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Histoire
de Charles VII
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L.II-III
- Combat de Verneuil entre Français et Anglais. |
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llud vero pretermittendum non est quod, cum Angli castrum de Yveri in Ebroycensi dyocesi obsedissent et Franci magnas undique contraxissent copias ad prebendum obsessis solacium et obsidionem tenentes debellandum, divertentes versus Vernolium, opidum ipsum, quod per aliquod jam tempus sub Anglorum steterat imperio, receperunt et cum multis armatorum milibus occuparunt. Quod cum Angli intellexissent, suam sol-ventes obsidionem, suis undique collectis militibus, ascitis eciam nobilibus Normannie, ad ipsum Vernolii locum concito gradu audacter perrexerunt, ut hostes suos Francos, si expectarent, prelio aggrederentur. Quod quidem ipsi Franci, sed infelici valde sorte, fecerunt.
Accersierat a tunc Francorum rex ad solacium suum auxilia magna ex Scotis, qui pugnaces quidem et robusti sed temerarii nimium ac superbi esse consueverunt. Ferebantur esse quasi ad decem milia pugnatorum, quorum erant ductores principales comes de Douglas et comes de Boukan. Ex Francis vero erat eciam militis collecticii multitudo magna, sed plurimum absque disciplina et ordine militari, majore eciam ex numero armis male instructa.
Erant duces eorum dux Alenconii, Johannes, comes de Alba Mala et plures alii barones et capitanei de ipso regno Francie. Et quia Anglici, per suos sagittarios pugnantes, pedites Francos sepe prostraverant, providencia contra hoc per proceres regni adhiberi credita est, si pedestribus copiis sagittariorum ex Anglia opponerentur quadringente vel quingente lancee ex Ytalicis militibus, qui armis, tam viri quam equi eorum, optime protecti, sagittarum nichil pertimescentes ictus, pedestrem Anglorum sagittariorum miliciam, in qua potissime sui exercitus robur et vires solent consistere, irrumperent et eorum ordinem perturbarent, eos contis et lanceis proterendo. Talem itaque Ytalici militis manum secum Franci tunc habuerunt.
E diverso vero Anglici non segniter rebus suis providebant, sed ad preliandum suas acies ordinabant, ex terris que sibi parebant undique copiis auxiliisque contractis. Erat tocius imperator exercitus Anglorum, quem prediximus Bethfordie dux, patruus Anglorum regis et sub eo Francie gubernator. Erant et secum Anglorum strennuissimi duces comes Salisberiensis et dominus de Talbot, comes de Cherosbery, dominus Scales, cum pluribus aliis comitibus et proceribus regni Anglie. Quorum quidem milicie numerus ad circiter XIIII milia, Francorum vero, cum Scotis et Ytalicis, ad longe ampliorem estimabatur.
Igitur, cum prefinitus adesset a dies quo ad certamen congrediendum erat, Anglorum exercitus in agris ab opido Vernolii paulo minus miliari gallico remotis castra locavit, ita ut perspicue a Francis qui in opido et circa erant viderentur. Franci autem, suam eciam miliciam opido educentes, in proximis opidi campis suorum militum acies ordinarunt. Quod cum fecissent, equitibus Ytalis precedentibus, pedestres copie cum milicia Scotorum obviam Anglicis eosdem quiete expectantibus procedere ceperunt.
Irrumpentes itaque equites Ytalici in Anglorum peditum acies cum vehementi incursu, multum metus atque periculi eisdem incusserunt, quamplures ex ipsis quos obvios habuisse potuerunt ad terram prosternentes et tocius Anglorum exercitus acies penetrantes, sese ipsis Anglicis findentibus ut transitus ipsis Ytalis equitibus cum minore eorum detrimento prestaretur.
Cum autem ita penetrassent Anglorum acies, multis eorumdem Anglorum prostratis ad terram, et omnem Anglorum exercitum pertransissent, ut eos jam post tergum relinquerent, existimantes sequentes se Francorum Scotorumque copias, quod satis feliciter inchoarant perfecturos fore et Anglos in reliquo facile occumbere et vinci posse, ad sarcinulas Anglorum diripiendas, que cum eorum equis a famulis et mangonibus satis procul asservabantur, se contulerunt; e quibus multos eorum conantes effugere manus peremerunt et multum auri et argenti varieque preciose superlectilis rapuerunt et abierunt.
