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Histoire
de Charles VII
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L.II-VII- Siège d'Orléans par les Anglais. |
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uadriennio siquidem aut circa post prelium apud Vernolium decurso, cum Anglici supra Ligeris flumen nonnulla optinuissent opida seu castella, videlicet Gergeau ad quatuor leucas supra Aurelianensem urbem, Modinum vero ad quatuor similiter et Baugensi ad septem infra dictam urbem, supra ripas ejusdem fluminis, statuerunt ipsam Aurelianensem urbem aggredi, opum habundancia et populorum ante multas alias tunc frequencia ac numerositate refertam. Que, cum suburbana haberet perampla, utpote in quibus essent quatuor conventus ordinum mendicancium et insignis collegiata ecclesia Sancti Aniani, cum pluribus parochialibus ecclesiis et aliis oratoriis multis, cives veriti ne et ad se protegendum impugnandumque civitatem ista hostibus deservirent, comportatis infra menia que illic constiterant bonis eadem igne cremantes, in favillas cineresque redacta ad solum usque complanarunt. Sed non eo minus adventantes Anglici, duce eorum comite Salisberiensi, majoris ac precipue tunc opinionis in rebus bellicis inter Anglorum duces, contra civitatem castra metati, eamdem obsidione cinxerunt.
Habebat idem comes tunc validissimum exercitum, quem noviter ex Anglia adduxerat, adjunctis sibi contractisque copiis ex veteribus Anglicis qui diu jam in Gallia militaverant. Sed cum ex ea tantum fluminis parte atque ripa in qua est civitas sita castra posita essent et illic plures bastilias, instar castellorum structas, ipsi Angli valide munivissent, cives vero de trans flumen quociens vellent copias Francorum militum infra urbem suam reciperent et annonam largissime per pontem introducerent, consilium Anglicis fuit copiam ingrediendi egrediendique per pontem civibus atque Francis, si possent, intercludere.
Aggressi itaque e magnis viribus turrem expugnare munitissimam, que ex alia ripa fluminis pontem munit ac tuetur, ipsam vi et armis, cesis pulsisque custodibus, expugnatam in suam redegerunt potestatem et militum suorum magna illic presidia locaverunt. Quo facto, cum jam nec ex una nec altera fluminis partibus annona vel ulla vivendi solacia civibus provenirent, urbe undique armis et castris hostilibus circumvallata, coartati sunt non multo post cives et qui illic in presidio consistebant milites multarum rerum necessariarum penuria et caristia. Non tamen animus viresque eis defuere quin se viriliter ab hostibus tuerentur, eosque quomodo possent assidue pene studerent impugnare. Unde cum, quodam die, quem prediximus comes Salisberiensis arcem illam in altero fine pontis intravisset lustraretque, prospiciens quomodo per eam civitati detrimenta inferret, nutu divine providencie que urbem ipsam in hostium potestatem redigi prohiberet, ex menibus civitatis jactus de bombardela lapis, fenestram unam ejus turris cui prope astabat
idem comes intravit; qui ferramento allisus quo
eadem muniebatur fenestra et in partes divisus, in caput
ipsius comitis, prope alterum oculorum, impegit eumque
letaliter vulneravit. Cumque ita saucius ad opidum
Modinum se deferri fecisset, infra paucorum dierum spacia
vita excessit. Que res et civitati et Francis non infausta
fuit; nam inter omnes Anglorum duces et prudentissimus
in rebus bellicis et strennuissimus habebatur.
Reliquit autem moriens tocius obsidionis et exercitus
curam cuidam Anglico militi, cognomento Classidas,
quem etiam tocius industrie militaris peritissimum reputabat.
Defuncto igitur tali modo comite Salisberiensi, cujus
nomen et fama Francis non parvo ducebantur, letati sunt
quidem qui in civitate obsessi tenebantur et, spe meliore
roborati, sue defensioni viriliter incumbere. Angli vero e
diverso variis machinamentis ac molicionibus vel civitatem
expugnare vel inedia ad dedicionem cives urgere
insistebant.
