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Histoire
de Charles VII
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L.II-XVII - Comment les Français firent lever le siège de Compiègne puis celui de Lagny. |
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gitur post longam obsidionem Compendii, in qua eciam aliquando personaliter adfuit Philippus Burgundionum dux illustris cum Anglorum copiis, Francorum duces, contractis undique suis militibus, obsessores expugnare aggressi sunt; et impetu valido cum in multis armatorum agminibus Burgundionum, Anglorumque castra strennue invaderent, cesis ex eis plurimis fugatisque ceteris castrisque exutis, opidum diutina jam obsidione fatigatum et lassum in suam restituerunt libertatem. Hac autem ignominia jacturaque suscepta, cum urbs regia Parisius vicinia Latiniaci, opidi supra Maternam flumen siti, multis afliceretur maleficiis, ex morte Johanne dicte Puelle, que tantum eos exterruerat, Anglici, viribus utcumque animisque receptis, decreverunt urbem infestacione dicti opidi liberare. Contra quod castra methantes, ipsum valida obsidione cinxerunt. Eratque presens in eadem Bethfordie dux, qui regens seu vicerex Francie pro Anglorum partibus dicebatur.
Sategerunt autem Anglici variis modis ac machinamentis ut ipsum opidum vi armisque expugnarent, saxis, petrariis et tormentis menibus, turribus propugnaculisque dejectis ac dirutis. Sed hec omnia in irritum eisdem ces-serunt. Quanquam enim opidum menibus et vallo satis tenuiter et exiliter munitum foret, erant tamen intus fortissimorum ex Francis et Scotis virorum valida presidia, qui, cum rerum bellicarum et tutandarum arcium ac defendendarum periti essent, contra Anglorum aggressuras et molimina vigilantissime remedia opponebant. Unde factum est ut Anglici, licet illic cum valido exercitu diu satis castra tenuissent, ipsum tamen opidum expu-gnare minime potuerunt. Porro cum obsessis nulla de foris victualium et rerum necessariarum solacia provenirent, dira tandem fame ex temporis diuturnitate constricti sunt.
Quod non nescientes Franci, gravissimam jacturam reputantes, si opidum ipsum, quod ad venandam capiendamque aliquando seu recuperandam Parisiensem urbem instrumentum eis efficax esse poterat, simul eciam si et illam strennuissimam miliciam, que illic erat, perditum iri per ignaviam aut torporem permitterent, duce illustri comite Dunensi, de quo supra jam multociens meminimus, obsessis succursum auxiliumque tulerunt. Irrum-pentes enim Anglorum munitissima castra, per que sola ad opidum patebat ingressus, cesis fugatisque Anglicis ferro et armis, pervium sibi iter ad obsessos fecerunt, annone et rerum quibus maxime inopiam paterentur secum ad eosdem solacia deferentes. Cum autem dux Bethfordie, non absque magna animi mesticia, res sibi infeliciter procedere videret et talia obsessis provenisse subsidia, metuens ne sibi deterius res succederent, so-luta obsidione infra paucos dies discessit et Parisius se recepit.
Contigit eciam ut circa eadem pene tempora opidum prope Rothomagum, quod Locusveris dicitur, Anglici obsiderent, quod cum arietibus et gruibus talibusque belli machinamentis vi magna oppugnare temptassent, omnes tamen hujusce eorum conatus frustrati sunt, nec vi, quod vehementer optaverant, ipsum optinere potuerunt. Erat enim locus satis bene munitus et magna vegetorum militum civiumque numerositate refertus. Quod verisimiliter nec indefensum ad hostes pervenisset si eorum qui in eo obsessi erant precipuus capitaneus et inter Francorum duces milicie illius temporis valde famosus, cognomento Lahire, minime ad hostium manus pervenisset. Exiens enim furtim opidum jam obsessum, ut clausis succursum adduceret, cum castra obsidencium noctu pertransisset et jam per dietam et amplius ab opido elongasset, fortuitu contigit ut ab uno milite Burgundione agnitus caperetur.
Quo infortunio effectum est ut, cum pluribus mensibus decursis fames et omnium rerum penuria obsessos affligeret nec tum a eis ut auxilium preberetur spes ulla esset, dedicionem facerent. Qua facta, statim Anglici muros et portas opidi dejecerunt vallumque ex materiis ruderibusque inde dilapsis aliisque terris e proximo illuc comportatis complanarunt.
