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Livre
IX - ROUEN - L'abjuration
I
- Le cimetière de Saint-Ouen - p.243 à 257 |
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es juges pouvaient maintenant condamner
Jeanne, mais, tant qu'elle demeurait ferme dans
ses affirmations, l'impression qu'elle avait faite
sur les esprits restait entière, et le jugement, en
quelque nom qu'on le prononçât, était révocable
au tribunal de l'opinion publique. Il fallait donc
obtenir qu'elle se condamnât elle-même, qu'elle
abjurât. On tenta un dernier effort pour ébranler
la jeune fille. Ni la prison, ni le secret des interrogatoires
privés, ni la solennité des séances générales,
n'avaient pu l'émouvoir: on voulut éprouver
ce que feraient le spectacle de la foule ramassée
sur la place publique et la vue du bourreau.
Au jour fixé par l'évêque, le jeudi après la Pentecôte,
24 mai, deux échafauds furent dressés dans
le cimetière de l'abbaye de Saint-Ouen. Sur l'un siégeait l'évêque, ayant avec lui le cardinal de
Winchester, grand-oncle du roi, et une nombreuse
assistance d'abbés, de prêtres et de docteurs; l'autre attendait Jeanne (1).
Avant de l'y conduire, on n'avait rien négligé qui pût servir à la fin proposée. Dès le matin,
Jean Beaupère, le plus habile et le plus considérable
des docteurs, le bras droit de l'évêque, l'était
venu trouver à la prison pour lui annoncer la cérémonie
préparée. Il lui dit que, si elle était bonne
chrétienne, elle déclarerait s'en remettre de tout
en l'ordonnance de notre sainte mère l'Église : et
de quelque manière qu'il lui ait présenté la chose,
il prétendit, au jugement de réhabilitation, qu'elle
promit de le faire, Nicolas Loyseleur vint ensuite :
il lui avait été donné à titre de conseil; et sur le
lieu même de la cérémonie, comme on avait placé Jeanne au seuil d'une petite porte avant de la faire
monter sur l'échafaud, il était près d'elle, l'exhortant
de toute sa force à faire ce qu'on lui demanderait,
et l'assurant qu'il ne lui arriverait rien de
mal, qu'elle serait remise à l'Église. C'est ainsi
préparée qu'elle arriva sur l'échafaud, où un prédicateur
de grand renom, Guillaume Érard, devait
porter le dernier coup (2).
Si l'on croit le serviteur d'Érard, Jean de Lenosoliis, qu'on entendit au procès de réhabilitation, le
prédicateur n'accepta pas volontiers cette tâche :
il disait qu'elle lui déplaisait fort et qu'il aimerait
mieux être en Flandre, mais il s'en acquitta avec
un zèle qui n'eût point laissé aux Anglais mêmes le moindre soupçon de son mauvais vouloir (3).
Il prêcha sur ce texte de saint Jean : « La branche
ne peut porter de fruit d'elle-même, si elle ne demeure
sur la vigne; » et il exposa avec ampleur
comment tous les catholiques doivent demeurer
sur la vraie vigne de notre sainte mère l'Église,
que la main de Jésus-Christ a plantée : montrant
que Jeanne, par ses erreurs et par ses crimes,
s'était séparée de l'unité de l'Église, et avait, de
mille sortes, scandalisé le peuple chrétien.
