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Livre
IX - ROUEN - L'abjuration
II - La relapse - p.258 à 271
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ans l'après-midi du même jour (jeudi, 24 mai),
les juges vinrent trouver Jeanne à la prison. Ils
lui rappelèrent la grande miséricorde qu'ils lui
avaient faite en la recevant au pardon de l'Église,
l'engagèrent à se bien soumettre et à ne plus revenir à ses erreurs, l'avertissant que l'Église, si
elle y retombait encore, ne la recevrait plus. Puis
ils l'invitèrent à laisser l'habit d'homme et à revêtir
l'habit de femme, comme l'Eglise l'avait ordonné
: et Jeanne promit d'obéir en toute chose,
et elle accepta l'habit qu'on lui présentait (1).
Mais le dimanche un bruit se répand tout à
coup : Jeanne a repris ses habits d'homme; elle est
relapse, c'en est fait d'elle ! Il fallait constater la
chose : on courut à la prison, et ce ne fut pas sans
péril.
On a vu dans quelles dispositions d'esprit étaient
les Anglais depuis le jugement. Au cimetière de
Saint-Ouen, ils avaient jeté des pierres aux juges; au retour de cette scène, ils les avaient poursuivis
de leurs menaces et de leurs insultes, brandissant
leurs épées et disant que le roi avait perdu son argent avec eux. Du moins ils gardaient leur prisonnière,
et les assesseurs avaient maintenant
grand'peine à la revoir. Pierre Maurice, qui l'avait
officiellement admonestée, le 23 mai, devant le
tribunal, fut très-sérieusement menacé pour avoir,
après le jugement, renouvelé ses conseils. Isambard
de la Pierre, Jean de la Fontaine et Guillaume
Vallée étant venus pour la fortifier et la
maintenir dans ses bons sentiments, les soldats
irrités les chassèrent du château à coups d'épée et
de bâton ; et la Fontaine en fut tellement effrayé
qu'il n'osa plus reparaître dans la ville. Au rapport
de Jean Beaupère, le vendredi déjà et le samedi
on avait dit que Jeanne manifestait du repentir
d'avoir pris l'habit de femme, et Beaupère
fut envoyé avec Nicolas Midi pour la maintenir
dans son bon propos. Mais, au lieu de celui qui les
devait introduire dans la prison, ils trouvèrent des
Anglais qui se disaient entre eux qu'on ne ferait
pas mal de les jeter dans la Seine. Et comme ils
repassaient le pont du château, n'en demandant
pas davantage, on les menaçait encore de les jeter à la rivière (2).
Ceux qui vinrent pour constater la chute de
Jeanne ne furent pas mieux accueillis ; on se défiait
de ces prêtres ; on soupçonnait qu'ils avaient
encore dessein de tout accommoder. Quand ils entrèrent
dans la cour du château, ils virent arriver
sur eux une centaine d'Anglais criant qu'eux gens
d'Église étaient tous faux, traîtres armagneaux et
faux conseillers ; et ils eurent grand'peine d'échapper à ces furieux qui les menaçaient de leurs épées
et de leurs haches. Rien ne se fit donc ce jour-là ;
et le lendemain, le greffier Manchon, mandé au
château pour y remplir son office, était encore si
effrayé, qu'il refusa de s'y rendre, s'il n'avait sûreté
: il n'y vint que sous la protection de l'un des
gens du comte de Warwick (3).
Ce même jour, lundi, 28 mai, l'évêque et le
vice-inquisiteur, accompagnés de sept ou huit
maîtres, se rendirent eux-mêmes à, la prison. En
même temps que l'on prenait acte du fait, il n'était
pas sans intérêt d'en savoir la cause. Jeanne
n'était pas libre là où elle était. Comment, si bien
gardée, avait-elle repris l'habit d'homme ? Il fallait
de la part de ses gardiens de la connivence au
moins, sinon autre chose. Dans tous les cas, il était bon d'en savoir les motifs avant d'en rien décider
: un des assesseurs, Marguerie, osa en faire
l'observation. « Taisez-vous, de par le diable ! » lui
dit quelqu'un; et les soldats, l'appelant traître
armagnac, avaient levé leurs lances pour l'en frapper (4).
