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Histoire
de Charles VII
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L.I-XIV
- Traité de paix entre Charles VI, roi de France et
Henri, roi d'Angleterre. Déshéritement de Charles
VII |
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ecepto itaque Rothomago et sub dicionem Anglorum
redacto, multa per hoc opida et castella similiter eciam
ad Anglos transierunt. Et quia regni tocius imperium
Anglorum rex, nedum Normanniam, sibi adicere cupiebat,
videntes qui circa Karolum adhuc regem, qui omnes pene
tum ex Burgundionum partibus erant, se et regnum non
facile tutari posse adversus Anglorum vires, qui jam
Normanniam pene universam occupabant, et contra
eciam Francorum potenciam, quos Arminiacos dicebant,
qui utrisque, tam Burgundionibus quam Anglis, fortiter
imminebant, et se et terras quas tenebant ab utrisque
defendebant, pacis federa inierunt et pepigerunt inter
ambos reges ; ita videlicet quod Francorum rex, velud per
inobedienciam ad se, patrem, exheredato filio suo Karolo
septimo, tunc, ut diximus, delfino Viennensi et parcium
illorum qui Arminiaci appellabantur imperium tenentes, heredem regni post se Henricum Anglorum regem instituit
et esse voluit tocius regni extunc sub suo nomine administratorem
et gubernatorem. Unde ab illo tempore
ipse Henricus non se Francorum regem, sed heredem et
gubernatorem regni attitulavit. Obiit enim idem Henricus
paulo antequam Karolus a, Francorum rex, vita esset
functus.
Accepit eciam idem Henricus cum illo federe in conjugem
dominam Katherinam, Francorum regis filiam, Karoli
septimi tunc delfini sororem. Fueruntque nupcie cum
maximo b apparatu et regio luxu celebrate in civitate
Trecensi Campanie.
Pax eciam predicta, et a civitatibus, et a singulis qui
sub dicione Francorum regis vel eciam regis Anglie consistebant,
ubique jurata fuit. Et quam diu civitas Parisiensis
mansit sub obediencia Anglorum, omnes scolastici,
si ad gradum aliquem in quacumque facultate promovebantur,
inter alia, in manu rectoris universitatis,
hujusmodi pacem se servaturos sacramento firmare adigebantur.
Sed de hujusmodi pace et ejus capitulis seu de exheredacione
Karoli delfini, unici tunc filii patri suo, nec ipse
delfinus, nec sui, quibus longe major pars regni parebat,
quicquam curarunt, dicentes a rege patre suo, non in sua
plena libertate, sed sub Anglorum et Burgundionum potestate
constituto, nec tunc sana mente existente, nichil
tale validum aut legittimum fieri potuisse. Quod verisimiliter
nunquam facturus fuisset, si sane mentis et in sua
plena libertate mansisset. Ex ipsa tamen sic firmata pace et civitas Parisiensis et civitates Campanie atque alie que partes Burgundionum, ferventibus civilibus regni discensionibus, secute erant, sicut Ambianum, Belvacum, Noviomum, Silvanectum, Carnotum, Senones, Autisiodorum. Matiscona et multa alia opida et castella, tanquam Karolo regi suo devoti ac fideles, Anglorum regi et, post ejus obitum, Henrico filio, tanquam heredi et legittimo administratori et gubernatori regni, paruerunt. Sed qui fructus ex hujusmodi provenerint pace et que virgulta et fruges ex hujuscemodi semine regno oborta sint, in consequentibus ostendemus. Conabatur Anglorum rex sibi urbes atque terras, a delfino exheredato et suis possessas, tanquam obventuram sibi legittime hereditatem, ad quam jus haberet, vendicare, suis atque Burgundionum viribus fretus. Alii vero, delfino parentes atque obedientes, qui magno semper numero erant et de majoribus regni, contra nitentes, non modo que possidebant tutari, sed eciam Anglos pellere de regno et in Burgundiones ulcisci et ab adversariis occupata recuperare totis viribus insistebant.
La prise de Rouen et sa réduction au pouvoir des Anglais furent
cause que beaucoup d'autres places et châteaux passèrent
de même aux mains de ces derniers.