Au milieu de cette longue diatribe, qui se résumait
en ces mots : sorcière, hérétique, schismatique,
le prédicateur, entraîné par son ardeur :
« O France! s'écria-toi, tu es bien abusée ! Tu
as toujours été la chambre (maison) très-chrétienne;
et Charles qui se dit roi, et de toi gouverneur,
s'est adhéré comme hérétique et schismatique
(tel est-il) aux paroles et aux faits d'une
femme inutile, diffamée et de tout déshonneur
pleine; et non pas lui seulement, mais tout le
clergé de son obéissance et seigneurie, par lequel elle a été examinée et non reprise, comme elle
a dit. »
Puis, se tournant vers Jeanne et, pour donner
plus de force à l'apostrophe, l'interpellant de la
main :
« C'est à toi, Jeanne, à qui je parle, et te dis que
ton roi est hérétique et schismatique, »
Jeanne avait accepté toutes ces injures pour
elle, mais, entendant qu'elles montaient jusqu'au
roi :
« Par ma foi ! sire, dit-elle, révérence gardée, je
vous ose bien dire et jurer, sur peine de ma vie,
que c'est le plus noble chrétien de tous les chrétiens, et qui mieux aime la foi et l'Église (4).
— Fais la taire ! » dit à l'huissier le prédicateur,
mal content de son interpellation (5).
Il reprit son discours, et à la fin, s'adressant à
elle sur un ton plus adouci :
« Voici, dit-il, messeigneurs les juges qui, plusieurs
fois, vous ont sommée et requise de soumettre
tous vos faits et dits à notre sainte mère
l'Église, vous montrant qu'en vos dits et faits étaient plusieurs choses lesquelles, comme il semblait
aux clercs, n'étaient bonnes à dire et à soutenir. »
Il s'attendait sans doute au dénoûment dont
l'avait pu flatter Jean Beaupère ; Jeanne dit : « Je vous répondrai. »
Et vraiment inspirée :
« Quant à la soumission à l'Église, je leur ai répondu.
Je leur ai dit en ce point que toutes les
choses que j'ai faites ou que j'ai dites soient
envoyées à Rome, devers notre saint père le Pape,
auquel, et à Dieu premier, je me rapporte ; et quant
aux dits et faits que j'ai faits, je les ai faits de par
Dieu. »
Elle ajouta que de ses faits et dits elle ne chargeait
personne, ni son roi, ni aucun autre, et que,
s'il y avait quelque faute, c'est à elle et non à un autre qu'il la fallait rapporter.
On lui demanda si elle ne voulait pas révoquer
ceux de ses faits ou de ses dits qui étaient réprouvés.
Elle répondit :
« Je m'en rapporte à Dieu et à notre saint père
le Pape (6). »
Cette scène où les juges avaient cherché la glorification
publique de leur procès allait tourner à
leur confusion. Comment accuser de ne point se soumettre à l'Église celle qui s'en rapportait au
Pape ? Ne pouvait-on pas, avec bien plus de raison,
accuser de mépris pour l'autorité de l'Église ceux qui ne tenaient aucun compte de cet appel
fait à son chef ? Les juges embarrassés représentèrent « qu'on ne pouvait pas aller quérir notre
saint père si loin; que les ordinaires étaient juges
chacun dans leur diocèse ; qu'il fallait qu'elle s'en
rapportât à notre sainte mère l'Église ainsi entendue,
et qu'elle tînt ce que les clercs et les gens
en ce se connaissant en disaient et avaient déterminé
de ses dits et de ses faits (7). »
Tous les voiles tombaient donc : l'Église, c'étaient
ses juges; c'est à l'ennemi qu'elle avait eu
mission de combattre et de chasser de France que
l'on voulait qu'elle s'en remît, sous peine de
schisme et d'hérésie, de la vérité de sa mission !
Il fallait bien conclure. Érard prit la cédule ou étaient énumérées les diverses choses dont on
l'accusait, et la somma de les abjurer. Mais
qu'était-ce qu'abjurer ? Elle n'en savait rien, ni
surtout combien ce qu'on lui présentait comme
moyen de salut offrait de périls.... Elle demanda
donc ce que cela voulait dire, et l'huissier Massieu,
chargé par Érard de le lui expliquer, en profita
pour lui dire à quoi elle s'exposait, si elle revenait
jamais sur le désaveu qu'on aurait obtenu
d'elle. Elle suivit son conseil et dit à haute voix :
« Je m'en rapporte à l'Église universelle si je les dois abjurer ou non.
