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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.I-241 - [Comment les Daulphinois alèrent devant Alençon. Et du mariage du duc d'Alençon à la fille du duc Charles d'Orléans prisonnier.] |
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u commencement de cest an, après la mort du duc de Clarence, les Daulphinois qui avoient eu victoire contre ledit duc, comme dit est dessus, s'assemblèrent en grant nombre et alèrent assiéger Alençon. Et ce fait se logèrent assez près, combatans ladicte ville à leur pouvoir. Mais les Anglois, qui en grant tristesse portoient le grant dommage qu'ils avoient reçeu, se mirent ensemble et assemblèrent de rechef toutes leurs garnisons de Normandie, et soubz la conduite du conte de Salebery alèrent vers Alençon pour combatre les Daulphinois et lever le siège. Et adonc les dessudiz Daulphinois, pourveuz et advisez comme devant de la venue de leurs ennemis, se mirent en ordonnace en dehors de leur logis et monstrèrent semblant de grant hardiesse. Et lors lesdiz Anglois voians leurs ennemis en plus grant nombre qu'ilz n'estoient, se retrahirent en l'abbaye du Becq. Toutesfoiz, avant qu'ilz y peussent estre, perdirent de deux à trois cens de leurs hommes, tant prins que occis par lesdiz Daulphinois, et furent poursuys jusques en ladicte abbaye. Mais pour ce qu'ilz virent (1) que dedens icelle ne les pourroient avoir sans trop grant perte de leurs gens, se partirent du siége et retournèrent vers Dreux et vers Anjou.
Item, en ces propres jours fut traictié et parfait le mariage du duc d'Alençon et de la seule fille de Charles, duc d'Orléans, prisonnier en Angleterre; et se firent les nopces en la ville de Blois. Duquel mariage faire et traicter furent les principaulx, Charles, duc de Touraine, Daulphin, à qui elle estoit nièpce, et le duc de Bretaigne, oncle dudit duc d'Alençon.
Esquelz jours aussi, le roy Henry, qui encores estoit en Angleterre, oy les nouvelles de la mort de son frère le duc de Clarence, et de la prinse de ses autres princes, dont grandement fut courroucé, et pour ce, plus que paravant se hasta et prépara son armée pour retourner en France, afin de prendre vengence des Daulphinois, qui ce deuil et ceste desplaisance lui avoient mis ou cuer.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
1 Les Daulphinois.
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