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L'abréviateur du procès
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p. 31 à 32 du ms. |
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ADICTE PUCELLE PRINSE par les gens dudit Luxembourg, en la maniere
que dit est, icelluy de Luxembourg la feist mener au chasteau de Beaurevoir.
Eu quel lieu, la feist garder bien soigneusement de jour et de nuict, pour ce
qu'il doubtoit qu'elle eschapast par art magicque, ou par quelque autre
maniere subtille.
Apprez ladicte prinse, le roy d'Angleterre et son conseil, craignans que ladicte Pucelle eschapast, en payant rançon ou aultrement, fist toute diligence de la recouvrer. Et a ceste fin, envoya plusieurs foys vers ledit duc de Bourgoingne et ledit de Luxembourc. A quoy icelluy de Luxembourc ne voulloit entendre, et ne la vouloit bailler a nulle fin. Dont ledit roy d'Angleterre estoit bien mal content. Pour quoy, assembla son conseil par plusieurs foys, pour adviser qu'il pourroit faire pour la recouvrer. Et en la fin, fut conseillé mander l'evesque de Beauvoys, auquel il fist remonstrer que ladicte Pucelle usoit d'art magique et dyabolicque, et qu'elle estoit hereticque, qu'elle avoit esté prinse en son diocese, et qu'elle y estoit prisonniere, que c'estoit a luy en avoir la congnoissance, et en faire la justice ; et qu'il devoit sommer et admonnester ledit duc de Bourgoingne et ledit de Luxembourc de [32] de luy rendre ladicte Pucelle, pour faire son procez,
ainsy qu'il est ordonné par disposition de droit aux prelatz faire le procez
contre les hereticques ; en luy offrant payer telle somme raisonnable qu'il
sera trouvé qu'elle debvera payer pour sa rançon. Laquelle chose, apprez
plusieurs remonstrances, ledit evesque accorda faire par conseil, s'il trouvoit
qu'il le deust et peust faire ; et pour se conseiller, se adressa a messeigneurs
de l'Université de Paris, qui furent d'oppinion qu'il le povoit et debvoit faire.
Et pour complaire au roy d'Angleterre, accorderent audit evesque qu'ilz
escriroyent de par l'Université a messire Jehan de Luxembourc qui tenoit la
Pucelle prisonniere, qu'il la debvoit rendre pour faire son procez ; et que, s'il
faisoit aultrement, il ne se monstreroit pas bon catholicque ; et plusieurs
autres remonstrances contenues esdictes lectres, ainsy qu'il sera veu par le
double d'icelles qui est escript cy apprez. Quand ledit evesque eut ouy le
conseil et l'offre de ladicte Université, il accorda faire ladicte sommacion
qui fut mise par escript.
De laquelle la teneur ensuit (1).
Source
: Édition de "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle".1952 - Paul Doncoeur.
Notes :
1 Ms d'Orléans transcrit sans ordre et parfois en se répétant des documents relatifs au Procès.
Il ne retient que les plus importants. (Doncoeur)
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