— Tu les abjureras présentement ou tu seras arse (brûlée) aujourd'hui même! » s'écria Érard
furieux.
N. Loyseleur, qui ne l'avait point quittée, lui
répétait : « Faites ce que je vous ai dit; reprenez
l'habit de femme. » Tout le monde la pressait : « Faites ce qui vous est conseillé. Voulez-vous
vous faire mourir ?» Et les juges eux-mêmes prenaient
le langage de la compassion : « Jeanne,
nous avons tant pitié de vous ! Il faut que vous
retranchiez ce que vous avez dit ou que nous vous
livrions à la justice séculière. » Jeanne protestait
toujours qu'elle n'avait rien fait de mal, qu'elle
croyait aux douze articles de foi et aux commandements
de Dieu, disant de plus qu'elle s'en référait à la cour de Rome et croyait ce que la cour
croyait. Et comme on insistait : « Vous vous donnez bien du mal pour me séduire, » ajoutait-elle (8).
Cependant l'évêque, ayant par trois fois inutilement
renouvelé ses sommations, commença à lire
la sentence. L'heure était redoutable : et qui s'étonnera
qu'une pauvre fille y succombe ? Épuisée
par la lutte et comme étourdie par ces voix de
toutes sortes, conseils, menaces, prières, elle tombe tout à coup dans ce silence imposant où il
semble que tout le monde l'abandonne devant le
juge qui la condamne et le bourreau qui l'attend. Elle cède; elle dit : « Je me soumets à l'Église; »
et elle priait encore saint Michel de l'aider et de la
conseiller. On se hâta de prendre acte de sa soumission en forme authentique. Ce long débat, et
plus encore la lutte intérieure qu'elle avait dû
subir, avaient brisé tout ressort en elle. L'huissier
Massieu lui lisait la formule, et elle la redisait
après lui comme sans savoir ce que cela voulait dire; elle souriait en répétant les mots, si bien que
plusieurs croyaient qu'elle se moquait (9).
La formule d'abjuration, telle qu'elle est au procès,
donnait pleine satisfaction aux juges. Jeanne
contre-signait les douze articles et les plus violentes
qualifications de l'accusateur. Elle confessait
qu'elle avait très-grièvement péché en feignant
mensongèrement « avoir eu des révélations et apparitions
de par Dieu, en séduisant les autres, en
faisant superstitieuses divinations, en blasphémant
Dieu et ses saints »; qu'elle avait transgressé
la loi divine, la sainte Écriture et les canons « en portant habit dissolu, difforme et déshonnête contre la décence de nature, et cheveux rognés en rond en guise d'homme contre toute honnêteté du
sexe de femme »; en portant les armes, « en désirant
crueusement (cruellement) effusion de sang humain ; » en disant qu'elle avait fait tout cela par
commandement de Dieu, et qu'elle avait bien fait, « en méprisant Dieu et ses sacrements; » en faisant
sédition, idolâtrant et invoquant les mauvais
esprits. Elle confessait de plus qu'elle avait été
schismatique et par plusieurs manières avait erré
dans la foi. Lesquels crimes et erreurs elle abjurait,
se soumettant à la correction de l'Église et à
bonne justice, et promettant à saint Pierre et au
Pape, comme à l'évêque et aux juges présents, de
n'y plus retomber (10).
