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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.II-18- [Comment le seigneur de Longueval et plusieurs autres seigneurs se tournèrent de la partie du roy Charles.] |
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n cest an, le seigneur de Longueval, Regnault, son frère, Jehan Blondel, le seigneur de Saint-Simon, Jehan de Mailly, le seigneur de Maucourt et plusieurs autres chevaliers de Vermendois et d'environ, qui tousjours avoient tenu le parti de Bourgongne, s'assamblèrent en la ville de Roye en Vermendois, pour avoir advis et délibéracion ensemble, comment ilz pourraient résister aux gens d'armes qui souvent dégastoient aucunes de leurs villes, de leurs amis et de leurs gardes, et vivoient indeuement sur le pays, dont moult leur desplaisoit, après qu'ilz estoient retournez des courses, sièges et assemblées que par avant avoit faictes messire Jehan de Luxembourg pour la conqueste de la conté de Guise. Lesquelz, venuz audit lieu de Roye, en y eut aucuns qui s'allièrent ensamble et firent aliances pour résister contre lesdiz gens d'armes. Les autres, doubtans ledit de Luxembourg, se excusèrent en conseillant que une aultre journée fut prinse, dedens laquelle fust envoyé message propice devers messire Jehan de Luxembourg, sçavoir son oppinion et se c'estoit de son gré que telz desroys fussent fais à yceulx. Et sur ce se départirent. Nientmains les aulcuns n'entendirent point la besongne si avant que depuis elle se apparut, et pour tant se retrayrent tout de Luxembourg, et ledit de Luxembourg l'envoya à Paris, où il fut esquartelé comme traictre, et ses membres furent pendus en plusieurs lieux.
Item, brief ensuivant, furent portées les nouvelles de celle douloureuse journée devers le roy Charles, lequel, pour la destruccion de ses princes et de sa chevalerie, eut au cuer si grand tristesse et telle que plus n'en povoit, et fut par long temps en grand ennui, voyant que de toutes pars ses besongnes lui venoient au contraire.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
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