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Introduction
La
France et l'Angleterre : La guerre de cent ans - p. 26 à 40 |
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a
mort de Henri V préservait le dauphin d'une perte immédiate,
sans le sauver pourtant.
Henri VI, proclamé roi de France après
la mort de Charles VI, était un enfant de dix mois, et une
telle minorité convenait peu à de si grandes affaires
; mais Henri V avait sagement pourvu à la régence.
De ses deux frères, il avait désigné le plus
jeune, Glocester, pour l'Angleterre ; l'aîné, Bedford,
le plus capable, pour la France : et cet arrangement avait été
maintenu au fond par le parlement, avec un changement dans les titres,
propre à calmer les susceptibilités du peuple anglais.
Désigner l'aîné des princes pour la France,
n'était-ce pas donner à la France le pas sur l'Angleterre
? Bedford fut régent des deux royaumes ; Glocester, son lieutenant
en Angleterre, sous le nom nouveau de protecteur ; et de cette façon,
le plus habile pouvait demeurer où était le danger.
Le dauphin avait été proclamé aussi
à la mort de Charles VI, sous le nom de Charles VII, et il
était, lui, en âge de régner. Mais la faiblesse
de son caractère, un incroyable abandon à l'empire
des autres au moment où il devenait le
chef de l'État, le rendaient comme étranger aux affaires.
Il semblait se complaire dans l'inaction où on le retenait
: "N'avoit point cher la guerre s'il s'en eût pu passer."
La conduite du royaume restait donc à ceux qui l'entouraient
: or c'étaient les plus fougueux des Armagnacs, des hommes
qui n'avaient rien à attendre du parti contraire ; qui, pour
s'en mieux garder, n'avaient pas craint de se faire une barrière
de l'assassinat : Tannegui du Chastel, Narbonne, Louvet, et divers
seigneurs, parmi lesquels le sire de Rais, de sinistre mémoire,
des étrangers tels que le connétable de Buchan (Jean
Stuart), Douglas, le Lombard Théode de Valpergue (Valperga),
ou bien encore, parmi les meilleurs, quelques hardis chefs de bande,
Poton de Xaintrailles, La Hire : La Hire qui jurait que Dieu le
Père, s'il se faisait gendarme, se ferait pillard, et qui,
en raison de cette confraternité, s'écriait "en
son gascon," avant de se jeter dans la bataille : "Dieu,je
te prie que tu fasses aujourd'hui pour La Hire autant que tu voudrois
que La Hire fit pour toi, s'il étoit Dieu et que tu fusses
La Hire." (1)
Tout l'avantage demeurait donc au jeune Henri VI. Avec
les ressources de l'Angleterre et ce qu'elle avait directement conquis
en France, il avait ce que lui donnait dans le royaume le parti
du duc de Bourgogne, c'est-à-dire presque tout le Nord ;
il avait Paris et tous les grands corps de l'État : et ses
alliances venaient encore de s'affermir et de s'étendre.
Dans une conférence tenue par Bedford à Amiens (vers
Pâques 1423), le duc de Bretagne et son frère Richemont
s'étaient rencontrés avec le duc de Bourgogne ; et
un double mariage resserra par des liens de famille l'union des
pays : le duc de Bourgogne donnait une de ses soeurs à Bedford
et une autre à Richemont (2).
Charles
VII retenait dans sa cause les princes du sang royal, moins le duc
de Bourgogne, savoir : les maisons d'Orléans, d'Anjou, d'Alençon,
de Bourbon, maisons dont les chefs, il est vrai (Orléans
et Bourbon), ou en partie les domaines (Anjou et Alençon),
étaient entre les mains des Anglais. Il avait encore généralement
sous ses lois les seigneurs et les provinces du centre et du Midi,
entre la Guyenne, domaine des Anglais, d'une part, et d'autre part
le prince d'Orange, allié des Bourguignons, et le duc de
Savoie qui inclinait du même côté, tout en cherchant
à ménager la paix avec le roi de France. ll s'était
fait, des conseillers de Paris restés fidèles à
sa cause, une ombre de parlement à Poitiers. Il avait réuni
après son avènement, les états généraux
du royaume à Bourges ; il réunit successivement chaque
année les états soit de Langue d'Oc, soit de Langue
d'Oil ou des deux langues ensemble, à Carcassonne, à
Selles en Berri, à Poitiers, à Béziers, à
Chinon : c'était pour lui le seul moyen d'avoir un peu d'argent.