Les juges vinrent donc et demandèrent à Jeanne
pourquoi elle avait pris cet habit, et qui le lui
avait fait prendre. Elle répondit, selon le procèsverbal,
qu'elle l'avait pris de sa volonté, sans
nulle contrainte ; qu'elle aimait mieux l'habit
d'homme que l'habit de femme.
« Mais, lui dit-on, vous aviez promis et juré de
ne pas reprendre cet habit.
— Je n'ai jamais entendu faire serment de ne
pas le reprendre.
— Pourquoi donc l'avez-vous repris ?
— Parce qu'il est plus convenable d'avoir habit d'homme, étant entre les hommes, que d'avoir habit
de femme. »
Et elle ajouta d'ailleurs qu'elle avait eu le droit
de le reprendre, puisqu'on ne lui avait pas tenu
ce qu'on lui avait promis, c'est-à-dire d'aller à la
messe, de recevoir son Sauveur et d'être mise
hors des fers.
« Vous aviez abjuré et tout spécialement promis
de ne pas reprendre l'habit d'homme.
— J'aime mieux mourir que d'être aux fers.
Mais, si on me veut laisser aller à la messe et m'ôter
des fers, si on veut me mettre en prison gracieuse,
et que j'aie une femme, je serai bonne et
ferai ce que l'Église voudra (5). »
L'Église, telle que la faisait Pierre Cauchon,
n'avait plus de conditions à débattre avec elle. Le
juge, bien sûr de la retrouver relapse autrement
que par l'habit, lui demanda si depuis le jeudi,
jour de l'abjuration, elle n'avait point entendu ses
voix.
« Oui, dit Jeanne sans éviter le piége qu'on lui
tendait.
— Et que vous ont-elles dit ? »
Elle répondit (on lit à la marge des manuscrits
authentiques ces mots : RÉPONSE MORTELLE, responsio
mortifera) (6) :
« Dieu m'a mandé par sainte Catherine et sainte Marguerite la grande pitié de la trahison que j'ai
consentie en faisant abjuration pour sauver ma
vie; que je me damnais pour sauver ma vie. »
Elle ajouta qu'avant le jeudi même ses voix lui
avaient dit ce qu'elle ferait en ce jour; que sur
l'échafaud, elles lui disaient de répondre hardiment à ce prêcheur, à ce faux prêcheur, comme
elle l'appelait elle-même, qui l'avait accusée d'avoir
fait des choses qu'elle n'avait pas faites; et,
affirmant de nouveau sa mission :
« Si je disais que Dieu ne m'a pas envoyée, je
me damnerais : la vérité est que Dieu m'a envoyée. »
Elle finissait par s'accuser de sa faiblesse :
« Mes voix, disait-elle, m'ont dit que j'avais fait
une grande mauvaiseté de confesser n'avoir pas
bien fait ce que j'ai fait, » ajoutant que c'est par
peur du feu qu'elle avait dit ce qu'elle avait dit.
« Croyez-vous que vos voix soient sainte Marguerite
et sainte Catherine ? dit le juge, reprenant
avec empressement tous les points de l'abjuration.
— Oui, qu'elles sont de Dieu.
— Mais sur l'échafaud vous aviez dit que mensongèrement
vous vous étiez vantée que c'était
sainte Catherine et sainte Marguerite.
— Je ne l'entendais point ainsi faire ou dire. »
Elle affirma derechef qu'elle n'avait jamais entendu
révoquer ses apparitions et que, si elle avait
révoqué quelque chose, c'était par peur du feu et
contre la vérité. Elle pouvait maintenant avouer cette peur, car elle ne l'avait plus, et elle savait
où la menaient ces paroles. Mais elle déclarait
qu'elle aimait mieux faire sa pénitence en une
fois, c'est-à-dire mourir, que d'endurer plus longuement
la prison. Elle protestait qu'elle n'avait
jamais rien fait contre Dieu ou la foi, quelque
chose qu'on lui ait fait révoquer ; qu'elle n'entendait
rien révoquer sans le bon plaisir de Dieu.
Elle ajoutait que, si les juges voulaient, elle reprendrait
l'habit de femme (elle en avait dit les
conditions) et que du reste elle n'en ferait autre
chose (7).
Les juges se retirèrent. Tout était consommé.
