Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index L.II-30- [Comment le pape Martin envoya unes bulles au duc Jehan de Brabant et la teneur d'ycelles.]

u commencement de cest an furent envoyées lettres, et publiées de la partie du duc Jehan de Brabant par manière de vidimus, des lettres du pape à luy envoyées sur sa bulle, dont la teneur s'ensuit :

  « Martin, évesque, le serviteur des serviteurs de Dieu, à chier filz, noble homme, duc Jehan de Brabant, salut et bénédiction apostolique. Nagaires, par relacion par aulcuns dignes de foy, est venu à nostre cognoissance, dont moult nous desplait, que aulcunes cédules ont esté divulguées et leutes publiquement en certaines lettres sur nostre nom, et bulles démonstrées au peuple ès parties de Haynau et ès eveschiés de Utrect, de Liège et de Cambray, esquelles, si comme on nous afferme, entre les aultres choses estoit contenu que nous avions confermé le mariage contrait par chier filz noble homme, Humfroy, duc de Glocestre, avecques chière fille en Jhésu-Crist, Jaque, noble femme, duchesse de Bavière, et que le mariage ainçois contrait par soy avec ladicte duchesse nous aviens reprouchié et jugié estre de nulle valeur. Et pour ce que telles choses, qui ne yssent point de nous, sont publiées ès dictes parties en nostre escandèle et contre ton honneur, qui voulons la cause du-dit mariage estre terminée seloncq la disposicion et fourme du droit commun, et à toy nottifions par ces présentes pour les choses dessusdictes, que tu ne prendes aucune rencune ou tristesse en ta pensée, mais tieng fermement que lesdictes lettres et autres choses qui ont esté dictes et publiées ès dictes parties par les hommes plains d'escandèle, ne viennent point de nous, mais d'autres qui n'ont point Dieu devant leurs yeulx et quièrent nouvelletés, mouvemens et esclandes, et discenses et faussetés. Si voulons que les trouveurs de telles escandèles et faulsetés, pour l'honneur de nous et du siège apostolique, soient deuement punis selonc la griefté du péchié commis. Et pour ce, escripvons à nos vénérables frères les évesques de Utrect, de Liège et de Cambray, et à chascun d'eulx et mandons par escrips apostoliques, pour oster ceste escandèle et faulseté, que noz lettres et le contenu d'ycelles facent publier en leurs églises et sermons publiques au peuple, et aient pour excommenié celui qui telles lettres fait publier ou lire en leur puissance, et le facent tenir en nostre prison jusques à tant qu'ilz auront receu autre commandement de nous. Donné à Romme aux Sains Appostles, ès ydes de février, la VIIIe de nostre papalité (1). »

                                                 

Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
1 Le 13 février 1424.