Mais avec tout cela,sa détresse était extrême.
L'argent allait au superfu et manquait au nécessaire. La
guerre, pour laquelle les états votaient des subsides, n'en
avait que la moindre part (3). Les troupes
du roi, composées en partie d'Écossais et de Lombards
(les Ecossais par haine de l'Angleterre ; les Lombards par attachement
à la maison de Valentine de Milan, et tous un peu par amour
de la solde ou du pillage), ses troupes, ainsi formées, donnaient
à sa cause un air que la présence des Gascons d'Armagnac
ne rendait pas beaucoup plus national, et la manière d'agir
de cette armée faisait bien plus douter encore qu'elle fût
française : car il lui fallait vivre, et elle vivait aux
dépens du pays. On avait donc tout à gagner en l'envoyant
en pays ennemi, et l'on chercha, par son moyen, à se rouvrir
les voies de communication avec les villes demeurées fidèles
en Champagne et en Picardie. Mais des deux côtés on
échoua. Vers la Champagne, on se fit battre en voulant reprendre
Cravant (sur l'Yonne) aux Bourguignons (1er juillet 1423) ; en Picardie,
on laissa Le Crotoy tomber aux mains des Anglais (3 mars 1424),
et tandis que Compiègne et d'autres places du Nord étaient
perdues de même, un partisan bourguignon, Perrin Grasset,
prenait La Charité et la gardait, donnant déjà
à son parti un passage sur la Loire (premiers mois de 1424). (4)
Heureusement pour la France, Henri VI avait pour oncle
non pas seulement Bedford, mais aussi Glocester ; et, tandis que
le premier faisait tout pour se mieux assurer l'alliance du duc
de Bourgogne, l'autre faillit la rompre. Il décidait Jacqueline
de Hainaut à répudier le duc de Brabant, cousin de
Philippe le Bon, pour l'épouser lui-même, froissant
par là le duc de Bourgogne dans ses intérêts
les plus chers ; car Jacqueline, par son divorce, rompait les liens
de famille qui l'attachaient à ce prince, et par son nouveau
mariage elle lui enlevait l'espoir d'une succession qui semblait
infaillible, tant qu'elle aurait eu pour mari le valétudinaire
duc de Brabant. Cette querelle, qui absorbait justement toute l'attention
de Bedford, donna quelque relâche
au roi de France. Il eut même un instant l'espoir de se relever
et de porter à ses adversaires un coup décisif. De
nouveaux renforts lui étaient venus d'Écosse et d'Italie
; pour se les mieux attacher, il prodiguait à leurs chefs
des titres et des honneurs qui excitaient l'envie des seigneurs
indigènes. Cette mésintelligence fit tourner en défaite
la bataille qu'on espérait gagner. Les Français venaient
de laisser prendre Ivry par Bedford ; par compensation ils s'étaient
fait livrer Verneuil, donnant à croire au gouverneur qu'ils
revenaient de battre le régent. Mais Bedford arriva bientôt
sous les murs de la place, et, mettant pied à terre, rangea
ses troupes en bataille derrière une ceinture de pieux aiguisés.
Douglas voulait attendre qu'il en sortit ; le vicomte de Narbonne
répondit à son conseil en se jetant au cœur des
troupes anglaises, là où était Bedford, et
il fut suivi des Écossais. La Hire, Xaintrailles, qui menaient
une des ailes, renversèrent tout sur leur passage et poursuivirent
ceux qu'ils chassaient, croyant trop tôt à la victoire.