Plusieurs s'en affligèrent sincèrement, Pierre Maurice,
par exemple, mais d'autres s'en réjouirent et
en témoignèrent bruyamment leur joie. L'évêque sortant de la prison, vit le comte de Warwick et
une multitude d'Anglais qui attendaient avec impatience
le résultat de cette visite, et, ne voulant
pas les tenir plus longtemps en suspens : « Farewell,
farewell, cria-t-il en riant; faites bonne
chère : c'est fait (8). »
Cette fière déclaration semblait pourtant détruire tout ce qu'on avait gagné par la scène de l'abjuration
: mais on ne pouvait tout faire à la fois, et,
pour le moment, elle donnait au juge la satisfaction
de mener le procès où les Anglais voulaient
qu'il aboutît, sans avoir rien sacrifié des formes
imposées par la procédure de l'Église. La procédure
a suivi toutes ses phases sans précipitation :
mais la conscience du juge en est-elle plus assurée,
et l'habileté qu'il montre dans cette conduite ne le
rend-elle pas plus coupable ? Son intelligence ne
s'abuse pas, mais il refuse de voir et d'entendre.
Et qu'est-ce donc, s'il supprime ou s'il voile ce qui,
aux yeux des autres, pourrait laisser percer la
vérité ?
En effet, dans ce dernier et solennel interrogatoire,
notamment sur le point qui le motiva, la
reprise de l'habit d'homme, le procès-verbal a-t-il
tout dit ? Thomas de Courcelles, qui le mit en latin,
s'exprime dans le procès de révision à peu
près comme le faisait le texte officiel : « Interrogée
sur ses motifs, elle répondit qu'elle l'avait fait
parce qu'il lui paraissait plus convenable de porter
l'habit d'homme parmi les hommes que l'habit de
femme. » Mais Manchon, qui tenait la plume alors, ajoute comme témoin à ce qu'il avait écrit comme
greffier : « Elle répondit qu'elle l'avait fait pour défendre sa pudeur, parce qu'elle n'était point en
sûreté sous ses habits de femme avec ses gardiens
qui voulaient attenter à sa pudeur (9). »
Qu'on se rappelle comment Jeanne était gardée
et quelles étaient les dispositions des Anglais envers
elle. Jeanne était aux fers sous la garde de
cinq soldats, dont trois se tenaient dans sa prison
et deux à la porte : « Je sais, » dit l'huissier Massieu,
celui qui l'allait prendre à la prison pour la
mener au tribunal, « je sais de certain que de nuit
elle étoit couchée, ferrée par les jambes de deux
paires de fers à chaîne, et attachée moult étroitement
d'une chaîne traversante par les pieds de son
lit, tenante à une grosse pièce de bois de longueur
de cinq à six pieds, et fermante à clef, par quoi ne
pouvoit se mouvoir de la place. » Plusieurs fois,
sous ses habits d'homme qu'elle ne quittait jamais,
elle avait été en butte aux brutalités de ses
gardiens : l'évêque le savait bien ; il avait reçu ses
plaintes, et un jour il avait fallu que Warwick accourût
pour la sauver du dernier outrage parmi ces délégués de la justice ! Mais maintenant la
sentence était portée ; l'évêque l'avait rendue aux
Anglais : elle leur était comme livrée. Lorsqu'on la ramenait de Saint-Ouen, les valets (mangones)
l'insultaient et les maîtres les laissaient faire. A
quoi n'était-elle point exposée, seule dans la prison, enchaînée, en compagnie de ces cinq houspilleurs,
comme ils sont appelés quelque part ! Isambard
de la Pierre, qui est nommé au procès-verbal parmi les assistants de l'évêque en ce même interrogatoire,
confirme, comme l'ayant entendu
lui-même, ce qu'en a dit dans sa déposition le
greffier Manchon ; et il ajoute que « de fait », quand
il entra, « il la vit éplorée, son visage plein de larmes,
défigurée et outragée en telle sorte qu'il en
eut pitié ». Il en sut davantage de Jeanne dans un
entretien qu'il eut plus tard avec elle : et ici son
témoignage est confirmé par celui de Martin Ladvenu,
qui la confessa et l'administra pour la dernière
fois. Ce ne furent pas seulement ces soldats
de bas étage, ces houspilleurs placés auprès d'elle :
c'est un milord qui entra dans son cachot et tenta
de la violer (10).
