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La chronique de Gilles de Roye
Chapitre III - index
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près trois jours d'arrêt dans cette cité, le roi en partit et vint à Vailly
qui se rendit à lui ; il vint à Laon (1) et à Soissons qui lui firent soumission,
ensuite à Château-Thierry dont la soumission fut spontanée, ainsi
que celle de Provins.
Le duc de Bedford, à ces nouvelles, demanda la bataille, ce que le roi accepta; mais apprenant que le roi tenait les champs, il ne vint pas; il rentra à Paris. Le roi méditait de passer la Seine à Bray, lorsqu'un certain nombre d'Anglais y rentrèrent ; il revint alors sur ses pas jusqu'à Château-Thierry, d'où il alla à Crépy, et ensuite non loin de Dammartin. Les Anglais sortirent de Paris, et vinrent à Mitry-en-France ; les deux armées semblaient disposées à en venir aux mains : mais, après quelques escarmouches des deux côtés, les Anglais rentrèrent à Paris.
Le roi vint à Compiègne dont les clefs lui furent spontanément remises. Pendant qu'il s'y trouvait, l'évêque et les bourgeois de Senlis ainsi que les citoyens de Beauvais, vinrent lui promettre obéissance.
Durant ces jours, le duc de Bedford s'éloigna de Paris dont il laissa la garde à Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, qui y remplissait les fonctions de chancelier pour le roi d'Angleterre. Le roi de France ayant nommé des capitaines à Compiègne et à Beauvais vint à Senlis, d'où il s'avança jusqu'à Saint-Denis. Il y eut alors divers engagements entre les Anglais qui étaient à Paris
et les Français campés à Saint-Denis. A la suite de ces engagements,
l'armée française s'avança jusqu'à une demi-lieue de Paris, et l'on fit
contre la ville plusieurs assauts dans lesquels la Pucelle fut atteinte à la cuisse par un trait. Si tous les hommes d'armes avaient eu son courage, Paris aurait été en grand danger d'être pris ; mais tous les autres étaient en désaccord sur l'entreprise. C'est alors
que la Pucelle déposa ses armes dans l'église de Saint-Denis.
Dans ces conjonctures la ville de Lagny-sur-Marne se rendit au roi. Le roi en prit possession, laissa le duc de Bourbon et d'autres capitaines à la garde des villes de son obéissance, et par Lagny revint à Montargis. Il y eut alors entre les Anglais et les Français diverses rencontres, prises de villes, et de nombreux pillages.
Pausatis autem in dicta civitate tribus diebus, rex discessit et venit ad villam de
Vely, quæ se reddidit regi; et deinde venit ad civitatem Lauduneusem, necnon Suessionensem,
quæ se reddiderunt regi. Deinde venit ad villam Castri Theodorici, quæ
ultro se dedit et similiter Pruvinum.
Tunc dux Betfordiæ audiens hæc quæsivit bellum, quod rex acceptavit; sed dictus
dux audiens regem tenere campos non venit, sed rediit Parisius. Cumque rex delibe raret transire Sequanam, supervenit certa quantitas Anglicorum in dicta villa Braii,
et sic rex retrocessit et venit ad castrum Theodorici, et de ibi ad vilium de Crespy, et
abhine versus Dampmartin. Tunc Anglici de Parisiis exierunt et venerunt apud Mithri
in Francia; fueruntque ambo exercitus quasi dispositi ad pugnam; sed tandem,
escarmuchiis factis hinc inde, Anglici Parisius redierunt.
Rex vero venit Compendium, cujus cives claves sibi ultro dederunt. Rege autem ibi
existente, venerunt episcopus et cives Sylvanectenses et episcopus et cives regi obedientiani
præstiterunt et similiter Belvacenses.
Hiis diebus recessit dux Bethfordiæ a Parisiis et reliquit ibi dominum Ludovicum
de Luxembourg, episcopum Morinensem, cancellarium ibidem pro rege Angliæ. Rex
autem Franciæ, ordinatis in Compendio et Belvaco capitaneis, venit Silvanectum et
abhinc venit ad Sanctum Dionisium. Et tunc fuerunt varii conflictus inter Anglicos
existentes Parisius et Francos in Sancto Dyonisio, quibus durantibus, totus exercitus
venit ad dimidiam Leucam prope Parisiius, et fecerunt contra villam Parisius multos
assultus, ubi dicta Puella fuit in femore sagitta vulnerata, et si quilibet de exercitu regis
ita virilis fuisset sicut ipsa, Parisius fuisset in periculo captionis; sed omnes alii de
captione dissidebant. Tunc dicta puella reliquit arma sua in Sto Dyonisio.
Illo tempore, villa de Langny supra Matronam regi se reddidit. Qua capta, rex,
relictis duce Borbonii et aliis capitaneis in villis suæ obedientiæ, per villam de Langny
rediit apud Montargis. Tunc fuerunt verii conflictus et captiones villarum et roberiæ
multæ inter Francos et Anglicos.
Source
: Présentation, traduction et texte original en latin de J.B.J. Ayroles : " La vraie Jeanne d'Arc" - tome III "La libératrice", p.454.
Notes :
1 Le roi n'alla pas à Laon.
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