|
Georges Chastellain
-
index
L.II, chap. 11 - Comment le duc se logea devant Compiègne à grant puissance. |
|
r, estoit comme je vous dy, le duc venu logier à
Coudun, le conte de Liney à Claroy, messire Baudo de
Noyelle à Marigny sur cauché, et le seigneur de Montgommery à tout ses Englès à Venette, au debout de la
prée, là où les gens de diverses nacions, Bourguignons,
Flamens, Picars, Allemans, Haynuiers, se vindrent
rendre à ce duc en renforcement de son pooir : qui tous
y furent receus et bienvegnieez, combien que largement
y avoit seigneurie et gens de grant fait, corne le
conte de Liney et le seigneur de Croy, mesire Jehan,
son frère, le seigneur de Crequy, le seigneur de Santes,
le seigneur de Comines, le seigneur de Mamines, les
trois frères, mesire Jacques, mesire David et mesire
Florimond de Brimeu, mesire le Beggue de Lannoy,
tous chevaliers de l'ordre, sans les aultres, grant
nombre, dont les nomz ne se mettent point, et dont
il fait bon à penser qu'il en y avoit largesse aveuques un tel prince, souverainement en ung tel lieu là où
ilz estoient pour montrer son pooir et effort.
Aussitôt après que le Pont-à-Choisy eut été pris et démoli, le duc fit
incontinent déloger son armée du lieu où elle était, et lui fit repasser la
rivière de l'Oise pour tirer droit à Compiègne ; car c'est là qu'il désirait
mettre le siège. Il y vint lui-même en personne loger à une lieutte près
de la ville, que ceux du dedans avaient bien mise à point, et bien remparée
par dehors de gros et puissants boulevards et d'autres fortifications,
avertis qu'ils étaient de longtemps que le siège y viendrait. Pour ce motif
y étaient venus, afin de la garder, les plus gens de guerre et de plus
grande valeur qui fussent dans le parti des Français, car la perte de la place
leur eût causé un dur chagrin, et grand mal en la fin; aussi leur seyait-il
bien de la défendre soigneusement.
(2) Or, comme je vous l'ai dit, le duc était venu loger à Coudun, le comte
de Ligny à Clairoy, Messire Baudot de Noyelle à Margny sur la chaussée,
et le seigneur de Montgommerry avec ses Anglais à Venette, au bout de la prairie. Là, les gens de diverses nations, Bourguignons, Flamands,
Picards, Allemands, Haynuyers, vinrent se rendre auprès du duc pour
renforcer sa puissance. Tous y furent reçus et les bienvenus, encore qu'il
y eût beaucoup de seigneurie et de gens de grand fait, tels que le comte de
Ligny, et le seigneur de Croy, Messire Jean son frère, le seigneur
de Créquy, le seigneur de Santes, le seigneur de Comines, le seigneur de
Manines, les trois frères, Messire Jacques, Messire David et Messire
Florimond de Brimeu, Messire Le Bègue de Lannoy, tous chevaliers de
l'Ordre (1), sans les autres en grand nombre dont les noms ne se mettent
pas. On peut bien penser sans se tromper qu'il y en avait largement avec
un tel prince, surtout en un tel lieu, où il s'agissait de montrer son pouvoir
et l'effort dont il était capable.
Source
: texte original : Quicherat, t.IV, p.440
Mise en Français modernisé, J.B.J. Ayroles, "la vraie Jeanne d'Arc", t.III, p. 459.
Notes :
1 De la Toison d'Or, ordre que le Duc venait d'établir.
2 Début du texte repris par Quicherat dans la chronique de Chastellain.
|