Les Lombards, qui étaient à l'autre aile, devaient
tourner l'ennemi ; et déjà ils avaient repoussé
les archers préposés à la garde des chevaux
et des bagages : mais ils se mirent à piller les bagages
et à emmener les chevaux ; et les archers anglais, demeurés
libres de se porter au fort de la battaille, décidèrent
de la journée. Nos troupes succombèrent, privées
de ceux qui les devaient soutenir. Le jeune duc d'Alençon (5), le maréchal de La Fayette (6) et maint autre chevalier furent
pris. Le vicomte de Narbonne, le connétable de Buchan, Douglas,
et presque tous les Ecossais demeurèrent sur la place (17
août 1424). (7)
Ainsi rien ne réussissait à Charles VII.
Dans cette lutte où l'Angleterre n'avait pu rentrer encore
avec toutes ses forces, il avait tenté deux coups un peu
plus décisifs, à Cravant, à Verneuil, et il
avait été battu. Tout n'était point perdu encore,
grâce à la diversion du Hainaut. Glocester, ayant épousé
Jacqueline, voulait entrer en possession de ses état. Qu'eût-il
gagné à prendre la femme sans la dot ? Mais c'était
ce que le duc de Bourgogne se montrait le moins disposé à
laisser prendre. La lutte était imminente : les ducs de Bourgogne
et de Glocester s'étaient défiés réciproquement
(mars 1425). Bedford avait fait annuler le défi, sans écarter
d'ailleurs la cause de la querelle ; et depuis quelque temps déjà
le duc de Bourgogne semblait se refroidir à
l'égard de l'Angleterre. Il venait d'épouser (3o novembre
1424) Bonne d'Artois, veuve du comte de Nevers, tué à
Azincourt, et sœur du comte d'Eu, retenu depuis lors prisonnier
par les Anglais. C'était une voix qui le pouvait ramener
vers la France. D'autres l'attiraient du même côté,
et par exemple le frère du duc de Bretagne, le comte de Richemont,
qui, blessé des défiances et des refus de Bedford,
venait de rompre avec lui (mars 1424) malgré les liens de
famille nouvellement contractés. Le pape Martin V, le duc
de Savoie sollicitaient Philippe à la réconciliation
: et il avait, dans une circonstance récente, accueilli,
sans trop les décourager, plusieurs prélats députés
par Charles VII (Mâcon, décembre 1424) (8).
Que fallait-il pour qu'il se rapprochât du roi ? Il fallait
qu'il ne trouvât plus auprès de lui ces chefs armagnacs
auteurs de la mort de son père. Il le disait à des
ambassadeurs qui excusaient le roi sur sa jeunesse au temps du crime,
et sur ses mauvais conseillers : "Que ne s'en est-il débarrassé
encore ?" Le moment en était venu. C'est ce que
comprit une femme de grand sens, qui savait dominer Charles VII
par l'autorité de sa position comme par l'ascendant de son
esprit, la reine de Sicile, Yolande d'Aragon, veuve de Louis II
d'Anjou et mère de la jeune reine de France. Ce fut par ses
conseils qu'il eut avec Richemont à Angers, une entrevue
(octobre 1424) où il lui offrit l'épée de connétable
de France. Richemont, frère du duc de Bretagne et beau-frère
du duc de Bourgogne, nommé connétable avec l'assentiment
de l'un et de l'autre (6 mars 1425) (9) pouvait devenir un lien entre le roi et ces deux princes. Les chefs
armagnacs ne tentèrent pas longtemps de retenir un pouvoir
qui leur échappait ; et le principal, Tannegui du Chastel,
couvrit au moins sa retraite d'une noble parole : "Que jà
à Dieu ne plût, que pour lui demeurât à
faire un si grand bien, comme le bien de paix entre le roi et Monseigneur
de Bourgogne". (10)
Cette petite révolution de palais pouvait
tout changer dans la France.