Anglici vero, sese reordinantes et, qui ex eis prostrati tum fuerant, se erigentes, resumptis animi corporisque viribus, ducum suorum exhortacione confortati et roborati, viriliter ac strennue Francorum Scotorumque copias exceperunt et, fortiter dimicantes, plurimis hostium terga vertentibus magnam ex ipsis cedem stragemque fecerunt.
Omnes illic Scotorum copie cum suis prenominatis ducibus pene extincte sunt, fuitque inter eos et Anglos diu acerrimeque pugnatum, usque ad totalem eorumden internecionem. Ex Francis eciam multi ceciderunt, aliis fusis sibique per fugam consulentibus. Cecidit ibi comes de Alba Mala cum multis aliis nobilibus Francorum. Dux Alenconii, dejectus ad terram, confecto prelio, inter occisorum acervos adhuc vivens repertus, captivus abductus est.
Cessit itaque Anglis, non incruenta tamen, victoria; nam et ex ipsis multi ceciderunt; longe vero plures, cruentis acceptis vulneribus, ad propria vel redierunt vel deportati sunt.
Horrendum valde aspectu erat illic cesorum intueri acervos magnos et dempsos, precipue ubi cum Scotis pugna fuerat, e quibus nullus ut captivus abduceretur servatus est; quos eciam acervos plurium permixtim cesorum ex Anglicis corpora adaugebant.
Huic autem pugne acerbitati crudelitatique Scotorum superbia atque presumpcio causam attulit. Cum enim, ante belli exordium, dux Bethfordie per heraldum sciscitatum misisset Scotorum duces qualem belli condicionem illo die observare proponerent, illi de suis viribus ac multitudine arroganter nimis ac temere presumentes, feruntur respondisse se illo die nec Anglicum captivum servare nec se vivos Anglorum captivos abduci velle.
Quod responsum Anglorum animos in eorum odium atque necem vehementer accendit in eosque, quam eis inferre proposuerant, vicem refudit.
Ceci cependant ne doit pas être passé sous silence.
Comme les Anglais assiégeaient le château d'Ivry au diocèse d'Évreux, les Français, qui avaient
réuni de tous côtés des troupes pour porter
secours aux assiégés et combattre les assiégeants,
se détournèrent dans la direction de Verneuil,
s'emparèrent de cette place qui avait été pendant
quelque temps au pouvoir des Anglais et l'occupèrent avec
plusieurs milliers de gens d'armes. Ce qu'apprenant, les Anglais
levèrent leur siège, rassemblèrent de partout
leurs soldats, et, ayant, en outre, avec eux la noblesse normande, marchèrent avec autant de rapidité que d'audace sur Verneuil pour livrer bataille aux Français, leurs ennemis, si ceux-ci les attendaient. C'est ce que firent ces derniers, mais pour leur malheur.
Le roi de France avait rassemblé en ce temps-là pour son service une garde importante d'Écossais, gens à la vérité vaillants et robustes, mais par trop pleins de témérité et de confiance en soi. Il y avait, à ce qu'on dit, près de 10,000 combattants, dont les chefs principaux étaient le comte de Douglas (1) et le comte de Buchan. Du côté des Français, il y avait aussi une grande multitude d'hommes, mais pour la plupart sans discipline et sans cadres, et peu instruits à se servir de leurs armes.
Leurs capitaines étaient le duc d'Alençon, Jean, comte d'Aumale (2), et plusieurs autres barons et capitaines du royaume de France. Et comme les Anglais, combattant par le moyen de leurs archers, avaient souvent défait les troupes de pied françaises, les grands du royaume s'imaginèrent qu'on serait en garde contre ce danger si, aux formations anglaises d'archers à pied, on opposait quatre ou cinq cents lances de cavaliers italiens qui, parfaitement protégés, tant hommes que chevaux, ne craignant en rien les coups de flèches, se jetteraient sur les compagnies d'archers à pied anglais, rempart habituel de cette armée, et mettraient le désordre dans leurs rangs, en les chassant à coups de pique et de lance. C'est la raison pour laquelle les Français eurent dès lors avec eux un tel corps de troupe commandé par un chevalier italien.
Pour leur part, les Anglais pourvoyaient vigoureusement à leurs affaires ; ils préparaient leurs troupes au combat, ayant tiré de tous côtés soldats et secours des terres qui leur étaient soumises. Le chef suprême de leur armée était le duc de Bedford, déjà nommé, oncle du roi d'Angleterre et régent de France en son nom. Il avait avec lui de très vaillants capitaines, le comte de Salisbury, le sire de Talbot, comte de Shrewsbury, le sire de Scales, ainsi que plusieurs autres comtes et seigneurs du royaume d'Angleterre. Leurs troupes atteignaient le chiffre de 14.000 hommes environ ; mais les Français, avec les Écossais et les Italiens, passaient pour en avoir bien davantage.