Cette formule, qui figure au procès en français
et en latin, a pourtant contre elle des difficultés
assez graves. C'est qu'elle est très-longue (nous
l'avons considérablement abrégée), et, au témoignage
de tous ceux qui l'ont vue et entendue,
la formule lue à Jeanne était fort courte. Elle dura à peu près comme un Pater noster, dit Pierre
Miget; et elle fut lue deux fois, Jeanne répétant
les mots après Massieu. Elle avait six lignes de
grosse écriture, dit le greffier Taquel, qui était
proche; six ou sept lignes, disent J. Monnet et
G. de la Chambre; et ce dernier ajoute qu'il était
assez près pour en voir les mots. Mais on n'a pas
seulement le témoignage de ceux qui l'ont vue ou entendue : on a la parole de celui qui l'a lue à
Jeanne. Massieu déclare que « la formule contenait
huit lignes au plus, et qu'il sait fermement
que ce n'est pas celle dont il est parlé au procès;
que la formule insérée au procès n'est pas celle
qu'il a lue lui-même et que Jeanne a signée (11) ».
Il n'est pas impossible, en effet, qu'en vue de
l'accusation on ait dressé cette longue formule
qui la résume et la sanctionne. Mais il n'est pas
invraisemblable non plus qu'en vue de l'accusée
et de ce qu'on voulait obtenir d'elle on lui en ait
proposé une autre moins susceptible de provoquer
la révolte de sa conscience. Il y était dit qu'elle
ne porterait plus les armes, ni l'habit d'homme, ni
les cheveux coupés en rond, et plusieurs autres
choses, dit Massieu ; selon un autre témoin, elle y
disait qu'elle s'était rendue coupable du crime de
lèse-majesté et qu'elle avait séduit le peuple, et
probablement (la suite tient lieu de témoignage
en ce point) qu'elle s'en remettait de ses dits et de
ses faits à l'Église : avec le protocole et la conclusion
de rigueur, sept ou huit lignes n'en pouvaient
guère tenir davantage.
Voilà ce qu'on lut à Jeanne, et ce n'est pas ce
qu'on lit au procès-verbal sous son nom. Le procès-verbal a-t-il faussement donné, avec son signe et son nom, une pièce qu'elle n'a pas signée, ou
comment a-t-elle signé une pièce qu'on ne lui a
pas lue ? Si le faux est difficilement supposable
avec la connivence du greffier, on doit le chercher
dans une substitution d'une autre sorte ; et on en
peut trouver la trace dans un témoignage recueilli
au procès de réhabilitation. Si l'on en croit Haimond de Macy, qui était là, un Anglais, le secrétaire
du roi d'Angleterre, Jean Calot, serait venu
ici en aide aux juges. Dès que Jeanne eut cédé, dit
le témoin, il tira de sa manche un petit papier
qu'il lui donna à signer, et ce fut lui qui, mal
content du signe qu'elle y avait tracé, lui tint la
main et la guida pour qu'elle y mît en toutes lettres
son nom (12).
Une chose pressait encore les juges d'abréger la
scène : c'est qu'elle était fort mal goûtée des Anglais. Les Anglais croyaient toucher au terme de
ce procès dont les longueurs suspendaient tout
pour eux : car, tant que Jeanne vivait, ils n'osaient,
on l'a vu, rien entreprendre. Ils étaient
venus, sûrs de la ressaisir enfin, puisque, si elle
s'obstinait, comme on devait s'y attendre, la sentence
la livrait au bras séculier, et le bourreau était là. Ils ne comprenaient donc rien aux efforts
des juges pour obtenir qu'elle abjurât, et plus
d'une fois ceux-ci furent interrompus par des murmures.
Mais, quand on vit qu'ils avaient réussi,
la fureur fut au comble : on leur jeta des pierres ; un chapelain du cardinal de Winchester, qui se
trouvait auprès de l'évêque, l'appela traître.
« Vous avez menti ! » dit l'évêque. L'évêque avait raison, le chapelain avait menti (13).
Pour rendre à l'Angleterre l'autorité qu'elle avait
perdue, il ne suffisait pas de brûler Jeanne, comme
le croyait cette soldatesque superstitieuse qui ajournait jusqu'à sa mort toute espérance de la
victoire. C'était peu que de la faire mourir, si on
ne frappait d'abord sa mission. Or, pour l'atteindre,
rien de sûr, nous l'avons dit, que son propre désaveu.