Voilà pourquoi Jeanne reprit l'habit d'homme,
dût-elle après cela mourir. L'huissier Massieu en donne une autre raison encore. Le dimanche matin
Jeanne, étant dans son lit, dit à ses gardiens :« Déferrez-moi, et je me lèverai. » Mais l'un deux
s'approchant lui retira ses vêtements de femme, et ils lui jetèrent son habit d'homme que l'on gardait
(pourquoi ?) dans un sac en quelque coin de
la prison. « Messieurs, leur dit Jeanne, vous savez
qu'il m'est défendu : sans faute, je ne le prendrai
pas. » Mais ils ne voulurent point lui en donner
d'autre, et à la fin, forcée de se lever, elle le dut
prendre et garder, nonobstant ses protestations.
Il n'est pas impossible, en effet, que les Anglais,
n'ayant pu parvenir à leurs fins, aient résolu d'en
finir avec elle de cette autre manière, mais, si
Jeanne réclama ses habits de femme, voulant savoir à quelle intention on les lui ôtait, il est douteux
qu'elle ait tant insisté pour les reprendre.
Elle put donner cette raison à Massieu, parce que
cela suffisait bien pour l'excuser; elle n'en dit rien
devant ses juges, parce qu'elle était résolue de ne
plus se vêtir en femme, à moins d'être gardée
dans une autre prison, « ayant une femme avec
elle. » C'est un trait que Thomas de Courcelles a
supprimé de sa rédaction officielle, comme insignifiant
sans doute, mais qu'on retrouve dans la
copie de la minute française du procès-verbal ; et
il achève de répandre la lumière sur ceux qu'on y
a gardés. La minute même n'a-t-elle pas retranché
autre chose ? On serait en droit de le conclure en
rapprochant ce que Manchon a écrit alors et ce
qu'il a dit plus tard. Que si rien d'important n'a été supprimé, il faut croire que les paroles de
Jeanne, avec le commentaire qu'on avait sous les yeux, en disaient assez pour la faire comprendre,
puisque deux témoins de la scène, l'un assesseur,
l'autre greffier du juge, l'ont comprise ainsi (11).
Le juge l'avait bien comprise lui-même sans
doute, et, s'il eût voulu reconnaître que la pudeur
de la femme n'est pas moins sacrée que son habit, il aurait dû s'accuser d'avoir mis Jeanne dans la
nécessité de retomber, en la renvoyant dans ces
prisons où il fallait qu'elle sacrifiât l'une des deux
choses à l'autre. Or, pour Jeanne, l'alternative
n'était pas douteuse, dût-elle se placer par son
choix en présence de la mort. Mais il ferma son
cœur à ce sentiment, et, bien loin d'être touché de
cet héroïsme, il avait ramené Jeanne à d'autres
questions où il était bien sûr de la retrouver telle
qu'elle était au procès, comme pour l'entraîner de
chute en chute au plus profond de l'abîme où elle
devait périr. Les Anglais avaient donc calomnié
Pierre Cauchon : il n'était pas traître au roi. Tout en satisfaisant sa propre haine, il avait bien gagné
son argent.
Le lendemain, mardi 29, l'évêque réunit dans la
chapelle du palais archiépiscopal une nombreuse
assemblée d'abbés et de docteurs. Il leur rappela
tout ce qui s'était passé depuis la veille de la Pentecôte
: l'abjuration de Jeanne, et comment, après
avoir accueilli ses admonitions et reçu l'habit de
femme, elle avait repris l'habit d'homme et renouvelé
toutes ses affirmations touchant ses voix. Il
fit lire l'interrogatoire qui avait suivi et ses réponses
consignées au procès-verbal. Puis il prit
l'avis de chacun. Tous la déclarèrent relapse, nonseulement
Nicolas Loyseleur, le traître, mais
Isambard de la Pierre et Martin Ladvenu, qui
l'assistèrent à ses derniers moments; et pourtant
ils ne se faisaient aucune illusion sur le crime
qu'elle pouvait avoir commis en reprenant l'habit
d'homme : ils témoignent au procès de révision
des raisons capitales qui l'y contraignirent. Personne n'entreprit de l'excuser, je ne dis pas de la
défendre. La plupart, à l'exemple de l'abbé de Fécamp,
furent d'avis qu'on lui relût la formule
d'abjuration (cela les décharge au moins de toute
complicité dans la substitution d'une fausse formule),
et qu'on l'avertît charitablement touchant
le salut de son âme, mais ils voulaient qu'on lui
déclarât qu'elle n'avait plus rien à espérer de la vie
présente. Elle devait être livrée au bras séculier (12).