Si les Anglais avaient officiellement pour eux les corps
de l'État, ils n'avaient jamais eu la nation. Les haines
des partis avaient pu seules comprimer les répugnances populaires.
Mais l'équilibre commençait à se rompre à
leur détriment ; les seigneurs s'irritaient de leur morgue,
les villes de leurs exactions. Paris d'abord avait bien eu, pour
les recevoir, ses réjouissances accoutumées ; mais
maintenant on y murmurait de tout : les mesures les mieux justifiées
étaient mal accueillies venant d'eux. Le journal de cet universitaire,
qu'on appelle le
Bourgeois de Paris, est l'écho fidèle de ces
plaintes : "que les Anglais viennent ou s'en aillent, il
a toujours quelque chose à dire sur ce qu'ils gâtent
en venant ou volent en repartant". Et le pays tout entier,
qui subissait leur domination, accusait leur impuissance. Le brigandage
avait pris possession des campagnes ; le brigandage était
devenu la forme commune de la guerre. Les champs n'offrant plus
rien, on prenait les hommes : on les entassait jusqu'à cent
et deux cents dans les caveaux des tours, pour les contraindre par des tortures de
toutes sortes à se racheter en livrant leur argent ; et ces
excès se continuaient là même où la guerre
ne s'étendait plus. C'est surtout dans les provinces soumises
aux Anglais, que ces brigands (brigandi) avaient élu
domicile, vivant aux dépens des vaincus, et aussi au mépris
des vainqueurs : et c'est aux nouveaux maîtres qu'on s'en
prenait partout. (11)
A ces périls nés de la position faite
aux Anglais en France par la conquête, ajoutez ceux dont Bedford
n'avait pu prévenir les causes parmi les siens, les querelles
de Glocester avec le duc de Bourgogne sur le continent, avec l'évêque,
bientôt, cardinal de Winchester, son oncle (12),
en Angleterre.
Aussi les choses prenaient, par contre-coup, un caractère
moins fâcheux pour Charles VII. L'épée
de connétable, donnée à Richemont, était
un gage de réconciliation pour tous : le duc de Bretagne,
mécontent des progrès que Bedford faisait dans le
Maine au préjudice de son gendre, le jeune Louis III, était
venu faire hommage au roi de France (8 septembre 1425) ; le duc
de Bourgogne, sollicité maintenant par le duc de Bretagne,
son ancien allié, comme par les comtes de Richemont et de
Clermont, et par leurs femmes, ses propres sœurs (voix puissantes
quand le principal obstacle à tout rapprochement était
la mémoire d'un père), se tramait en quelque sorte
poussé lui-même vers le roi par les entreprises de
Glocester sur les Pays-Bas ; et de faux rapports lui dénoncaient
Bedford lui-même comme s'unissant à Glocester dans
la pensée de se débarrasser de lui par un crime (13).
Mais les espérances que l'on avait conçues furent
trompées : Richemont, appelé par son frère
à prendre le commandement des troupes bretonnes, se fit battre
à l'attaque de Saint-James de Beuvron (6 mars 1426) ; et
les choses n'allaient pas mieux à l'intérieur. Fier
du concours qui se faisait autour de lui, il ne gardait pas de mesure
et se rendait odieux par son despotisme. Trop rude pour mener le
jeune roi par lui-même, il avait imaginé de le conduire
par des favoris que le prince acceptait de sa main ; or, ces hommes
mêmes ne songeaient à user de la faveur du roi que
pour secouer le joug du connétable. Ces intrigues
dominèrent toute autre chose : elles faisaient avorter les
campagnes ; et en somme l'œuvre de Richemont se réduisit
à faire tuer deux de ces favoris (Giac et Beaulieu), et à
se faire chasser par le troisième (La Trémouille)
(1427). (14)
Le gouvernement revenait donc aux Armagnacs : plus d'espoir,
ni du côté de la Bretagne, qu'on avait laissée
retourner aux Anglais faute de la secourir (1427-1428), ni du côté
de la Bourgogne, qu'on n'avait pas su en détacher à
temps ; et, pendant que ces fautes se commettaient à la cour
de Charles VII, Bedford avait pourvu de son côté aux
dangers les plus pressants. Il avait mis un terme aux
fatales querelles de Glocester, soit avec le duc de Bourgogne, soit
avec l'évêque de Winchester : avec Winchester, en détournant
ailleurs l'ambition du cardinal ; avec le duc de Bourgogne, en dissipant
toutes les craintes que les
vues de Glocester lui avaient causées. Le mariage de ce prince
et de Jacqueline avait été cassé par le pape
; bien plus, le duc de Brabant, le mari légitime, étant
mort (17 avril 1427), Glocester n'avait pas même songé
à renouer (union rompue, et il avait laissé Jacqueline
et le comté de Hainaut pour épouser sa maîtresse.