Il le fallait avoir à tout prix, dût-on l'a-cheter pour le moment par la grâce de la vie. D'ailleurs,
l'abjuration acquise, la grâce était facilement
révocable. La fermeté avec laquelle Jeanne
avait, pendant près de deux mois, soutenu devant
ses juges la vérité de sa mission, marquait assez
comme elle en était convaincue : et ces convictions
ne se perdent pas dans un moment d'étourdissement,
de lassitude ou même de faiblesse. De
plus, elle n'avait pas seulement renoncé à ses
idées, elle avait renoncé à son habit d'homme. Or,
il y avait un moyen infaillible de lui faire reprendre
cet habit : c'était, au pis aller, de ne pas lui en laisser d'autre. Il n'en fallait pas plus pour
qu'elle devînt relapse. L'évêque de Beauvais savait
donc bien ce qu'il faisait, et le cardinal de
Winchester ne l'ignorait pas non plus, sans doute.
Il imposa durement silence à son chapelain, et
quand l'évêque, après l'abjuration, prit son avis
sur ce qu'il fallait faire : « L'admettre à la pénitence,» dit le cardinal (14).
L'évêque prononça donc la sentence.
Après avoir rappelé son devoir de pasteur et
résumé tout le procès, il énumérait les crimes
déjà vus dans la formule d'abjuration prêtée à
Jeanne, et l'en déclarait coupable : mais, considérant
qu'à la suite de tant d'avertissements charitables
elle était rentrée au sein de l'Église et avait
publiquement abjuré ses erreurs, il l'absolvait de
l'excommunication. Toutefois, comme elle avait péché contre Dieu et l'Église, pour sa salutaire pénitence il la condamnait à la prison perpétuelle, « au pain de douleur et à l'eau d'angoisse, » afin
qu'elle y apprît à pleurer ses fautes et à ne plus
les commettre (15).
Jeanne absoute de l'excommunication aurait
bien pu espérer sa mise en liberté. C'est par là
qu'on avait tenté de la séduire : Érard lui avait dit
qu'en abjurant elle serait délivrée de prison. Condamnée à la prison par forme de pénitence, elle
devait compter au moins n'en avoir pas d'autre
que celle de l'Église. C'était de droit ; tout le monde
s'y attendait. Plusieurs en parlèrent à l'évêque; et
Jeanne elle-même, comme Loyseleur la félicitait « d'avoir fait une bonne journée, » Jeanne disait à ceux qui l'entouraient ; « Or çà, entre vous, gens
d'Église, menez-moi en vos prisons, et que je ne
sois plus en la main des Anglais. » Mais l'évêque
dit : « Menez-la où vous l'avez prise. » — Pouvait-il
la renvoyer ailleurs ? Jeanne était aux Anglais : ils
avaient fait leurs conditions en la livrant à l'évêque.
Ils ne la lui avaient donnée que pour la juger
: condamnée ou non, elle retombait en leur
puissance. Mais c'était à l'évêque de ne point accepter des conditions qui dénaturaient le caractère de la peine et ne laissaient à son jugement de force
que pour la mort ; c'était à lui de ne pas tromper
sa victime sur les suites de la soumission qu'il
avait tant travaillé à lui surprendre. En la remettant
aux Anglais; il s'avouait leur complice : il
rendait infaillible cette parole d'un docteur à
Warwick, comme il se plaignait que le roi était
mal servi et que Jeanne échappait.: « Sire, n'ayez
cure, nous la rattraperons bien (16). »
Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Notes :
1 Saint-Ouen : T. I, p. 443.
2 Jeanne, et J. Beaupère : t. II; p. 21. — Jeanne et N. Loyseleur
: « Johanna, credatis mihi, quia, si vos velitis eritis salvata. Accipiatis vestrum habitum, et faciatis omnia quæ vobis ordinabuntus : alioquin estis in periculo ortis. Et si vos faciatis ea quæ vobis dico, vos eritis salvata, et habebitis multum bonum, et non habebitis malum, sed eritis tradita Ecclesiæ. Et fuit tunc
ducta super scaphaldo seu ambone. » T. III, p. 146 (Manchon) ; cf.