Comme approchait le jour fixé pour engager le combat (3), l'armée anglaise campa dans les champs à un peu moins d'une lieue française de la place de Verneuil, en pleine vue des Français qui se trouvaient dans la ville et aux environs. Les Français, de leur côté, faisant sortir leurs troupes de la place, les rangèrent en bataille dans les champs immédiatement voisins. Ceci fait, la cavalerie italienne en tête, les bataillons d'infanterie et les corps d'Écossais commencèrent à se porter à la rencontre des Anglais, qui les attendaient de pied ferme.
Les cavaliers italiens chargèrent avec fougue l'infanterie anglaise, semant la crainte dans ses rangs et la menaçant gravement. De nombreux hommes d'armes, atteints par le choc, mordirent la poussière et les cavaliers pénétrèrent profondément dans les rangs de l'armée anglaise qui s'entr'ou-vraient d'eux-mêmes pour laisser passer avec le moins de mal possible les cavaliers italiens.
Ayant ainsi rompu les rangs anglais, renversé sur leur passage beaucoup d'ennemis et percé de part en part toute leur armée au point de la laisser derrière leur dos, jugeant que les troupes françaises et écossaises qui les suivaient mèneraient à bonne fin ce qu'ils avaient heureusement commencé et que les Anglais, au reste, seraient aisément abattus et vaincus, les cavaliers italiens se portèrent en hâte au pillage des bagages que des domestiques et des valets gardaient à une certaine distance avec les chevaux. Ils tuèrent quantité de ces gens qui s'efforçaient de leur échapper, s'emparèrent de beaucoup d'or, d'argent et d'objets précieux de toute sorte et s'en allèrent.
Les Anglais cependant se réorganisèrent ; ceux qui avaient été renversés se relevèrent, et, reprenant courage et vigueur, réconfortés et ragaillardis par les exhortations de leurs capitaines, ils accueillirent avec fermeté et bravoure les troupes des Français et des Écossais, si bien que, combattant courageusement, ils contraignirent un grand nombre de leurs adversaires à tourner les talons, en faisant un grand carnage.
Peu s'en fallut qu'à cet endroit les bataillons écossais ne périssent tout entiers avec leurs capitaines ci-dessus nommés. Entre eux et les Anglais, la lutte fut longue et acharnée, jusqu'à destruction complète. Parmi les Français, beaucoup tombèrent ; le reste fut enfoncé et ne dut son salut qu'à la fuite. Là périt le comte d'Aumale, ainsi que beaucoup d'autres seigneurs français. Le duc d'Alençon, jeté à terre, fut trouvé, après le combat, vivant encore parmi les monceaux de cadavres et fut emmené en captivité.
La victoire resta donc aux Anglais, victoire sanglante au demeurant, car parmi eux aussi beaucoup restèrent sur le carreau ; d'autres, en bien plus grand nombre, grièvement blessés, ou retournèrent chez eux, ou y furent transportés.
C'était un spectacle horrible que de voir sur le champ de bataille les cadavres en tas hauts et serrés, surtout là où avaient combattu les Écossais. Parmi eux aucun prisonnier ; et les tas s'accroissaient des corps de soldats anglais tués avec eux pêle-mêle.
Si la lutte fut aussi acharnée et cruelle, la cause en fut à l'orgueil et à la présomption des Écossais. Avant le début du combat, en effet, le duc de Bedford avait fait demander par un héraut aux capitaines écossais quelles conditions de guerre ils voulaient observer ce jour-là. Et ceux-ci, présumant avec trop d'arrogance et de témérité de leur force et de leur nombre, auraient répondu, dit-on, que ce jour-là ils ne feraient pas d'Anglais prisonniers et qu'ils ne voulaient pas, eux vivants, être prisonniers des Anglais.
Cette réponse enflamma le cœur de ces derniers, les excitant à la haine et au meurtre. Elle retourna contre les Écossais la vengeance qu'ils avaient voulu tirer de leurs ennemis.
Source
: "Histoire de Charles VII" par
Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Notes :
1 Archibald, comte de Douglas, était l'un des chefs du contin-gent écossais et le beau-père de John Stuart.
2 Jean d'Harcourt.
3 17 août 1424.
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