Leur roi, en effet, désirait s'emparer non seulement de la
Normandie, mais de tout le royaume : aussi les gens de l'entourage
de Charles VI, encore roi, qui presque tous étaient alors
du parti bourguignon, voyant qu'eux-mêmes et le royaume ne
pourraient aisément résister à la puissance
des Anglais, maîtres déjà de presque toute la
Normandie, et à celle des Français, qu'ils appelaient
Armagnacs (non moins menaçants d'ailleurs pour les Bourguignons
que pour les Anglais, et qui se défendaient contre eux, eux
et leurs terres), formèrent-ils et conclurent-ils un traité
de paix entre les deux rois ; si bien que le roi de France, sous
prétexte de désobéissance à son égard,
déshérita son fils, Charles VII, qui était
alors dauphin de Viennois et maître des régions appartenant
aux Armagnacs, et institua pour héritier de son titre royal
Henri, roi d'Angleterre, en le désignant dès lors pour administrateur
et régent sous son nom de tout le royaume. Aussi, depuis
ce temps, ledit roi Henri s'intitula-t-il, non roi de France, mais
héritier et régent du royaume. Il mourut peu avant
que Charles, roi de France, passât de vie à trépas (1).
Aux termes de ce traité, ledit roi Henri prit,
en outre, pour femme dame Catherine, fille du roi de France, sœur
de Charles VII, alors dauphin, et le mariage fut célébré
à Troyes, en Champagne, avec la plus grande magnificence
et avec un luxe royal (2).
La susdite paix fut partout jurée, et par les
villes et par les particuliers se trouvant sous la domination du
roi de France et du roi d'Angleterre. Et tout le temps que la ville
de Paris resta sous l'obédience des Anglais, tous les étudiants
promus à un grade quelconque dans une faculté devaient,
entre autres serments, prêter entre les mains du recteur de
l'Université celui d'observer cette paix.
Mais de cette paix et de ses articles ou du déshéritèrent
du dauphin Charles, alors
unique fils de son père, ni le dauphin lui-même, ni
ses partisans auxquels obéissait la partie de beaucoup la
plus étendue du rovaume n'eurent cure, pour cette raison,
disaient-ils, que le roi son père ne jouissait pas de sa
pleine liberté, puisqu'il était au pouvoir des Anglais
et des Bourguignons, et d'ailleurs non sain d'esprit à cette
époque ; qu'ainsi l'on n'avait pu rien faire de valable ni
de légitime ; et que vraisemblablement il n'aurait pas conclu
une telle paix s'il était resté sain d'esprit et avait
joui de sa pleine liberté.
Cependant, la paix une fois signée ainsi, la
ville de Paris, les villes de Champagne et d'autres qui, pendant
l'agitation des guerres civiles, avaient suivi le parti bourguignon,
comme Amiens, Beauvais, Noyon, Senlis, Chartres, Sens, Auxerre,
Mâcon et beaucoup d'autres places et châteaux, décidèrent,
en qualité de fidèles sujets du roi Charles, d'obéir
au roi d'Angleterre et, après sa mort, à son fils
Henri comme à l'héritier et au légitime administrateur
et régent du royaume. Mais quels fruits porta cette paix,
quelle végétation et quelle moisson sortit de cette
semence pour le royaume, nous le montrerons par la suite. Le roi
d'Angleterre, fort de sa puissance et de celle des Bourguignons,
cherchait à s'approprier, comme devant lui revenir légitimement
par voie de succession et en vertu de son droit, les villes et les
terres possédées par le dauphin déshérité
et par ses partisans. Les autres, au contraire, suivant le dauphin
et lui obéissant, toujours en grand nombre et, parmi eux,
les premiers du royaume, s'employaient de toutes leurs forces et
de toute leur énergie non seulement à défendre
ce qu'ils possédaient, mais encore à chasser les Anglais
du royaume, à tirer vengeance des Bourguignons et à
recouvrer tout ce qui était occupé par leurs adversaires.
Source
: "Histoire de Charles VII" par
Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Notes :
1 Henri V meurt au Bois-de-Vincennes, le 31 août 1422.
Charles VI, meurt à l'hôtel Saint-Paul, le 21 octobre 1422.
2 Le 2 juin 1420.
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