L'Averdy, Notice des manuscrits, t. III, p. 424. et Lebrun des Charmettes,
t. IV, p. 108.
3 Déposition de J. de Lenosoliis : Procès, t. III, p. 113.
4 La déposition d'Isambard de la Pierre est conçue en ces termes
: « O prædicator ! male dicitis : non loquamini de persona domini
regis Karoli, quia bonus catholicus est, et in me non credidit » Ces derniers mots doivent se traduire : « et d'ailleurs il n'a
pas cru en moi ; » comme si elle ajoutait : « On ne peut donc en
aucun cas l'impliquer au procès. » La suite des idées, comme le
rapprochement des autres témoignages, prouve bien qu'on ne peut l'entendre autrement.
5 Discours d'Érard : t. I, p. 444. — Apostrophe : t. II, p. 17
(Massieu, qui était sur le même échafaud) : ibid., p. 331 ; cf. p. 335
(id.); p. 15 (Manchon)- t. II, p. 367, et T.III, p. 168 (M. Ladvenu):
t. II, p. 303 et 353 (Is. de la Pierre).
6 T. I, p. 445.
7 T. I, p. 445.
8 Scène de Saint-Ouen. La déposition capitale est celte de Massieu,
t. II, p. 17; cf. p. 331 : on y trouve une légère variante en ce
qui touche Massieu lui-même. Tandis que, sur la demande de Jeanne,
il la conseille, Érard lui demande ce qu'il lui dit : « Je lui lis la
cédule et je lui dis de la signer. » Voyez encore sa troisième déposition,
t. III, p. 156-157.
N. Loyseleur : t. III, p. 146 (Manchon).
— Instances des assesseurs : t. III, p. 55 (l'évêque de Noyon); p. 122 (II. de Macy), et le
procès-verbal, t. I, p. 446.
9 Le bourreau : « Dicit etiam quod tortor cum quadriga erat in
vico, expectans quod daretur ad comburendum. » T. III, p. 147
(Manchon).
— Jeanne sur l'échafaud. «Et credit quod ipsa Johanna
nullo modo intelligebat. » T. III, p. 164 (G. Colles). — « Subridebat.» Ibid., p. 147 (Manchon). — « Quod non erat nisi truffa, et quod non faciebat nisi deridere. » T. III, p. 55 (l'évêque de
Noyon).
10 T. I, p. 447.
11 P. Miget: t. III, p. 132; Taquel : ibid., p. 197. « Et erat quasi
sex linearum grossæ litteræ. Et dicebat ipsa Johanna post dictum
Massieu. »
— J. Monnet et G. de la Chambre : « Legendo post
aliam quamdam parvam schedulam continentem sex vel septem
lineas in volumine folii papyrei duplicati; et erat ipse loquens ita
prope quod verisimiliter poterat videre lineas et modum earum, »
ibid., p. 52 (G. de la Chambre); cf. p. 65 (J. Monnet).
— Massieu,
ibid., p. 156 : « Et bene scit quod illa schedula continebat circiter
octo lineas et non amplius; et scit firmiter quod non erat illa de qua
in processu fit mentio, quia aliam ab illa quæ est inserta in processu
legit ipse loquens, et signavit ipsa Johanna. »
12 Formule officielle : Thomas de Courcelles, avec toute réserve,
paraît croire qu'elle est de Nicolas de Venderez.
— Petite formule :
t. III. p. 156 (Massieu); cf. p. 194 (J. Moreau) : il y était question,
selon lui, qu'elle avait commis le crime de lèse-majesté et séduit le
peuple.