Le duc de Bourgogne, un instant incertain, comme le duc de Bretagne,
un instant ennemi, était donc plus étroitement rattaché
à l'alliance anglaise, et Charles VII restait seul avec son
triste entourage. C'était pour Bedford le moment de reprendre
enfin l'œuvre interrompue de Henri V. L'échec de Warwick (15), devant Montargis, délivré
par l'heureuse audace du bâtard d'Orléans et de La
Hire (5 septembre 1427), ne l'ébranla point. Il voulut imprimer
à la guerre un mouvement tout autrement décisif ;
passer la Loire, et ne plus laisser, même à Charles
VII, le triste nom de roi de Bourges. Une seule chose restait à
résoudre : où passer la Loire ? A Angers ou à
Orléans ? En Angleterre on avait pensé à Angers.
C'est de ce côté que l'on avait fait le plus de progrès.
On s'était même engagé envers le duc d'Orléans,
prisonnier, à ménager, en récompense de quelques
bons offices, les terres de son apanage. Mais Orléans était
le coeur du royaume : c'est là que Bedford voulait porter
le coup. Salisbury (16), rappelé
d'Angleterre pour remplacer Warwick a la tête de l'armée,
reçut l'ordre d'assiéger Orléans (mai ou juin
1428). (17)
Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Ilustrations :
- 2 "Jeanne
d'Arc et la Normandie au XV° siècle" - A.Sarrazin
- 1896
- 5 "Jeanne d'Arc" - H.Wallon - éd.1892 (Firmin-Didot)
Notes :
1 Gilles de Rais, Laval, seigneur de Rais, né vers 1396.
Il commença à paraitre aux armées vers 1420,
et nous le retrouvons avec la Pucelle. Nul ne fut plus indigne
de cet honneur. Il fut le type du Barbe-bleue mais la fiction
n'approchait pas de la réalité, le conte est fort
au-dessous de l'histoire.
- Le connétable de Buchan, Jean Sluart, deuxième
fils du duc d'Albany, vint en France avec 6000 Écossais
en 1420, et fut nommé connétable de France, Ie 14
avrit 1424
- Archibald Douglas, il avait combattu les Anglais à la
frontière d'Écosse avant de venir les retrouver
en France.
- Poton de Xaintrailles. Son prénom le distingue de Jean,
seigneur de Xaintrailles, qui figura aussi dans les armées
de Charles VII. Il fut un des plus brillants jouteurs et un des
plus audacieux aventuriers de ce temps-là. Pris et racheté
plusieurs fois (en 1421, en 1423), il sut regagner plus que sa
rançon sur l'ennemi.
- La Hire (Etienne de Vignoles), né vers 1390 ; compagnon
inséparable de Poton de XaintrailIes, Gascon comme lui,
et comme lui attaché au service du dauphin dès 1418,
après que Tanneguy du Chastel, l'enlevant de Paris, l'eut
sauvé des Bourguignons.