Donc, après le long siège de Compiègne, auquel assista quelque temps en personne Philippe, illustre duc de Bourgogne, avec les troupes anglaises, les capitaines français, ayant ramassé un peu partout leurs soldats, résolurent d'attaquer les assiégeants. D'un élan vigoureux ils tombèrent courageusement, en nombreuses formations, dans le camp des Bourguignons et des Anglais, en tuèrent un bon nombre, mirent les autres en fuite, balayèrent le camp et restituèrent à son ancienne liberté la place, fatiguée d'un siège déjà long. Cet affront et cet accident subis, comme la ville royale de Paris souffrait de beaucoup de méfaits par suite du voisinage de Lagny, place située sur la rivière de Marne, les Anglais qui depuis la mort de Jeanne la Pucelle, dont ils avaient été si effrayés, avaient recouvré force et courage, résolurent de délivrer la capitale de la crainte que cette place lui occasionnait. Dressant leur camp contre elle, ils l'assiégèrent fortement de tous côtés, en présence du duc de Bedford, régent ou vice-roi de France au nom des Anglais.
Ceux-ci usèrent de divers moyens et engins pour venir à bout de la ville par la force des armes. A coups de pierres, de perrières et de bombardes, ils en entamèrent et renversèrent les murs, les tours et autres défenses, mais le tout en vain. Car, bien qu'elle fût assez petitement et chichement défendue de murs et de fossés, il y avait à l'intérieur une solide garnison d'hommes d'une grande vaillance, Français et Écossais, qui, très experts au fait de la guerre et en l'art de protéger et de défendre les places fortes, savaient opposer avec beaucoup de vigilance les remèdes convenables aux attaques et aux entreprises des Anglais. D'où il advint que ceux-ci, après avoir campé assez longtemps devant la ville avec une forte armée, ne purent cependant réussir à s'en emparer. Enfin, comme les assiégés ne pouvaient recevoir aucun secours du dehors en fait de vivres et d'objets nécessaires, une dure famine les étreignit.
Les Français ne l'ignoraient pas ; ils pensaient que ce serait un très grave malheur s'ils permettaient que cette place, d'où ils pouvaient commodément épier, puis prendre ou recouvrer Paris, vînt à être perdue par lâcheté ou négligence, ainsi que la vaillante troupe qui s'y trouvait. Aussi, sous la conduite de l'illustre comte de Dunois, dont nous avons si souvent parlé ci-dessus, portèrent-ils aide et secours aux assiégés. Ils s'élancèrent contre les solides défenses du camp ennemi, qu'il fallait nécessairement traverser pour entrer dans la place, battirent et chassèrent les Anglais les armes à la main et se firent un chemin praticable vers les assiégés, à qui ils apportaient des secours en vivres et tout ce dont ceux-ci étaient le plus privés. Le duc de Bedford, voyant, non sans grande tristesse, les choses tourner mal pour lui et de tels secours arriver aux assiégés, se prit à craindre que les choses n'empirassent encore, leva le siège, partit quelques jours après et regagna Paris.
Il arriva aussi que, vers la même époque, les Anglais assiégeaient, non loin de Rouen, une place appelée Louviers, dont ils s'efforçaient de tout leur pouvoir de s'emparer au moyen de béliers, de grues et d'autres machines de guerre. Mais toutes leurs tentatives restèrent vaines et ils ne purent prendre la place de force, ce qu'ils souhaitaient pourtant grandement, car c'était un lieu bien fortifié et garni d'une quantité d'hommes d'armes et de bourgeois courageux. Et vraisemblablement Louviers n'aurait point passé sans défense aux Anglais, si le plus grand capitaine de ceux qui y étaient enfermés, illustre entre les chefs de guerre français de ce temps, nommé Lahire, n'était tombé aux mains des ennemis. Sortant, en effet, furtivement de la place déjà assiégée pour amener du secours à ceux qui s'y trouvaient enfermés, il avait traversé de nuit le camp des assiégeants et se trouvait à une journée de marche et plus de la place, lorsqu'il fut par hasard reconnu et pris par un homme d'armes bourguignon. Cet incident fut cause que, comme la faim et la disette de toutes choses pressaient depuis plusieurs mois les assiégés et qu'aucun espoir de secours ne leur restait, ils se rendirent. Après quoi, les Anglais démolirent aussitôt les murs et les portes de la ville et comblèrent le fossé avec les matériaux, les décombres et de la terre apportée là du voisinage.
Source
: "Histoire de Charles VII" par
Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Notes :
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