L'évêque, ayant recueilli les avis, remercia ses
conseillers, et fit assigner Jeanne à comparaître le
lendemain sur la place du Vieux-Marché : c'était là qu'il devait achever la procédure en la livrant au
juge civil, et par ce juge au bourreau (13).
Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Notes :
1 Les juges à la prison, le jeudi : t. I, p. 452.
2 Fureur des Anglais : « Levaverunt gladios ad cos percutiendum,
quamvis non percusserint, dicentes quod rex male expenderat pecunias suas erga eos. » T. II, p. 376 (J. Fave). — P. Maurice
: « Cum post primam prædicationem monuisset eam de stando
in bono proposito, Anglici fuerunt male contenti, et fuit in magno
periculo verberationis, ut dicebat. » T. II, p. 357 (R. de Grouchet).
Jean de la Fontaine, etc. : t. II, p. 349 (Is. de la Pierre). D'autres
témoignages, on l'a vu, semblent placer sa fuite dès la semaine
sainte (Manchon, t. II, p. 13 et 341, et t. III, p. 139). Il a pu être
menacé alors, et il est certain que depuis le 28 mars il cessa de figurer
au jugement, mais il a pu rester encore à Rouen et prendre
part à la démarche d'Is. de la Pierre, qui en dépose expressément.
Plus il avait eu de part au procès et à la principale manoeuvre
du procès (la question de l'Église), plus il éprouvait peut-être le besoin
de travailler à sauver au moins l'accusée de la mort.
Jean Beaupère ; « Et ainsi qu'ils attendoient la garde d'icelle
prison, furent par aucuns Anglois estant en la cour dudit chasteau
dictes parolles comminatoires.... C'est assavoir que qui les gesteroit
tous deux dans la rivière, il seroit bien employé. Pourquoy
icelles parolles oyes s'en retournèrent, et sur le pont dudit chasteau
oyt le dit Midy, comme il le rapporta audit parlant, semblables parolles
ou près d'icelles par d'autres Anglois prononcées, par quoy
les dessus dits furent espouvantés et s'en vinrent sans parler à ladite
Jeanne. » T. II, p. 21 (lui-même).
3 Ceux qui viennent le dimanche : t. II, p. 14 (Manchon), et p. 19 (Massieu). —Manchon: t. II, p. 14 (lui-même), et p. 19
(Massieu).
4 Marguerie : t. II, p. 330 (Massieu); cf. t. III, p. 184 (Marguerie
lui-même) ; t. II, p. 345, et t. III, p. 180 (Cusquel).
5 Interrogatoire de Jeanne : t. I. p. 455.
6 Responsio mortifera. Bibl. du Corps législ. B. 105 g, t. 570,
f° 108, r° ; B. nat. Fonds latin, 5965, f° 152, r° et 5966, f° 198, r°;
et l'appendice n°18.
7 1. T. I, p. 456-458. L'Averdy (t. I, p. 121-123) prouve le dessein
qu'avait l'évêque de Beauvais de perdre Jeanne, et par les questions
qu'il lui pose, et par son empressement à clore l'interrogatoire, de
peur que certaines paroles ne vinssent atténuer les déclarations
obtenues d'elle.
8 Joie de plusieurs : « Credit quod ad hoc faciendum fuerit inducta,
quia aliqui de his, qui interfuerant in processu, faciebant
magnum applausum et gaudium ex eo quod resumpserat hujusmodi habitum : licet notabiles viri dolerent, inter quos vidit magistrum
Petrum Morice multum dolentem et plures alios. » T. III,
p. 164 (G. Colles.) — L'évêque et Warwick : t. II, p. 5 (Is. de la
Pierre) ; cf. p. 8 (M. Ladvenu). Is. de la Pierre place la scène « après
l'issue et la fin de cette session et instance » ; Martin Ladvenu, avec
plus de précision, à la sortie de la prison ; Is. de la Pierre, dans une
déposition suivante, se borne à dire : « Après la reprise de l'habit. »
Ibid., p. 305.