- L'étrange prière de la Hire est rapportée
dans la chronique de Jacques le Bouvier, dit Barri, publiée
par Godefroy, Vie de Charles VII, p.495.
2 Celle qu'épousa Richemont était la duchesse de
Guyenne, veuve du dauphin, frère ainé de Charles
VII. Elle garda son nom après ce nouveau mariage. Arthur,
comte de Richemont, était né en 1393. Pris à
Azincourt, il n'avait obtenu sa liberté, en 1420, qu'à
la prière de sa mère, duchesse douairière
de Bretagne, devenue femme du roi d'Anglelerre Henri IV, et à
ce titre belle-mère de Henri V. La mort de Henri V l'avait
dégagé du serment de fidélité qu'il
avait dû lui prêter. Sur le traité d'Amiens,
(8 avril 1423) voir Monstrelet II - 7.
3 Voir l'appendice 1 à la
fin du volume.
4 Voir Monstrelet,II-10-14, et les autres chroniques du temps
dans Godefroy, Vie de Charles Vll.
5 Jean II, surnommé le Beau, fils de Jean le Sage, né
le 2 mars 1409 et héritier du duché d'Alençon
en 1415.
6 Gilbert de la Fayette, né vers 1380. II avait embrassé
de bonne heure la cause de Charles VII, alors dauphin ; il était,
depuis 1420, maréchal de France.
7 Bataille de Verneuil : voir les différents chroniqueurs
du temps dont : la chronique
de la Pucelle. Monstrelet, par la suite de son récit,
en marque la date au lendemain de l'Assomption, 16 août
; mais Chartier dit expressemment qu'elle eut lieu le jeudi matin
après la mi-août, c'est-à-dire le 17 aoùt
1424.
Thomas Basin (Hist. de Charles VII, liv. II, ch.IV) dit qu'au
jugement des plus sages capitaines, la France trouva une compensation
à ce revers dans l'entière destruction de ses auxiliaires
écossais. Les Écossais s'étaient rendus insupportables
par leurs pillages ; mais on peut croire qu'ils avaient surtout
excilé la jalousie de ces capitaines, par les faveurs dont
Charles VII les avait comblés.
8 Le duc de Bourgogne : Monstrelet, II, 23 et suivants - Médiations
du Duc de Savoie, 22 septembre 1424 ; lettre du pape Martin V
au Duc de Bourgogne en faveur de la paix. D.Plancher, Hist. de
Bourgogne, t.IV.
9 L'entrevue d'Angers: D. Morice, Histoire de Bretagne, t.I, p.494
Louis III d'Anjou, roi de Sicile, avait été dans
son enfance (3 juillet 1417) fiancé à Isabelle,
fille du duc de Bretagne, union qu'il devait ratifier à
l'âge de quatorze ans, et qu'il ratifia en effet le 19 février
1422. Le roi s'engagea à
payer, pour le duc de Bretagne les 100000 fr. promis pour la dot
de jeune Isabelle, et remit, en attendant, à la reine douairière
de Sicile, la jouissance du duché de Touraine, excepté
Chinon, qu'il se réserva.
- Richemont connétable (Perceval de Cagny). "Par
lettres données à Chinon, le 9 mars 1424 (1425),
le roi retient Mons. Richemont, connétable de France, au
nombre et gages de 2000 hommes d'armes, et 1000 hommes de trait".
10 Mot de Tannegui du Chastel : voir la chronique de Richemont.
11. Sur le caractère de la guerre et les excès du
brigandage dans les parties de la France abandonnées aux
Anglais, voir Thomas Basin, Hist. de Charles VII, liv. II, ch.VI.
