|
Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice 41 : L'assaut du 8 septembre |
|
« Interroguée se quant elle alla devant Paris, se elle
l'eust par révélation de ses voix de y aller : respond que
non ; mais à la requeste des gentils hommes qui vouloient faire une escarmouche ou une vaillance d'armes; et avoit
bien entencion d'aller oultre et passer les fossés » t. I,
p. 147 (Interrog. du 13 mars). Cf. p. 168 et 250.
Sur les particularités de l'assaut, voy. Chron., chap. LXI,
et t. IV, p. 26 (Cagny), p. 87 (J. Chartier); p. 198 (Journal);
p. 457 (Clém. de Fauquemberque, t. XV, f° 18) : « Et
hastivement plusieurs d'iceulx estans sur la place aux
Pourceaux et environs près de ladicte porte (Saint-Honoré), portant longues bourrées et fagots, descendirent et se
boutèrent ès premiers fossés, esquels point n'avoit d'eaue,
et gettèrent lesdites bourrées et fagots dedans l'autre fossé
prochain des murs, esquels avoit grant eaue. Et à celle
heure y ot dedans Paris gens affectés ou corrompus, qui
eslevèrent une voix en toutes les parties de la ville de çà et
de là les pons, crians que tout estoit perdu, » etc. Cf. le
Bourgeois de Paris (t. IV, p. 465, 466), qui rappelle Judith
et Holopherne (la Pucelle pour lui n'est pas Judith). On peut laisser à sa charge tout une moitié de la sommation
qu'il prête à Jeanne (cf., t. I, p. 148).
L'ancienne porte Saint-Honoré était dans la rue de ce
nom, un peu à l'ouest de la place actuelle du Palais-Royal.
La rue des Remparts, près le Théâtre-Français, indiquait
le voisinage des remparts en cet endroit. En supprimant cette rue pour faire une place, on avait eu l'heureuse idée d'y relever le souvenir de la Pucelle par le nom de place Jeanne-d'Arc. Mais la statue de Jeanne d'Arc ayant été reportée plus loin, la place a pris son nom du Théâtre-Français.
Quant à la terreur qu'inspirait aux partisans de l'Angleterre
l'attaque de la Pucelle, on en trouvera d'autres preuves
encore dans les délibérations capitulaires de Notre-Dame
(1. 1. 414, f° 79 à 82 (Voy. Vallet de Viriville, Hist. de
Charles VII, t. II, p. 118).
Sur la blessure de Jeanne, voy. t. I, p. 57, 260 et les
auteurs cités pour l'attaque de Paris. La Chronique du
ms. de Lille se montre plus haineuse que bien informée
quand elle dit : « Mais par la ruse de plusieurs bons et saiges clers, lesquels dirent au commun que c'estoit cause
fainte dyabolique et erreur à ceulx qui le creoient, lui fu
envoiet ung vireton lequelx li percha tout oultre la cuisse,
dont se party plus que le pas et retourna en l'ost du Dolfin. »
(Bulletin de la Société de l'Hist. de France, 1857, p. 103.)
L'Anonyme de la Rochelle qui a le tort de faire venir le
roi devant Paris, quand il était à Saint-Denis parle aussi
de la terreur qui régnait dans la place et montre la confiance
dont étaient animés les soldats de la Pucelle : ils
avaient selon lui pénétré jusque dans la ville. C'est la nuit
et non la blessure de la Pucelle qui décide leur retraite : « Lorsque la dite Pucelle estoit à ès dittes ruhes fut blessée à la jambe; mais elle fut tantost guérie. Et est vray que c'estoit
moult merveilleuse chose du grand nombre de canons
et de couleuvrines que ceux de Paris tiroyent contre nos
gens; mais oncques ne fut blessé ne tué homme que l'on
peust savoir, fors Jean de Villeneuve, bourgeois de la Rochelle
qui fut tué d'un coup de canon. Et advint que plusieurs
de nos gens furent frappés des dits canons, mais ils
ne leur fesoyent nul mal; et ramassoient les pierres qui
les avoient frappés et les monstroyent à ceux qui estoient
sur les murs de la ditte ville de Paris, et ne furent ceux
d'icelle ville, les Anglois et Bourguignons estans dedans, si
hardis de faire aucune saillie sur nos dits gens ; ains le Roy
nostredit Sr estant devant la dite ville de Paris ceux d'icelle
ville avoient si grande peur que quand la dite Pucelle et nos
dits gens y donnoient le dit assault, ils s'enfuyoient ès églises et cuidoient que la ville fust prise, ainsy que plusieurs religieux et autre qui lors estoyent en icelle ville raportèrent
après au Roy nostre dit Sr. »
Après cela on peut trouver bien mal venue l'excuse qu'il
donne à la retraite de Charles VII : « Mais pour deffault de vivres, le Roy s'en retourna rafrechir
sur la rivière de Loyre et laissa le plus de ses gens en
garnison ès villes chasteaux et places qu'il avoit pris pour
mener guerre et lever bastides à ceux de ladite ville de Paris.
C'est à proprement parler la fin de ce récit curieux : car
les faits qui suivent, à savoir la prise du Château-Gaillard
par La Hire, le siége de Compiègne, la captivité et la
mort de Jeanne d'Arc, racontés en quelques lignes, sont évidemment une addition postérieure.
On lit dans la circulaire du roi sur sa retraite après
l'attaque de Paris : « Après avoir reconquis plusieurs places, nous avons négocié avec notre cousin le duc de Bourgogne.
Jour a été tenu et abstinence de guerre conclue
jusqu'à Noël prochain. Et, pour ce que, si, durant icelle
abstinence, attendu le très-grand nombre de gens qui sont
en nostre compagnie, feussions demorez en nos pays de
par deçà, ce eust esté la totale destruction d'iceulx, veu que
ne les povons employer au fait de guerre : nous, pour alléger
nosdits pays, et aussi pour assembler et mestre sus
plus grant armée, afin de retourner après le temps de ladite
abstinence, ou plus tost se besoin est, à toute puissance, à
entendre et poursuivre le demourant de noz conqueste et recouvrement de nostre seigneurie, avons délibéré de faire
un tour oultre ladite rivière de Seine, et pour la garde du
dit pays, nous avons institué lieutenant général le comte
de Clermont, le comte de Vendôme, etc. » (Archives municipales
de Reims : communiqué par M. Louis Paris et
cité par Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. II,
p. 120.)
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
/
|