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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice
9 : Le pays de Jeanne d'Arc |
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Jeanne
d'Arc était-elle Lorraine ? Jeanne d'Arc était-elle
française ? Ces questions ont été vivement
agitées dans ces derniers temps entre M. Lepage et M. Renard,
qui se sont faits les champions, l'un de la Lorraine, l'autre de
la Champagne (1). Je rends hommage à
la science et au patriotisme de M. Lepage, mais je n'hésite
pas à dire que M. Renard me paraît avoir les meilleures
raisons de son côté.
Jeanne d'Arc était-elle Lorraine ? On l'a dit
il y a longtemps déjà, et l'on a répété
surtout depuis Villon :
Jeanne la bonne Lorraine (2)
mais cette assertion, prise à la lettre, ne supporte pas
un seul instant l'examen. La Lorraine finissait à la rive
droite de la Meuse : or Domrémy est de la rive gauche. Ceux-là
mêmes qui posent ainsi la question : "Jeanne d'Arc
est-elle Lorraine ?" et voudraient conclure qu'elle l'était,
prouvent qu'elle ne l'était pas : car ils prétendent
établir qu'elle était du Barrois, et le Barrois, possédé
au temps de Jeanne par un prince français, René d'Anjou,
ne fut réuni à la Lorraine que l'année de la
mort de la Pucelle. C'est en 1431 seulement que René d'Anjou,
marié en 1420 à l'héritière de la Lorraine,
en recueillit l'héritage.
En rouge, le ruisseau qui séparait
le village de Domrémy. La maison de Jeanne (en noir) se trouve
sur la rive gauche et donc appartient à Domrémy-Nord
et à la couronne de France.
Mais Jeanne était-elle du Barrois ? Dans le Barrois
on
distinguait la rive droite et la rive gauche de la Meuse : la rive
droite faisant le duché de Bar proprement dit, et la rive
gauche appartenant aussi au duché, et appelé Barrois
mouvant, parce que depuis Philippe le Bel (1302) il relevait de
la couronne de France. Ce serait donc de ce Barrois français
qu'il s'agirait ici. Mais il y avait au milieu du Barrois mouvant
une langue de terre qui appartenait directement à la couronne
: Philippe de Valois, en 1335, avait acheté de Jean de Joinville
la seigneurie de Vaucouleurs ; et Charles V, frappé de l'importance
de sa position, l'avait déclarée inséparablement
unie an domaine, par une ordonnance de 1365 (3).
La seigneurie de Vaucouleurs, rattachée à la Champagne,
s'étendait dans la vallée, au sud jusqu'à Domrémy,
et, dans Domrémy, jusqu'à un ruisseau qui la séparait
du Barrois mouvant. Or, la maison où Jeanne d'Arc est née
subsiste, maison réparée ou reconstruite en 1431,
sous Louis XI, comme en témoigne l'inscription de la porte
: et cette maison est à la gauche du ruisseau qui marque
la frontière du pays, c'est-à-dire du côté
de Greux et de Vaucouleurs, dans le pays français.
Voilà ce que tout le monde peut voir ; et pour
ceux qui n'ont pas fait le voyage, M. Lepage a produit lui-même
l'état des lieux, sans s'apercevoir qu'il était la
réfutation directe de son système. Il est vrai que,
reconnaissant sa faute, il a prétendu que le ruisseau, il
y a cent cinquante ans, coulait plus au nord, et il a invoqué
à l'appui de cette assertion le témoignage de deux
octogénaires (4). Mais si l'on
admet un changement dans son cours, il faut en admettre deux, et
conclure, avec M. Renard, que le dernier redressement n'a fait que
remettre les choses en l'ancien état : car le cours actuel
du ruisseau répond à merveille à l'idée
que l'on se fait des lieux d'après d'anciens actes. Les seigneurs
barrois qui occupaient dans l'île de la Meuse la Maison forte,
ne réclamèrent jamais qu'une moitié au plus
du village, et, en 1334, ils reconnaissaient pour limite une pierre
en envers le moustier (près de l'église) (5).
En 1461, les élus de Langres constatèrent que les
habitants de Domrémy, "depuis ung petit ruisseau sur
lequel a une pierre plate en manière de planche, en tirant
depuis ledit ruisseau vers la ville de Greux", étaient
du domaine de la couronne ; tout en reconnaissant que les autres,
"depuis lesdits ruisseau et pierre en tirant vers Neufchastel",
étaient mouvants de la châtellenie de Gondrecourt.