- Voyez aussi au chapitre du même livre, le tableau qu'il
fait de la désolation du pays, de la Loire à la
Seine et de la Seine à la Somme : "Si on cultivait
encore la terre, ajoute-t-il, ce n'était qu'autour des
villes et des châteaux, à la distance où,
du haut de la tour, l'œil du guetteur pouvait apercevoir
les brigands. Au son de la cloche ou de la trompe, il rappelait
des champs ou des vignes dans la forteresse. Et cela était
devenu si fréquent en mille endroits, qu'au signal du guetteur,
les bêtes de somme et les troupeaux, formés par une
tongue habitude, accouraient tout effrayés au lieu de refuge,
sans avoir besoin de conducteur !"
- Dans les commencements du XV° siècle dit M.Desjardins
(Histoire de la cathédrale de Beauvais, 1865, in 4°,
p. 23), les populations du Beauvaisis eurent tellement à
soufrir des ravages des Anglais, qu'elles ajoutèrent cette
supplication aux litanies des saints : "A crudelitate
Anglorum libera nos, Domine" c.a.d "Des cruautés
des Anglais, libérez-nous Seigneur"
12. Henri de Beaufort, fils légifimé du duc de Lancastre,
Jean de Gand, pére de Henri IV.
13 Voir l'appendice 2 à la
fin de ce volume.
14 Georges de La Trémouille, né vers 1385, fort
lié avec le duc de Guyenne, alors dauphin, combattit et
fut pris à Azincourt. En 1416, il épousa Jeanne,
comtesse de Boulogne et d'Auvergne, et devint un des familiers
de la cour d'Isabeau de Bavière. En 1418, assiégé
dans sa résidence de Sully-sur-Loire par les partisans
du nouveau dauphin, il fut pris, et se fit armagnac, sans rompre
d'ailleurs toute relation avec les Bourguignons. Devenu veuf,
il épousa la veuve de Giac qu'il avait aidé à
renverser ; ce ne fut pas sa seule part dans ses dépouilles,
puisque bientôt il oblint sa place auprès du roi
avec le titre de grand chambellan, et toute facilité pour
évincer le connétable. Voyez sur ce personnage qui
va jouer un rôle si considérable dans la présente
histoire, l'article de Vallet de Viriville, dans la Biographie
générale de MM. Didot ; son Hist. de Charles VII,
t.II, p.192, et l'art. fort savant de M. du Fresne de Boaucourt,
Charles VII, son caractère, extrait de la Revue des questions
historiques (1872 - t.XII), p. 71 et suivants
- Sur la disgrâce de Richemont, voir Gruel, op. Godefroy
- Vie de Charles VII, p. 753-754.
15 Edmond de Beauchamp, comte de Warwick, un des principaux capitaines
de Henri V. II devint, quand il fut rappelé du continent
après cette campagne, gouverneur du jeune Henri VI.
16 Thomas de Montaigu, comte de Salisbury. Henry l'avait fait
comte du Perche.
17 La Bretagne rapprochée de l'Angleterre. L'accord conclu
le 3 juillet 1427, à Paris, fut suivi du serment de fldélité
au traité de Troyes prêté par le duc de Bretagne
devant les envoyés de Bedford (8 septembrz 1427) et de
l'hommage qu'il rendit à Henri VI comme roi de France,
28 janvier 1428. Voir D.Morice, Hist. de Bretagne, t.1, p.502
et 504. Cette défection du duc de Bretagne fut une chose
que La Trémouille put tourner contre Richemont son frére.
- La rescousse de Montargis (5 septembre 1427). La ville avait
été approvisionnée par Richemont en 1425.
Ce furent Dunois et La Hire, vaillamment secondés par les
habitants, qui rompirent les lignes des Anglais et firent lever
le siège le 5 septembre 1427. Perceval de Cagny, Chartier,
Geste des nobles, Monstrelet, Hist. de Charles VII par Vallet
de Viriville, t.II, p. 17-22.
- Expédition de Salisbury : Monstrelet la lait commencer
en mai ; Lefebvre Saint-Remi en juin.
- Traité conclu par le Bâtard d'Orléans, au
nom de son frère avec Suffolk, Ms.Gaigniùres, 894,
f45, cité par Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII,
t.II, p.31.
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