— Signature de la formule : « Extraxit a quadam manica
sua quamdam parvam schedulam scriptam, quam tradidit eidem
Johannæ ad signandum ; et ipsa respondebat quod nesciebat nec
legere, nec scribere. Non obstante hoc, ipse L. Calot secretarius
tradidit eidem Johannæ dictam schedulam et calamum ad signandum,
et per modum derisionis ipsa Johanna fecit quoddam rotundum.
Et tunc ipse L. Calot accepit manum ipsius Johannæ cum calamo
et fecit fieri eidem Johannæ quoddam signum de quo non recordatur
loquens. » T. III, p. 123 (H. de Macy). Voy., sur les deux
formules d'abjuration, L'Àverdy, l. l., p. 426-431.
13 Impatience des Anglais ; « Et audivit ab aliquibus quod Anglici
erant male contenti quod [processus] erat ita prolixus, et increpabant
aliquos quare citius non perficiebant. » T. III, p. 190
(J. Riquier).
— Le bourreau : t. III, p. 65 (J. Monnet); cf. p. 147
(Manchon).
— Démenti de l'évêque : t. III, p. 147 (Manchon); t. II,
p. 322 (P. Boucher) ; p. 147 (Manchon) ; p. 338 (G. du Désert) ; p. 355,
et t. III, p. 184 (Marguerie) ; t. II, p. 361, et t. III, p. 131 (P. Miget) ;
p. 90 (J. Marcel) : il suppose que l'auteur de l'interpellation est
Jean Calot.
14 Procès, t. III, p. 64 (J. Monnet).
15 In nomme Domini; amen. Universos Ecclesiæ pastores qui fidelem
dominici gregis curam gerere exoptant summa ope niti decet
ut quanto errorum perfidiosus sator pluribus dolis virulentisque
fraudibus ovile Christi satagit inficere, tanto majori vigilantia
et instantiori sollicitudine perniciosis ejus conatibus obsistere laborent,
præsertim instantibus periculosis temporibus quibus plerosque
pseudo-prophetas, introducentes sectas perditionis et erros,
venturos in mundum apostolica sententia prædixit, » etc. (T. I,
p. 450-452.)
16 Qu'elle serait délivrée de prison : t. III, p. 52 (G. de la Chambre).
— Prison ecclésiastique : « Laquelle chose fut requise à l'évêque
de Beauvais par aucuns des assistants. » T. II, p. 18 (Massicu).
J. Lefebvre (Fabri) dit que plusieurs y pensaient, mais que
nul ne l'osait dire, t. III, p. 175.
— Renvoi à la prison laïque:
ibid., p. 14 (Manchon): p. 18 (Massieu) ; cf. t. III. p. 157 (Massieu).
— Pourquoi la prison perpétuelle, quand on lui avait promis
qu'il ne lui arriverait rien de mal ? « Propter diversitatem obedientiarum;
et timebant ne evaderet. » T. III, p. 147 (Manchon).
— Mot d'un docteur à Warwick : « Domine, non curetis, bene
rehabebimus eam. » T. II, p. 376 (J. Fave).
M. de Beaurepaire est d'avis que dans la scène de Saint-Ouen il
n'y a pas eu de guet-apens. Il fallait, dit-il, pour que l'on fût déclaré
hérétique, non pas seulement des opinions jugées telles, mais refus
de les abjurer. La demande d'abjuration était donc nécessaire,
et la scène (moins l'appareil, sans doute) restait dans l'ordre du
procès. J'admets cela. Il n'en est pas moins vrai que, l'abjuration
obtenue, il y avait des moyens sûrs de faire retomber Jeanne, de la
convaincre, non plus seulement comme hérétique, mais comme relapse;
et on les sut trouver : car les Anglais n'entendaient pas se
contenter d'abandonner Jeanne aux pénitences de l'Église. C'est ce
qui permet de suspecter les intentions de ceux qui menaient le
procès en leur nom.
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