Le procureur du roi soutenait que la ville était "entièrement
située et assise au royaume" ; il avait tort (6);
mais aurait-il pu avancer cette thèse si la plus grande partie
du village n'avait été en terre de France, c'est-à-dire
au nord du ruisseau ? Le ruisseau coulait donc bien alors comme
aujourd'hui vers l'extrémité sud du village, laissant
l'église du côté de la France.
Un autre pièce que l'on doit, comme la précédente,
à la parfaite connaissance que M. Lepage a des archives dont
il est le gardien, prouve encore contre lui. En 1603 un habitant
de Domrémy échappe à une réquisition
des gens du roi "parce qu'il n'appert point que la maison où
demeure ledict défendeur assize au bout du village dudict
Domrémy, assez proche du petit ruisseau mentionné
audict procès, soit située en ce royaume"
(7). Si la maison du défendeur
située
hors du royaume, était au bout du village assez proche du
petit ruisseau, il est donc vrai que le ruisseau qui servait de
limite assignait la plus grande partie du village au royaume et
qu'il était alors, qu'il était auparavant là-même,
on peut le dire, où il est aujourd'hui. Ainsi la maison de
Jeanne d'Arc était bien en terre de France ; et cette conclusion
résulte des textes mêmes que ceux qui la combattent
se sont chargés de nous fournir.
Il ne faut pas croire d'ailleurs que la vraie nationalité
de la Pucelle ait été ignorée des anciens historiens.
On disait qu'elle était venue des marches de la Lorraine
; d'où il arrive que plusieurs, surtout parmi les étrangers,
font fait venir de la Lorraine (8):
confusion très facile, et le nom de Domrémy, son village,
était trop obscur pour servir à la dissiper. Mais
d'autres, et parmi eux des gens qui la virent à son arrivée
auprès du roi et qui devaient être plus curieux de
savoir au vrai son origine, nous ont dit exactement d'où
elle était et ce qu'était son village. Perceval de
Boulainvilliers, qui se trouvait alors à la cour, écrit
le 21 juin 1429 au duc de Milan, qu' "elle est née dans
un petit village nommé Domrémy, au bailliage de Bassigny,
en deçà des frontières du royaume de France,
sur la
Meuse" (9). L'auteur de la Chronique
de la Pucelle, que l'on croit être Guillaume Cousinot, secrétaire
du roi, puis conseiller sous Charles VII, dit à son tour
: "L'an mil quatre cent vingt-neuf, y avoit une jeune fille,
vers les marches de Vaucouleurs, native d'un village nommé
Domp-Remy, de l'élection de Langres, qui (lequel village)
est tout un avec le village de Grus (Greux)." Mais ce qui efface
tous ces témoignages, ce sont les documents officiels que
notes avons cités dans le texte :
1 L'enquête des juges de Rouen : "Et elle est
née dans le village de Greux, ayant pour père Jacques
d'Arc et pour mère Isabelle son épouse ; nourrie dans
sa jeunesse jusqu'à dix-huit ans ou environ dans le village
de Domremi, sur le fleuve de Meuse, au diocèse de Toul, dans
le bailliage de Chaumont en Bassigny et la prévôté
de Monteclére et d'Andelot (10).
M. Lepage demande (2° mémoire, p.31) où il est
dit que Domrémy se rattachât à la prévôté
d'Andelot. C'est ici même, dans les actes du procès.
Comment l'auteur qui donne tant de textes n'a-t-il pas relevé
et parait-il ne pas voir celui-là ? Son adversaire, M. Renard,
le lui citait dans chacun de ses mémoires. Et il s'agit de
la partie de Domremy d'où était Jeanne, puisque cela
est dit à propos de son origine : "Et est oriunda in
villa de Grus,... nutrita.... in villa de Dompremi... in bailliviatu
de Chaumont en Bassigny, et præpositura de Monteclere et d'Andelo."
(Procès, t.I p. 209) (Monteclère est l'emplacement
d'un ancien château voisin d'Andelot dont nous avons parlé
à propos de Jean le canonier) (11).
Quant à Greux, donné pour la patrie de Jeanne, ce
n'est pas une erreur si ridicule ou si grossière, comme un
autre l'a dit, puisque elle-même a déclaré qu'elle
était née à Domrémy de Greux ; que Domrémy
faisait un même village avec Greux, et qu'à Greux était
la principale église (12). Aussi,
les habitants de Greux, dans une requête en vériflcation
de leurs privilèges (1584), ne manquent-ils pas de tenir
le même langage : "Jehanne la Pucelle, native dudit lieu
de Greux."
2 Les lettres d'anoblissement de Jeanne d'Arc et de sa famille,
où elle est dite de Domrémy, du bailliage de Chaumont
(13).
3 L acte par lequel Charles VII, en considération
de ses services, accorda exemption d'impôts à Greux
et à Domrémy (Chateau-Thierry, 31 juillet 1429) (14).
C'est bien là sans doute la preuve que ces villages, qui
ne faisaient qu'un selon Jeanne d'Arc, et qui, à cause de
cela, sont joints ensemble dans cette faveur comme son lieu de naissance
(on ne nait pas dans deux villages), appartenaient à la couronne
: car il est trop étrange de supposer que Charles VII ait
exempté d'impôts la terre d'un autre, et plus étrange
encore d'avancer à l'appui de cette trop gratuite hypothèse,
qu'en accordant à Domrémy cette faveur aux dépens
du duc de Bar, le roi aura indemnisé ce dernier.
Quand Domrémy a-t-il cessé de jouir de
cette franchise ? Son privilège a-t-il survécu au
concordat du 15 février 1571, intervenu entre le roi de France
et le duc de Lorraine ? ou faut-il admettre que cet acte ait fait
passer définitivement tout le village sous la domination
de ce dernier ? L'acte de 1571 ne parle pas expressément
de Domrémy. Mais dans l'état où se trouvait
la France vers la fin de Charles IX et encore plus sous Henri III,
les villages mi-partis couraient grand risque de tomber tout entiers
au copartageant qui n'était pas le roi de France. On sait
ce qui advint alors des villes qui nous restaient en Italie. Domrémy,
sans être expressément cédé à
la Lorraine ; échut donc à la Lorraine. C'est ainsi
que l'on peut s'expliquer des choses qui semblent contradictoires
: comment, de 1572 à 1576, on voit Domrémy figurer
encore avec Greux sur les registres de l'élection de Langres
(15), - l'inscription au rôle
des contributions n'étant que pour mémoire (néant,
à la Pucelle) le receveur n'y était pas compromis
; - ou comment encore, dans le procès de 1603, cité
plus haut, on admet au profit du défendeur cette limite du
ruisseau qui, dans tous les cas, le met en dehors de la juridiction
de la France : tandis que réellement tout le village, sauf
peut-être quelques maisons, était de fait hors de la
domination de la France ; que les habitants allaient désormais,
ainsi qu'on le voit par la vente de la maison de la Pucelle, en
1586 et en 1611, faire enregistrer leurs actes civils à Gondrecourt,
et que destitués de tout privilège, ils subissaient
les charges communes du pays nouveau dont ils étaient sujets.
C'est de 1571 en effet, comme du seul acte public d'où ait
pu sortir leur nouvel état, que les habitants de Domrémy
font dater la perte de leur privilège, dans la requête
qu'ils adressèrent au roi, quand la réunion de la
Lorraine à la France (1766) les rendit à leur ancienne
patrie. Ils envoyaient à l'appui de leur demande une copie
authentique de la charte royale et comptaient bien rentrer en partage
de la faveur dont les habitants de Greux, demeurés Français,
n'avaient pas cessé de jouir. Leurs espérances furent
singulièrement trompées. La requête amena un
échange de notes entre l'intendant de la généralité
de la Lorraine et du Barrois et le contrôleur général,
et eut pour résultat de faire retirer le privilège
aux habitants de Greux, sans qu'il fût rendu aux habitants
de Domrémy (1776). (16)
Voici donc nos conclusions. Jeanne d'Arc n'a jamais
été Lorraine, car la Lorraine s'arrêtait à
la rive droite de la Meuse, et Domrémy n'a appartenu à
la Lorraine que depuis 1571. Jeanne d'Arc n'était pas davantage
du Barrois, ni même du Barrois mouvant, c'est-à-dire
relevant de la couronne : car la portion de Domrémy qui se
rattachait au Barrois mouvant était au sud du petit ruisseau
qui faisait la limite des deux pays, et la maison de Jeanne d'Arc
est au nord. Jeanne d'Arc est donc née en terre de France.
Elle est Française par la naissance, comme elle l'était
par son père, comme elle l'a été par toutes
ses aspirations (17).
Voulons-nous par-là contester à notre
Lorraine, au profit de la Champagne, la parenté qu' elle
revendique avec la Pucelle ? En aucune sorte. Domrémy ne
se rattachait à la Champagne qu'administrativement ; et la
rive droite de la Meuse a naturellement avec la rive gauche plus
d'affinité que n'en aura jamais la vallée de la Marne.
On ne peut qu'être touché de voir les villages de cette
rive, jadis si hostiles à Charles VII, comme Coussey, Outreville,
élever au-dessus de leurs fontaines la statue de Jeanne d'Arc.
On ne peut que louer le zèle, tout exclusif qu'il est, de
l'Académie de Stanislas à Nancy pour la même
cause. Le village qui avait vu naître Jeanne d'Arc a été
rattaché à la Lorraine. Il est bien que la Lorraine
défende l'honneur des lieux qui lui sont échus en
partage ; et c'est une tâche dont elle s'est dignement acquittée.
Mais si elle-même est française aujourd'hui, Domrémy
l'avait incontestablement devancée jadis dans le giron de
la France. Domrémy était terre de France au temps
de Jeanne d'Arc. Ce n'est pas d'un pays étranger (tout l'intérêt
de la question est là) qu'est venue celle qui fut appelée
à sauver la France.
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Notes :
1 M. H.Lepage, Jeanne
Darc est-elle Lorraine ? 1852 et 1855, et Un dernier mot
sur la question, 1856. M. Ath. Renart, Souvenirs du Bassigny
champenois, 1851, réimprimé en 1857 ; Jeanne d'Arc
était-elle Française ? 1852, 1855, 1857.
2. Ballade des dames du temps jadis. Oeuvres de Fr. Villon, p.44.
(Paris 1723, in.12°)
3 Ordonnance t.IV, p.583
4 Un dernier mot sur la question, 1857
5 En 1334, Jean de Bourlémont déclare tenir du comte
de Bar "la fort maison de Domp Remey, le pourpris et les
appartenances et la moitié de ladite ville". En 1397
(après la mort, et conséquemment après l'ordonnance
de Charles V), Jean de Bourlémont reconnait tenir en foi
et hommage du duc de Bar. .. "Audit Domrémi environ
vingt-cinq conduis (ménages) de personnes, lesquels doivent
chacun an ... pour chacun cheval trayant... un veassel de froment
.... (Trésor des Chartes, Gondrecourt,I, n°112).
6 Et au regard desdits autres habitants demourans en ladite ville
depuis lesdits ruisseau et pierre, en tirant vers Neufchastel
et au ban et finage dudit Donremi oultre ladite pierre... ledit
procureur du roi n'a aucunement prouvé son intention à
l'encontre d'eux ; pourquoy, joyront iceulx habitans d'autel et
semblable privilége... que font les habitans de ladite
ville et chastellenie de Gondrecourt, dont nous trouvons lesdils
habitans estre mouvans." (Lepage, Jeanne d'Arc est-elle Lorraine,
1er mémoire, 1852, p.14 et le Vidimus, p.49, ibid.)
7 Lepage, 1er mémoire, p.54.
8 "Circa idem tempus venit de Lotharingia quædam virgo
juvencula, nomine Johanna" (Walter Bower, continuateur de
la chronique d'Écosse de Fordun, Procès t.IV p.478)
- "Stund eine Jungfrau auf in Lothringen (Eberhard de Windecke,
ibid. p.486) - "Janna virgo Gallica, natione Lotharingensis
(Philippe de Bergame, ibid. p.522) - "La cal erra
del pais e del dugat de Loreyne" - (Greffier de l'hôtel
de ville d'Albi - "Oriunda ex Lotharingia" (Greffier
de la chambre des comptes du Brabant ibid. p.426) - "Du
pays de Lorraine, d'une ville appelée Vaucouleurs
(chron.de Flandres, Bull. de la soc. de l'hist. de France, juin
1857, p.102). L'auteur qui met Vaucouleurs en Lorraine n'aurait
pas eu Plus de srcupule pour Domrémy. - "Native de
Domrémy, duché de Bar" (chroniquer alençonnais,
Procès T.IV p.28) - Native d'un village du Barrois (Journal
du siège, ibid. p.118). Il est sans intérêt
de donner à cet égard les dires des écrivains
d'un temps postérieur. On en pourrait grossir la liste
sans rien ajouter à la valeur de leur opinion.
9 Nata est in parvo villagio nominato Dompremi in baillivia Bassignata
(Bassigny) infra et in finibus regni Franciæ, super fluvium
de Meuse. (Perceval de Boulainvilliers)
10 Chron. de la Pucelle (Procès t.IV p.204)
11 M. Lepage en aurait pu trouver une preuve de plus, toujours
à propos de jeanne et du pays qui l'a vue naître,
dans une autre pièce, donnée encore par lui-même,
pièce relative à l'exemption d'impôts que
Jeanne avait fait accorder à son pays natal. Il s'agit
des extraits des registres de l'élection de Langres, levé
à la requête "des habitants du village de Greux,
du doyenné de la prévosté d'Andelot",
à la date du 27 juin 1584. Le procès-verbal et les
extraits montrent que Domrémy, comme Greux, dont il n'est
jamais séparé, étaient compris dans les rôles
de la prévôté d'Andelot. (Lepage, 2° mémoire,
p.86-90).
12 "Interrogata de loco originis respondit quod nata fuit
in villa Dompremi quæ est eadem cum villa de Grus
; et in loco de Grus est principalis ecclesia" (Procès
t.I, p.46), ou comme il est dit dans le texte français
"En ung village qu'on appeloit Domremi de Grue, auquel lieu
de Grue est la principale église".
13 "Karolus Dei gratia Francorum rex, ad perpetuam rei memoram.
Magnificaturi divinæ celsitudinis uberrimas nitidissimasque
gratias, celebri ministerio Puellæ Johannæ d'Ay de
Domremyo, caræ et dilectæ nostræ, de baillivia
Calvimontis seu ejus ressortis nobis elargitas" Décembre
1429, Procès t.V, p.150).
14 "Sçavoir vous faisons que en faveur et à
la requeste de nostre bien amée Jehanne la Pucelle...,
nous avons octroyé et octroyons de grâce spéciale
par ces présentes aux manans et habitants des ville et
villaige de Greux et Domremy, oudit bailliaige de Chaumont-en-Bassigny,
dont ladite Jehanne est native, qu'ilz soyent d'ores en avant
francs, quictes et exemptz de toutes tailles, aides, subsides
et subvencions mises et à mettre oudit bailliaige (31 juillet
1429) (Procès t.V, p.138).
15 Copie collationnée du Procès-verbal dressé
à Langres en vérification des privilèges
des habitants de Greux et Domrémy la Pucelle, à
la requête des habitants de Greux, le 25 juin 1584. Lepage,
2° mémoire p.87-90.
Les habitants de Greux même après que Domrémy
avait passé à la Lorraine, avaient intérêt
à joindre son nom à celui de Greux, puisque c'était
en raison de la Pucelle que leur avait été confié
ce privilège. Du reste, le nom de Domrémy semble
avoir bientôt disparu des registres sans que le privilège,
conféré d'ailleurs nominativement à Greux
en même temps qu'à Domrémy, ait été
retiré au village resté Français.
16 Le colonel de Liocourt (La Mission de Jeanne d'Arc - t.1) fait
connaitre que le privilège d'exemption d'impôts pour
Greux et Domrémy-Nord s'est perpétué pendant
tout l'ancien régime comme le prouvent le vidimus de 1483,
un acte de 1584, une ordonnance de mars 1656, un arrêt du
conseil du 28 février 1682 et une confirmation donnée
par Louis XV le 10 août 1723. (ndlr)
On peut donc en déduire que Greux, étant resté
Français, a continué à bénéficier
de ce privilège jusqu'en 1766 et que Domrémy-Nord,
rattaché à la Lorraine en 1571 a perdu ce privilège
à cette date.
17 Sur la patrie de son père, voir traité sommaire
tant du nom et des armes que de la naissance et parenté
de la Pucelle d'Orléans, par Charles du Lys p.7.
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