cochon
- La chronique de Jean Wavrin
- La chronique de Chastellain
- Le registre du parlement de Paris
- Les mémoires de Lefèvre de Saint Rémi

Les chroniqueurs étrangers :
- la chronique de Windecke
- la chronique de Morosini
- les mémoires de Pie II



Légal         Contacts
 
© 2006-2024 - SteJeannedArc.net
1412-2012
Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire