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Livre
I - DOMREMY ET VAUCOULEURS
I
- L'enfance de Jeanne d'Arc - p. 69 à 85 |
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a
vallée de la Meuse, de Neufchâteau à Vaucouleurs
et au-delà, se prolonge entre deux chaînes de coteaux
ou de mamelons, séparés l'un de l'autre par des gorges
plus ou moins profondes. Les hauteurs gardent encore quelques restes
des bois qui les couvraient jadis ; la vigne en a pris la place
sur les pentes les moins roides et les mieux exposées ; le
blé succède à la vigne et descend jusqu'aux
prairies, qui occupent, sur une largeur de douze à quinze
cents pas, le fond uni de la vallée. La Meuse y serpente
capricieusement d'un côté à l'autre, dans un
lit toujours vert. Trop peu profonde pour que la main de l'homme
ait entrepris de l'asservir au commerce en la redressant, elle va,
dans son cours sinueux, baigner successivement de nombreux villages.
Nommons entre plusieurs autres : Frébécourt, au pied
de la colline d'où le château de Bourlemont semble porter au loin l'oeil du maître ; Coussey, Domrémy,
sorte d'annexe de Greux qui s'élève au débouché
de la route de Gondrecourt; Maxey, au confluent du Vair, Burey-la-Côte,
Burey-en-Vaux, et Chalaines en face de Vaucouleurs : Vaucouleurs,
sentinelle avancée de la vieille France, fièrement
campée sur son coteau, comme pour mieux surveiller la chaussée
qui continue, à travers la vallée, le pont de la Meuse
et le chemin de la Lorraine. Cette longue prairie, presque au niveau
de la rivière, qui chaque année, sans effort et sans
péril, la recouvre de ses bienfaisantes inondations, présente
en la saison où l'herbe fleurit un immense tapis de verdure
émaillé des plus vives couleurs : d'où le nom
de Vaucouleurs (vallis colorum), donné au lieu le
plus important du pays, et qui peint la vallée tout entière.
Entre tous les villages disséminés sur
ces bords frais et paisibles, le plus illustre à jamais c'est
le plus humble : c'est la petite commune de Domrémy.
Là naquit Jeanne d'Arc (1) le
6 janvier 1412. Son père, Jacques d'Arc, était né
à Séfond (Ceffonds), près Montier-en-Der, en
Champagne (Haute-Marne) ; sa mère, Ysabellette Romée,
de Vouthon, village situé sur la route de Greux à
Gondrecourt, dans le Barrois (Vosges). Jeanne elle-même, née
à Domremy, est-elle de la Lorraine, de la Champagne ou du
Barrois ? Si l'on veut parler du territoire, Jeanne est une enfant
de la Meuse : car la Meuse est la mère commune de tous ces
villages qu'elle arrose, sans distinction de Lorraine, de Barrois
ou de Champagne. Mais s'il s'agit de nationalité, Jeanne
d'Arc était Française. Son père était
Français, son village, Français. Son village était
partagé, il est vrai, entre le Barrois mouvant (c'est-à-dire
relevant de la couronne de France) et le domaine direct de la couronne.
Un petit ruisseau d'eau vive marquait cette division : la rive droite,
où l'on comptait vingt à trente feux, était
au Barrois mouvant ; la rive gauche, au domaine, rattachée
avec Greux, et toute cette portion de la vallée jusqu'à
Vaucouleurs, à la prévôté d'Andelot et
au bailliage de Chaumont-en-Bassigny (Champagne). Or la maison de
Jeanne, qui subsiste encore, est sur la rive gauche. Mais quand
elle eût été sur la rive droite, Jeanne en serait-elle
moins Française ? Tous les habitants de Domrémy, ceux
de la droite comme ceux de la gauche, excepté un, dit-elle
elle-même (2), étaient
Armagnacs, c'est-à-dire du parti national ; et quel est,
après Dieu, celui que Jeanne appelle son seigneur et son
roi ? Le roi de France (3) - C'est la
marque irrécusable de sa nationalité. Que si l'on
en veut la preuve directe et pour elle et pour son pays, on la trouvera
dans des pièces authentiques. On la trouvera dans son procès
dans sa propre déclaration et dans l'enquête ordonnée
par ses juges. On la trouvera, avant son procès, dans deux
actes de Charles VII : dans les lettres d'anoblissement, où
elle est dite "de Domrémy, au bailliage de Chaumont"
(Champagne), et dans celles où, en reconnaissance de ses
services et à sa requête, le roi accorde exemption
d'impôts (ce qui est bien le signe de l'empire) aux lieux
qui font vue naître, aux deux villages unis de Greux et de
Domrémy. (4)
Les parents de Jeanne étaient de simples laboureurs
"de bonne vie et renommée", n'ayant, avec leur
chaumière, qu'un bien petit patrimoine ; mais considérés
dans leur état, vrais et bons catholiques, et soutenant avec
honneur leur pauvreté. Ils eurent trois fils : Jacques, Jean
et Pierre, et deux filles, Jeanne ou Jeannette et Catherine. (5)
Des deux sœurs, Jeanne était l'aînée.
Elle grandit auprès de sa mère, formée par
elle à la religion et au travail : c'est un témoignage
qu'elle ne craignit pas de se rendre à elle-même ;
car, par ce témoignage, c'est sa mère qu'elle honorait.
"Elle était bonne, simple et douce fille", dit
une amie de son enfance ; "point paresseuse", ajoute un
voisin : et elle travaillait de bon cœur, tantôt filant,
jusques bien avant dans la nuit, aux côtés de sa mère,
ou la remplaçant dans les soins du ménage ; tantôt
partageant les devoirs les plus rudes de son père, pourvoyant
à l'étable, allant au champs, mettant la main, selon
qu'il le voulait, à la herse, à la charrue, et quelquefois
aussi gardant pour lui dans la prairie commune le troupeau du village,
quand le tour était venu (6).
"Bonne fille", c'est le cri de tous honnête,
chaste et sainte, parlant en toute simplicité, selon le précepte
de l'Évangile : "Oui, non ; cela est, cela n'est pas",
"Sans manque", sine
defectu, voilà tout ce qu'il lui arrivait d'ajouter à
sa parole pour en attester la vérité. Un pur rayon
de l'amour divin illuminait cette vie si occupée, et donnait
du charme à ses labeurs. Le petit jardin de la maison paternelle
touchait au cimetière, qui est comme le jardin d'une église
de village. Jeanne usait du voisinage pour aller à l'église
le plus souvent qu'elle le pouvait : elle y goutait une douceur
extrême. On l'y voyait prosternée devant le crucifix
; ou bien les mains jointes, les yeux levés vers l'image
du Sauveur ou de la Vierge sa mère. Tous les matins pendant
le saint sacrifice, elle était au pied des autels ; et le
soir, quand la cloche qui sonnait les complies la surprenait aux
champs, elle s'agenouillait, et son âme s'élevait à
Dieu. Elle se plaisait à entendre chaque soir ce commun appel
à la prière. Quand le sonneur de l'église (on
le sait de lui-même) venait à l'oublier, elle le reprenait,
disant que ce n'était pas bien, et promettait de lui donner
des lunes (quelque espèce de gâteaux) pour qu'il se
montrât plus diligent. Elle ne se bornait pas aux devoirs
que la religion prescrit à tout fidèle. Cette jeune
fille, qui avait accompli de si grandes choses à dix-neuf
ans, est toute entière à ces pratiques naïves
de dévotion où les âmes simples et pures ont
tant de charme à se répandre. A moins d'une lieue
au Nord de Domrémy, sur le penchant de l'un des coteaux qui
descendent vers la Meuse, il y avait un ermitage dédié
à Notre-Dame de Bermont. Jeanne aimait à le visiter
; et le jour que l'Église a plus spécialement consacré
à Marie, le samedi, vers la fin de la journée elle
se joignait à d'autres jeunes filles pour y venir prier ensemble
et y brûler des cierges : symbole consacré par l'Église
pour rappeler aux fidèles la foi qui veille et l'amour qui
doit brûler pour Dieu (7).
Jeanne fut donc, dès sa plus tendre enfance,
un modèle de piété. Elle n'avait point sa pareille
au village. Les jeunes gens se moquaient bien un peu de sa dévotion
; les jeunes filles en jasaient aussi. Mengette, sa petite amie,
trouvait elle-même et lui disait qu'elle était trop
pieuse ; et ce reproche était pour Jeanne comme un
éloge qui la faisait rougir. Mais sa foi se traduisait en
bonnes œuvres. Si peu d'argent qu'elle eût, elle en avait
pour l'aumône. Elle consolait les malades, elle recueillait
les pauvres, elle donnait place au foyer, elle leur cédait
même son lit, secondée dans sa charité par la
religieuse condescendance de ses parents. Aussi était-elle
aimée de tout le monde (8).
Elle ne cherchait point d'ailleurs à se distinguer
des autres, et se mêlait à ses compagnes dans les fêtes
du village. Sur la pente même où s'adosse le village
de Domrémy, entre les bords fleuris de la Meuse
et la sombre forêt de chênes, le bois Chesnu, qui en
couronnait les hauteurs, il y avait un hêtre d'une remarquable
beauté, "beau comme un lis", dit l'un des habitants,
large, touffu, dont les branches retombaient jusqu'à terre.
On l'appelait "Aux loges-les-Dames, Ad lobias Dominarum"
ou encore "l'arbre des dames". Autrefois, quand le château
de Domrémy était encore habitable, les seigneurs et
les dames du lieu, avec leurs damoiselles et leurs suivantes, venaient
au retour du printemps, faire un repas champêtre sous son
ombrage. Peut-être un jour ces joyeuses réunions avaient-elles
amené quelque mystérieuse aventure qui changea de
nature et de forme en passant dans la tradition. Le nom de dames,
donné aux femmes de haut parage, était aussi le nom
donné aux fées dans le langage populaire. On racontait
qu'un chevalier, seigneur de Bourlémont, venait y voir une
fée, conversait avec elle. Jeanne, avait entendu dire qu'on
le lisait dans un roman (9). L'arbre
des Dames était donc aussi l'arbre des Fées.
C'étaient les fées qui, dans les anciens
temps, venaient danser sous le beau hêtre ; on disait même
qu'elles y venaient encore. Cela n'empêchait pas les habitants
de Domrémy de faire ce que faisait leurs pères. L'arbre
était toujours aussi beau. Au printemps, on se rassemblait
sous sa large voûte de verdure. On l'inaugurait, en quelque
sorte, avec les beaux jours, le dimanche de la mi-carême (Lætare).
En ce jour, qu'on nommait aussi le dimanche des Fontaines, les jeunes
garçons et les jeunes filles venaient sous l'arbre fameux
faire ce qu'on appelait leurs fontaines.
Ils emportaient, comme provision de la journée,
de petits pains faits exprès par leurs mères, et s'y
livraient aux ébattements de leur âge, chantant, dansant,
cueillant des fleurs aux alentours pour en faire des guirlandes
dont ils ornaient les reameaux du bel arbre ; puis quand ils avaient
mangé, ils allaient se désaltérer aux eaux
limpides d'une source voisine tout ombragée de groseillers (10). Jeanne y venait comme les autres
; Mengette, son amie, dit qu'elle y fut et y dansa plus d'une fois
avec elle. Pourtant elle n'était point danseuse ; et souvent,
au milieu de la fête, elle se détournait vers une petite
chapelle élevée au voisinage sur l'un des points les
plus riants de la colline, Notre-Dame de Domrémy (11),
et suspendait à l'image de la Vierge les guirlandes
qu'elle avait tressées des premières fleurs des champs (12).
C'est au milieu d'une vie si calme et si paisible qu'elle
fut appelée à s'armer
pour la France.
La mission de Jeanne d'Arc produisit une si complète
et si rapide révolution dans les destinées de la France,
qu'assurément rien n'est plus digne de fixer l'attention
de l'historien. D'où vient-elle ? Jeanne est là qui
répond. Elle dit qu'elle l'a recue de Dieu. Mais cette réponse
n'est pas de telle sorte qu'elle obtienne d'être accueillie
sans examen, sans commentaire ; et les contradictions n'ont pas
manqué non plus que les systèmes. On ne dit pas que
Jeanne ait trompé sciemment ; on ne dit plus qu'elle ait
servi d'instrument à une machination politique, complice
ou dupe elle-même de la fraude qu'elle était chargée
d'accréditer : mais on prétend trouver en elle, et
dans les plus nobles inspirations du coeur, dans l'extase d'une
âme pieuse, dans l'exaltation d'un ardent patriotisme, la
source de l'illusion qu'elle aurait propagée de bonne foi.
Jeanne était une mystique, dit-on ; et pour montrer
comment elle le fut, on en cherche le secret dans toutes les
causes qui ont pu de quelque façon, agir sur son âme
: l'esprit de son pays et de son temps, l'influence même de
sa propre nature. Mais la Champagne, ou, si l'on veut, les marches
de la Lorraine (car pour désigner la patrie de Jeanne d'Arc,
il est juste d'associer les deux mots), n'ont jamais été
réputées un pays de mystiques ; et tous les efforts
tentés au procès de Rouen pour grossir les supersitions
de son village, n'ont servi qu'à montrer combien elles
avaient peu d'empire sur elle. Quant aux illuminés de son
temps, ils n'ont rien, dans les vagues épanchements de leur
âme, qui ne soit en contraste avec le caractère si
parfaitement précis et défini des révélations
de Jeanne d'Arc. Ce n'était pas non plus une jeune
fille maladive, dont la nature imparfaitement développée
la fît sujette aux hallucinations. Le témoignage d'où
on l'a voulu conclure est une simple opinion, un ouï-dire qui
ne prouve que l'extrême délicatesse de sa pudeur ;
et tous s'accordent à déclarer qu'elle était
aussi forte que belle : belle et bien formée (d'Aulon)
; bien compassée de membres et forte (chron. de La Pucelle)
; grande et moult belle (Mirouer des Femmes vertueuses) ; de grande
force et puissance (Chron. de Lorraine) ; d'une force qui n'avait
rien de viril : elle avait la voix douce, une voix de femme, disent
ceux qui l'ont entendue (Guy de Laval, P. de Boulainvilliers) ; d'une
puissance qui marquait dans la jeune fille l'entier développement
de la femme. C'était une ame religieuse dans un corps robuste
et sain (13).
Ce que le mysticisme n'explique pas, le doit-on rapporter au seul
amour de la patrie ? Jeanne assurément n'était pas
insensible aux malheurs de son pays. La vieille querelle des Armagnacs
et des Bourguignons partageait, jusque dans ce coin reculé
de la France, les villages, les familles même ; et la haine
était vive entre les deux partis. Domrémy (Dompnus
Remigius), ancien domaine de l'Église métropolitaine
de Reims, devenu plus tard un des apanages de la seigneurie de Joinville,
et rattaché depuis au domaine de la couronne, était
resté fidèle au roi. Tout le monde y était
Armagnac, sauf un seul homme ; et Jeanne avoue qu'elle aurait vu
sans regret qu'on lui coupât la tête, si toutefois c'était
la volonté de Dieu. A Maxey, au contraire, tout à
côté, sur l'autre rive de la Meuse, les habitants étaient
Bourguignons, et la lutte s'engageait souvent entre les enfants
des deux villages. Jeanne vit plus d'une fois ceux de Domrémy
revenir de la bataille le visage meurtri et sanglant. C'était
une image de la guerre civile ; mais on n'a pas de preuve qu'elle
ait sévi entre les habitants de ces contrées autrement
que par ces combats d'enfants. On n'y souffrit pas beaucoup plus
de la guerre étrangère. Cette marche de la Lorraine,
aux frontières de l'Allemagne, n'était pas le chemin
des Anglais. La paix de Troyes les avait établis en Champagne
; mais ils n'en occupaient qu'un petit nombre de points. Ce n'était
qu'à grand'peine, et avec l'aide de Jean de Luxembourg, qu'ils
avaient pris position sur le cours inférieur de la Meuse,
à Beaumont, à Mouzon ; quant au cours supérieur,
ils l'avaient laissé aux entreprises des Bourguignons, qui,
au nombre de quatre ou cinq cents partisans, ravagèrent le
Barrois en 1424, réunirent en 1428 (1er juillet), postérieurement
aux premières démarches de Jeanne (13 mai), quelques
soldats pour attaquer Vaucouleurs, et probablement se séparèrent
sans avoir rien tenté. Cette sanglante guerre parait s'être
réduite, pour les habitants de Domrémy, à quelques
alertes. Quelquefois, à l'approche d'une troupe de partisans,
on sauvait les bestiaux dans l'île formée devant le
village par les deux bras de la Meuse. Un jour même tous les
habitants s'enfuirent à Neufchâteau. Jeanne y suivit
ses parents, et demeura quatre ou cinq jours, ou même quinze
jours avec eux chez une honnête femme nommée la
Rousse. Après quoi on revint au village ; et rien ne
dit que ce fût alors ou en pareille circonstance qu'il ait
été brûlé. Voilà tout ce que les
recherches les plus habiles et les plus minutieuses ont pu faire
découvrir sur la part de Domrémy aux malheurs du temps.
Assurément c'est quelque chose, et il ne faut pas tenir pour
nulle l'impression que Jeanne en put recevoir. Mais, sans aucun
doute, si le sentiment des souffrances que la guerre apporte, si
la haine qu'inspire la vue du conquérant, maître du
sol natal, avaient suffi pour donner un sauveur à la France,
il serait né partout ailleurs. (14)
D'où vient donc la mission de Jeanne d'Arc ?
Nous ne voulons pas trancher d'avance la question. Notre unique
objet, au contraire, est de mettre en garde contre les explications
prématurées, et de faire voir que tout ne se résout
pas, aussi naturellement qu'on le pourrait croire, par les causes
alléguées. Quelque vraisemblance d'ailleurs que ces
causes puissent avoir à première vue, il faut, avant
de se faire définitivement admettre, qu'elles se justifient
au contrôle des faits accomplis. Revenons donc à la
vie de Jeanne d'Arc. Écoutons ce qu'elle a dit et voyons
ce qu'elle a fait. L'entière manifestation de son caractère
dans la suite de l'histoire, sa franchise, sa droiture, sa netteté
d'esprit et son parfait bon sens, montreront mieux que toutes les
raisons du monde, quelle idée on se doit faire de sa personne,
quelle foi on peut avoir en ses discours.
Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Ilustrations :
- La chateau de Bourlémont (octobre 2004).
- Vieilles maisons de Domrémy ("Grande histoire illustrée
de Jeanne d'Arc" - H.Debout - 4° éd.1922)
- Vue générale de Domrémy et de la vallée
de la Meuse ("Histoire abrégée... de Jeanne
d'Arc" - Jollois - 1824)
- Maison natale de
Jeanne d'Arc vers 1915 ("Grande histoire illustrée
de Jeanne d'Arc" - H.Debout 4° éd.1922)
- Chambre de Jeanne d'Arc - août 2004 (ibid.)
- Jeanne d'Arc et St-Michel, peinture de Thirion (ibid.)
- Tableau de Mme Virginie Demont-Breton. (ibid.)
- L'église de Domrémy vers 1819 ("Histoire
abrégée... de Jeanne d'Arc" - Jollois - 1824).
Notes :
1 Plusieurs personnes croient rendre à Jeanne d'Arc son véritable nom en l'appelant Jeanne Darc. Nous montrons dans l'appendice
n°7 le peu de fondement de cette innovation.
2 Q. Procès, t.I, p.65 et 262.
3 Q. Procès, t.I, p.45
4 Sur la date de la naissance et sur le pays de Jeanne d'Arc,
voir les appendice n°8
et appendice n°9.
5 Condition de la famille de Jeanne d'Arc : Témoignages
des gens du pays ; Procès, t.Il, p.388, 393, 395, 397,
400, 401, 403.
- Les lettres d'anoblissement données aux parents
de Jeanne d'Arc supposent qu'ils pouvaient être d'origine
servile "non obstante quod ipsi forsan alterius quam liberæ
conditionis existant." (Procès, t.V, p.152.) Mais
cela est moins un témoignage sur leur origine qu'une formule
prévoyant tous les cas pour lever tous les obstacles :
car la noblesse ne s'accordait communément qu'aux personnes
de condition libre.
6 - Son instruction religieuse : "Nec alibi didicit
credentiam, nisi a præferata matre" (Procès
T.I, p.47. Les citations du tome 1 sont toutes du procès
de condamnation et par conséquent nous donnent les déclarations
mêmes de Jeanne d'Arc.). Cf les témoignages de Jean
Moreau, t.II p.389, de Béatrix Estellin, p.395, et des
autres, p.398, 403, 404, 418, 424.
- Sur les occupations de son enfance : "Utrum in juventute
didicerit aliquam artem : dixit quod sic, ad suendum pannos lineos
et nendum" t.I, p.51 ; et les mêmes témoignages,
t.II p.389, 390, 393, 396, 398, 400 etc... "Non erat remissa,
laborabat libenter, nebat, ibat ad aratrum cum patre, tribulabat
terram cum tribula, et alia domus necesseria faciebat ; et aliquotiens
animalia custodiebat" p.424 : "prout pluries de nocle
eam, in domo loquentis cum quadam filia sua nere vidit" (t.II
p.409 et 430) ; - "laborabat, nebat, sarclabat" (p.422,
423, 427, 462) ; - libenter operabatur et videbat nutrituram bestiarum
; libenter gubernabat animalia domus patris, nebat et necessaria
domus faciebat, ibat as aratrum, tribulatum, et ad turnum animalia
custodiebat," (p.433, cf.p.404, 410, 413, 415, 420 etc...).
Le soin des troupeaux doit se rapporter à sa première
enfance ; plus grande, elle s'occupait surtout des soins du ménage
; pour les troupeaux c'était si peu son habitude de les
garder, qu'elle même déclare dans son procès
que si elle le fit, elle ne s'en souvient pas : "Vacabat
circa negotia familiaria domus, nec ibat ad campos cum ovibus
et aliis animalibus" t.I p.51 (Interr. du 22 février)
; et quod postquam fuit grandior et quod habuit discretionem,
non custodiebat animalia communiter, sed bene juvabat in conducendo
ea ad prata, et ad ununm castrum quod nominatur Insula, pro timore
hominum armatorum ; sed non recordatur an in sua juvenili ætate
custodiebat an non," t.I, p.66 (Interr. du 22 février.).
7 Piété de Jeanne : mêmes témoignages,
t.II p.400, etc... "Dum erat in ecclesia, aliquotiens prona
erat ante Crucifixum, et aliquando habebat manus junctas et fixas
insimul, ac vultum et oculos erigendo ad Crucifixum aut
ad beatam Mariam", t.II p.459 (Arnolin, prêtre)
- Assiduité à la messe, t.II p.390, 396,
398, 400. Si elle avait eu de l'argent, dit naïvement un
des prêtres entendus, elle l'aurait donné à
son curé pour dire des messes, t.II p.402 (Et. de Sionne)
- Pratique des sacrements : t.II p.390, 394, 396, 399,
404, 415, 418, 432. Nicolas Bailly, qui fit l'enquête à
Vaucouleurs au nom de Pierre Cauchon, dit au procès de
réhabilitation qu'elle se confessait presque tous les mois,
selon qu'il avait ouï dire de beaucoup d'habitants (t.II
p.452) H.Arnolin, prêtre, la confessa trois fois en un carême
(t.II p.359). Cf ce qu'elle dit elle-même à ses juges,
qu'elle se confessa deux ou trois fois à Neufchâteau
: et elle y fut quinze jours (t.I p.51)
- Les complies et les cloches : t.II p.393, 413, 420, 424,
- Des lunes : on lit aussi lanas (de la laine)
- L'ermitage de Bermont : t.II p.390, 404, 413, 420, 425,
433, 439 (témoins de Domrémy) Les enfants de Greux
y allaient faire leurs fontaines (t.II p.416), comme ceux de Domrémy
à Notre Dame de Domrémy (voir ci-après).
C'est par un lapsus, sans doute, que M.Quicherat (t.II p.389,
note), place cette chapelle sur la route de Domrémy à
Neufchâteau : c'est "sur la route de Domrémy
à Vaucouleurs" qu'il faut lire. La chapelle s'élevait
sur le versant de la colline, à 2 kil. au nord de Greux.
Un propriétaire de Vaucouleurs l'a rebâtie sous prétexte
de la réparer ; il l'a enfermée dans son enclos,
s'est construit tout à côté une maison bourgeoise.
la chapelle avec son clocheton y fait le pendant de ses communs.
Voir le dossier : Notre-Dame
de Bermont (ndlr).
8 Sa dévotion : "Quod non erat sibi similis
in dicta villa" t.II p.402 (Et. de Sionne) "Quod erat
bona catholica, quodque nunquam meliorem ipsa viderat, nec in
sua parochia habebat", p.434 (Colin) ; "et ipse et alii
deridebant eam" p.420 (J.Watrin) ; "quod erat nimis
devota", p.430 (Mengette) et 418 (Hauviette)
- Sa charité : p.398 (Jeanette Thévenin)
: "et faciebat hospitare pauperes, et volebat jacere in focario
et quod pauperes cubarent in suo lecto", p.427 (Isabelle
Gérardin). Un de ceux qu'elle soigna malade en rend témoignage
: "dum erat puer, ipse infirmatabur, et ipsa Johanna ei consolabatur",
p.424 (Musnier).
9 Récit en langue vulgaire.
10 L'arbre des dames : Voyez ce
qu'en dit Jeanne elle-même, t.I p.67, et presque tous
les témoins de l'enquête de Vaucouleurs au n°9
de l'interrogatoire.
- Le beau may, t.II p.67
- L'abre dominarum, t.II, p.394, 396 etc...
- ad lobias dominarum, p.427, 430, etc... ; "tempore
veris, quia tum est pulchra sicut lilia et est dispersa, ac folia
et rami ejus veniunt usque ad terram", t.II p.423. En 1628,
Edmond Richer en parlait encore avec admiration. L'arbre n'existe
plus, mais le souvenir s'en est gardé dans le pays (voir
la note de M. Jules Quicherat, t.II p.390).
- Les seigneurs et les dames de Bourlémont, p.398,
404, 413, 427
- Le chevalier Pierre Granier de Bourlémont et la fée,
p.404
- Les fées : Jeanne rapporte au procès qu'elle
a ouï dire de l'une de ses marraines qu'elle les y avait
vues : "sed ipsa loquens nescit an utrum hoc esset verum
vel non", t.I p.67. Les témoins de la révision
en parlent comme de choses qui n'arrivent plus, t.II p.410, 420,
425, 440 : "sed proper earum peccata nunc non vadunt",
p.396 (Béatrix Estellin) ; "sed, ut dicitur, postquam
evangelium beati Johannis legitur et dicitur, amplius non vadunt",
p.391 (J.Moreau)
- Divertissement des jeunes gens, p.390, 394, 400, 407,
423, 425, 427, 430, 434 (témoins de Vaucouleurs).
- Sur la fontaine aux groseillers, voir appendice
n°10
Voir le dossier : les
fontaines de Domrémy.
11 ndlr : Cette chapelle n'existait pas
au XV° siècle. Voir dossier : les
légendes du Bois-Chenu.
12 Jeanne à l'arbre des dames : t.II p.407 (Th.
Le Royer), 430 (Mengette) ; "non tripudiabat, ita quod
sæpe ab aliis juvenculis et aliis causabatur" p.427
(Isa.Gérardin). Jeanne elle-même dit qu'elle a bien
pu y danser aussi ; mais qu'elle y a plus chanté que
dansé : "Et nescit quod postquam habuit discretionem
ipsa tripudiaverit juxta illam arborem ; sed aliquando bene potuit
ibi tripudiare cum pueris, et plus ibi cantavit quam tripudiaverit",
t.I p.68 ; "et faciebat apud arborem serta pro imagine beatæ
Mariæ de Dompremi" (p.67)
- Sur la chapelle de N.D de Domrémy, voir l'appendice
n°11.
13 Superstitions imputées à Jeanne : Jeanne
ne nie pas théoriquement l'existence des fées ou
des êtres surnaturels, pas plus que personne en son temps
; mais elle dit qu'elle n'en a jamais vu à l'arbre des
Dames, et ne sait si elle en a vu ailleurs (t.I, p.67) car elle
déclare qu'elle ne sait ce que c'est (t.I, p.209) ; et
pour ce qu'on raconte de ceux qui vont en erre (qui errant)
avec les fées elle ajoute qu'elle n'en sait rien, qu'elle
en a entendu parler et n'y croit pas, estimant que c'est sortilège.
Après cela, comment M. Henri Martin peut-il parler "des
fées qu'elle croyait entrevoir" (Histoire de France,
t.VI, p.140.) Avec ce passage (Procès, t.1, p. 67), où
Jeanne dit qu'elle n'en a jamais vu, l'auteur en cite un autre
(Procès, t.I, p.168), où elle parle des apparitions
de ses saintes. C'est se placer, pour en juger, du côté
de ses juges.
- Contraste de Jeanne et des mystiques de son temps : c'est
ce que monlre M. Jules Quicherat, (Aperçus nouveaux sur l'Histoire de Jeannne d'Arc, p.74).
- Constitution physique : simple oui-dire, t.111, p.219
; (d'Aulon). - Ainsi encore ceux qui l'ont suivie dans ses campagnes
s'étonnaient de la voir rester à cheval des jours
entiers, comme étrangère aux nécessités
de la nature : "Dum erat in armis et eques, nunquam descendebat
de equo pro necessariis naturæ, et mirabantur omnes armati
quomodo poterat tantum stare supra equum. (Ibid., p.118)
(Sim.Charles) ; cf. t.V, p.120 (P.
de Boulainvilliers), et M. J. Quicherat, (Aperçus...,
p. 59-60).
- Portrait de Jeanne : Procès, t. 111, p. 219; t.
IV, p. 205, 268, 330 ; t.V, p.108, 128, et le témoignage
du duc d'Alençon, t.III, p.100. Un auteur plein d'erreurs
et de fables, mais qui cite un chevalier italien présent
alors à la cour de Charles VII, dit qu'elle était
petite de taille, mais forte de corps : "erat brevi quidem
statura, rusticanaque facie et nigro capillo, sed tote corare
prævalida." T.IV, p.523 (Ph. de Bergame). Ce qu'il
dit de sa taille, en contradiction avec les autres, peut s'expliquer
par l'habit d'homme qu'elle portait qu'elle pouvait, sans être
petite réellement, le paraitre sous le costume des hommes.
Voir. Lebrun des Charmettes, Hist. de Jeanne d'Arc, t.I,
p.367, et Vallet de Viriville, Iconographie de Jeanne d'Arc,
p.2. Quant aux portraits qu'on a de Jeanne, aucun malheureusement
n'est authentique. Voir. ibid., p.10 et 11.
14 Le Bourguignon de Domrémy : t.1, p.65. Pour rassurer
le lecteur sur le sort de ce Bourguignon, Lebrun des Charmettes
fait observer que Jeanne l'a plus tard accepté pour compère.
(Hist. de Jeanne d'Arc, t.I, p. 280, 287)
- Les enfants de Maxey : Procès, t. 1, p. 66. -
Les Anglais et les Bourguignons sur la Meuse : Monstrelet, II,
22, 31 et 47 ; Varin, Arch. législ. de Reims, Statuts,
t.I, p. 675 et suiv.
Les bagarres entre enfants de Maxey et Domrémy-Greux pouvaient
bien avoir lieu à la sortie de l'école communale
de Maxey. (ndlr)
- Expédition préparée contre Vaucouleurs : Archives nation., sect. hist.K, cart.69, n°63.
Une trève avait été conclue entre le maréchal
de Bourgogne et le capitaine de Vaucouleurs, Baudricourt, le 18
mars 1426. (D. Plancher, Hist.de Bourgogne, t.IV, p.55 et 56 des Preuves). Vaucouleurs est aussi expressément nommé
dans une des trêves ménagées par le duc de
Savoie, entre le roi et le duc de Bourgogne, pour les pays de
Bourgogne proprement dits et quelques provinces françaises
du voisinage, 26 novembre 1427. (Ibid., p. 72-74.)
- Alertes à Domrémy et fuite à Neufchâteau : Procès.t.I, p.66 et 51 ; l'art. XII de l'enquête
de Vaucouleurs, t.II, p.392 et suiv. et t.III, p.198.
- L'incendie du village, t.II, p.396 (Béatrix Estellin).
Le témoin dit que : "Quand le village de Domremy fut
brulé, Jeanne allait aux jours de fête à la
messe à Greux." Voir pour tous ses faits, M. J. Quicherat, Aperçus nouveaux, p.11-13.
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