|
L'abréviateur du procès
-
index
p. 30 à 31 du ms. |
|
NG JOUR OU DEUX APPREZ sa venue, fut faicte une entreprinse,
par aulcuns de ceulx qui estoyent dedens, de faire une saillye sur les ennemys.
Et, combien qu'elle ne fust d'oppinion de faire ladicte saillye, ainsy que j'ai
vu en quelque cronicque, toutesfoys, affin qu'elle ne fust notee de lascheté, elle voulut bien aller en la compaignie ; dont il luy print mal. Car, ainsy que elle se combatoit vertueusement contre les ennemys, quelqu'ung des Françoys fist signe de retraicte ; par quoy chascun se hasta de soy retirer ; et elle, qui vouloit soustenir l'effort des ennemys, cependant que noz gens se retiroyent, quand elle vint a la barriere, elle trouva si grand presse qu'elle ne peust entrer dedens a ladicte barriere. Et la fut prinse par les gens monseigneur Jehan du Luxembourg qui estoit audit siege avecques monseigneur ledit duc de Bourgoingne.
Aulcuns veullent dire que quelqu'ung des Françoys fut cause de l'empeschement
qu'elle ne se peust retirer, qui est chose facile a croire, car on
ne trouve point qu'il y eust [31] aulcun Françoys, au moins homme de non,
prins ne blecé en ladicte barriere. Je ne veulx pas dire qu'il soit vray. Mais quoy qu'il en soit, ce fut grand dommaige pour le roy et le royaulme, ainsy qu'on peult juger par les grandes victoires et conquestes qui furent en si pou de temps qu'elle fut avec le roy.
Source
: Édition de "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle".1952 - Paul Doncoeur.
|