Quatre ans environ après la bataille de Verneuil, s'étant emparés de quelques places et châteaux situés sur la rivière de Loire — à savoir Jargeau, à quatre lieues en amont d'Orléans, Meung à quatre et Baugency à sept lieues en aval, sur les bords du fleuve — les Anglais décidèrent d'attaquer ladite ville d'Orléans, remplie de toute sorte de richesses et peuplée, plus que beaucoup d'autres, d'un grand nombre d'habitants. Comme elle avait des faubourgs très étendus, puisqu'ils comprenaient quatre couvents des ordres mendiants et l'insigne église collégiale Saint-Aignan, avec plusieurs églises paroissiales et beaucoup d'autres oratoires, les bourgeois, craignant que ces faubourgs ne servissent aux ennemis pour se protéger et pour attaquer la ville, emportèrent à l'intérieur des murs les richesses qui s'y trouvaient, puis mirent le feu aux constructions et, une fois réduites en cendre et poussière, les rasèrent au niveau du sol. Néanmoins, les Anglais arrivèrent, sous la conduite du comte de Salisbury (1), dont, en matière militaire, la réputation était prépondérante parmi les capitaines anglais. Ils établirent leur camp contre la ville, qu'ils assiégèrent de tous côtés.
Ledit comte avait alors une très forte armée, qu'il avait ramenée récemment d'Angleterre, et à laquelle on avait réuni des troupes composées de vétérans ayant déjà combattu longtemps en France. Mais, comme le camp avait été établi seulement sur la rive du fleuve où se trouve la ville et qu'à cet endroit les Anglais avaient puissamment fortifié plusieurs bastilles construites à la manière de châtelets ; comme, d'autre part, les habitants faisaient passer le fleuve, aussi souvent qu'ils le voulaient, aux troupes françaises et les recevaient dans la ville, tandis que par le moyen du pont, tant à l'entrée qu'à la sortie, ils introduisaient des approvisionnements en abondance, les Anglais résolurent d'interdire, si possible, l'accès du pont aux habitants et aux Français.
Ayant donc attaqué avec de grandes forces la tour la plus fortifiée qui, sur la rive opposée du fleuve, défend et protège le pont, ils s'en emparèrent de haute lutte, après avoir tué ou repoussé ses défenseurs, et y mirent une importante garnison de leurs soldats. Cela fait, comme désormais ni de l'un ni de l'autre côté du fleuve les vivres ou quoi que ce fût pouvant servir à leur subsistance ne parvenaient aux habitants, la ville étant entourée de tous côtés par les bataillons et les campements ennemis, les habitants et les soldats qui y tenaient garnison furent en proie bientôt après à la disette et pénurie de beaucoup d'objets de première nécessité. Pourtant ni courage ni force ne leur manquèrent ; rien ne les détourna d'opposer aux ennemis une résistance virile ni de chercher avec ardeur à les attaquer par tous les moyens. Si bien qu'un jour, comme le susdit comte de Salisbury était entré dans la tour placée à l'autre bout du pont et la parcourait, examinant de quelle manière il pourrait, de là, porter dommage à la cité, un décret de la divine Providence, qui protégeait la ville et l'empêchait de tomber aux mains des ennemis, fit qu'une pierre, lancée du haut des murs par une bombarde, pénétra par une fenêtre de la tour auprès de
laquelle se tenait le comte et, se brisant en morceaux après
avoir heurté la ferrure qui garnissait la fenêtre, le frappa à la
tête, près d'un oeil, et le blessa mortellement (2). Et comme,
ainsi blessé, il s'était fait transporter à Meung, au bout de
peu de jours il passa de vie à trépas. Ce ne fut certes pas
un malheur pour la ville et pour les Français ; car, parmi
tous les capitaines anglais, il était tenu pour le plus sage
et avisé chef de guerre et aussi pour le plus vaillant. En mourant,
il laissa la charge de tout le siège et de l'armée à un
chevalier anglais surnommé Classidas (3), réputé, lui aussi, très
au fait de tout ce qui touchait à l'art militaire.
Cette mort du comte de Salisbury, dont le nom était hautement
prisé par les Français, causa grande joie à ceux quiétaient assiégés dans la ville. Renaissant à l'espoir, ils s'appliquèrent
en gens de coeur à sa défense. Les Anglais, de
leur côté, s'occupaient activement, par des machinations et
des manigances de toute sorte, soit à emporter la ville d'assaut,
soit à forcer par la famine les habitants à se rendre.
Source
: "Histoire de Charles VII" par
Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Notes :
1 Thomas Montacute, l'un des meilleurs lieutenants de Henri V. Quicherat remarque, se fondant sur le Journal du siège d'Orléans, que la destruction des faubourgs n'eut lieu qu'après la mort du comte de Salisbury.
2 24 octobre 1428. Il mourut le 3 novembre 1428.
3 William Glasdale.
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