9 Th. de Courcelles : t. III. p. 62; Manchon : ibid., p, 148.
10 Jeanne dans sa prison : t. II, p. 18 (Massieu) ; cf. t. III, p. 154 (id.) ; t. II, p. 298 (Manchon), et t. III, p. 140 (id.).
— Tentatives
de violences antérieures : t. II, p. 298, et t. III, p. 147 (Manchon).
— Insultée au retour de Saint-Ouen : « Post primam prædicationem,
cum reduceretur ad carceres, in Castro Rothomagensi, mangones
illudebant eidem Johannæ, et permittebant Anglici, magistri
eorum. » T. II, p. 376 (J. Fave).
— Violences : t. II, p. 5 (Is. de
la Pierre) ; cf. p. 371 (Thomas Marie) : « Post primam prædicationem,
cum fuisset iterum posita in carceribus castri, fuerunt factæ
sibi tot vexationes de eam opprimendo, quod habuit dicere quod
mallet potius mori quam amplius stare cum ipsis Anglicis.»
— Le
milord : « Imo sicut ab eadem Johanna audivit, fuit per unum magnæ
auctoritatis tentata de violentia. » Ibid., p. 306 (id.). — « Et
qu'un millourt d'Angleterre l'avoit forcée. Ibid.,» p. 8 (M. Ladvenu).
Il explique ailleurs, comme Is. de la Pierre, qu'il ne fit que le tenter
: « Et eam tentavit vi opprimere, » t. III, p. 168.
11 L'habit d'homme : « .... En tant qu'en cest débat demoura jusques à l'heure de midy; et finablement, pour nécessité de corps, fut
contrainte de yssir dehors et prendre ledit habit ; et après qu'elle
fust retournée ne lui en voulurent point bailler d'autre, nonobstant
quelque supplication et requeste qu'elle en feist. » T. II, p. 18 (Massieu);
cf. ibid., p. 333; t. III, p. 157 (id.), et ibid., p. 53 (G. de la
Chambre).
— Les deux versions du procès-verbal : t. I, p. 436 ;
cf. t. II, p. 300 (Manchon) : « Ipsa contenta de hujusmodi habitu,
ut videbat, petiit mulieres sibi dari cum ea, et mitti ad carceres
Ecclesiæ, et quod detineretur per viros ecclesiasticos ; et postmodum
assumpsit habitum virilem, se excusando quod, si fuisset
missa ad carceres Ecclesiæ, non assumpsisset ipsum habitum virilem,
et quod cum habitu muliebri non fuisset ausa se tenere cum
custodibus Anglicis. »
12 Avis: « Quod dicta Johanna relapsa est, Tamen bonum est quod schedula nuper lecta legatur iterum coram ipsa, et sibi exponatur,
proponendo ei verbum Dei. Et his peractis nos judices habemus
declarare eam hæreticam, et ipsam relinquere justitiæ sæculari,
rogando eam ut cum eadem Johanna mite agant. » T. I,
p. 463. C'est l'avis de l'abbé de Fécamp, qui vote le second et auquel
tous les autres se réfèrent, excepté N. de Venderez qui, votant
le premier, n'avait point parlé de relire à Jeanne la formule d'abjuration,
et deux autres, D. Gastine et P. Devaulx, qui, en la livrant
au bras séculier, supprimaient la prière, d'ailleurs dérisoire, de la
traiter avec douceur : Absque supplicatione, t. I, p. 465. — Voy. sur cette dernière délibération L'Averdy, p. 126, Lebrun des Charmettes,
t. IV, p. 175.
L'Averdy (p. 124) a noté que, parmi les assesseurs dont on trouve
le vote au premier jugement, il y a quinze gradués en théologie
et neuf en droit qui n'ont pas assisté au second, soit qu'ils aient été écartés, soit qu'eux-mêmes se soient tenus à l'écart. A leur place
on fit venir des assesseurs qui n'avaient point paru depuis longtemps
au débat, et n'avaient pas voté au premier jugement : entre
autres trois membres de la faculté de médecine. Il pense que la lecture
de la cédule d'abjuration, réclamée par la grande majorité du
conseil, pouvait avoir pour objet d'offrir à Jeanne l'occasion de revenir
sur ses pas, et même de renouveler son appel au Pape
(ibid., p. 126).
13 T. I, p. 467.
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